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Dans 'Contes des fées : le livre des enfants', la richesse des thèmes explorés va bien au-delà de la simple magie propre aux contes pour enfants. Ancrée dans un contexte littéraire où le merveilleux et le didactique s'entrelacent, cette anthologie rassemble une mosaïque de styles narratifs—du classicisme à l'avant-garde du conte moral. Les histoires remarquables, oscillant entre fantasme et réflexion philosophique, offrent des imaginaires captivants, mêlant créatures enchantées à des leçons de vie intemporelles. Ce collectif dynamise des récits enchanteurs, relevant autant de l'évasion que de l'édification. Les contributeurs de cette anthologie apportent une richesse historique et culturelle sans pareille. Charles Perrault et Madame d'Aulnoy, par exemple, inscrivent leurs récits dans un cadre baroque chargé de morale, tandis que Leprince de Beaumont et de Lubert ajoutent une dimension éducative affirmée. Les auteurs sont issus du Siècle des Lumières, une époque marquée par des transformations intellectuelles et sociales, alternant rationalité et surnaturel. L'inclusion de Caylus ouvre aussi la porte à des perspectives empreintes de satire et d'innovation narrative. En conjuguant ces voix distinctes, le livre devient une toile complexe qui illustre les transitions entre différents mouvements littéraires. Recommander 'Contes des fées : le livre des enfants' revient à inviter le lecteur à une fête généreuse de styles et de messages, lui permettant de naviguer entre lumière et sagesse cachée. Ce volume offre une occasion rare d'explorer une myriade de perspectives littéraires issues de divers courants, offrant autant d'occasions de réflexion que d'émerveillement. La valeur éducative est indéniable, ainsi que la richesse des dialogues qu'il cultive entre ses pages, invitant les lecteurs à réévaluer les interactions entre événements féeriques et enseignements puisés au cœur des récits.
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Veröffentlichungsjahr: 2022
IL y avait une fois un roi et une reine qui n’avaient qu’un fils; c’était leur unique espérance. La reine, depuis quatorze ans qu’il était né, n’avait jamais eu nul soupçon de grossesse. Le prince était joli à merveille; il apprenait tout ce qu’on voulait. Le roi et la reine l’aimaient à la folie, et leurs sujets y avaient mis toute leur tendresse; car il était affable pour tout le monde, et cependant il savait bien faire la distinction des personnes qui l’approchaient; il s’appelait Zirphil. Comme il était fils unique, le roi et la reine résolurent de le marier au Plus vite, afin de voir naître de lui des princes qui pussent soutenir leur couronne, si malheureusement Zirphil leur était enlevé.
On cherchait donc à pied et à cheval une princesse digne du dauphin: mais il ne s’en trouvait point de convenable. Enfin, après une grande perquisition, on vint dire à la reine qu’il y avait une dame voilée qui désirait entretenir sa majesté en particulier sur une affaire importante. La reine se mit vitement sur son trône, pour lui donner audience, et ordonna qu’on la fit entrer. Cette dame s’approcha sans ôter ses crêpes blancs qui tombaient jusqu’à terre. Quand elle fut au pied du trône: Reine, dit-elle, je m’étonne que sans m’avoir consultée vous songiez à marier votre fils; je suis la fée Marmotte, et mon nom fait assez de bruit pour avoir été jusqu’à vous. Je suis mortellement offensée, et pour commencer à vous punir, je vous ordonne de faire épouser à votre Zirphil la personne que je vous apporte. A ces mots elle fouilla dans sa poche, et, tirant un étui à curedent, elle l’ouvrit, et il en sorti une petite poupée d’émail si jolie et si bien faite, que la reine. malgré sa douleur, ne put s’empêcher de l’admirer. C’est ma filleule, continua la fée, et je lui ai toujours destiné Zirphil.» La reine était toute en larmes, elle conjurait Marmotte, par les paroles les plus touchantes, de ne pas l’exposer à la risée de ses peuples, qui se moqueraient d’elle, si elle leur annonçait ce mariage. Qu’est-ce à dire, se moquer, madame? dit la fée. Ah! nous verrons si l’on doit se moquer de ma filleule, et si votre fils ne doit pas l’adorer. Je veux bien vous dire qu’elle le mérite; elle est petite, cela est vrai, mais elle a plus d’esprit que tout votre royaume ensemble: quand vous l’entendrez, vous en serez surprise vous-même; car elle parle, je veux bien vous le dire. Allons, petite princesse Camion, dit-elle à la poupée, parlez un peu à votre belle-mère, et montrez-lui ce que vous savez faire. Alors, la jolie Camion sauta sur la palatine de la reine, et lui fit un petit compliment si tendre et si raisonnable, que la reine suspendit ses larmes pour baiser de tout son cœur la princesse Camion. Tenez, reine, dit la fée, voilà mon étui, remettez-y votre belle-fille; je veux bien que votre fils s’y accoutume avant de l’épouser, je crois que cela ne tardera pas; votre obéissance peut adoucir mon courroux; mais si vous allez contre mes ordres, vous, votre mari, votre fils et votre royaume, tout ressentira l’effet de ma colère; et surtout remettez-la de bonne heure le soir dans son étui, car il est important qu’elle ne veille pas.» A ces mots elle leva son voile, et la reine s’évanouit de frayeur, quand elle aperçut une véritable marmotte en vie, noire, velue et grande comme une vraie personne. Ses femmes vinrent à son secours, et quand elle fut revenue de son évanouissement, elle ne vit plus rien que l’étui que Marmotte lui avait laissé.
