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"Au-delà du mystère" plonge dans le récit de l’intrépide Sarah, une habitante des côtes normandes, qui se retrouve dans un tourbillon d’événements mystérieux. Lorsque son besoin vital de marcher l’entraîne dans une découverte sinistre au cœur d’un tunnel, elle s’embarque dans une quête vertigineuse à la recherche de la vérité, une vérité dissimulée dans les méandres du temps. De l’autre côté de la Manche, entre passé et présent, Sarah défie le destin pour révéler les secrets enfouis et changer à jamais le cours de son histoire.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Karine Marie, dès son enfance, a manifesté un intérêt marqué pour l’écriture de poèmes, ce qui explique son impressionnante collection de près de deux cents pièces, allant des vers libres à la prose. Après un parcours d’écriture long et réfléchi, elle donne vie à "Au-delà du mystère", un ouvrage qu’elle aspire à partager avec un large public.
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Seitenzahl: 101
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Karine Marie
Au-delà du mystère
Roman
© Lys Bleu Éditions – Karine Marie
ISBN : 979-10-422-2646-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Tous les personnages de ce roman sont fictifs, l’histoire également ; par contre les extraits historiques sont basés sur des faits réels.
Été 1944, les alliés sont là, au secours d’une France envahie depuis plusieurs années par les Allemands, une France sous les bombes, vivant la peur, comptant les morts, une France appauvrie…
Ces pensées surgirent quand Sarah arriva dans une pièce très sombre au fin fond du tunnel qui l’avait menée jusqu’ici. Pièce sans ouverture, sans vie, ou plutôt des restes de vie, car le sol était recouvert d’ossements, des restes humains à ne pas en douter… Un haut-le-cœur la surprit ; elle s’immobilisa encore quelques instants. Continuer dans ces labyrinthes et retrouver des traces de l’histoire ou faire demi-tour et laisser là cette image funeste ? Elle n’était pas d’habitude une froussarde, mais là, elle avait subitement froid. L’endroit lugubre avait réveillé en elle des souvenirs d’antan rapportés par sa mère et sa grand-mère. Elles avaient connu avec courage les atrocités de la guerre ici même dans leur petit village au bord de la mer.
Sa lampe montrait des signes de fatigue. Et si elle se retrouvait coincée avec ces âmes retenues, emprisonnées ici ! Elle frissonna.
Elle allait repartir quand, soudain, elle repéra sur le sol un objet, cela semblait être une petite boîte en fer, elle fut intriguée. Mais devait-elle toucher aux lieux sanctuarisés, pouvait-elle saisir l’objet qui avait dû appartenir à l’un des défunts, elle n’en était pas sûre. À quoi bon remuer les souvenirs d’un drame ancien ? En avait-elle le droit ? Mais quelque chose l’attirait irrémédiablement vers sa petite découverte, l’envie de savoir, de comprendre peut-être ce qui avait pu arriver à ces personnes, l’envie irrépressible de tenir un début de réponse, d’élucider l’histoire passée. Elle se baissa, et ramassa l’objet. Elle crut reconnaître une boîte à tabac comme il se faisait autrefois, son grand-père en avait une. Elle scruta le sol afin d’y découvrir d’autres indices, rien qu’un vieux candélabre se trouvait dans le coin le plus reculé de ce lieu sinistre ! Elle pensa qu’elle devrait alerter le maire de sa commune, des associations spécialisées, ou la police, elle ne savait pas trop qui ! Ses idées s’entrechoquaient.
Sa lampe se mit à clignoter dangereusement, lui signifiant qu’il n’y avait plus de temps à perdre, la peur et la boîte en poche, elle rebroussa chemin, retraversa le long couloir, passa la vieille porte de bois, le tunnel obscur sans ombre, sans vie ; elle courait presque…
La lumière s’éteignit… lui restait une centaine de mètres à faire. Elle faillit trébucher dans le noir devenu complet avec la pensée douloureuse d’avoir peut-être heurté un autre mort. Elle grelottait maintenant en ce mois de février glacial, mais bientôt, elle atteignit la sortie de ce terrible endroit, avec la liberté retrouvée enfin !
