Cours bébé, cours - Rémi Deriu - E-Book

Cours bébé, cours E-Book

Rémi Deriu

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Beschreibung

Les jeux de l'amour et de l'hasard ne sont pas sans danger...

Miami, porte des Amériques.

Suzie, brillante avocate, multiplie les réussites professionnelles. Seulement, dans sa vie privée elle parvient difficilement à se rétablir d’une rupture sentimentale. Femme devenue forte par les épreuves de la vie, elle décide de prendre sa revanche sur l’amour et les hommes d’une façon dramatique, qui va lui faire perdre le contrôle de sa vie.

Elle enchaîne les conquêtes jusqu’à rencontrer dans le hasard des ascenseurs, Robert. À cet instant, tous deux sont loin d’imaginer que cette rencontre va bouleverser leurs vies à tout jamais.

Entre amour et mystère, comment Suzie et Robert parviendront-ils à protéger leurs secrets ? L’amour sera-t-il plus fort que la raison ?

Un thriller amoureux à la fois torride et mystérieux.

EXTRAIT

Ce que j’aime le plus dans la lingerie féminine, ce sont les soutiens-gorge. Ils sont beaux, de différentes sortes, et peuvent être discrets ou bien voyants.
« Quelle taille ? »
« 95C »
« Quelle couleur ? »
« Rouge sang... »
« Très bien, je vous apporte ça. »
J’ai tellement l’habitude qu’on me demande mon tour de poitrine, que je serais capable de le dire au premier venu qui passe dans la rue.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Rémi Deriu est né à Ajaccio, en Corse en 1990.
Amateur de cinéma, de lecture et d’écriture, il écrit Cours bébé, cours/i> en trois mois à l’âge de 18 ans. Ce n’est que 10 ans plus tard qu’il se décide à envoyer son manuscrit à une maison d’édition.
Ce premier roman signe son entrée dans le monde du livre.

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Rémi Deriu

Cours, bébé, cours

Suzie

1. Rencontres

Ce que j’aime le plus dans la lingerie féminine, ce sont les soutiens-gorge. Ils sont beaux, de différentes sortes, et peuvent être discrets ou bien voyants.

« Quelle taille ? »

« 95C »

« Quelle couleur ? »

« Rouge sang … »

« Très bien je vous apporte ça. »

J’ai tellement l’habitude qu’on me demande mon tour de poitrine, que je serais capable de le dire au premier venu qui passe dans la rue.

C’est important pour moi d’acheter un nouveau soutien-gorge après chaque …, histoire de me souvenir un peu de chacun d’entre eux. Généralement, je prends toujours leur couleur préférée, peut-être pour me donner bonne conscience.

« Voilà madame ça vous fera 17$ s’il vous plaît »

« Mademoiselle, je ne suis pas mariée à mon père ! »

« Excusez-moi mademoiselle, comment allez-vous régler ? »

« Par carte »

Je lui donne ma carte, je tape mon code, et 17$ viennent d’être débités de mon compte plutôt bien garni.

Article payé, sachet empoigné, je sors du magasin et me demande où pourrais-je bien manger ? Midi approche et mon audience n’est qu’à 14 heures, donc j’ai encore un peu de temps devant moi pour préparer ma soirée.

J’ai envie de manger un hot-dog avec beaucoup de mayo, et une salade verte pour la ligne. Et oui, c’est important de rester fine, surtout que l’été arrive, bien que nous ne soyons qu’en mars.

Je décide d’aller dans le parc pas très loin pour mater un peu les mecs qui passent, comme ça je peux finir de déjeuner tranquille devant un spectacle alléchant. En plus, il y a un petit stand où ils vendent des hot-dogs excellents.

Une fois mon hot-dog en main, je décide d’aller m’installer sur un banc au soleil.

Premier passage : homme, la trentaine, costard cravate, chaussures italiennes, et un cul bien musclé.

Second passage : homme, quatre-vingts ans, canne à la main, et surement besoin d’une perfusion de viagra.

Troisième passage : jeune homme, milieu vingtaine, survêt’, en train de faire son jogging, biceps bien ronds, cuisses bombées, et un fessier digne des plus grands power plate. Je décide de l’aborder. Au moment de me lever pour me diriger vers lui, mon portable se met à sonner. C’est Patrick, mon directeur de cabinet. Il est très connu à Miami, mais encore plus à New-York où son père fut un acteur majeur du scandale du Watergate, dans les années 1960.

« Allo ?»

« Suzanne, c’est Patrick, ton audience est avancée, elle débutera à 13 h 30. La partie adverse aurait des informations capitales qui feraient tomber ton client, et lui ferait débourser énormément. »

« Oh merde, je suis au parc, jamais je ne serais à l’heure pour l’audience ! Es-tu au tribunal ? »

« Oui avec ton client, Jonathan Burwell. »

« Très bien, tu dis au juge qu’il attende avant de commencer l’audience et que j’aurai du retard et que, s’il n’est pas content, tu lui dis de ma part qu’il n’a qu’à mieux gérer ses audiences au lieu de tirer son coup avec toutes les nouvelles greffières ! »

Je raccroche le téléphone, et cours attraper le premier taxi qui passe.

