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Plongez dans l’univers de Jean Michel Zurletti, où la pensée de Gilles Deleuze, capturée dans l’abécédaire filmé par Pierre-André Boutang en 1988, se métamorphose en poésie. Inspiré par les dialogues profonds entre Deleuze et Claire Parnet, l’auteur transforme chaque lettre de l’alphabet en une exploration vibrante de nouvelles idées et de concepts. Chaque poème résonne avec le rythme et la musicalité des échanges originaux, offrant une immersion unique dans la philosophie deleuzienne qui dépasse la simple transcription.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean Michel Zurletti privilégie la réflexion et l’analyse aux récits et faits historiques. Entre le roman et l’essai, ses textes décrivent son environnement direct avec une pincée de fiction.
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Seitenzahl: 70
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Jean Michel Zurletti
Gilles Deleuze
L’abécédaire versifié
Tome I
Lettre A – J
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Jean Michel Zurletti
ISBN : 979-10-422-4368-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce recueil est le fruit d’une exploration audacieuse dans les méandres de la pensée de Gilles Deleuze. Inspiré par l’abécédaire filmé de Pierre-André Boutang en 1988, j’ai entrepris un voyage singulier pour donner vie à cette œuvre majeure de la philosophie contemporaine sous une forme inédite : la poésie.
Lorsque j’ai plongé dans les dialogues entre Deleuze et Claire Parnet, j’ai été captivé par la richesse et la profondeur de chaque échange. Chaque lettre de l’alphabet devenait une invitation à explorer un nouvel horizon conceptuel, à repenser nos certitudes et à défier nos préjugés. Mais au-delà des mots eux-mêmes, j’ai ressenti le rythme, la musicalité, la poésie latente qui sous-tendait chaque énoncé.
C’est alors que l’idée des « rimes conceptuelles », Deleuze dirait « concepts » a germé dans mon esprit. Pourquoi ne pas transformer ces dialogues en vers, en poèmes qui incarnent l’essence même de la pensée deleuzienne ? Ainsi est né ce projet ambitieux : réécrire l’abécédaire de Deleuze sous une forme poétique, où chaque mot, chaque idée, chaque concept résonne dans un écho mélodique.
Ce recueil n’est pas simplement une réinvention de l’œuvre de Deleuze. C’est un hommage, une célébration de sa pensée prolifique et de son héritage intellectuel. C’est aussi une invitation à redécouvrir la philosophie à travers le prisme de la poésie, à explorer les frontières entre la raison et l’émotion, entre la prose et la versification.
Bienvenue dans cet univers de rimes conceptuelles, où la philosophie se marie à la poésie pour créer une symphonie d’idées et d’émotions.
Qu’est-ce que
Je n’aime pas ?
C’est le rapport
Humain
Avec l’animal.
Peut-être à tort.
Je ne dis pas
Que
C’est mal
Je n’aime pas ça.
Aux chats
Aux chiens
Je préfère
Les tiques
Les poux
Les moustiques
Les araignées
Qui courent
Partout.
Tu vois l’embarras
Ce sont les
Animaux familiers.
Je veux dire
Les gens
Qui aiment leur chien
Ont un rapport
Avec
Qui n’est pas
Humain.
Malsain.
Tu vois
Pour moi
L’important
C’est d’avoir
Un rapport
Animal
Avec
L’animal.
L’aboiement
Des chiens
C’est dément.
Je dis
C’est le cri
Le plus stupide
Le plus Insipide
Dans la nature.
C’est la honte
Du règne animal.
Une imposture.
Qu’est-ce que ça
Veut dire ?
Les chats
Ils se frottent
C’est déplaisant.
Faut voir les gens
C’est effarant
Comment
Ils parlent
Comment
Ils bêlent
À leurs bêtes
Dans les rues
Descendues
En tête à tête.
Je supporte un chien
Qui hurle à la mort
Je ne supporte pas
Le rapport humain
Avec l’animal.
C’est comme ça
Les psychanalystes
Interprètent.
Avec eux
Pour peu
Tout est animal.
À tort.
Dans le rêve freudien
L’animal
Familier
Eh bien
C’est l’image d’un père
D’une mère.
Tout est interprété.
Ça
Je ne supporte pas.
Je ne supporte pas
Le rapport humain
Avec l’animal.
Je ne dis pas
Que c’est mal
J’aime pas.
Le chien
La bestiole.
Dans la carriole
Du douanier Rousseau
Évidemment
C’est le grand
Père à l’état pur.
Et alors c’est quoi ?
La question pour moi
Pour être honnête
C’est quel rapport
Avez-vous
Avec les animaux ?
Ce qui est sûr
Si vous
Voulez être
Gentil avec les bêtes
Il ne faut pas
Avoir un rapport
Humain
Avec votre chien.
C’est comme ça.
Mais un rapport
Animal
Avec l’animal.
Et là
C’est très beau.
Je suis fasciné
Par les tiques
Par les poux.
Tu vois les tiques
Les poux
C’est aussi important
Que les chiens
Et les chats.
Mais quelqu’un qui a
Des tics et des poux
Qu’est-ce que ça
Veut dire ça ?
Eh bien
Ce qui est
Surprenant
Chez un animal
C’est que tout
Animal
A son monde.
C’est curieux et
Ça paraît
Normal.
