Histoires fantastiques et récits étranges - Jo Kindness - E-Book

Histoires fantastiques et récits étranges E-Book

Jo Kindness

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Beschreibung

Ayant vécu une vie antérieure sur sa planète d’origine, Ichuca se voit arrachée à ses racines et réincarnée sur Terre. Son arrivée dans le jardin d’une maison la confronte immédiatement à l’hostilité de ce nouvel environnement. Pendant ce temps, Florence, la propriétaire de la demeure, reste ignorante de sa présence et poursuit son paisible quotidien de mère célibataire. Les deux femmes sont confrontées à des défis uniques, mais que leur réserve l’avenir lorsqu’une rencontre inattendue se produira ?


À PROPOS DE L'AUTEUR

Grâce à sa fonction de bibliothécaire, Jo Kindness immerge au cœur de l’univers de la narration, se métamorphosant en écrivain à la lueur argentée de la lune. Conjuguée à son intime familiarité avec des ouvrages d’exception, sa passion ardente pour les récits imaginaires le conduit à créer des histoires envoûtantes. Histoires fantastiques est son premier ouvrage publié.

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Jo Kindness

Histoires fantastiques

et récits étranges

Imagination d’être retenu

Roman

© Lys Bleu Éditions – Jo Kindness

ISBN : 979-10-422-1660-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À Delphine sans qui mes histoires

n’auraient pas connu d’autre lecteur que leur auteur.

À Amélie Nothomb que j’ai apprécié de lire entre les murs et qui, sans le savoir, m’a donné cette envie d’écrire.

Grand merci à mon ami Raymond

qui a été essentiel à l’élaboration de mon ouvrage.

Pensée à Nadia, à ma famille.

Le génie musical, comme le génie mathématique, se révèle dans l’extrême jeunesse. Il n’est jamais trop tard pour devenir écrivain, philosophe ou peintre. Il est presque toujours trop tard pour devenir un mathématicien ou un compositeur digne de ce nom.

Le livre des sœurs, Amélie Nothomb

Ichuca, fantôme d’un autre monde

Ichuca est née sur Oryx, la seule planète de l’étoile Vitalus.

Elle s’était levée tôt et son village dormait encore.

Le Conseil des Anciens désapprouvait la visite des « Grandes Rocailles », car cette région était dangereuse, de nombreux accidents eurent lieu cette année.

Elle avait entendu qu’on y trouvait les plus belles pierres précieuses d’Oryx et rêvait de jolies parures les incluant.

Florence, sa fille Laura et son fils Pascal vivent dans un petit chalet, vers Annecy.

Des phénomènes se produisent dans la maison et la vie de cette petite famille s’en trouve bouleversée.

Peut-il y avoir une corrélation entre Ichuca et Florence, entre Oryx et la terre ?

Quelle est leur histoire ?

Dans un coin de Haute-Savoie

Poltergeist

Florence était lasse. Elle appréciait le calme de sa chambre.

Depuis sa fenêtre ouverte, elle pouvait apercevoir une partie de la montagne dont le flanc était bien boisé. Les senteurs d’arbres se mélangeaient et elle avait l’impression de respirer un cocktail de leur essence à chaque fois qu’elle se mettait à en admirer la vue.

Il faisait chaud. La canicule était insupportable, même à cinq cents mètres d’altitude.

Elle se déshabilla, posa ses affaires sur la chaise et resta nue. La chaleur était étouffante pour cette fin de mois de juillet.

Elle se plaça devant sa coiffeuse et décida de se brosser les cheveux.

Elle était assez coquette et elle aimait bien rester à son avantage, même à l’heure du coucher. Au cas où un prince charmant viendrait la réveiller…

Soudain, le tiroir de la commode s’ouvrit et alla taper fort dans son genou.

Zut, quelle gourde, j’ai pas fermé le tiroir et je me suis cognée, pensa-t-elle.

Je me suis fait mal.

Peu après, elle s’étendit sur le lit et se couvrit juste d’un léger drap pour dormir et ferma les yeux.

Elle avait l’habitude de dormir comme ça. Chaleur oblige.

Elle éteignit la lumière.

Ses pensées se concentraient sur la journée qu’elle venait de passer.

Elle somnolait déjà lorsque tout à coup, des mains lui agrippèrent les seins et les malaxèrent très fort.

Elle allait crier quand une petite culotte lui arriva dans sa bouche et l’empêcha de sortir un son, pendant qu’une main continuait à maltraiter sa poitrine en la pinçant fortement.

Florence était terrifiée et pensait qu’un homme s’était introduit chez elle pour s’introduire en elle.

Elle essayait de se débattre et de se dégager de l’emprise de l’agresseur, en vain.