Arrivée au tribunal avec 10 minutes de retard je me dirige tout droit vers les toilettes pour femmes afin d’enfiler ma robe d’avocat, puis vers la salle d’audience en espérant, surtout pour le juge, ne pas me prendre de réflexions.

« Désolé pour mon retard monsieur le juge mais, j’ai été prévenue trop tard de votre changement d’emploi du temps. »

« J’espère que ça ne se reproduira plus, Maître Lewis. »

« À qui la faute ? »

« Très bien, nous ne sommes pas là pour nous affronter mais pour plancher sur la culpabilité de votre client. »

« Soit. Mon client regrette d’avoir oublié de déclarer ses employés à l’inspection du travail. Il promet que cela ne se reproduira plus. »

« Votre Honneur ? »

Voici Martin Cooper, avocat chez Smith et Cie. Lui et moi avons eu une longue relation. Au début, ce fut plus sexuel qu’amoureux mais après, j’étais tombée follement amoureuse de lui. Je dois avouer que ces deux années passées à ses côtés furent les plus belles de ma vie. Je commençais à étudier le droit, et lui commençait à travailler chez Carter & Brothers.

« Oui Maître Cooper ? »

« Je désirerais apporter un complément de preuves dans l’affaire. »

« Soit, voyons cela. »

« J’ai là un enregistrement audio effectué par une personne proche de l’accusé que je ne citerai pas, où l’on entend Jonathan Burwell dire clairement pourquoi il a volontairement oublié de déclarer ses employés. »

Le petit con ! Il m’a bien eue sur ce coup-là ! Ça a souvent été comme ça entre lui et moi.

On se faisait des coups bas histoire de rigoler et de rendre notre histoire plus excitante.

Et sur sa cassette, on entend bien mon client dire clairement qu’il n’a pas déclaré ses employés pour pouvoir économiser les charges qui lui étaient imputées et les placer sur un compte en banque en Suisse bien au chaud.

« Maître Lewis, avez-vous quelque chose à ajouter ? »

« Non votre Honneur. »

« Est-ce que votre client reconnaît bien l’authenticité du présent enregistrement audio ? »

Je me tourne vers Jonathan qui me fait un signe de la tête pour me confirmer que c’est bien lui sur la cassette.

« Oui votre Honneur, mon client certifie que c’est bien sa voix. »

« Très bien la Cour se retire pour délibérer. »

Je dois avouer que j’aime beaucoup affronter Cooper au tribunal. Lewis vs Cooper, Elle contre Lui. Ça me rappelle de bons souvenirs, notamment notre première fois.

Il était venu me chercher à la fac, et je l’avais emmené dans une salle de classe pour qu’il me réexplique une affaire lorsque nos deux corps se sont enlacés fougueusement. Ce fut magique.

Mais après ce souvenir revenu brutalement, je décide d’arrêter de me faire mal en repensant au passé ! Le passé c’est le passé, et il n’est plus du tout l’homme que j’ai connu.

Nous étions tous dans la salle d’audience. Patrick, Jonathan, moi et les personnes qui soutenaient Jonathan à gauche, et les trente employés de la société de transport de Jonathan, Cooper et John Carter, le patron de Cooper, à droite.

La salle est pleine à craquer. Les journalistes sont là. Même si l’affaire ne semble pas d’une importante capitale, les mauvaises langues disent que monsieur le gouverneur avait connaissance de ces petits délits. Il se trouve que Jonathan est le frère du sénateur Burwell. Aussi, il aurait fait en sorte qu’il ne soit pas contrôlé par les services du travail. L’affaire a fait grand bruit au Sénat, si bien que le sénateur Burwell s’est retiré de ses fonctions quelques jours avant le procès.

« La Cour, Monsieur le juge Forks. »

« Accusé, levez-vous » a dit le juge d’un ton pas très bon pour nous.

Patrick, Jonathan, Cooper, son boss et moi nous levons quasiment en même temps.

« Dans l’affaire employés de la société Trucks contre Monsieur Jonathan Burwell, patron de la société Trucks, je déclare l’accusé totalement responsable de ses actes, et le condamne à verser 100 000 $ de dommages et intérêts à chacun des employés de la société avant le 30 Juin. Vous avez 30 jours pour faire appel.»

Ce jugement était tout à fait prévisible. Je ne pouvais combattre contre une preuve aussi importante, et je sais que mon client ne veut pas faire appel.

« Sans rancune Suzanne ? » m’a murmuré Cooper dans mon oreille droite. Son souffle caresse gentiment le coin de ma joue, telle une plume que l’on passe tout doucement sur la peau pour provoquer une sensation d’apaisement. J’aimerais lui répondre gentiment, mais après ce qu’il m’a fait je ne peux pas.

« Tu as bien défendu Cooper, tu t’es très bien débrouillé, tu as su rester maître de toi, mais sache que les coups bas moi aussi je peux en faire, si tu te souviens bien … »

Il reste médusé, sans expression. Peut-être ne s’attendait-il pas à une réponse aussi violente.

