Heart Racing - Tome 1 - Laura Wen - E-Book

Heart Racing - Tome 1 E-Book

Laura Wen

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Beschreibung

Joyce ne sait qui choisir entre le séduisant Dann et l'énigmatique, mais excitant, Colls.

Lors des précédentes relations de Joyce, son cœur n’a jamais vraiment palpité pour qui que ce soit. Cependant, lorsque Dann s’intéresse à elle, elle est bien décidée à ce que cela change. Mais c’est sans compter sur l’énigmatique Colls qui lui fait découvrir l’univers palpitant et dangereux des courses automobiles. Tombera-t-elle amoureuse du séduisant Dann ? Ou bien l’illégalité, l’adrénaline et la sensualité auront-elles raison d’elle ?

Découvrez sans plus attendre le premier tome de cette saga de romance palpitante et partagez les émotions de Joyce face à deux hommes séduisants et attirants.

EXTRAIT

Plusieurs semaines passent et mes nouvelles résolutions semblent m’avoir définitivement perdue. Le fait de fixer Dann pour me prouver à moi-même que je suis capable de rompre ma solitude lui a fait croire, selon les dires de Sonia à qui il ne cesse de se confier, que je suis tombée éperdument amoureuse de lui. En le dévisageant de la sorte, j’admets aussi et surtout que j’ai des desseins particuliers pour son joli minois. En effet, j’envisage de reconstituer sur une toile sa beauté incroyable, de la forme superbe de ses yeux à chaque trait de son visage parfait.
Essayer de se prouver à soi-même qu’on peut rompre une forme « d’isolement » envers les hommes et vouloir faire le portrait de quelqu’un n’est pas forcément caractéristique de « l’amour » ou du « coup de foudre ». Ce sont des mots et expressions à sens fort qu’on a tendance à employer à tort et à travers. Mais je ne peux jeter la pierre ni à Dann ni à aucun de mes amis. En effet, la réalité, c’est que sur ce coup-là, je ne parviens pas à déchiffrer mes propres sentiments. Je suis une véritable bille en matière amoureuse. Je me demande même si cette chose si abstraite est réellement faite pour moi.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Laura Wen, étudiante en lettres, est tout simplement amoureuse de la littérature et de l’écriture depuis sa plus tendre enfance. Elle aime par-dessus tout transmettre des émotions à ses lecteurs et s’évader de son quotidien en se mettant dans la peau de ses personnages.

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« La vie, ce n’est pas seulement respirer. C’est aussi avoir le souffle coupé ».

Alfred Hitchcock

Note de l’auteur

Reste toujours fidèle à ton essence,

Ne laisse jamais personne te voler ton effervescence,

Ça coule dans tes veines,

C’est écrit dans tes gênes,

Exprime-toi grâce à ta créativité,

Peu importe de quoi elle est constituée,

Prends ta binette, ta plume où ton pinceau,

Fais tout ce qu’il faut,

Vise haut,

Montre-leur que c’est du costaud.

Ne cessez jamais de poursuivre les rêves qui vous animent depuis si longtemps. Même lorsqu’ils semblent inaccessibles, luttez avec davantage d’ardeur pour les réaliser. Ne laissez jamais personne éteindre cette flamme intérieure qui vous dépasse parfois, mais qui vous exalte et vous consume de bonheur la plupart du temps.

Chapitre 1

Tes amis et particulièrement Niell, ton meilleur ami, ne cessent de te dire que tu ne dois pas rester célibataire. Alors tu ne peux pas t’empêcher de réitérer les mêmes paroles : « je suis très bien toute seule ». Tu le répètes à tout le monde, envers et contre tous. Tu ignores aussi les regards des garçons qui ne veulent malheureusement pas se résigner à s’interrompre de te jauger du regard en classe parce que tu te dis que tu n’es pas à la hauteur de toutes les autres magnifiques filles de ta fac, qu’aucun individu de sexe masculin ne peut réellement s’intéresser à toi. Tu es certaine que les rares hommes qui l’ont fait devaient avoir des visières devant les yeux. Tu n’es pas sûre de vouloir d’une autre relation, une de plus, et tu n’es pas certaine d’aimer ce genre de garçon aux airs superficiels qui te reluque. Mais il y a des soirs, comme celui de Noël et de Nouvel An ou encore de simples moments de nostalgies incompréhensibles comme maintenant, où tu te sens tellement seule en regardant des comédies romantiques que ton cœur se serre à l’intérieur de ta poitrine. Tu te remets en question et tu te rends compte que Niell a raison, que tu devrais foncer tête baissée vers ce garçon, même si tu es trop timide et peu sûre de ce qu’il représente pour toi. Tu souris en songeant à ce que ton meilleur ami t’a dit : qu’il l’aurait déjà emballé en deux temps trois mouvements si le mec était gay. Tu en arrives alors à la même conclusion que lui : la vie est courte, trop courte pour ne pas la vivre à cent pour cent, sans regret.