Hors de ce lieu terrible, où la vie s’était arrêtée pour des êtres, elle ne savait à quel point sa vie allait changer pour toujours !
Elle marcha encore un bon kilomètre, avant d’apercevoir le mur et le portail de leur maison. Sa maman vivait là depuis toujours, c’était un bien de famille hérité, et Sarah y passait beaucoup de temps elle-même. Elle y avait conservé sa chambre d’enfant et en avait gardé certains souvenirs comme un coffre à jouets, une belle armoire blanche et une commode de bois clair. Sans père, elle grandit ici auprès de sa grand-mère disparue aujourd’hui. Cette maison était un véritable havre de paix, même si sa mère, Marie, y avait connu des temps difficiles comme le bruit des bombes, la peur omniprésente et la faim dans son enfance. Femme forte aujourd’hui, elle lui avait apporté toute l’attention nécessaire pour bien grandir et être heureuse.
Mais l’esprit de Sarah n’était cependant pas encore tranquille, elle était persuadée qu’un drame s’était joué au fond de cette alcôve sans que personne n’en ait eu connaissance, elle avait envie en quelque sorte de réécrire la fin de l’histoire, de savoir, envie de rendre hommage à ces personnes disparues dans ces ruines souterraines et honorer leur mémoire.
Qui connaissait encore l’existence de ce passage découvert au cours de cette balade printanière à l’aube, à part elle-même ? Cela semblait si improbable ; une découverte plus proche du cauchemar que de la réalité !
Les souvenirs rapportés par sa mère de cette époque rejaillissaient encore nombreux dans sa tête. Marie avait tout juste 19 ans en 1944. Suite aux nombreux bombardements dans la région, les écoles et les lycées supérieurs fermaient leurs portes pendant les périodes hautement à risque. Pendant ces périodes, les effectifs de classe étaient réduits à 12 élèves et les temps de classe diminués.
Elle avait donc beaucoup de temps libre et n’acceptait pas toujours les injonctions de sa mère qui lui demandait de rester à la maison le plus souvent possible. Quand sa mère allait travailler, elle s’échappait par moment du domicile pour marcher aux alentours de la maison. L’enfermement n’était point pour elle, Marie avait besoin de liberté malgré tout.
Elle raconta à Sarah que c’est lors d’une de ses sorties cachées qu’elle rencontra Stevenson, son père.
Sarah se souvint particulièrement d’une fois où mille questions se pressaient dans sa tête de petite fille et qu’elle avait interrogé sa mère.
— Maman comment il était mon papa ?
— Stevenson, ton père était un grand jeune homme très charmant, aux cheveux bruns et yeux clairs, parlant très peu le français. Il portait l’uniforme. Un matin, en me promenant au-delà du pont de la maison, je le vis. Il se trouvait dans une voiture au ralenti avec d’autres soldats, vérifiant l’état du pont, je crois, il me sourit et descendit du véhicule ; nous avons discuté un peu et il m’a donné rendez-vous pour le lendemain suivant au même endroit, c’était fou, mais mon cœur s’est mis à battre et le lendemain, j’y suis retournée.
Ils s’étaient aimés quelque temps, très peu puisque Stevenson et sa troupe furent déployés rapidement sur un autre front. Cet amour caché fut merveilleux et jusqu’à aujourd’hui, il restait intact dans la mémoire de Marie. Combien de demoiselles comme elle avaient perdu leur amour de jeunesse dans cette guerre abominable, combien de familles avaient perdu un père, un oncle, un frère au combat ? La guerre n’était pas le temps de l’amour certainement pas, la souffrance était le lot de nombreuses familles, voilà ce que Marie lui avait expliqué ; elle n’avait jamais oublié les mots, la tristesse de sa mère lors de ces récits.
Sarah était donc née de cette surprenante rencontre, et elle avait grandi fière d’être la fille d’un héros, mais où était-il aujourd’hui ? Il devait avoir un peu plus de soixante-dix ans. Elle espérait de tout son cœur qu’il fut encore vivant quelque part en Angleterre. Elle avait eu beau chercher sa trace, à ce jour, tous ses efforts étaient restés vains.