Bien sûr, à la sortie, les journalistes sont toujours là pour essayer de nous interviewer sur le procès, et sur le jugement surtout. Bien entendu, je les évite, tout comme Jonathan. Au pied des escaliers qui mènent au tribunal, il me remercie de l’avoir défendu et à mon tour je m’excuse de ne pas avoir réussi à lui éviter la condamnation puis, nos chemins se séparent.

Après avoir passé mon après-midi dans cette salle horrible, je me dis qu’il serait peut-être temps de fêter ma défaite en buvant à outrance ce soir. Bien que nous ne soyons que jeudi, je sais qu’il y aura du monde en ville. Miami ne dort jamais !

Arrivée à la maison, je décide de me faire couler un bon bain chaud. Ensuite, il faut que je choisisse ma tenue de chasse. Une robe rouge avec des talons ou bien un legging en cuir avec des ballerines et un chemisier Chanel ?

La robe c’est plus pratique pour se déshabiller et surtout pour enlever le string.

J’ai regardé le réveil qui indiquait 20 heures, et je n’étais toujours pas prête !

Une fois la robe enfilée, il faut passer au maquillage. Pour cette partie je suis la plus forte et surtout la plus rapide. Enfin la coiffure. Queue-de-cheval, les plaques, les boucles ? J’hésite. Mais je choisis finalement les boucles, elles mettent mon visage en valeur. Ensuite, je passe au choix des bijoux. Un collier en diamants, cadeau d’un client très satisfait par mon travail, avec les boucles d’oreilles assorties. Quelques gouttes de parfum, le 48H au poignet, je quitte mon appartement aux alentours de 21 heures.

Lorsque la porte de l’ascenseur s’ouvre, j’aperçois un homme qui semble ne pas être indifférent à mon charme. Et moi non plus, je ne suis pas indifférente à son charme. Il est visiblement plus âgé que moi.

« Bonsoir mademoiselle, vous descendez ? » Sa voix sonne comme une note de piano à la fois douce et grave. Il doit probablement s’avancer sur la fin de la quarantaine, ses cheveux grisonnants en témoignent. Il est dépourvu de rides, sauf celle du lion, celle qui me fait craquer.

« Oui monsieur, rez-de-chaussée, merci. »

Je sens son regard caresser tout doucement ma peau, telle une plume de flamant rose. Les premiers frissons commencent à se faire sentir. Je mets alors mon châle blanc sur mes épaules pour qu’il ne s’en aperçoive pas.

« Je m’appelle Robert Dickvandicke. » me dit-il d’un ton assuré.

« Et moi Suzanne Lewis »

« Permettez-moi de vous dire que vous êtes très ravissante Suzanne Lewis. »

Je sens dans sa voix une certaine assurance. Peut-être l’expérience née de ses précédentes conquêtes. Vu son âge et sa beauté, je suis sûre que plus d’une femme est passée dans son lit.

L’ascenseur arrive enfin à l’étage de sortie, mais quelque chose en moi fait que je n’ai pas envie de quitter cet ascenseur. Probablement la présence de ce Robert Dickvandicke. Je décide alors de lui proposer un rendez-vous. Bien sûr, c’est toujours aux hommes de faire le premier pas, mais moi je contre les règles conventionnelles.

« Excusez-moi monsieur Dickvandicke mais, vous attendez quoi pour m’inviter à nous revoir ? » Dit comme ça, j’ai juste arrangé la règle conventionnelle.

« Je vous en prie, appelez-moi Robert, et j’attendais de voir si vous étiez une femme qui prend des initiatives. » Il dit ça avec ce sourire en coin qui m’agace, car il sait pertinemment qu’il me plaît, et qu’il me fait fondre.

« Très bien Robert, oui je suis une femme qui prend des initiatives et qui a du caractère. Je préfère vous avertir au cas où … »

Pourquoi me suis-je dévoilée comme ça ?

« Maintenant que je sais où vous vivez, je pourrais passer vous voir. J’aime le vin blanc, préparez donc une bouteille au cas où je passerais à l’improviste un soir prochain … »

En plus d’être craquant, beau et grand, il est mystérieux.

« Très bien Robert, mais peut-être que vous trouverez porte close. Sur ce. »

Je tourne les talons pour me diriger vers un taxi devant mon immeuble. Je le regarde une dernière fois allumer sa cigarette au pied de l’immeuble, et se diriger dans la direction opposée à la mienne.

Après cette charmante rencontre, je décide de me concentrer exclusivement sur ma soirée.

J’irai probablement dîner à la Riviera, un restaurant très mondain de Miami où l’élite de la mode se retrouve. J’aime bien ce restaurant car, on y mange très bien malgré les prix assez élevés –75$ les noix de st jacques sur leur lit de sauce Béarnaise, typiquement français –, et puis les hommes ayant le portefeuille bien rempli viennent y passer une bonne soirée. J’indique au chauffeur l’adresse de l’établissement.