Je peaufine mon esquisse en appuyant doucement et légèrement sur mon fusain. Le thème de cette semaine était le portrait. J’ai donc choisi de dessiner celui de ma mère, car c’est l’une des plus belles femmes que je connaisse, aux traits fins, superbes. La première chose qui me vient à l’esprit lorsque je pense à elle est son visage, toujours souriant, constamment rempli d’élégance. J’ai donc choisi de la faire sourire lorsqu’elle a accepté d’être mon modèle, flattée et enjouée, pour être la plus réaliste possible. J’ai apprécié sa volonté de m’aider, d’engager un pas supplémentaire vers l’acceptation de mes projets de vie. Elle dénigre un peu mes études au département arts de la faculté, car elle pense que j’ai beaucoup plus de « potentiel » que cela. Je fais ce que j’aime, comme mettre en lumière — et en couleurs — la beauté de ma mère, celle qui est la femme la plus essentielle de ma vie.

Tout en mordillant mon crayon et en répondant aux questions de mon professeur qui m’interroge sur les moyens de l’améliorer, je sens un regard se poser sur moi avec insistance. Comme d’habitude, il émane de la vitre transparente qui relie la salle suspendue dans laquelle je suis au hall de la faculté. Perturbée, j’écoute à peine les remarques de monsieur Doney, qui souligne à la fin de notre entretien ma « vision exquise de l’art, totalement innée ». Mon instructeur parti, je me sens encore plus observée. Je suis mal à l’aise, je regrette que la faculté soit une vraie tour de verre.

Et puis, comme par magie, je me décide à me prendre en main, à accepter mes nouvelles résolutions. Je regarde qui me jauge de la sorte. À nouveau, c’est le même garçon qui me fixe : Dann. Il me parle aussi, très souvent, et je lui balbutie deux ou trois mots qui le font toujours sourire. À chaque fois que je suis avec Sonia, la fille de mon beau-père, qui s’avère aussi être sa meilleure amie, cette dernière me pousse brusquement dans sa direction — la traîtresse — et je m’écroule contre lui. Puis, comme toujours, il me rattrape avec douceur et attention tout en m’étreignant et en m’attirant encore un peu plus contre sa poitrine. Je le regarde ensuite pendant quelques secondes, et finalement, je le repousse gentiment. Niell, mon meilleur ami, voit bien qu’il me fait des avances et il en est même jaloux, car il aimerait beaucoup être à ma place…

J’aurais très bien pu peindre le portrait de Dann, car cet homme n’a décidément aucune ombre au tableau. Presque tous les étudiants de la faculté, filles comme garçons, craquent sur lui. Il est tout d’abord physiquement très attrayant, mais aussi quaterback dans l’équipe de football américain de l’université donc forcément énormément sportif et vraiment joliment bâti. Mais il ne se résume pas à cela, car il est très éloigné des clichés associés aux accros au sport. En effet, il ne se réduit pas à un écervelé. Il étudie les mathématiques et, si j’en crois les bruits de couloirs, il est très brillant. Je me demande comment toutes les qualités que la plupart les femmes recherchent peuvent être réunies en un seul homme. Alors pourquoi s’intéresserait-il à une demoiselle comme moi ? C’est-à-dire totalement imparfaite, timide au premier abord, simple étudiante en art, pas du tout confiante en elle et moins bien jolie que toutes les autres filles de l’université qui ont le béguin pour lui ?

Son attirance pour moi ne cesse de me laisser sceptique. La solitude me pèse, certes, mais je me suis toujours dit que les études devaient rester ma priorité. Or, avec un garçon comme lui à mon bras, cela va être compliqué de rester assidue et de ne pas penser constamment à lui, à sa perfection… J’ai déjà pu l’observer, étant artiste dans l’âme. Je me souviens de chaque détail physique que j’ai pu entrapercevoir sur les infimes parties de son corps que ses vêtements de sport laissent deviner… Ses courbes et sa physionomie sont parfaites, son fessier est merveilleux, même son visage quadrillé par le casque de football américain est exquis.