Mais y a des tas
D’humains
Qui n’ont pas
De monde.
Des humains
Qui vivent la vie
De tout
Le monde.
C’est-à-dire
Comment dire
N’importe qui
N’importe quoi.
Je ne sais pas si
Tu vois
Mais les animaux
Les oiseaux
Les corbeaux
Les escargots
Ils ont un monde
Animal.
Un monde
Parfois
Extraordinairement
Restreint.
Mais fascinant.
Restreint
Comme certains
Humains
Femelles ou mâles.
Moi
Ce qui m’émeut
C’est
Qu’ils réagissent
À très peu
De choses.
La pauvreté
De ces mondes
Restreints
Leurs petitesses
Si j’ose
Leurs caractères réduit
M’impressionne
Me passionne
Beaucoup.
J’en déduis
La tique
Réagit à trois excitants
Partout
Et c’est tout.
Elle se tend
Vers l’extrémité
D’une branche.
Attirée
Par la lumière.
Se suspendre
Et peut attendre
Pendant des années.
Sans rien manger.
Le reste n’est
Pas son affaire.
Amorphe complètement
Elle se cache
Attendre qu’un ruminant
Passe
Sous la branche.
Tu comprends
C’est une espèce
D’excitant
Olfactif.
Ces bêtes
C’est très réactif.
Ça se laisse tomber
Sur le dos
Et là bille en tête
Elles cherchent
La région la moins poilue.
Elles s’enfoncent
Sous la peau.
C’est
L’excitant tactile.
Chez la tique
C’est
Ce qui m’a plu.
Pour cela la tique
Est très habile
De tout le reste
Ou ce qu’il en reste
De la fourmillante nature
Elle n’en a cure.
C’est ça qui fait
Un monde.
Alors autre question
Le rapport animal
De l’écrivain
À l’écriture.
Une Idée
En gestation.
L’écrivain
C’est aussi
Quelqu’un qui a
Un monde.
Mais il ne suffit
Pas d’avoir un monde
Pour être un animal.
Ce qui me fascine
M’obstine
Ce sont les histoires
De territoires.
Parce que
Constituer
Un territoire
C’est presque
La naissance de l’art.
On parle
De marques d’urine
On parle
De glandes anales.
Pour un animal
Marquer les frontières
De son territoire
C’est fondamental.
C’est pas
Du hasard.
C’est de l’art.
Le marquage
Le repérage
D’un territoire.
C’est une série
De postures
Aléatoires.
Se baisser, se lever
Une série
De couleurs
Dictées par la peur.
Les trois
Dimensions de l’art.
Je crois.
Couleurs
Chants, postures.
Les lignes c’est l’art
À l’état pur.
Alors moi
Je dis
Quand ils sortent
En cohortes
De leur territoire
Quand ils reviennent
Sur leur territoire
C’est du domaine
De l’avoir.
C’est aussi
Comme cela
Qu’on peut le voir
C’est-à-dire
Mes propriétés
À la manière
De Becket ou Michaud
C’est ça
Sortir du territoire.
Pour les animaux.
C’est
S’aventurer.
Il n’y a pas
De territoire
Sans vecteur
De sortie.
La peur
Sans ailleurs.
Se reterritorialiser.
Ailleurs.
Mais c’est ça
Aussi
La philosophie.
Parfois on a
Besoin d’inventer
Un mot.
Un concept.
Pour rendre compte
D’une nouvelle notion.
Ça compte.
D’où le concept
De déteriorisation
Que
J’ai proposé.
Mais pas que.
Pour les animaux.
On me dit oui
Mais c’est
Un mot
Dur à dire.
Ça me fait sourire
Ça joue aussi
Sur les animaux.
Ce qui
Me fascine
Ce sont les signes
Oui,
Les animaux
Les bêtes
Émettent
Des signes.
Et si
On me demandait
Qu’est-ce que c’est
Qu’un animal ?
Je dirai
Sans mal
Que
C’est être
Aux aguets.
L’écrivain
Le philosophe sont aussi
Aux aguets.
L’animal
Ne fait rien
Sans être
Aux aguets
C’est dangereux.
C’est périlleux.
Cette existence
Aux aguets.
Cette présence.
Être toujours
Partout
Sur le qui-vive.
Prêt à sauter
De l’autre côté
De la rive.
Mais alors
Quel rapport
Avec l’écrivain ?
On pourrait dire
Qu’un auteur
Écrit
Pour ses lecteurs
À deux
À quatre mains.
Le plus souvent à deux.
Mais bien
Plus encore
Il écrit
À la place de
Pour des non-lecteurs.
J’écris
À la place
Des bêtes
J’écris
Pour les analphabètes
J’écris
À la place
Des sauvages
J’écris
Pour les bêtes en cage.
Et qu’est-ce que ça veut dire ça ?
J’écris aussi
À la place de mon chat.
Ça veut dire
Qu’écrire un roman
Ce n’est pas
Une affaire privée.
La médiocrité
Littéraire
C’est de faire
Croire aux gens
Qu’il suffit d’avoir
Une petite affaire
Une petite affaire
À soi…
C’est n’importe quoi
C’est une honte
Ce qui compte
Ce sont les affaires
Universelles.
Écrire
C’est forcément
Les affaires
Pour lesquelles