Je profite du trajet pour réajuster mon maquillage, essentiellement mon rouge à lèvres.

Je remarque que le chauffeur me regarde assez régulièrement dans son rétroviseur intérieur, il m’observe. J’avoue que la situation me met un peu mal à l’aise, d’autant plus que deux semaines plus tôt, une jeune femme âgée de 34 ans, tout comme moi, avait disparu un soir alors qu’elle sortait d’une fête plutôt bien arrosée. Les dernières personnes à l’avoir vue étaient ses amis qui attendaient avec elle le taxi. Depuis, plus personne ne l’avait revue jusqu’au mardi passé. Un promeneur l’a retrouvée dans une rivière pas très loin de la ville, entièrement dénudée, et avec des multiples contusions sur tout le corps. La police a bien évidemment conclu à un crime. Tous les chauffeurs ont donc été suspectés, mais le coupable n’a toujours pas été retrouvé. Je dois avouer que cette histoire m’intéresse. Je suis une femme solidaire de mes consœurs, et je ne veux pas que cela se reproduise pour le bien de tous.

Le rouge à lèvres réajusté, un petit coup de poudre et j’arrive à la Riviera.

Le « voyeur » m’indique que je lui dois 20$ de trajet. Bien sûr je ne les ai pas. Logique, une avocate assez réputée dans Miami ne sort pas avec des billets de 20$ mais plutôt avec au minimum des billets de 100$. Je lui fais un chèque et lui donne trois pièces de je ne sais quelle valeur en guise de pourboire. Il ne semble pas content mais je m’en fiche ou il prend, ou je m’en vais sans payer.

Une fois sur le trottoir, je m’aperçois que le temps tend à changer. J’espère qu’il ne pleuvra pas, vu que je n’ai pas pris le parapluie. Pas du tout sexy !

Bref, je rentre dans le restaurant, je vois que plusieurs tables sont vides, à ma grande surprise. Mais ça m’arrange puisque je n’ai pas réservé. Mais avant d’aller à table, je préfère aller au comptoir boire ma vodka pomme du soir. J’indique au type de la réception que je souhaiterais avoir la table numéro 21, mais qu’avant de dîner je souhaite prendre un apéritif au comptoir. Il me dit qu’il n’y a pas de problème.

Je me dirige donc vers le comptoir en espérant me faire aborder par ma future proie.

Je m’assieds sur une chaise haute, et attends que le serveur daigne venir prendre ma commande. En attendant, je scrute les lieux pour voir si je ne connais pas quelqu’un ou bien si je ne trouve pas l’homme qui finira la soirée avec moi. Mais une voix masculine et quelque peu juvénile m’interrompt brusquement dans ma recherche.

« Que puis-je vous servir mademoiselle ? »

Déjà il marque un point avec le « mademoiselle », et puis ce jeune homme d’environ 23-24 ans est très courtois.

« Une vodka pomme s’il vous plaît » Je vais enfin pouvoir consommer mon carburant essentiel.

Le jeune blond m’apporte mon verre avec quelques chips et autres broutilles qui vous calent l’estomac sitôt la dégustation commencée. Heureusement qu’il a pensé au guacamole. J’avoue avoir un faible pour les avocats, curieux non ?

Après trois gorgées, un type très classe, très riche et surtout très pris – deux femmes à ses bras – s’approche de moi pour régler l’addition d’une consommation excessive de champagne. J’ai remarqué leur présence dès que je suis rentrée dans le restaurant. Un homme seul d’une soixantaine d’années avec deux superbes femmes qui sucent encore leur pouce, ça ne passe pas inaperçu. Lui, ou il trompe sa femme, ou alors il n’a jamais été marié, préférant une vie de débauche sexuelle et alcoolique.

En tout cas, je dois avouer que j’aurais bien aimé qu’il m’offre une coupe de ce Don Pé.

Et voilà 3000$ dépensés sans aucune gêne.

Passons, je ne dois pas perdre de vue mon objectif qui est de finir la soirée à deux.

Vodka terminée, personne ne m’a abordée, je décide d’aller à ma table pour enfin m’offrir un dîner d’exception.

Mon commis de table me tire la chaise pour que je puisse m’asseoir mais je n’aime pas cette attitude de gentleman pour la simple et bonne raison qu’il le fait parce qu’il est obligé. J’aurais largement préféré que ce soit mon homme qui le fasse.

Une fois assise, ce dernier me propose la carte des menus ainsi que la carte des vins.

En lisant cette dernière, je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à Robert Dickvandicke qui m’a dit qu’il aimait le vin blanc tout comme moi. Que fait-il en ce moment ?

Où est-il ? Pense-t-il à moi ? J’espère ! Il ne faudra pas que j’oublie d’acheter une bouteille de vin blanc pour que monsieur puisse en consommer à volonté.

Mais en attendant, c’est moi qui vais consommer. En entrée, une salade de fruits de mer, ensuite, les fameuses noix de Saint-Jacques sur leur lit de sauce béarnaise, le tout accompagné d’un sauternes. Pour le dessert, je verrai plus tard.