Dann m’a déjà proposé une sortie en tête à tête. J’ai catégoriquement refusé. Si ça se savait dans cette faculté, on me prendrait probablement pour une idiote ou pire, une folle. Je me suis bien gardée de raconter cela à Niell. Il me demanderait sans doute pourquoi je fais cela, pourquoi j’ai autant peur. Tout simplement, parce qu’il est trop parfait pour moi, parce que je suis trop timide. Je redoute également le moment où je serais seule avec lui, lorsque je ne saurais pas quoi lui dire et que j’aurais l’impression de me faire passer pour une sombre idiote. Il me prendra alors pour une fille ennuyeuse et incapable de tenir une simple conversation, ce que je suis, d’ailleurs. Il va me rendre nerveuse et me faire perdre tous mes moyens. Je ne me sens absolument pas à l’aise à ses côtés lorsque je le rencontre avec Sonia. Je ne saurais pas gérer un garçon comme lui.

Chapitre 2

Plusieurs semaines passent et mes nouvelles résolutions semblent m’avoir définitivement perdue. Le fait de fixer Dann pour me prouver à moi-même que je suis capable de rompre ma solitude lui a fait croire, selon les dires de Sonia à qui il ne cesse de se confier, que je suis tombée éperdument amoureuse de lui. En le dévisageant de la sorte, j’admets aussi et surtout que j’ai des desseins particuliers pour son joli minois. En effet, j’envisage de reconstituer sur une toile sa beauté incroyable, de la forme superbe de ses yeux à chaque trait de son visage parfait.

Essayer de se prouver à soi-même qu’on peut rompre une forme « d’isolement » envers les hommes et vouloir faire le portrait de quelqu’un n’est pas forcément caractéristique de « l’amour » ou du « coup de foudre ». Ce sont des mots et expressions à sens fort qu’on a tendance à employer à tort et à travers. Mais je ne peux jeter la pierre ni à Dann ni à aucun de mes amis. En effet, la réalité, c’est que sur ce coup-là, je ne parviens pas à déchiffrer mes propres sentiments. Je suis une véritable bille en matière amoureuse. Je me demande même si cette chose si abstraite est réellement faite pour moi.

Je suis pourtant déjà sortie avec plusieurs hommes, même si je ne pense pas non plus être tombée réellement amoureuse de l’un d’entre eux. Certes, j’ai connu des sentiments très forts, mais pas assez pour que mes histoires résistent au temps et aux coups durs auxquels tous les couples doivent faire face. En général, mes relations s’essoufflent malheureusement assez rapidement. La magie des débuts ne persiste pas longtemps et laisse vite place à la lassitude. Plus aucun sujet de conversation n’agrémente les tête-à-tête. Seules les parties de jambes en l’air réussissent encore à nous divertir, mais une relation basée uniquement sur le sexe devient rapidement un banal « plan cul ». On ne fait que faire l’amour, « baiser », et ce n’est pas ce que je recherche, car même les cinq-à-sept deviennent ternes et mornes, sans une petite étincelle de fougue. Jusqu’au moment où je ne ressens plus aucune attirance charnelle et que je décide de tout arrêter. J’ai déjà eu un copain qui recherchait tous les prétextes pour me remettre dans son lit. C’est sûr qu’une petite amie de figuration, bien gentille, qui ne réclame pas et avec qui on peut faire l’amour de façon régulière, c’est plutôt agréable pour la plupart des garçons. Mais même si j’aime le sexe, ce n’est pas le type de liaison que je souhaite entretenir. Et surtout pas avec quelqu’un pour qui je ne ressens plus aucun attrait.

Et puis, je suis toujours sortie avec des hommes assez timides, assez intériorisés, tout comme moi.

Dann est l’inverse de cela, c’est un être exceptionnel et tapageur. Finalement, c’est peut-être un garçon comme lui qu’il me faut. Un opposé.

Avec Dann, l’issue de ma relation va peut-être changer. J’ai sans doute besoin de quelqu’un qui me stimule, qui rende ma vie différente et qui contrasterait totalement avec celle que je suis.

J’ai envie de ressentir un vent de nouveauté et de fraîcheur sur mon existence morne et terne.

Je suis véritablement attirée par lui et je ne fais plus rien pour lui prouver le contraire, d’ailleurs. J’entends mon cœur palpiter à toute allure dans ma poitrine au moment où il s’approche de moi. Je sens ma peau se teinter de rouge lorsqu’il me côtoie, je balbutie quand il s’adresse à moi. Ma nervosité ne cesse de prendre le dessus sur tout mon être alors qu’il me sourit avec malice, comprenant chaque réaction qu’il provoque sur mon langage au sens propre, sur celui de mon corps, sur mon être tout entier. Est-ce ainsi que commence à se manifester le début d’un amour réciproque ? Je suis bien incapable de le dire, j’ai l’impression d’être novice en la matière.