Après quelques minutes douloureuses, tout s’arrêta. Les mains disparurent et le calme revint.

Elle alluma la lampe de chevet et constata qu’il n’y avait personne. Elle dégagea sa bouche. Sa respiration avait un rythme maximum et son cœur battait à tout rompre.

Elle ne comprenait pas.

Un cauchemar ?

Non ! Ses seins lui faisaient bien mal.

Ils étaient bien meurtris et elle avait encore des fibres de sa culotte dans la bouche.

Elle ne dormit pas et passa son temps à aller voir si les enfants allaient bien.

Elle repensait aux événements qui venaient de se passer et se demandait si le décès de Christine, sa fille récemment disparue, y était pour quelque chose. Si elle avait conduit ici des esprits mauvais sans le vouloir et qu’ils auraient ensuite décidé devenir la hanter.

Elle finit la nuit en faisant les cent pas dans la salle à manger.

Elle avait préparé le petit déjeuner.

Au matin, Pascal et Laura descendirent de leur chambre.

Elle prit une décision et s’adressa à ses enfants :

— Bon, aujourd’hui je vous permets de passer la journée au lac.

Tenez, prenez de l’argent pour le déjeuner et pour une glace ou deux.

Mais ne revenez pas trop tard, n’abusez pas. OK !

Laura et Pascal se regardèrent.

— Merci maman !
— Oui, merci m’man !
— Laura, tu feras bien attention à ton frère.

Les enfants trop contents de cette aubaine ne s’aperçurent pas du désarroi de leur mère et partirent au lac pour y passer la journée.

Elle pensa : « Je dois comprendre ce qui s’est passé. Je préfère que les enfants ne soient pas là ».

Elle alla dans sa chambre.

Elle ouvrit la porte avec prudence.

Tout doucement… Elle entra.

La première chose à laquelle elle pensa, c’était d’appeler sa fille défunte.

— Christine ! Christine ? C’est toi Christine ? Tu es là ?

Elle alluma.

Ce qu’elle vit la glaça d’effroi.

Tous les tiroirs de sa commode et de ses placards étaient ouverts.

Son lit n’était plus à sa place.

Il était au fond de la pièce au lieu d’être au milieu.

Son pouls et sa respiration s’accélérèrent à nouveau. Elle était à nouveau terrifiée.

Derrière elle, la porte de sa chambre claqua en se refermant brutalement.

Les livres de sa bibliothèque se mirent à voler dans tous les sens et certains la frappèrent à la tête.

Des mains invisibles la plaquèrent dos contre le mur et ses vêtements furent arrachés avec violence et mis en lambeaux.

Elle fut propulsée, nue, sur son lit.

Une accalmie survint qui dura quelques secondes.

Puis à nouveau, la farandole des vêtements et des livres recommençait.

Les volets se mirent à claquer à tout va.

Le lustre se balançait fortement au plafond.

Allongée sur son lit, Florence recevait des claques sur la figure.

Joue gauche, joue droite…

Sa tête se balançait d’un côté à l’autre à la cadence des coups de son agresseur invisible.

C’était une raclée digne de ce nom.

Cette fois, c’était une chaussette qui était enfoncée dans sa gorge.

Ce fut le tour de ses seins qui recevaient une flopée de gifles qui leur faisait danser une gigue endiablée.

Elle fut retournée comme un fétu de paille et les coups pleuvaient à présent sur ses fesses.

Elle fut projetée au sol et des coups tombaient sur son ventre.

Rien de létal, mais la douleur était forte.

Son corps ressemblait à une ecchymose géante.

Le phénomène s’arrêta subitement et Florence gisait, inconsciente, sur le sol.

Quelques heures passèrent, les enfants étaient de retour.

Ils trouvèrent leur mère dans sa chambre qui commençait à reprendre ses esprits.

Les jeunes n’osaient pas entrer dans la pièce tant le désordre y régnait.

Ils ne comprenaient pas ce qu’il s’était passé et restaient complètement hagards devant ce spectacle hallucinant.

Laura trouva des vêtements pour sa mère dans ce foutoir et l’aida à les passer.

Florence était sous le choc et toute contusionnée, mais elle ne voulait pas l’intervention d’une personne extérieure.

Elle ne voulait pas en parler au cas où cela ne soit qu’un canular sadique et qu’elle soit la risée de tous. Il lui fallait d’abord comprendre ce qui venait de se passer.

Non, décidément, ce n’était pas sa fille chérie qui avait été à l’œuvre.

Un esprit mauvais peut-être ? Ou pire, Satan lui-même…

Elle eut la chair de poule en pensant à ça et elle se signa.

Elle s’en était tirée avec des bleus sur tout le corps, mais rien d’irréversible ni de permanent.

La pommade d’arnica sera la bienvenue.