En attendant que mon plat arrive, je regarde mon portable et vois un appel en absence et un nouveau message vocal sur mon répondeur. Je regarde qui m’a appelée, c’est Patrick, je présume donc que le message est de lui. Je compose alors le numéro de la messagerie, et là, la fameuse voix parfaite et féminine du répondeur me dit « Bonjour, vous avez 1 nouveau message. Aujourd’hui à 20 h 40 : « Suzie c’est Patrick, je voulais juste t’avertir qu’une nouvelle affaire t’attend, il s’agit du patron d’Apple qui souhaite attaquer un fournisseur d’abonnement téléphonique pour abus de confiance et contrat frauduleux concernant le Iphone. Rappelle-moi pour me dire si cette affaire t’intéresse ou bien si je la donne à Olivia. Bonne soirée. Si vous souhaitez supprimer le message, tapez 1, si vous souhaitez le conserver tapez 2, si vous… »

J’ai raccroché. Je ne vois pas pourquoi je laisserais l’affaire à ma collègue, certes c’est une bonne avocate, mais Olivia est trop gentille et ne sait pas dire non. Je prends l’affaire, y a du fric à en tirer.

C’est curieux que je n’aie pas entendu le téléphone sonner. Enfin, ça ne fait rien, je fête donc deux choses aujourd’hui, ma défaite et mon renouveau. Tel un phénix je renais de mes cendres.

Et voilà ma salade qui arrive. Je la suis des yeux depuis le fond de la salle, à la sortie des cuisines. Je commence à avoir faim. Faim de nourriture et faim d’hommes.

J’espère que cette soirée me rassasiera.

Aussitôt arrivée, aussitôt terminée. La Riviera ne remplit pas trop ses assiettes, c’est pour ça que j’ai commandé autant. Cependant, il me manque mon sauternes. Quoique, il soit préférable de consommer ce doux liquide avec les Saint-Jacques. Il relève leur goût, et puis il passe beaucoup mieux dans la bouche. Aurais-je raté une vocation ? C’est vrai que l’œnologie m’intéresse énormément. J’espère à ma retraite m’acheter une belle maison dans le sud de la France, avec des vignes.

« Noix de Saint-Jacques sur leur lit béarnais, accompagnées d’un sauternes. »

Quelle annonce !

Le serveur me sert un peu de vin pour que je puisse le goûter. La première gorgée est toujours surprenante. Ici, je dois avouer qu’il est un peu fort, mais il laisse un parfum de soleil sucré dans la bouche, nous laissant nous évader dans des contrées nouvelles.

« Parfait. Mes compliments à votre caviste. »

Il faut toujours flatter l’artiste, ça ne fait pas de mal à son ego.

« Ce sera fait madame. »

Et voilà, ce couillon vient de tout casser. J’en ai marre que l’on me nomme madame. Ai-je l’air si vieille ? Commencerais-je à devenir vieille fille ? Un rendez-vous chez un chirurgien esthétique ne serait pas mal venu je pense.

Je passe outre pour me consacrer à mon festin.

Tout en mangeant, je remarque qu’un homme au fond de la salle, m’observe de plus en plus. Je préfère largement ce regard à celui du chauffeur de taxi.

Je suis un peu trop éloignée pour voir si je le connais. Sera-t-il mon dessert ?

Je n’arrive pas trop à distinguer ses traits. Il me semble assez jeune. Probablement fin trentaine, début quarantaine. La tranche d’âge que je recherche puisque je m’y retrouve.

Pour vérifier si cet homme est intéressé et intéressant, je décide de terminer tranquillement mon repas, et d’observer son comportement. Lui avait déjà fini de dîner, à l’inverse de moi qui terminais mon plat de résistance.

Une fois terminé, le serveur me propose la carte des desserts. J’opte pour un tiramisu de fruits rouges. Un véritable délice, surtout le leur. Il est fait par un cuisinier italien. L’avantage de ce restaurant est que, comme il est très réputé, il possède des cuisiniers de différents horizons. Ainsi, pour les plats d’origine italienne, c’est le chef italien qui les prépare, de même avec les plats français, comme mes Saint-Jacques, asiatiques ou encore arabes.

L’inconnu du fond continue à m’observer. Et j’en fais de même. Un petit jeu s’installe entre nous. Dès que l’un d’entre nous s’aperçoit que l’autre l’observe, l’observateur change son regard de direction. Un échange de sourires en coin se fait mutuellement.

« Tiramisu aux fruits rouges avec son coulis de fraises. »

Le tiramisu, c’est délicieux mais ça cale rapidement l’estomac. Aussi, je n’en mangerai que la moitié car « notre » soirée n’est pas terminée.

Une fois le dessert à moitié dégusté, je demande l’addition au serveur qui me demande de patienter un instant. Pendant qu’il va chercher la note, je regarde à nouveau mon portable. L’horloge affiche 23 h 17. Début, je l’espère, d’une soirée à deux.