Chapitre 3

Je n’ai jamais rien compris au sujet amoureux, ne serait-ce qu’en observant ce couple de ma classe qui n’arrête pas de se rouler des pelles, si bien qu’on en croirait qu’ils sont tous deux sur le point de s’étouffer. Quand reprennent-ils leur souffle ? Je suppose que c’est quelque chose de « normal », même si je n’ai jamais été à ce point passionnée. De toute manière, j’ai toujours été hors de cette norme implicite et instillée dans la quasi-totalité des êtres humains. Je suis en effet perpétuellement en décalage par rapport aux autres. Je suis presque constamment dans mon monde, dans ma bulle et je préfère me réfugier dans mes illustrations.

Cela a commencé lorsque j’étais petite. Mes parents se disputaient sans cesse et les dessins enfantins que je faisais me permettaient de fuir la réalité et de vivre dans un monde imaginaire bien plus agréable. Lorsqu’ils ont décidé de divorcer, je griffonnais encore et encore, beaucoup plus, et mes œuvres devenaient de plus en plus impressionnantes et matures, ce qui inquiétait un peu mes parents. Je pensais, à l’instar de tous, que ma différence s’estomperait avec le temps. Mais force est de constater que ça n’est pas le cas. Bien au contraire, cette dernière n’a fait que s’accentuer. Je me rappelle de la culpabilité de ma mère, lorsqu’elle a obtenu ma garde exclusive. Elle pensait que je peignais autant car je ne voyais mon père que de temps en temps, mais ça n’avait rien avoir avec cela. Le dessin et l’art sont juste devenus mon addiction, parfois à son plus grand désarroi. Les toiles se sont toujours accumulées anarchiquement sur mon bureau, même lorsque mon père me rendait plus fréquemment visite.

Je ne suis pas sur la même longueur d’onde que les autres, c’est tout. Je ne suis pas une fille inconsciente, j’ai les pieds sur terre. J’apprécie juste de ne pas être sempiternellement ancrée dans la réalité et de laisser mon imaginaire et ma créativité s’exprimer librement. Je n’aime pas toujours le monde qui m’entoure comme lorsque j’étais enfant, mais je vais bien, je ne suis pas une fille suicidaire ou inquiétante. J’apprécie juste de ne penser à rien, de ne plus être moi-même l’espace d’un instant, de jouer le rôle d’un ou d’une autre en imaginant les histoires des personnages que je peins. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est façonner des visages à mon gré à l’aquarelle pour leur inventer des vies fantastiques et exotiques.

Je resterai à jamais une grande rêveuse, c’est gravé à l’encre noire sur mon poignet.

Dans la session dessin de ma faculté, je pensais trouver des personnes introverties à mon instar, mais c’est loin d’être le cas. Bien au contraire, ils sont tous plutôt extravagants dans leur genre et ont des looks improbables qui leur sied pourtant à merveille. Celui que j’apprécie le plus dans ma classe, Niell, n’échappe pas à cette règle. Je ne calcule plus le nombre de fois où lui et Sonia ont tenté de me « désinhiber » davantage, souvent en vain. Jamais je ne pourrais subsister sans lui. C’est un véritable rayon de soleil, le genre de personne qui vous fait oublier vos tracas du quotidien, qui vous connaît tellement bien qu’il est capable de franchir les barrières exacerbées de votre timidité, pour pouvoir côtoyer au plus près votre véritable degré de folie.

Une autre personne tranche comme moi avec le reste de la promo : il s’agit de Colls. Tous les professeurs l’appellent étrangement par son nom de famille, je ne m’explique d’ailleurs pas pourquoi. Sa beauté est sauvage et incomparable. Ses cheveux sont indisciplinés et épais. Il possède des allures de mannequin américain et tous les atouts du parfait « bad boy ». Cependant, il reste constamment figé dans son mutisme. Il est ancré dans son univers, en phase avec la magie du dessin. Je crois que la grande majorité de la gent féminine de ma classe a tenté de se frotter à son mysticisme, en vain. Toutes celles qui l’ont pris en chasse ont rapidement lâché l’affaire, prétextant que Colls était peu prolixe et que son caractère était tout bonnement « ringard ». Niell a un faible pour lui, lui aussi, mais Colls échappe toujours à ses tentatives pour nouer le contact.

