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"Bounty Rhapsodie" offre une réinterprétation théâtrale et captivante du mythe de l’île paradisiaque, où humour et profondeur se mêlent habilement. Cet ouvrage interroge le destin de Tahiti à travers une lentille moderne et fascinante, mettant en scène le capitaine Bligh, son second Fletcher Christian et son épouse indigène Maimiti dans une aventure inoubliable qui retrace la plus célèbre mutinerie de l’histoire maritime.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean Rasther a été séduit par le charme envoûtant des îles de la Polynésie française, où il réside depuis plusieurs années. Inspiré par ces lieux empreints de mémoire, il a publié en 2024" Moana Reva" aux éditions Le Lys Bleu.
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Seitenzahl: 43
Jean Rasther
Bounty Rhapsodie
Théâtre
© Lys Bleu Éditions – Jean Rasther
ISBN : 979-10-422-4142-1
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L’auteur a utilisé dans sa pièce un certain nombre de termes tahitiens. Pour une meilleure lecture du texte, il tient simplement à préciser que dans cette langue le [e] se prononce [é] et le [u] se prononce [ou].
La scène se déroule successivement sur le port de Plymouth, en Grande-Bretagne, puis à bord de la Bounty, enfin à Tahiti, sur la plage de la pointe Vénus.
L’ORATEUR
L’ORATEUR (seul sur scène. Il est simplement vêtu d’un paréo blanc et d’un t-shirt. Sur la tête, une couronne de nahe, la fougère parfumée des montagnes. Autour du cou, un collier de hei tiaré. Il tient à la main un bâton d’orateur qu’il manipule avec dextérité, tantôt pour frapper le sol, ponctuant ainsi son discours, tantôt semblant vouloir menacer le public assis autour de lui. Grandiloquent, avec force gestes) :
Je te salue, Arue qui m’as vu naître !
Ia ora na, Tahiti, île bénie des dieux !
Océanie, chère à mon cœur, je te salue !
Je m’appelle Pouiraa Teauna.
Mon nom n’évoque probablement rien pour vous.
Jadis, j’étais Te Arapo : « Celui qui veille la Nuit ».
Ma merveilleuse culture sombrait dans l’oubli.
Alors je me suis intéressé aux mythes et aux légendes
de nos tupuna.
Je les ai transcrits.
Puis je les ai racontés aux enfants, dans les écoles.
À la radio, pour les adultes.
Pour redonner vie au orero.
Ofeifaoa.
Petite pierre déposée sur le grand marae du monde.
Aujourd’hui, je voudrais vous raconter la singulière histoire d’une rencontre entre deux mondes.
Celui de nos Anciens.
Et celui de Peretane venus de l’autre côté de l’océan.
L’histoire d’une confluence.
Fructueuse, comme elle peut l’être quelquefois.
Amis qui m’écoutez, laissez-moi chanter vos rêves !
Laissez-moi vous emporter, loin dans le temps,
mais si près dans l’espace.
Regardez !
Ce corps d’enfant lové contre la montagne :
c’est la baie de Matavai.
Un berceau pour des navires curieux et conquérants.
Wallis, Bougainville et Cook.
Regardez !
Derrière le col du Tahara’a où résidait jadis
Nona Vahine’aita’ata,
la femme cannibale,
friande de la chair saignante des hommes,
danse Tepa’inavemiti et le phare désormais assoupi
de la pointe Vénus.
C’est là que bientôt je vous amène.
Elle jettera l’encre.
Élégante et vaniteuse,
Brouillon disgracieux de nos grandes pirogues de guerre.
Quatre canons et dix pierriers.
Quarante-six hommes à bord.
Elle est une frégate de la Royal Navy.
Nous serons un dimanche.
Nous sommes le 26 octobre 1788.
Laissez-moi vous narrer
L’odyssée des Révoltés de la Bounty.
Te ’ā’amunō Bounty
MILLS, MAC COY, L’ORATEUR
Mills porte une chemise d’un blanc douteux, un pantalon à pont bleu indigo et une écharpe rouge nouée autour de la taille. Mac Coy marche sur ses pas. Son uniforme est plus sommaire : une chemise d’une couleur unie indifférente, un tricot aux rayures bleues et blanches. Tous les deux sont pieds nus. L’Orateur, quant à lui, s’est assis sur une chaise, dans un coin de la scène. Il se sert un grand verre d’eau et grignote des chips, en apparence indifférent.
MILLS : Dieu soit loué, cet oiseau déplumé en a terminé avec son oraison funèbre !
L’ORATEUR : Pas oraison, mon ami, mais orero. Ce terme désigne chez nous la langue. L’organe. Je vous montre. (Il s’est levé et tire exagérément la langue à la manière des Māori sous le nez des deux Anglais, horrifiés.)
MILLS : La vôtre est bien pendue en tout cas ! Encore un peu et je vous la clouais au parquet ! J’ai cru que vous ne vous tairiez jamais, ventre-saint-gris !
MAC COY