Je vois mon serveur revenir du comptoir, je sors donc mon carnet de chèques pour régler la note, mais au lieu de se diriger vers moi, il se dirige directement vers l’inconnu du fond de la salle.

Comme je n’ai pas relevé si ce dernier avait ou non payé son dîner, j’en conclus qu’il avait demandé sa note avant moi. Je me résigne donc à attendre ma note, tout en réfléchissant à l’endroit où je vais aller après.

Deux minutes plus tard, le serveur se dirige vers moi.

« Madame, le monsieur au fond de la salle a réglé votre addition, et m’a chargé de vous donner ceci. » Une nouvelle fois madame, mais je passe outre et prends le papier plié qu’il me tend, puis il se retire.

Je déplie le petit papier pour découvrir ce qu’il y a d’écrit. Sur ce petit bout de papier brouillon, il est inscrit :

« Vous avez bon goût, surtout en matière de vin. Je vous attendrai au Tantra lounge sur Pensylvania Avenue. »

Pas de signature. Je relève les yeux et m’aperçois qu’il est parti. Je n’aime pas trop être la proie, je préfère être le chasseur. Simple fierté personnelle. Outre cela, je décide d’y aller quand même puisque je ne veux pas finir ma soirée toute seule comme une vieille fille, et je veux savoir pourquoi il m’a choisie.

Je saisis mon châle, l’enroule autour de mes épaules, prends mon 48H en espérant trouver un « petit » billet qui fera office de pourboire. Malgré son manque de galanterie, ce jeune serveur est resté courtois et pas insensible à mon charme. Heureusement, je trouve un billet de 20$ plié dans le coin de mon sac. Je le pose sur la table et quitte le restaurant, sous le regard de trois types qui étaient encore en train de dîner, dont l’un était avec sa maîtresse puisque sa femme et moi sommes clientes dans le même salon de beauté, et il se trouve qu’il travaille au barreau.

La Pensylvania Avenue n’est pas très loin de la Riviera. En prenant les raccourcis, j’arriverai au Tantra en cinq minutes montre en main. Cette petite promenade pédestre me permet de digérer un peu ce lourd mais délicieux repas. J’ai eu les yeux plus gros que le ventre en prenant le tiramisu, mais ce n’est pas grave, samedi j’irai à la salle de sport, ou alors j’irai courir dans le parc où j’étais ce matin. Le restaurant est situé au niveau du port de plaisance. Ainsi, lorsque la nuit tombe, on peut admirer toutes ces lumières qui dansent sur l’eau, symbolisant la vie marine. On peut voir toutes sortes de bateaux. Des voiliers immenses, des yachts de richissimes hommes d’affaires, des petits zodiacs, des bateaux sans moteur, et tout cela cohabite dans une harmonie totale, dont nous devrions prendre exemple.

Après trois détours, me voilà arrivée devant le Tantra. C’est un bar jeune et assez branché réputé pour ses after endiablées. J’aime bien venir avec mes copines, lorsque l’on se fait des soirées entre filles. J’hésite à entrer. De l’extérieur je peux remarquer qu’il y a du monde, ce qui corsera la recherche de cet inconnu. Je continue à me demander pourquoi il m’a invitée. Et surtout est-ce que je le connais ou bien est-ce qu’il me connaît ? Pour avoir des réponses, la seule solution est d’entrer.

Je décide alors de pousser la porte. Je déteste rentrer dans les bars et restaurants car dès que l’on pousse la porte, tous les regards se tournent vers vous et les critiques fusent.

Je semblais perdue. Totalement déboussolée, presque effrayée par ce qui allait se produire. J’ai la boule au ventre qui commence à se faire de plus en plus pesante et la chair de poule accentuée par ce courant d’air dans mon dos lorsqu’un couple ouvre la porte pour s’en aller.

Je scrute la pièce du regard, toujours debout à l’entrée, pour essayer de trouver mon inconnu. Et puis tout à coup, je sens un souffle caresser le creux de mon cou. Je me retourne et me retrouve face à ce bel homme. Il était comme je l’avais deviné auparavant. Grand, brun et certainement du même âge que le mien. Il a réussi à me surprendre alors que je déteste ça. Mais il est temps pour moi de retourner la situation à mon avantage.

« J’ai pris une table là-bas » Il m’indique du doigt une table ronde entourée de beaux fauteuils en velours rouge, pas très loin du comptoir. Sa voix est mélodieuse, douce, quasiment envoutante.

« Allons-y alors » Je ne savais pas quoi répondre d’autre.

On se dirige tous les deux vers la table. Puis il met sa main dans le creux de mes reins. Ça voulait dire « toi ma beauté ce soir tu y passes » et je voulais lui répondre « oh mon chéri c’est plutôt toi qui as du souci à te faire ! »

Une fois assis, il me demande ce que je veux boire, mais je n’en ai aucune idée. Je pense que je devrais arrêter l’alcool pour ce soir, vu que j’ai déjà bu une vodka pomme puis une demi-bouteille de vin blanc pendant le dîner. Si je veux rester maîtresse de moi-même, je ferais mieux de prendre une boisson non alcoolisée.