Je le soupçonne de préférer se consacrer à l’art, plutôt qu’aux relations sentimentales. Encore un point commun troublant avec moi. L’immensité de son talent me fascine et je mentirais si je disais que son côté mystérieux ne m’intrigue pas. Même si il se met volontairement à l’écart des autres, il dégage un magnétisme qui opère sur tous. Je jette toujours un œil à ses esquisses, toutes plus magnifiques les unes que les autres, au point que j’en arrive presque à en être jalouse. Je sais qu’il lésine sur les autres matières au profit de celles purement artistiques. Son talent est naturel, inné et n’a pas besoin d’être retravaillé à l’excès. De retour en salle de classe, je m’attarde à nouveau sur son travail, lorsque monsieur Doney l’analyse. Colls est à quelques rangs près de moi, de sorte que je dois pencher la tête afin de pouvoir mieux discerner son œuvre. Même si je l’observe d’un point de vue original, je suis impressionnée par son portrait étrange, contemporain, barré de traits épais de peinture, comme si le personnage en question était brisé, torturé. Son trait fin et précis avec un soupçon d’irrégularité fait toute la différence par rapport à nos autres portraits. Colls réussit à faire transparaître toute une palette d’émotions à travers de simples coups de pinceau, d’une façon inédite. Je suis totalement subjuguée. D’autant plus que la qualité et, contradictoirement, les imperfections de son trait donnent l’impression que le visage du protagoniste va sortir du papier, comme s’il était en relief.

— Votre travail est inouï, Colls. Il est de grande qualité. Je n’ai rien à y ajouter, mais vous pourriez peut-être renforcer ce trait, pour apporter encore plus de force au caractère émotionnel de votre œuvre.

Comme à son habitude, l’énigmatique Colls acquiesce de la tête, sans dire aucun mot. Je ne me souviens pas même avoir entendu une infime note du son de sa voix. Le regard noisette du jeune homme descend alors sur son dessin, analysant ce dernier détail et le corrigeant en appuyant d’une façon unique sur son pinceau. Il voit alors que je l’observe et son regard se rive au mien. Je fuis instinctivement ce contact furtif. Mais je me sens à nouveau observée. Alors mes yeux rejoignent à nouveau les siens. Je me surprends à observer chaque nuance de ses iris. Ses yeux sont foncés, plus foncés qu’il n’y paraît au premier abord. Le sentiment étrange que son regard abrite les ténèbres me submerge. Il dégage quelque chose de douloureux, de profond, quelque chose qui fait que mon cœur se serre dans ma poitrine.

— Vous êtes un génie, mon petit Colls. Si seulement c’était également le cas dans les autres matières. Vous feriez des étincelles et surpasseriez tous les autres, comme ici, mais surtout je m’inquiéterais moins pour la réussite de votre semestre et pour avenir dans cette faculté…

Colls ne répond toujours pas et quitte notre échange incompréhensible, pour adresser au professeur un sourire insolent qui semble signifier « vous pouvez aller vous faire voir, je ne fournirais aucun effort ».

Ensuite, il revient vers moi et m’adresse également un sourire arrogant, comme s’il était fier d’avoir réussi à accaparer mon attention. Je pense qu’il veut également me signifier que j’ai également le droit de me faire voir. Je ne connais pas ce type, je pensais qu’il y avait quelque chose d’intéressant dans sa personnalité, mais, finalement, il n’en est rien. Ce type est tout le contraire de Dann, c’est un connard arrogant et stupide. Je ne comprends pas pourquoi mère nature lui a donné un tel don pour le dessin, il ne le mérite pas. Quoi qu’il en soit, je le déteste et son comportement puéril m’insupporte.

Chapitre 4

Je sors des cours en compagnie de Niell. Je remarque alors que Dann est dans le couloir, avec un groupe d’amis, dont les membres sont majoritairement masculins. Ils ont un look beaucoup plus « matheux » que lui. Dann s’approche alors de l’une des seules filles restée à l’écart du clan. Il lui sourit avec le charme extrême dont il a le secret et se met à discuter avec elle, en faisant de grands gestes gracieux. À la fin de leur conversation, je suis toujours postée dans le couloir en compagnie de Niell qui discute avec Patty, une fille de notre classe. J’observe alors Dann faire une bise d’au revoir à la jeune femme avant de remarquer enfin ma présence et de s’approcher de moi.

— Joyce, te voilà ! Je te cherche depuis tout à l’heure…

— Bonjour, Dann, excuse-moi, mais tu n’en donnais pas l’impression… Je suis là depuis un bon moment, en réalité.

— Et pourtant, c’est bien le cas, déclare-t-il en m’assenant un sourire à couper le souffle. Accepterais-tu d’assister à mon match samedi ? Je ne pense qu’à ça depuis des jours, j’ai vraiment envie que tu viennes me voir jouer. Ça me ferait vraiment plaisir…

— Écoute, Dann, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. En plus, il me semble que je suis déjà prise. Tu devrais plutôt demander à la jolie fille à laquelle tu faisais la bise juste tout à l’heure. Je pense qu’elle serait tout ouïe.

