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"De l’amour, que reste-t-il à inventer ?" est un combat contre les dogmes et les étiquettes ; une quête insatiable du désir, un hymne à « l’amouritié ». Chaque fragment est un récit singulièrement pluriel et hospitalier. Il vous suffira d’y pénétrer pour vous sentir déjà chez vous, avec vos rêves, vos émois, avec l’envie de vivre et d’aimer. Vous êtes mis face à un témoignage nu, troublant, où Éros est en fête. Aussi, une porte s’entrouvre, et vous convie à porter un regard sur les faillites humaines de ceux qui, en croisant l’amour, le ratent.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Spécialiste en violence, traumatisme et témoignage,
Abdennebi Ben Beya a publié de nombreux ouvrages sur les travaux d’illustres écrivains et penseurs contemporains, ainsi que sur des concepts. Déjà auteur de deux recueils de poésie, il revient avec une œuvre tout en délicatesse qui vous narre une histoire profondément saisissante.
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Seitenzahl: 71
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Abdennebi Ben Beya
De l’amour,
que reste-t-il à inventer ?
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Abdennebi Ben Beya
ISBN : 979-10-422-3400-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Najoua, Selima, Martine-Benz, Michèle, Heidi,
Lilia, Hager, Mélèk, Jazia, Amel, Basma.
Au-delà de mon être.
Texte-séisme qui se fonde sur l’érotisme et se fond dans l’érosion des mots, le recueilse lit, lyrique, se délit et se délite, nous charriant dans son torrent fougueux, son tourbillon syntagmatique, et se décline, à la racine, se syllabise, se rhizomise aux « voyelles à la gorge/consonnes au bout des lèvres ». Dans tous ses éclats, ce texte-volcan s’adonne à la démesure des « braises de mots », s’abandonne jusqu’aux onomatopées, et, dégorge, en coulées polyphoniques, ses Rimbaud, Lamartine, Aragon, Barbara, ainsi que ses autres anciens maîtres de la chair qui lui collent à la peau, du latin Ovide aux poètes anglais du XVIIe siècle, comme le sensuel John Donne ou encore Thomas Carew, autant de compagnons de route et de méditation pour l’auteur, érudit professeur de littérature.
En effet, sans pour autant s’inscrire dans aucune tradition, ce texte-banquet, qui se mange et mange, « vorace », comme ses femmes « qui goûte(nt) à tous les mets », nargue les pâleurs platoniques et les maigreurs des idéaux pétrarquistes, et se sert en bouchées de plaisirs, de sensualisme en mouvement, d’hédonisme cinétique, bien plus cyrénaïque qu’épicurien. Ainsi, ses ver(re)s exhalent une passion oxymorique « D’infinitude/à tout moment », qui tantôt s’exprime dans l’instantané, l’impérieux, l’impératif, tantôt tend vers l’intemporel, au rythme des capricieux corps-tonneaux des Danaïdes, béance obstinément en quête de plénitude.
Dans cette œuvre-portrait, lorsque, en « aveugles touches-et-re-touches », le poète peint une femme multiple, « méduse » et « sirène », « sosies » et « sœurs » de Lilith et d’Elsa, il trace tout autant ses propres délectations frêles et outrancières, ses envoutements amoureux, ses avancées vers l’Origine, ses tentatives d’ancrage ontologique dans la poursuite de l’autre, ainsi que ses prières dévoyées, dévouées à « l’absence du divin/Tout en adoration ». Jouisseur invétéré de la vie et « des plaisirs sans dosage », le poète est d’autant plus sensible au constat cuisant de l’éphémère, et met à nu aussi bien l’ardeur charnelle des amants que ses fiévreuses angoisses face à tout ce qui se dérobe, là même où il s’offre au « papillon » qu’il est.
Ainsi, ne voilà-t-il pas que dans cette trame qui l’emmêle à la voluptas catullienne et à la cueillette de la grappe du jour horatienne, Thanatos, « déesse de l’oubli » se découd et nous rappelle, par son poète-prophète, que c’est elle, l’ultime, qui s’incarne dans les sueurs de la sensualité exaltée, et qui « arrive à temps. Démaquillée ». Elle se profile, en filigrane, aux dépens des amantes ; elle est « l’aventurière » dont les fils tissent « le conte des insomnies » et fait écrire à l’amoureux, à son insu, sa « langueur funéraire » et son « épitaphe ». Ne serait-elle aussi pas « l’absence » insoupçonnée dans l’entrelacement des vers et des corps, et que le poète traque « dans la lézarde du vide » ? La muse qui lui inspire ce vers poignant : « Ta nuit m’attire. M’est fatale » ?
Prof. Selima Lejri,
université de Tunis, Tunisie
De l’amour, que reste-t-il à inventer ? définit une « interrogativité » qui sous-tend l’épuisement. Le recueil feint l’impossibilité de dire l’aporie, l’impasse. Tout a été dit. Inventé. La créativité est suspendue. Retour aux origines immémoriales de la parole et à l’expérience de l’amour. Ce sentiment si étrangement intime ne cesse de nous jouer des tours.