« Un Coca fraise s’il te plaît. » Après tout, il m’a tutoyé en premier, je ne vois pas pourquoi je devrais le vouvoyer.

Il se lève pour aller commander. Pendant ce temps je vérifie si mon maquillage est toujours infaillible. Le voilà revenant avec mon coca fraise et à en croire la couleur du liquide, un whisky pour lui. J’ai hâte de faire sa connaissance, mais je refuse d’engager la conversation. C’est lui qui m’a invitée, c’est à lui que revient la charge de la bonne ambiance de la soirée.

« Comment t’appelles-tu ? »

« Suzanne et toi ? »

« Paul. » Il a prononcé son prénom avec un accent que je n’ai pas encore reconnu, mais à première vue je dirais français.

Pour ne pas casser l’ambiance, je décide de poursuivre la conversation.

« Qu’est-ce que tu fais dans la vie Paul ? » Bonne question, ça empêche le silence de s’imposer.

« Je suis électricien, en ce moment je travaille sur le nouveau building construit pour la banque Lennan Brothers. Et toi ? »

« Je suis avocate spécialiste des affaires commerciales et litiges commerciaux. » J’ai bien résumé mon job.

« Ah oui, je t’ai vue aux actualités d’aujourd’hui. Tu as perdu l’audience c’est bien ça ? » Quel con ! Il vient de tout casser, une véritable erreur de débutant ! Bon certes c’est la vérité, mais quand même on ne sort pas les défaites d’une femme pour la draguer, c’est totalement débile.

« Oui c’est ça, mais l’affaire était perdue d’avance de toute façon. »

« Pourquoi l’as-tu défendue alors ? » Excellente question à laquelle j’ai une excellente réponse. 

« Pour l’argent. Tu sais même si tu n’as pas envie de défendre quelqu’un tu le fais parce que tu as besoin d’argent pour vivre. Et puis tu as relevé une de mes rares défaites. J’ai le meilleur taux de réussite de mon cabinet, si bien que peut-être j’accéderai à sa direction. » Là au moins, j’ai été claire. Peut-être un peu brutale, mais ça lui servira de leçon.

Je m’aperçois que son verre est déjà vide alors que je suis seulement à la moitié du mien. Cela me laisse penser que, soit il noie son désespoir dans l’alcool, soit je l’excite terriblement et je lui donne chaud. Il se lève pour aller chercher un autre verre. Je regarde l’heure sur mon portable, 00 h 58. Il serait peut-être temps de passer à la vitesse supérieure. Ça sera chez lui.

Le voici de retour, et voyant qu’il ne se décide pas à partir, je prends les choses en mains.

« C’est un peu bruyant ici, si on allait ailleurs ? » Je soumets juste l’initiative, je lui tends la perche. À lui de la saisir. Généralement, ça marche.

« Oui on peut aller chez moi si tu veux. » Parfait. Il n’est pas si con que ça finalement.

Il paie la note, pendant que je sors du bar. Le serveur me caresse des yeux discrètement. Il ne fait pas froid dehors, les nuages ont permis à la chaleur de stagner dans l’atmosphère. Le voilà à côté de moi. Est-ce qu’il aura une voiture, ou une moto, ou bien faut-il héler un taxi ?

« Allons à ma voiture, je suis garé quasiment devant Christie’s. Tu veux que je vienne te récupérer là, ou tu m’accompagnes ? »

En plus d’être beau, il est galant le petit chou.

« Je peux marcher merci. » J’esquive un petit sourire en coin laissant juste apparaître la blancheur d’une partie de mes incisives, par courtoisie.

Le trajet jusqu’à la voiture est bref. À mon agréable surprise, il a une belle Audi TT noir intense. Curieux pour un simple électricien mais, après tout, Audi ce n’est pas non plus une marque excessivement chère.

Il m’ouvre la porte côté passager, me donne la main pour m’aider à m’installer, referme la porte et fait le tour de la voiture pour rejoindre sa place pendant que je boucle ma ceinture.

« Ma voiture te plaît ? » Pour l’homme, la voiture est un instrument de drague très, très important. Le fait de ne pas aimer leur voiture blesse leur ego.

« Oui elle est très belle. Je vois que tu as pris pas mal d’options tu t’es fait plaisir. »

« Oui j’avoue ça a été mon plaisir. Et toi tu as une voiture ? »

Une voiture moi ? Pourquoi faire ? Ça m’encombrerait plus qu’autre chose. Parking payant, pas de places de stationnement en ville, ce n’est pas pour moi.

« Non je n’en veux pas, mais j’ai mon permis. »

Après ces quelques mots échangés, le silence. Je commence à me sentir fatiguée par ma journée, et plus je me dis que je travaille demain, plus ma fatigue s’accentue. Lui aussi devait être fatigué. Il fait un métier assez physique et épuisant.

Dix minutes plus tard, nous voilà arrivés chez lui. Il vit également dans un appartement, pas très loin de chez moi, mais moins bien placé que le mien.

Il m’indique qu’il vit au dernier étage d’un immeuble de six étages.