Ma réaction est sans doute démesurée et me fait passer pour une fille possessive et capricieuse, mais peu importe. La jeune matheuse à qui il parlait est tout simplement magnifique. Force est de constater que je ne fais pas le poids face à elle. Le filtre entre mon cerveau et ma bouche n’a pas fonctionné cette fois-ci et les mots sont sortis tous seuls. Je marque donc le coup par cet acte de parole excessif, afin que Dann ne se moque plus de moi, pour que je ne sois plus la fille farouche qui est devenue sa distraction. Ce n’est donc finalement pas une mauvaise chose.

Mais la réaction adoptée par Dann n’est pas du tout celle à laquelle que m’attendais. Il me sourit et il a l’air réellement satisfait et heureux.

— Attends, Joyce, tu es jalouse ou je rêve ?

Il se palpe les bras.

— Non, je ne rêve décidément pas. Je me suis pincé afin de savoir si tout était bien réel et c’est bien le cas. Tu es donc bien jalouse. Ce n’est qu’une amie, rassure-toi ma belle. Es-tu réellement prise ce samedi ou refuses-tu de venir car j’ai fait une simple bise à une camarade de promo ?

Il me jauge du regard. Intimidée, je me mets à regarder bêtement le sol. J’ai définitivement perdu toute spontanéité.

Niell entend notre conversation et ne peut s’empêcher de s’en mêler, à mon grand désarroi.

— Tu viens de rendre ma meilleure amie jalouse pour la première fois de sa vie, tu as bien raison. Je te félicite et je t’adore pour ça. Depuis le temps que j’essaie de la faire passer du mauvais côté de la barrière, tu viens de réussir quasiment du premier coup ! Et avant qu’elle ne te réponde qu’elle a quelque chose à faire ce samedi, c’est faux. Elle cherche juste à repousser l’échéance et à éviter d’être seule avec toi. Je la connais comme si je l’avais faite moi-même. On devait petit-déjeuner ensemble samedi matin chez Denny’s1, mais j’annule pour qu’elle n’ait pas même le début d’une infime possibilité d’excuse. Tu ne pourras pas te dérober, Joycy !

Je ne sais pas trop quoi répondre, parce qu’il a tout bonnement raison : je veux me dérober. L’attitude de Dann est renversante et je cherche à m’en extirper. Sauf que je n’en ai désormais plus aucune possibilité… Je foudroie Niell du regard. Je dois tenter le tout pour le tout.

— Niell, tu as beau être mon meilleur ami, tu ne connais pas tout de ma vie…

— Arrête de mentir, Joycy, ce n’est pas joli à voir…

Le sourire de Dann s’élargit encore, il semble réellement amusé par la situation. Il serre amicalement la main de Niell, qui rougit.

— Merci pour ton soutien Niell. Je ne me suis pas trompé. Tu es bien jalouse, Joy-Cy.

Il détache chaque syllabe de ce surnom que je déteste et que Niell a le don d’employer exprès pour m’énerver. Mais dans la bouche de Dann, prononcé si langoureusement, il résonne différemment. Je commence même sérieusement à l’adorer. Cependant, je dois réprouver ses dires.

— Je ne suis pas…

— Tu n’as pas à en être gênée, tu sais. J’espère vraiment que tu seras là samedi. Et même si tu ne viens pas, le fait que tu sois jalouse me fait déjà grandement plaisir. Ça veut dire que tu t’intéresses à moi et que tous mes efforts ne sont pas vains. J’aime bien te voir ainsi, ça te rend encore plus… sexy.

Il me lance un clin d’œil et j’ai l’étrange sensation de me liquéfier sur place.

— Tu veux la vérité ? Tu me plais. Tu es juste la plus belle fille que je connaisse. Je ne lâcherais pas l’affaire, je n’abandonnerais pas le fait de vouloir te conquérir. Même si je dois te harceler pour cela, même si ça doit prendre des années entières. (Il me fait un nouveau clin d’œil). Les autres filles ne m’intéressent pas, je peux te le jurer. Elles ne t’arrivent pas à la cheville et sont devenues invisibles depuis que tu as croisé ma route.

Il attrape ma nuque par surprise et me fait un baiser langoureux sur la joue, innocent sans doute en apparence, mais qui annonce tant de promesses non dites… Mon bas-ventre se crispe et je sens le désir et l’exaltation grimper à l’intérieur de mon corps… Quand il quitte ma joue, je reste bouche bée.