Elle arriva fatiguée et poussa le portail.
La boîte en métal était bien blottie dans sa poche. Elle soupira. Elle embrassa sa mère qui déjeunait en lisant le journal local. Sa mère était encore une très belle femme élégante, cultivée et curieuse de tout. Les années n’avaient point tari ses connaissances et son appétence à lire. Elle se faisait livrer le journal et ça faisait souvent rire Sarah, mais là, elle n’avait pas l’humeur à sourire. Elle se faufila jusqu’à sa chambre. Elle eut besoin de filer sous la douche, de revêtir un vêtement souple et un pull doux, avant d’ouvrir l’énigmatique boîte à tabac…
Elle décida de laisser ses volets fermés, s’installa à son bureau massif qui appartenait à ses grands-parents. Elle y posa soigneusement sa trouvaille ; elle était recouverte d’une très vieille couche de poussière qui la rendait illisible. Ôtant la saleté, elle put découvrir la marque Tabbaco, qu’elle ne connaissait guère. Boîte étrangère, elle ne savait pas. Son ventre se serra de nouveau quand elle ouvrit le couvercle. Des photos anciennes en noir et blanc y étaient protégées, mais aussi une lettre. Sarah fut très émue à la vue de ces objets. Une lettre de qui, à qui, une lettre d’amour ou de désespoir, de séparation ? Toutes ces questions lui venaient pêle-mêle. Elle allait très vite savoir…
La première photographie représentait une famille de cinq personnes, deux adultes et trois enfants, en tenue distinguée, de style anglais. Aucune inscription n’apparaissait au dos de celle-ci. La seconde photographie laissait apparaître deux personnes jeunes, souriantes, peut-être amoureuses, elles semblaient heureuses et complices. Le jeune homme était militaire. Il portait l’arme sur l’épaule et un béret. Cette photo lui fit penser aux clichés d’Ernest Hemingway, reporter de guerre. Sa mère en détenait un, qu’elle avait encadré dans le séjour. Sa mère ne voulait pas oublier.
Elle reposa délicatement les deux vieilles photos jaunies et alla se préparer un café au lait, elle essaya de rester discrète pour ne pas attiser la curiosité de sa mère qui lisait toujours la presse dans la pièce d’à côté.
Assise de nouveau, elle déplia la lettre1 soigneusement, très lentement, elle avait peur de la déchirer. Malgré le poids des années, et la fragilité du papier, elle réussit à déchiffrer :
Mon ami, mon camarade, je t’écris cette lettre dans un grand moment de désespoir et de peur. Quand nous nous apprêtions à sortir chercher de la nourriture dans la ferme à côté du camp, nous sommes tombés dans une embuscade, ils ont tué quatre camarades, dont Freddy, notre ami…
Je suis en ce moment avec Lancaster, Paul et Henry dans un de leurs camions blindés et je ne sais pas où ils nous mènent à part à la mort…
Alors je t’écris ces derniers mots, s’il existe une moindre chance que tu retrouves notre trace. Tu as été un frère de combat, mais avant cela mon plus bel ami et il me reste à te demander de prévenir Helen, mais aussi ma famille, le Colonel Edward et ma chère mère Betty. Le chagrin sera lourd pour eux, mon ami, tu devras veiller sur eux comme je l’aurais fait, et prends soin de ma jeune épouse aussi. Je compte sur toi Stevenson, mon Ami pour l’éternité. Prie pour moi.
Mattew.
Le cœur de Sarah se mit à bondir si fort dans sa poitrine, qu’elle en poussa un cri et renversa son café.
Elle soupira, se leva avec regret pour grimper l’escalier et rejoindre Sarah dans sa chambre. Elle la trouva blême, tremblante.
Sans mots, Sarah lui présenta la lettre. Marie la parcourut rapidement et à mesure qu’elle lisait, elle devint blême à son tour, elle vacilla.