Le poète, nous nargue-t-il ? « Tout reste à inventer. » Addennebi Ben Beya l’a prouvé. Si ça nargue quelqu’un ou quelque chose, cela ne peut être que « le cogito ». Ainsi, dirons-nous, après William Blake, que « ceux qui contrôlent le désir » par la raison, leur désir est trop « faible ».
Éros, qui « se fait dans le monde », s’en sort toujours vainqueur, car il est « de l’ordre du sentir » et du toucher où l’expérience singulière se multiplie. À travers un corps, le désir « vise un autre corps… aveuglément. » (Merleau-Ponty) L’aveuglement libère le sujet de son narcissisme hermétique. Son désir devient le vécu de l’autre, de tout autre. Les genres sont confondus, et les instants se mêlent, perdus dans une fusion jouissive aux rythmes incontrôlables.
Les spectres sont évoqués. Poètes anciens et modernes sont salués. Aragon, ce fou d’Elsa, un peu plus que les autres, parce que Ben Beya s’y voit l’écho ou, peut-être, plutôt, le rival :
J’envie ce fou d’Elsa
Qui embrassa son nom, en saccageant Paris
Par jalousie de son fantôme, j’aurais été sans armes
Juste la chair légère, et l’humeur étourdie
Je n’aurais pas pu te chanter
J’aurais été l’image signée par ton talent
Tu aurais été l’esthète et l’Idée.
Que reste-t-il à inventer ? Ce recueil est l’hymne au désir, toujours le même, et ô combien différent, fluide. C’est l’hymne à l’amour, toujours déjà dit et redit, inépuisable. L’amour contient son propre palimpseste où le désir appelle le désir. Le désir est « manque » perpétuel. Une fois l’objet est possédé, d’autres désirs naîtront, toujours en mouvement, insaisissables. Le temps suspendu se déchaîne, prend son envol, et fond dans le débordement des vagues, submerge l’interdit, pris au dépourvu par le jaillissement du plaisir onomatopéique.
Le désir n’est autre que l’objet perdu indéfiniment. Demandons à Günter Grass, il nous parlera de cette obsession « d’invoquer la chose perdue jusqu’à son retour. » Pour Oscar Wilde, cette obsession est vaine. Wilde parle justement de retour impossible, et considère l’espérance floue de toute attente comme « l’illusion primaire de tous les plaisirs. » L’objet perdu est volatile. On a beau hurler le nom, l’appeler à tue-tête, à chaque instant de nos silences, il restera sans résonance. Seule notre propre voix revient vide.
Que reste-t-il alors à dire pour accompagner la mélancolie ? Tout reste à inventer, semble dire le poète obstinément. Pour Abdennebi Ben Beya, si l’objet est perdu, reste l’idée récidiviste d’aimer. L’absence est vécue comme une « revenance » grâce au souvenir. La mémoire, c’est la trace, la marque, la prégnance. La saga est renarrée telle une aventure inachevée.
Ce recueil se boit. J’en suis insatiable.
Sadok Bouhlila,
prof. des universités,
Faculté des Lettres, des Arts, des Humanités
de la Manouba, Tunisie
Les artistes t’ont créée des traits de leurs caprices
Te bourrant de métaphores biscornues
De vertus et de vices
Pour le voyeur qui bave de désirs nécrophages
Sur un cadavre muet, mis dans l’étalage.
Les peintres du sarcophage
T’inventent en images qui coûtent les yeux en or
L’artiste aime la mort.
Les dieux ne t’ont pas connue
Je te vois animée d’énergies naturelles
Sans Adam
Gabriel.
Tu es auto-conçue, nourrie de belles rages
Ivre de justes envies
Les ogres de sabotage sont tes pires ennemis.
Je peins tous tes désirs
D’aveugles touches-et-re-touches
Si belle, si sensuelle. Rebelle, jamais cruelle
Passionnément farouche.
Tu n’as qu’une seule envie. Fondre dans tes sosies
Les inviter à prendre la flamme de ta chair
Qui s’offre à tous les flairs
Sentant ta vive quête. Ouverte d’attentes prêtes
À tes désirs aigus.
Tu n’as qu’une seule envie. L’envie de boire, te saouler
Du corps qui coule sous le tien
Qui te cède nuque et lèvres. Te nourrit de sa fièvre
Qui laisse tes mains frôler les ombres de ses recoins
De transes au goût du vin.
Tu n’as qu’une seule envie. Laisser libre la langue
Vaguer, vagabonder sur le navire qui tangue
Qui s’incline, se délie. Remue, s’agite et crie.
Rebelle, jamais cruelle. Si belle, si sensuelle.
Tu n’as qu’une seule envie. Respirer sans bruit
En souffles doux enfouis