— Je t’attends samedi, ma victoire sera entre tes mains…

1.  Restaurant spécialisé dans les petits déjeuners dont raffolent les Américains et qui propose entre autres du bacon, des pancakes, des french toasts, des omelettes, des steaks hachés à volonté…

Chapitre 5 Niell

Joyce est dans tous ses états. Je ne l’ai jamais vu ainsi. La jeune femme au cœur en béton renforcé a enfin décidé de laisser céder ses barrières. Je ne crois pas que Dann se rend compte de l’exploit qu’il vient d’accomplir. Mon amie a déjà eu des relations, bien évidemment, mais elle a toujours été sur la réserve. Ici, ce n’est clairement pas le cas, ses réactions la trahissent, sûrement bien malgré elle.

— Eh bien, si Dann ne veut pas clairement te mettre dans son lit et peut-être même dans son cœur, je n’y connais vraiment rien à l’amour…

Joycy secoue sa tête de droite à gauche. Elle ne s’est pas encore remise de ses émotions et je la comprends tout à fait. Je me suis senti tout chose lorsque Dann n’a fait que me serrer la main. J’adule définitivement ce mec. Il est magique.

— Tu te trompes certainement, Niell. Il me baratine, je ne crois pas à tous ces compliments. À mon humble avis, c’est juste de la poudre aux yeux pour me baiser et m’oublier. Non, mais tu m’as vue à côté de lui ? Je suis tout bonnement ridicule. Moi qui voulais éviter ce rendez-vous… Je vous hais définitivement, Niell Williams.

— Pauvre chérie, quel calvaire je t’inflige ! J’aimerais bien y être, moi, dans son lit, alors ne te plains pas ! Quand vas-tu enfin te décider à vivre ? S’il était de mon bord, je n’en ferais qu’une bouchée. Tu es encore bouleversée par son charme, ça crève les yeux ! Quoi qu’il advienne, tu ne lui aurais pas résisté longtemps. Je vous ai juste aidé à accélérer un processus de séduction mutuel. Vous vous tournez autour depuis bien trop longtemps. Et puis sincèrement, que va te faire perdre une nuit torride avec le mec le plus sollicité de la fac ? Tu as, au contraire, tout à y gagner. Tu vas pouvoir te détendre, lâcher prise, arrêter de réfléchir et profiter tout simplement de l’instant. Ne te soucie pas de l’avenir. De plus, Dann a raison, tu es superbe, alors arrête de te dénigrer ! Je suis gay et pourtant, je t’assure que je serais prêt à payer cher pour te voir nue…

Elle m’assène une tape sur l’épaule alors que je ne fais que dire la stricte vérité. Admirer la perfection de ses courbes si bien dessinées, si fines et si féminines pour les retranscrire sur le papier me plairait beaucoup. Si seulement Joyce avait un peu plus confiance en elle et avait ce regard-là sur elle-même... Mais elle possède l’âme des artistes, celle qui rend forte et, contradictoirement, si fragile à la fois. Je la regarde dans les yeux pour lui montrer ma sincérité.

— Je suis sérieux, Joyce. Tu dégages quelque chose d’unique et je ne peux pas en dire autant de toutes les nymphos qui tournent autour de ce bel étalon. Vous êtes si mignons ensemble, vous semblez être fait l’un pour l’autre. Tu es vraiment une petite veinarde. Quant à moi, je vais bien devoir me faire une raison. Tu lui fais tourner la tête et jamais je ne pourrais l’embrasser, quel dommage !

— Je ne suis pas sûre de ce que tu dis, mais cette fois, j’ai quand même bien envie d’essayer. Dann est si différent des hommes que je fréquente habituellement... Je suis désolée pour toi, Niell, mais selon tes dires, en ce moment, je suis plus prête à l’embrasser que toi…

Je lui chatouille le creux des côtes sans qu’elle ait le temps de réagir, puis fais mine de la repousser lorsqu’elle s’apprête à me taquiner à son tour.

— Je sais bien que je suis ta concurrente directe, mais pourquoi m’infliger tant de tortures ? Tu me hais, ça y est…, ironise-t-elle en affichant une moue factice.

Lorsqu’elle s’apprête à partir, je la retiens en replaçant mon bras autour de ses épaules, en signe d’affection.

— Tu fais capoter tous mes plans, plaisanté-je. Je devrais effectivement te détester Joycy ! Mais malheureusement ton petit minois et ton regard de biche m’empêchent de le faire…

Je m’esclaffe lorsqu’elle bat des cils. Ses rires rejoignent les miens.

— Je fais échouer tes projets d’avenir, tu me forces à accepter un rencard. Je me demande comment on fait pour se supporter, ironise-t-elle.

— À vrai dire, c’est un vrai mystère pour moi. Je me demande d’ailleurs comment je fais pour être à tes côtés en ce moment même.