Le traumatisme était surtout psychologique après cette « tempête » dans sa chambre.

— Pascal, va faire chauffer de l’eau, s’il te plaît. On va boire un bon café, lui dit sa sœur.

Il comprit que sa mère avait besoin d’un peu d’intimité.

Laura badigeonna les parties bleuies avec de l’arnica.

Le corps de Florence était couvert d’hématomes.

La nuit commençait à tomber.

Ils allèrent chercher tous les artefacts religieux : croix, chapelets, bibles, images pieuses, statuettes à l’effigie du Christ et de Marie, qu’ils pouvaient trouver et les placèrent dans la chambre.

Elle s’était résignée finalement à téléphoner à Sylvie, son amie divorcée, mais à ce moment-là, une forme apparut au milieu du salon.

Elle attrapa ses enfants puis brandit la croix qu’elle avait conservée.

Elle se dirigea précipitamment vers la sortie en agrippant ses enfants avec elle.

La forme disparut et réapparut devant la porte en leur bloquant le passage.

C’était une jeune femme.

Florence attrapa Pascal et Laura et les tira derrière elle.

Ils étaient terrorisés et s’attendaient au pire.

Florence tenait bien haut sa croix.

Le fantôme de cette jeune femme se mit à parler d’une voix suave.

— N’ayez plus peur, je suis là pour vous aider.

Je m’appelle Ichuca et je viens de très loin.

Laissez-moi vous expliquer.

Sur Oryx, planète de l’étoile Vitalus

Bien avant que cet éventement n’arrive à Florence, sur une planète fort lointaine dont les terriens ne pouvaient soupçonner l’existence, des peuples cohabitaient.

Ils vivaient en harmonie sur leur monde, qu’ils appelaient Oryx.

Ils avaient nommé leur étoile, Vitalus.

Ichuca avait décidé d’aller sur les lieux des « Grandes rocailles ».

Le conseil des sages du village le déconseillait.

Que pouvait-il lui arriver ?

Au plus, une mauvaise rencontre avec des Konks des sables.

La lenteur de ceux-ci ne les rendait pas très dangereux.

Une jeune femme adulte, telle qu’Ichuca, marchait dix fois plus vite que le plus rapide de ces animaux.

Bien sûr, il ne fallait pas se faire surprendre et se faire mordre.

Ils se confondaient avec les pierres du paysage et pouvaient duper une victime inattentive dont la vie pouvait s’échapper en quelque instant, à peine, d’une morsure venimeuse.

Les jolies pierres qui se trouvaient aux « Grandes rocailles » étaient très prisées des habitants du village et ne se trouvaient nulle part ailleurs.

Ichuca pensait déjà aux belles parures qu’elle pourrait réaliser avec seulement quelques-unes de ces merveilles.

Elle se leva tôt et sortit de la maison en prenant soin de bien fermer la lourde porte de façon à garder la chaleur intérieure.

Dehors, la température commençait déjà à remonter tout doucement.

Les étoiles brillaient encore et le ciel en était constellé.

Elle savait que ces petits points brillants étaient autant d’étoiles qui pouvaient être nanties de planètes et peut-être, abriter d’autres civilisations comme celles qui vivaient sur Oryx, notre belle planète nourricière.

Notre monde était le seul à tourner autour de Vitalus, notre astre tutélaire, nommé ainsi par les ancêtres de nos ancêtres.

Notre système était donc composé d’une étoile et d’une seule planète.

Les savants des villages qui peuplaient notre monde avaient de grandes connaissances sur la mécanique céleste et étaient assez outillés pour en acquérir des certitudes dans ce domaine.

Elle passait parfois du temps à rêvasser et imaginer d’autres civilisations sur d’autres mondes, à imaginer à quoi pouvaient-ils ressembler, quelle était leur façon de vivre.

Connaissaient-ils Jenova ? Le grand créateur de l’univers.

Autant de questions pour l’instant sans réponse, mais peut-être qu’un jour…

Ses parents, son frère et sa sœur dormaient bien calmement.

Ils avaient veillé une bonne partie de la nuit, car la fête du feu avait pérennisé.

Sur Oryx, la température chutait très rapidement trois heures après le coucher de Vitalus, cela déterminait le moment d’aller se coucher.

Ce froid ne durait pas longtemps, trois heures au plus, mais était capable de geler un ru en quelques minutes seulement.

Le village était encore endormi.

Seuls, les bœufs étaient réveillés et commençaient à déguster nonchalamment l’herbe de la prairie adjacente.

Il lui fallait traverser toute la place sans se faire remarquer.

Le chemin des « Grandes rocailles » commençait à l’opposé de l’emplacement de sa maison.

Le feu de camp de la veille fumait encore et des cendres rougeoyantes s’activaient sous l’impulsion de la brise légère qui murmurait sur le village.