« J’espère qu’il y a l’ascenseur ! »

Je ne me la sens vraiment pas de littéralement grimper six étages.

« Oui ne t’inquiète pas, il y a un ascenseur. » Il me dit ça sur un ton limite moqueur. Peut-être qu’il se dit « encore une femme qui n’est pas du tout sportive ! » Mais s’il savait le nombre de kilomètres que je fais en courant tous les week-ends, il se la fermerait !

Bref, je rentre dans l’ascenseur suivie de près, très près, par Paul qui appuie sur le bouton désignant son étage. Je fixe le cadran électronique qui indique l’étage que l’on vient de passer et, plus les chiffres défilent, plus j’ai cette adrénaline qui m’envahit comme un feu dans mes veines. La porte s’ouvre enfin, je sors en première pour le laisser passer.

Sa porte d’entrée se trouvait à droite de l’ascenseur, à l’opposé de moi. Je me demande bien pour quelle déco il a opté. Un électricien vivant seul doit se laisser vivre, et se foutre royalement de la décoration de l’appartement, pourvu qu’il y ait un lit, une télé et un réfrigérateur.

Une fois dans son appartement, je découvre avec stupeur que son appartement est très propre et très bien décoré. Un canapé trois places en lin, un écran plat d’au moins 120 cm, une cuisine américaine totalement équipée, avec une note spéciale pour le mixeur.

« Tu veux boire quelque chose ou bien regarder la télé ou bien encore passer à quelque chose de plus sérieux bébé ? »

Ça y est, le jeu est lancé. Tout d’un coup je ne ressens plus aucune fatigue.

« Passons aux choses sérieuses tout de suite ! »

Il me prend alors dans ses bras, et me soulève. J’entoure alors sa taille avec mes jambes pour le serrer encore plus contre moi. Il m’embrasse sauvagement tout en faisant tomber les lanières de ma robe d’abord, puis les lanières de mon soutien-gorge acheté ce matin. Il m’emmène tout droit dans sa chambre où je découvre un lit immense et impeccablement bien fait. Il me pose sur le lit, enlève son T-shirt pour laisser apparaitre son torse bronzé et musclé. Il dégrafe ensuite mon soutien-gorge, puis regarde ma poitrine comme un ado devant un film porno.

« Ils sont vrais ? »

« Tout est 100% naturel chez moi. »

Je sens alors que ces quelques mots l’ont excité davantage. Il monte tout doucement le long de mes jambes pour m’enlever mon string. Il déboutonne ensuite son jean, et découvrant la forme dans son caleçon, je peux certifier que dame nature a été plutôt généreuse avec lui. J’aime sentir la chaleur du corps d’un homme contre moi, surtout lorsqu’il a la chair de poule. Pendant qu’on fait l’amour, je vois dans le coin de sa chambre une caisse à outils. C’est exactement ce que je cherche.

« J’ai un fantasme. »

Il faut bien que j’introduise la chose. 

« Ah oui bébé, et c’est lequel ? Je suis ouvert à toutes propositions » Il avait son souffle très rapide, dû probablement par son activité plus l’excitation de l’expérience que je vais lui proposer. Pauvre homme.

« Laisse-toi faire … »

Je regarde dans mon sac pour chercher quatre foulards. Ils étaient simples mais solides.

Le premier, je l’enroule autour du poignet gauche de Paul, puis l’attache aux barreaux de son lit. Je fais de même avec son poignet droit. Ensuite, je descends vers ses pieds pour répéter l’opération. Il avait tout d’une étoile en train de sécher sur le sable.

« Quelle est ta couleur préférée Paul ? » C’est très important pour moi de savoir la couleur préférée des hommes avec qui je couche. Il semble être surpris par ma question mais me répond quand même.

« Bleu océan. Pourquoi ? »

« Parce que moi c’est le rouge, rouge sang. »

Je sens que ces quelques mots ne passent pas très bien. Aussi, pour rattraper l’erreur, je décide de l’embrasser fougueusement, comme il l’a fait précédemment.

Ensuite, je lui bande les yeux en lui disant que ça fait partie de mon fantasme.

Je me lève du lit, me dirige vers la fameuse caisse à outils pour regarder ce qu’il possède.

« Qu’est-ce que tu fais ? Je commence à perdre de l’altitude ! »

Je saisis une grosse clé à molette cachée entre deux marteaux, et retourne vers le lit où il est toujours allongé, dans la même position que tout à l’heure.

Je me remets sur lui et lui retire le bandana qu’il avait sur les yeux.

« Qu’est-ce que tu foutais ? »

Son ton inquisiteur ne me plaît pas tellement.

« Rien, je regardais les outils que tu avais, ça m’intéresse. »

Je recommence à m’exécuter. Puis discrètement, je saisis la fameuse clé a mollette que j’avais posée sur le lit, l’empoigne des deux mains, la lève au-dessus de moi, pendant que Paul me regarde totalement interloqué, et l’abats de toutes mes forces sur son crâne. Je répète l’opération quatre fois, pour être sûre de l’avoir tué.