On la mit au lit, et l’on fut avertir le roi de cet accident; il arriva tout effrayé. La reine fit sortir tout le monde, et, avec un torrent de larmes, elle conta son aventure au roi, qui n’y avait pas ajouté foi, jusqu’au moment où il vit la poupée que la reine tira de son étui. «Juste ciel! s’écria-t-il, après avoir un peu médité, se peut-il que les rois soient exposés à de si grands malheurs! Ah! nous ne sommes au-dessus des autres hommes que pour sentir plus douloureusement les peines et les malheurs attachés à la vie. Et pour donner de plus grands exemples de fermeté, sire, reprit la poupée, avec une petite voix douce et claire. Ma chère Camion, dit la reine, vous parlez comme un oracle. Enfin, après une conversation d’une heure entre ces trois personnages, il fut conclu que l’on ne divulguerait point encore ce mariage, et qu’on attendrait que Zirphil, qui était à la chasse pour trois jours, se déterminât à suivre les ordres de la fée, que la reine se chargea de lui apprendre.
En attendant, la reine et même le roi s’enfermaient pour entretenir la petite Camion: elle avait l’esprit fort orné, elle parlait bien, et avec un tour singulier qui plaisait beaucoup; cependant quoiqu’elle fût animée, ses yeux avaient un fixe qui était déplaisant, et la reine ne s’en choquait que parce qu’elle commençait à aimer Camion, et qu’elle craignait que le prince ne la prît en aversion. Il s’était passé plus d’un mois depuis que Marmotte avait paru, que la reine n’avait encore osé lui montrer sa prétendue. Un jour il entra chez elle comme elle était encore au lit: Madame, lui dit-il, il m’est arrivé la chose du monde la plus surprenante à la chasse, ces jours passés: j’avais toujours voulu vous le cacher, mais enfin cela devient si extraordinaire qu’il faut absolument que je vous le dise.
«Je suivais un sanglier avec beaucoup d’ardeur, et je l’avais poursuivi jusqu’au fond de la forêt sans prendre garde que j’étais seul, lorsque je le vis se précipiter dans un trou qui se fit à la terre; mon cheval s’étant lancé après, je tombai pendant une demi-heure, et je me trouvai au fond sans m’être blessé. Là, au lieu du sanglier, que j’avoue que je craignais de trouver, je trouvai une personne fort laide, qui me pria de descendre de cheval et de la suivre. Je n’hésitai pas, et lui donnant la main, elle fit ouvrir une petite porte qui était auparavant cachée à ma vue, et j’entrai avec elle dans un salon de marbre vert, où il y avait une cuve d’or couverte d’une étoffe fort riche; elle le leva, et je vis dans cette cuve une beauté si, merveilleuse que je pensai tomber à la renverse. Prince Zirphil, me dit cette dame qui se baignait, la fée Marmotte m’a enchantée ici, et c’est par votre secours seul que je puis être délivrée. Parlez, madame, lui dis-je, que faut-il que je fasse pour vous secourir? Il faut, dit-elle, m’épouser tout-à-l’heure ou m’écorcher toute vive. Je fus aussi surpris de la première proposition qu’effrayé de la seconde. Elle lut dans mes yeux mon embarras, et, prenant la parole: Ne vous imaginez point, dit-elle, que je me moque ou que je vous propose une chose de laquelle vous puissiez vous repentir. Non, Zirphil, rassurez-vous; je suis une princesse infortunée que la fée a prise en aversion; elle m’a fait moitié femme moitié baleine, pour n’avoir pas voulu épouser son neveu, le roi des merlans, qui est effroyable et encore plus méchant; et elle m’a condamnée à l’état où je suis, jusqu’à ce qu’un prince nommé Zirphil ait rempli une des conditions que je viens de vous proposer. Pour en venir à bout, j’ai fait prendre la forme d’un sanglier à ma dame d’honneur, et c’est elle qui vous a attiré ici; j’ai même à vous dire que vous n’en sortirez point que vous n’ayez rempli mes désirs d’une façon ou d’une autre; je n’en suis pas la maîtresse, et Citronette, que vous voyez avec moi, vous dira que cela ne peut être autrement. Imaginez-vous, madame, dit le prince à la reine, qui l’écoutait attentivement, dans quel état me mit ce dernier discours. Quoique le visage de la princesse Baleine me plût infiniment, que ses grâces et ses malheurs la rendissent extrêmement touchante, la Baleine me donnait une horreur effroyable; cependant quand je songeais qu’il fallait l’écorcher, j’étais au désespoir. Mais, madame, lui dis-je enfin (car mon silence devenait aussi stupide qu’insultant), n’y aurait-il pas un troisième moyen? Je n’eus pas achevé ce malheureux mot que la princesse Baleine et sa suivante firent des cris et des lamentations à percer la voûte du salon. Ingrat! cruel! tigre! et tout ce qu’il y a de plus farouche et de plus inhumain! me dit-elle, tu veux donc que je sois condamnée au supplice de te voir expirer? Car si tu ne te résous à m’accorder ce que je te demande, tu vas périr, la fée me l’a assuré, et je serai baleine toute ma vie.