Voilà, le début du chemin était là.

Elle s’y engagea et commença son cheminement.

Le sac vide qu’elle portait en bandoulière n’était pas une gêne pour elle, mais elle pensait qu’au retour, il en serait peut-être autrement.

Le chemin s’enfonçait à travers une forêt épaisse.

Le bruit de toute une faune qui se réveillait accompagnait ses pas.

Le sol, clément au début, commençait à se parsemer de cailloux et rendaient la progression moins aisée.

Après plusieurs heures de marche, elle finit par déboucher dans une petite clairière qu’elle traversa rapidement. Elle s’engagea ensuite sur un chemin rocailleux qui montait sur le flanc de la colline. En haut, elle avait une vue à trois cent soixante degrés et pouvait admirer vers le nord, le lieu-dit des « Grandes rocailles ».

Son village, vers l’ouest, n’était pas visible, caché par la grande forêt.

Elle se sentait requinquée à la vue du lieu tant désiré.

C’était le milieu de la journée et déjà, elle pensait au retour avec son butin.

Il fallait absolument qu’elle soit rentrée avant que la température commence à descendre, afin d’éviter d’être pétrifiée.

La journée, la chaleur était relativement douce et permettait à l’eau de rester liquide.

Fi de sa fatigue, elle courait pour descendre le chemin menant aux « Grandes rocailles ».

À peine arrivé à destination, son regard se posait déjà sur quelques éclats bleutés, distinctifs des pierres recherchées.

Déjà, la chance lui souriait.

— Jenova est avec moi ! s’exclama-t-elle.

Elle réfléchit sur la façon d’accéder au petit gisement aperçu.

Il n’y avait pas de chemin et l’endroit était escarpé.

Les pierres étaient là, à peine dix mètres plus bas.

Ichuca s’engagea sur la pente qui était constituée de cailloux et d’éboulis.

Elle descendit en assurant au maximum ses pas. Elle s’aidait de ses mains pour garder l’équilibre. Son pied dérapait par moment et la faisait descendre d’un bon demi-mètre d’un seul coup.

Le gisement était maintenant à portée de main.

Elle saisit la plus grosse gemme.

Elle résistait à son arrachement.

Encore un effort et elle sera en sa possession.

La pierre, dans un sursaut d’orgueil de se voir arracher à son habitat, lâcha prise et se laissa détacher d’Oryx sans prévenir.

Surprise, Ichuca qui était dos à la pente, partie en arrière avec sa prise dans la main.

Elle dévala la pente en tournoyant en tout sens.

Elle fut stoppée nette lorsque sa jambe se coinça entre deux rochers et se brisa.

Elle perdit connaissance.

Lorsqu’elle recouvra ses sens, il faisait nuit. Sa jambe cassée lui faisait mal.

Le froid s’insinuait en elle et commençait à l’engourdir.

Son regard faisait face à l’immensité du ciel étoilé.

Aucun affolement ne la submergeait. Son enseignement auprès des siens l’avait préparé à l’éventualité d’un trépas.

Son peuple savait que l’essence de leurs pensées ne se perdait pas et continuait à exister après la mort.

Elle était sereine et elle se mit à prier Jenova.

Ses yeux fixaient le firmament et le froid eut raison de son corps.

Ainsi cessa de vivre Ichuca, fille du peuple de la plaine.

Quelques jours avant le poltergeist

Florence se reposait sur la chaise longue dans son jardin juxtaposé à la maison.

Elle s’était mise en maillot de bain.

Elle profitait de ce début de mois d’août exceptionnellement ensoleillé. C’était son 2e jour de congé. Elle avait pris tout le mois.

Chez ce petit courtier d’assurance en centre-ville où elle travaillait, ses collègues, par gentillesse, lui avaient proposé qu’elle prenne ce mois pourtant tant convoité de tous.

Il lui fallait se remettre des événements que sa famille avait traversés.

En janvier de cette même année, son conjoint était parti avec une connaissance commune et un divorce s’en suivit.

Un malheur arrivant rarement seul, sa fille aînée se tua dans un stupide accident de voiture.

Bien sûr, les accidents sont toujours stupides et toujours très malchanceux.

Si ce crétin de téléphone n’avait pas sonné et si le conducteur de la voiture d’en face ne s’était pas endormi au volant et si seulement, et si…

Elle avait dégoté cette petite maison par le biais de son agence d’Annecy, où elle bossait.

Le loyer était raisonnable et la maison assez grande.

Viuz-la-Chiésaz n’était pas très loin de la ville et permettait une vie tranquille à l’air pur, un peu en hauteur.

Au rez-de-chaussée, la salle à manger qui faisait aussi cuisine était bordée de deux chambres.