Bien sûr, je plaisante. Joyce est la fille que j’aime le plus sur cette terre et je défie quiconque de ne pas l’apprécier. Elle est si douce, si gentille et toujours prête à rendre service. Elle mérite bien qu’on prenne soin d’elle, elle qui offre toujours tant aux autres. Je m’efforce de lui apprendre à profiter de chaque instant, au lieu de vivre uniquement par procuration à travers ses dessins. Je sais qu’elle aime les gestes romantiques, même si elle ne veut pas l’admettre. Je sais que ce qu’elle affirme au sujet de son célibat en affichant son goût pour la solitude n’est qu’une façade. Elle n’est pas du genre à montrer ses sentiments et ses émotions aux autres, mais elle garde tout au plus profond d’elle-même et sourit constamment. Cette fille est un véritable roc, elle est pudique et s’exprime grâce à la peinture. Mais je suis certain qu’à force de concentrer toutes ses émotions au fond d’elle-même, il lui arrive quelquefois de pleurer, loin des regards, seule dans sa chambre. Je pense sincèrement que même si sa relation avec Dann n’aboutira pas forcément à quelque chose de durable, elle lui fera du bien. Elle devrait s’autoriser à ressentir, au sens propre du terme, en se laissant aller au contact peau contre peau, sans réfléchir pour une fois. Elle devrait s’autoriser à éprouver des sentiments, à accepter de souffrir, car la souffrance fait partie intégrante de la vie. Je la connais par cœur, même si elle est très secrète et ne me confie pas grand-chose à propos de sa vie personnelle. Je sais qu’elle a plus peur de vivre que de mourir, qu’elle est effrayée par l’abandon. Mais je pense qu’elle est sur la bonne voie et que Dann lui a peut-être donné le déclic. J’espère de tout cœur qu’elle va s’ouvrir à la vie grâce à cette inclination.

— De qui vas-tu bien pouvoir t’enticher, maintenant que je t’ai sournoisement dérobé Dann ?

— Bien que je te soupçonne d’avoir prémédité ton coup en usant de tous tes charmes sans mon aide (je lui souris insolemment), j’ai une autre cible dans le collimateur et tu la connais déjà, d’ailleurs.

— Tu as réussi à conquérir le numéro 9 de l’équipe de basket de la fac ?

— Oui, j’ai réussi à nouer le contact avec lui, confié-je en lui adressant un clin d’œil. Je le garde bien au chaud, jusqu’au prochain match. Mais, en ce moment, c’est le petit génie du dessin qui m’intrigue, Colls… Il est tellement sexy, viril et mystérieux… J’en ferais bien mon quatre heures. Rien que ses esquisses sont capables de procurer des orgasmes ! Mais je ne connais malheureusement pas encore ses préférences sexuelles, puisqu’il ne m’adresse pas un mot. Je ne peux malheureusement pas faire fonctionner mon fameux radar dans ces circonstances, ce qui est bien dommage. Je dois donc enclencher la phase d’observation afin de voir s’il regarde plus les hommes ou, au contraire les femmes. J’espère vraiment qu’il est de mon bord, car il me plaît vraiment… De plus, le fait qu’il soit gay expliquerait pourquoi il rejette toutes les filles qui s’approchent trop près de lui…

— Je te souhaite tout le bonheur du monde, que ce soit avec lui ou avec un autre, tu le sais bien, Niell. Mais j’ai l’impression que ce Colls est un solitaire puéril et qu’il n’aime personne mis à part lui-même. Dans tous les cas, si Colls ou qui que ce soit d’autre te fait du mal, je suis prête à sortir les griffes, malgré mon pacifisme apparent. Personne n’a intérêt à s’en prendre à mon meilleur ami !

Je suis tellement touché par ce qu’elle vient de me dire. Je prends ma meilleure amie entre mes bras, celle qui me connaît le mieux, qui me comprend le mieux et avec laquelle je m’amuse le plus.

— J’ai le cœur bien accroché ma Joycy, ne t’inquiètes pas. Tu sais comment je suis, je ne me morfonds pas pour les histoires d’amour. Pour le moment, j’envisage uniquement de passer une nuit torride avec Colls et de le faire enfin s’exprimer et crier, si tu vois ce que je veux dire. Je te souhaite d’en faire tout autant avec Dann…

— Et moi, j’espère vraiment que tu vas te taper Colls, ce gars hyper sexy au caractère plus qu’étrange. Mais s’il te fait quand même du mal, je lui brise les couilles sans scrupule.

— J’apprécie ton affection pour moi (je lui assène un baiser sur la joue). Mais préserve ses parties génitales, Joyce. Je t’assure qu’il ne fera pas souffrir, d’autant plus qu’à ce qui se raconte, il a un vrai caractère de grand-père. Et quand bien même, mon basketteur sera là pour me consoler…

Chapitre 6 Niell