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"Blessure insolente" expose le viol délibéré de l’Afrique, orchestré avec la complicité de certains dirigeants, en mettant en lumière le conflit dévastateur du Nord-Kivu au Congo. Cette poésie condamne les massacres gratuits et le silence complice des autorités. Elle appelle à la liberté de penser et d’agir pour échapper à la misère mentale imposée au continent. À travers des thèmes tels que la nuit, le viol, la souffrance, la liberté et l’espoir, chaque vers déploie des images puissantes qui répondent aux atrocités et célèbrent une beauté créatrice recherchée par les guerriers de l’imaginaire.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Ethmane Sall est l’auteur de plusieurs ouvrages dont "Calebasse cabossée" publié en 2016 et "Les promesses de la folie" paru en 2022. Il doit sa naissance en littérature à Aimé Césaire qu’il considère comme son maître. C’est au contact de celui-ci qu’il apprit à dévider des vers et à caresser l’invisible. Il entretient une relation matricielle avec la littérature qu’il conçoit comme un espace de liberté créatrice qui ouvre à l’infini.
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Seitenzahl: 39
Ethmane Sall
Blessure insolente
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Ethmane Sall
ISBN : 979-10-422-4172-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
– Errances – Laminaires de la Conscience, Epiderme éditions, 2016 ;
– Errances – Calebasse cabossée, Epiderme éditions, 2016 ;
– Blessure insolente, Epiderme éditions, 2018 ;
– Les Promesses de la folie, Le Lys Bleu Éditions, 2022 ;
–La transatlanticité francophone, L’Harmattan, 2023.
Ouvrages codirigés avec Frédérique Toudoire-Surlapierre
– Les Francophonies « noires », Lit Verlag, 2018 ;
– Les Rébellions francophones, Orizons, 2019 ;
– Les Utopies francophones, Presses universitaires de Limoges, 2021.
Aux femmes
qui m’ont conçu et engendré :
Yâye, ma grand-mère ;
Mariam Bathia,
ma mère ;
et Mama Sall, ma tante.
il y a des nuits sans éclat de silex
il y a des nuits sans flammes vertes
il y a des nuits où l’on mastique la poussière
il y a des nuits qui se brisent l’encéphale
il y a des nuits tripales et triviales
il y a des nuits émaillées de mygales
nuit remplie de nuit
sauvage et monocorde
nuit d’éclaboussures rousses
enflée d’érésipèles
feutrée de résine
vallonnée de soufre
nuit garnie de lèpres cuirassées
à l’orée du bois diaphane
d’une Afrique épilée
dans sa dignité écorchée
nuit du règne de l’ombre
livide et monotone
comme le vent furieux de l’automne
se nourrissant dans les mangroves des bois morts
s’abreuvant dans les ravins des plaintes séculaires
des verveines assoiffées
le sang coule comme un ruisseau ivre
dans la boursouflure de ces plaintes sauterelles
et pendant ce temps-là
tout n’est que vilenie et avanie
mascaret, tourbillon et ténèbres
les phoques nagent à grandes brasses
les huîtres se pendent opaque
dans l’encoignure de leurs valves segmentées
et la puissance sourde de cette nuit immobile
doublée d’un zèle d’ombre elliptique
qui s’étire et s’étage
au cœur de nos eaux blessées
qui enfle et ronfle
dans les élytres de nos lacs fleuris
d’où fermentent de semences fécondes
et pendant ce temps-là
noyée dans une boue enflammée
précipitée dans une tourbière fienteuse
l’Afrique meurt de ne pas mourir
sa fierté inféodée aux coups de sabre
d’une brise polaire
vent d’une nuit embrasée
vent ovale
vent basalte
lave éruptive
ce vent de thrène s’implante torve
sur les flancs de nos vivres irradiés
ondulant comme une flamme aux ailes éployées
il frotte
racle
et gratte
nos déchirures ombilicales
brûlant comme une mare de braises ardentes
il ricane
hurle
et glapit
sur la Calebasse griffée de nos désirs
l’haleine chevrotante de cette brise s’immisce
dans les moindres recoins du continent néantisé
à travers chaque brin d’herbe jaunie de nos savanes,
pâtres et paysans implorent en vain
des décoctions de luzerne
le continent se liquéfie en claie de paille
enroulée dans la glaire du vent basalte
et le temps ploie ses ailes sur la bourrasque furieuse
irisant notre ciel avec la gomme ambre
de nos mangroves à la cognée
ciel émaillé de fumerolles cylindriques
ciel gavé de pestilences mirifiques
ciel de nos espoirs altérés et embouteillés
où perle une mousseline humectée de sang pur
ciel de nos vies crépusculaires et monotones
où se déverse une pluie cirée de granit bosselé
ciel d’un amas de rêve vespéral et attiédi
où traîne une vie ravinée de brises insolentes
et pendant ce temps-là
sous ce ciel accroupi à une trombe noctambule
la laie du large devient plus rouge que le Nil
faisant nasse avec une pluie virale
rembourrée de résine
vague d’éclaboussures écarlates dans les filets de nos rêves
magma de calamités marinées dans les flots de nos veines
pas un obscur espoir
pas un début de trêve
tout est amarré sur les valves du gouffre
ombre de mille ans qui parcourt sans rémission
les lèvres de mes plaies ouvertes
les soutes de mes blessures béantes
les rabais de flaques de mes pleurs
dans une désolation intime
ô nuit
nuit immobile d’une Épave ébouillantée
nuit folle d’une Nacelle épouvantée
nuit silencieuse d’une Afrique éreintée