En étage, deux autres chambres avec la salle de bain ainsi qu’un petit débarras.

Pascal et Laura en occupaient une chacun.

La sienne, au rez-de-chaussée, pour être au plus près de la cuisine.

La deuxième chambre du bas n’était plus occupée depuis ce maudit jour d’avril, mais toutes les affaires de Christine y étaient restées telles quelles.

Pascal qui avait 12 ans était en 6e et Laura, 15 ans, se trouvait en 3e.

À la rentrée, elle ira au lycée.

Florence les amenait en ville le matin et les reprenait le soir.

Ils avaient également la possibilité du car scolaire dans le cas où Florence ne pouvait pas les déposer.

Pour l’instant, ils profitaient tous de ce mois de repos avec ce qui restait de la famille.

Cette famille étriquée avait traversé quelques lourdes épreuves, mais cela l’avait soudé et l’esprit de famille n’avait jamais été aussi fort.

Les enfants étaient partis à la piscine et ne tarderaient plus à revenir.

Florence les attendait avec impatience et leur avait préparé quelques crêpes.

L’eau, ça creuse.

Effectivement, elle entendit la porte du jardin couiner. Elle ouvrit les yeux.

Au pas de course, les enfants se précipitèrent vers la chaise longue.

— Alors, comment ça s’est passé ? C’était bien ? Vous vous êtes bien amusés, mes chéris ?
— Oui, maman, il y avait beaucoup de monde et presque toute ma classe était là, répondit Laura.
— Oui, moi aussi maman, j’ai même vu ma prof d’anglais en maillot de bain. André m’a fait boire la tasse, mais je lui ai fait pareil. On s’est bien amusé. On pourra y retourner demain ?
— Non, demain, nous allons rendre visite à votre tante Claude.

Un peu déçus, ils se jetèrent quand même sur la table de jardin où trônaient l’assiette de crêpes et le pot de confiture.

Un voyage inattendu

Son regard faisait face à l’immensité du ciel étoilé.

Elle était dans un état de contemplation. Le spectacle de ce ciel étoilé la rendait joyeuse.

Elle ne sentait plus le mordant du froid qui la tenaillait et sa jambe ne lui faisait plus mal. Elle se sentait vraiment très légère.

Elle regarda autour d’elle, elle ne voyait que la multitude de points qui brillaient dans le ciel nocturne.

Ses yeux se portèrent au-dessous d’elle. Elle flottait dans les airs et elle aperçut un corps allongé entre les rochers.

Il était inerte et son visage était tourné vers le ciel.

D’un seul coup, elle réalisa que c’était le sien qui gisait sur le sol.

L’incompréhension fit place à la stupeur, mais elle finit par comprendre l’horreur de la situation. Elle était morte.

Après un court moment, le calme et la plénitude l’envahirent à nouveau.

Elle ressentait toutes les forces qui l’entouraient.

La planète lui paraissait vivante. Un flux vital multicolore ondoyait à travers les creux et les sillons et semblait monter pour s’échapper hors de l’atmosphère et revenir encore plus imposant en changeant constamment de couleur pour rentrer en force dans le sol. Un son mélodieux accompagnait ce phénomène et changeait de tonalité à chaque fluctuation de cette marée colorée.

Ichuca regardait ce kaléidoscope géant jouer devant ses yeux. Seule la mort pouvait lui donner un tel spectacle, aucun être vivant n’aurait pu le voir.

Elle serait bien restée là, à contempler ce son et lumière féerique, mais son esprit montait de plus en plus haut.

Elle pouvait voir maintenant la planète dans sa totalité.

De plus en plus, la sphère diminuait, mais elle restait hypnotisée par ce qu’elle voyait.

Toute la planète était baignée par ces ruissellements lumineux.

Son esprit se perdait dans l’immensité de l’espace et elle avait l’impression de commencer un long voyage.

Elle ressentait les forces qui l’entouraient. Elle frôlait des astres, des planètes, des comètes et autres objets célestes. Elle ne contrôlait rien.

Sa vitesse devait être phénoménale, mais elle restait sereine et appréciait le voyage.

Elle était à même de comprendre tous les secrets de l’univers.

C’était donc ça, la mort ! Le voyage de l’âme à travers l’univers ?

Il se pourrait même que je puisse voir Jenova, pensa-t-elle.

Était-ce là le but de ce voyage, rencontrer le créateur ?

Le temps lui parut long, mais paradoxalement très court.

Elle ne saurait dire si son voyage commençait ou bien s’il se terminait bientôt.

Durait-il depuis quelques minutes où depuis plusieurs vies d’humains ?

Elle n’avait aucune notion de temps.

Une planète se présentait devant elle. Elle grossissait rapidement et bientôt prenait tout son champ de vision.

La couleur bleue dominait.

Quelques flux colorés étaient aussi à l’œuvre, mais beaucoup moins probant.

De belles surfaces turquoise et saphir la rendaient très agréable à regarder.

Sa surface était parsemée de volutes blanches ayant la texture du coton des plaines d’Oryx, lesquelles en cachaient une partie.

Elle réalisa qu’il s’agissait de nuages.

« Bien sûr, des nuages… vus de l’autre côté… »

Une émotion la submergea.

Serait-ce possible qu’elle soit retournée sur Oryx ?

Elle se sentait aspirée par ce monde et traversa les nuages.

Le sol se rapprochait, mais elle n’avait aucune appréhension sur ce qui pouvait lui arriver.

Elle avait du mal à comprendre ce qu’elle voyait.

Elle reconnut ce qui devait être des villages, de grands villages, des maisons, des petites, de grandes et de très grandes.

Il y avait des montagnes, un lac aux eaux d’azur.

Elle se posa sur une petite prairie au flanc d’une colline qui jouxtait une maison.

Une personne, une femme, était là, presque nue, et se reposait sur une chaise qui semblait être cassée tant elle penchait.

Elle s’était immobilisée sur le sol, à cinq mètres à peine de cette personne.

D’un seul coup la femme ouvrit les yeux. Deux enfants couraient dans leur direction.

Elle eut un mouvement de recul, car ils ne semblaient pas l’avoir vu. Les deux ados traversèrent son corps et allèrent vers la femme qui était allongée sur la chaise cassée.

Elle comprit qu’elle était totalement inconsistante et manifestement invisible.

Le fait d’être un esprit y était sûrement pour quelque chose.

Les enfants engloutissaient de la nourriture qui était posée sur une table.

Cela lui faisait penser qu’elle n’avait jamais eu faim.

Un avantage de son état.

Au début, les paroles prononcées par ces humains ne lui étaient pas intelligibles, mais petit à petit, elle comprenait le sens de ce qu’ils se disaient.

— Ouatgiboudoumamako bouda erci maman, elles sont bonnes tes crêpes.

Elle s’aperçut aussi qu’elle contrôlait mal ses déplacements.

Cela l’agaçait franchement, car elle voulait rester au plus près de cette famille.

Elle ne comprenait pas toujours le sens de ce qu’ils faisaient et cela l’intriguait beaucoup.

La jeune fille lisait un livre, allongée sur un bout de tissu posé sur l’herbe, près de la femme, qui devait être sa mère, et semblait apprécier le soleil qui lui caressait la peau.

Elle était dans la même tenue que l’adulte, c’est à dire pratiquement nue.

Un tissu sur le torse et un autre sur le bas du ventre.

Le jeune garçon s’amusait avec un objet rond qu’il faisait rebondir habilement sur ses pieds. Il était encore plus nu que les autres, car il n’avait qu’un seul vêtement au bas du ventre.

Dans son village, sur Oryx, tout le monde était habillé des pieds à la tête.

Elle pensa aussi que son état ne lui permettait pas de juger de la température qu’il faisait.

Elle comprenait déjà un peu mieux la situation, car il devait faire beaucoup plus chaud que sur sa planète, d’où, peut-être, le mode vestimentaire de ces gens.

La lumière diminuait et la petite famille rentrait dans leur maison.

Ichuca ne pouvait toujours pas se mouvoir.

Elle passa la nuit dehors à essayer de se déplacer. Elle pensait que cela viendrait, car, comme la compréhension de ce qu’ils se disaient, le déplacement viendrait avec l’expérience et l’habitude.

Elle ne s’affolait donc pas pour ça.

Le soleil se leva et vit Ichuca près de l’habitation. Elle avait réussi à se déplacer de cinquante bons mètres en une nuit d’effort. Elle commençait à comprendre comment s’y prendre. Il lui fallait de la volonté.

La porte de la maison donnant sur le jardin s’ouvrit.

— Bon, vous avez bien compris. Hein, pas de réflexion sur votre tante.

Et pas de question non plus sur ce qu’elle est, ce qu’elle était ou bien ce qu’elle n’est plus. On est bien d’accord, les enfants !

— Non m’man, répondit Pascal.
— Oui, mais ça fait bizarre de savoir que tata, on l’appelait tonton avant, dit Laura.
— Avant quoi ? demanda Pascal.
— Bon, stop, on en parlera plus tard, répliqua Florence.

Soyez gentil avec lui, euh ! avec elle.

La phrase déclencha le rire des enfants au grand dam de Florence.

La petite troupe entra dans une pièce jouxtant la maison et ho ! … stupeur, ils ressortirent à bord d’une… charrette qui n’avait pas de bœufs pour la tirer.

Une barrière se leva toute seule et le… la charrette disparue de sa vue.

Elle était abasourdie par ce qu’elle venait de voir.

« J’ai l’impression que je n’ai pas fini d’avoir des surprises, pensa-t-elle ».

Je suis tombée sur une civilisation bien plus évoluée que sur Oryx, c’est la seule explication logique.

« Mais pourquoi suis-je arrivée là, sur cette planète ?

Je ne le saurai peut-être jamais ! »

Elle se mit à réfléchir :

Dans un premier temps, il faut que je comprenne leur mode de vie, ce qu’ils font, comment ils vivent.

Dans un deuxième temps, m’intégrer et pouvoir interagir avec leur monde et pourquoi pas communiquer avec eux.

Ces trois humains constituent-ils une famille à part entière ?

Sur Oryx, il y avait des familles comme celle-ci.

Il y avait même des familles avec un seul adulte et un seul enfant. Souvent suite à des accidents ou des séparations.

La semaine passa et Ichuca se déplaçait maintenant avec assez d’aisance, mais s’aperçut qu’elle ne pouvait pas trop s’éloigner du jardin où elle avait atterri.

Elle avait visité la maison et elle était intéressée par ce qu’il y avait à l’intérieur.

L’impression de faire partie de la famille s’était ancrée en elle.

Elle commençait à se sentir à l’aise, à tel point qu’elle voulait vraiment pouvoir agir sur son entourage, que ces gens sachent qu’elle était là, qu’ils la voient et qu’elle puisse ainsi participer à la vie de cette famille avec laquelle elle commençait à s’habituer.

Ces humains avaient l’air d’être des gens bien.

Dans un premier temps, elle avait donné des surnoms à chacun.

De ce fait, elle appelait la femme « cheveux d’or ». La jeune fille était « blondine ».

La couleur et la coupe des cheveux du jeune garçon lui faisaient penser à ceux de son petit frère Mira. Elle le surnomma donc « Mira ».

L’après-midi commençait. Cheveux d’or avait cuit des aliments sur un petit brasero portatif qui se trouvait dehors, dans le jardin. Les enfants avaient l’air de bien apprécier ce menu.

— M’man, je vais voir André, cet après-midi, il a acheté un nouveau jeu et il veut me le montrer. Je ne reviendrai pas tard, promis, dit Pascal.
— Je pars avec lui, j’ai rendez-vous avec Arielle et Betty, reprit Laura.
— Ha, je vois, vous me laissez seule. Avant de partir, débarrassez la table, je m’occupe du barbecue.
— Au fait, Laura, tu vas où avec Arielle et Betty ?
— On va au lac, je prends mon sac de plage.
— Ha, d’accord, mais… vous ne serez que toutes les trois ?
— Euh… il y aura peut-être bien Jean avec nous.
— Oui, je vois, et puis…
— Euh… peut-être aussi Tim. Il se peut qu’Alex vienne aussi nous rejoindre.
— Bon, je préfère savoir. Mais la prochaine fois, dis-moi tout… OK ?
— Oui, maman.
— Bon, amusez-vous. Revenez pas trop tard ce soir.
— Promis.

Les enfants descendirent sur la route en contrebas pour attendre le car en direction de Seynod, Annecy.

Florence prit son téléphone.

— Salut, Sylvie, tu vas bien, oui ça va. Tu fais quoi, tout de suite, maintenant ? Viens boire un café ! OK, super, bon, à tout de suite.

Le téléphone, merveilleuse invention, pensa Ichuca qui avait eu déjà l’occasion de les voir, de très nombreuses fois, utiliser cet appareil.

Elle avait fini par comprendre qu’il s’agissait d’un objet pour communiquer à distance. Rien de magique.

Elle s’était bien habituée à la technologie de cette civilisation.

Elle connaissait la télé, l’ordinateur, la console de jeu, le téléphone, la tablette, le frigo, le four et plein d’autres objets dont elle avait retenu le nom ainsi que leur utilité. Son esprit avait beaucoup plus de facilité de comprendre que lorsqu’elle était en vie.

Une femme se présenta au petit portail, juste à côté du grand.

— Entre, Sylvie.

C’était la première fois qu’elle voyait une autre personne.

Sylvie devait être une amie de Florence.

— Comment (smack) tu (smack) vas (smack), ma chérie ?
— Bien et toi, ces vacances ! elles se passent bien ? Et les enfants ?
— Ça va. Pascal est chez un copain et Laura est partie draguer au lac.
— Ha bah oui, c’est de son âge.
— Je profite d’un peu de tranquillité, mais je ne me plains pas d’eux, ils sont adorables tous les deux.

Ichuca regardait cette nouvelle venue.

Comment vais-je la surnommer celle-ci ?pensa-t-elle.

Bah pourquoi pas Sylvie, puisque c’est comme ça qu’elle s’appelle !

Ichuca était juste derrière elle et la suivait jusqu’à la table du jardin.

Soudain, celle-ci se retourna.

— Qui a-t-il ? demanda Florence.
— Non… je croyais qu’il y avait quelqu’un derrière moi.

Sylvie a ressenti ma présence, pensa Ichuca.

Un allant d’espoir commençait à s’immiscer en elle.

Les deux amies commençaient à papoter, mais Ichuca ne comprenait pas grand-chose à la conversation. Il était question de Laura, de lycée, de trajet…

Elle voulait tellement entrer dans leur discussion, qu’elle poussa la chaise libre pour s’asseoir à côté d’elles.

Elle poussa la chaise libre…

Elle poussa la chaise libre… !!!

Les deux amies tournèrent la tête vers cette chaise qui leur semblait avoir bougé.

— J’ai rêvé… ou bien… dit Florence.
— Euh… oui, ou bien… mais ce doit être le vent.
— Le vent ! Tu crois ?
— Bouh… C’est le fantôme de Viuz !

Les deux amies partirent à rire et continuèrent finalement leur conversation.

Ichuca était pétrifiée. Elle avait réussi à faire bouger la chaise.

Elle avait fait de gros progrès en constatant que c’était une farouche volonté qui était finalement la solution.

Elle passa la nuit à s’entraîner.

La réussite se profilait au fur et à mesure de ses efforts.

Il ne faut pas les affoler, je m’en voudrais de leur causer de la peur, surtout aux plus jeunes, pensa Ichuca.

Et qu’en est-il de l’invisibilité ?

Faut-il aussi un farouche désir d’être visible ?

Ichuca savait qu’il y avait un animal, qu’ils appelaient Toto, un chat, qui se promenait de temps à autre dans le jardin.

Elle l’aperçut qui se prélassait au soleil en se léchant les pattes.

Elle se positionna devant lui et fit un effort intense de vouloir que Toto la voie.

Le chat se leva d’un bond sur ses pattes tendues, les poils hérissés en miaulant et se sauva comme s’il avait vu… un… fantôme.

La donne était en train de changer.

L’interactivité qu’elle souhaitait était sur le point d’aboutir.

Elle passa les deux jours suivants à peaufiner sa technique, mais sans se révéler à la famille.

Elle se posait aussi des questions sur l’anatomie de ces êtres qui vivaient sur cette planète, loin de sa chère Oryx.

Étaient-ils vraiment faits pareil ? Si oui, comment cela pouvait-il être possible qu’à de telles distances de séparation, des humains soient aussi semblables ?

Une question qui restera probablement sans réponse.

Un soir, elle resta dans la chambre de Florence pour avoir une explication.

Elle constata que oui, effectivement, elles étaient faites pareil.

Elle alla ensuite dans la chambre de Pascal.

Il jouait encore à sa console.

Elle le regardait jouer et cela l’amusait beaucoup de le voir s’énerver et parler à son écran.

Il arrêta de jouer et mit en marche son ordinateur.

Il se mit à regarder des films, mais elle ne prêta pas attention sur leur contenu.

Jusqu’au moment où elle s’aperçut que Pascal, aussi, avait la même constitution que les garçons sur Oryx.

Elle aurait bien aimé connaître la relation qu’il y avait entre les deux planètes.

« Un jour, je le saurai ».

Il faut que je trouve une stratégie pour me faire accepter de la famille.

L’ange des ténèbres

Un dimanche, la famille était sortie. Florence avait parlé d’un repas de famille à Chambéry et elle avait compris qu’ils reviendraient tard le soir.

Elle allait s’ennuyer sans eux.

Au milieu de l’après-midi, une femme se trouvait là, au centre du jardin.

Elle se rapprocha d’elle et se demandait bien qui cela pouvait-il être.

La femme dit :

— Salut, comment tu t’appelles ?

Ichuca se retourna pour voir à qui elle s’adressait.

— Oui, c’est à toi que je parle.

Ichuca sentit toute son âme se décomposer.

— Co… comment, tu me vois ?
— Bien sûr que je te vois, je suis comme toi, un esprit !

Un peu déroutée, elle finit par répondre :

— Je m’appelle Ichuca !
— Moi, c’est Rikita !

Ça fait longtemps que tu es ici, Ichuca ? Tu viens d’où ?

— Cela fait vingt jours environ et je viens d’une planète appelée Oryx.
— Oryx… ?
— Oui, pourquoi ?
— Moi aussi. Tu n’es pas la première que je croise qui vient de là-bas.

Cela fait des années que je suis sur terre.

— Sur Terre ?
—