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Comme un tableau peint avec des mots, ce recueil de poèmes représente une compilation d’écrits créés sur une période de quarante années. Organisé selon des thèmes plutôt qu’en périodes spécifiques, il offre au lecteur une gamme d’émotions variées, allant de l’empathie à l’insurrection, du rire à la prière, de l’indignation à l’hommage.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Poussé par ses professeurs sur la voie de l’expression sensible écrite, dessinée et peinte,
Lionel Girard a sans cesse fait un va-et-vient entre peinture et écriture. Ses œuvres, picturales ou littéraires, ont été récompensées par des prix tels que le grand prix de la ville de Troyes, celui de la ville de Toucy en peinture, Festilivre de Bourgogne, Florilège, les Adex et la Maïf en nouvelles et poésies.
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Lionel Girard
J’irai mordre la lumière
© Lys Bleu Éditions – Lionel Girard
ISBN : 979-10-422-3168-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
J’irai mordre la lumière
Encre dripping de Lionel Girard
Ceci n’est pas un recueil de poèmes, non. Ceci est un tableau, peint avec des mots, oui.
Lionel Girard est peintre, ça se voit, Lionel Girard est poète, ça s’entend, un « peintroête » quoi ! rompu à la contrainte de l’espace réduit de la toile, de la métrique et qui impulse en concentré et en force ce qu’un roman mettrait 600 pages à expliquer.
Une poésie immersive qui déploie ses « arabesques », ses « sentes serpentines », ses « voussures », et autres « mandorles », et l’Afrique nous happe. Tout part de là et de ce poème qui pourrait faire l’ouverture du recueil « Afrique terre matrone », terre matrice, hypotexte, berceau d’où sourd l’Homme, la création au sens large. Le vocabulaire n’est pas en reste, il s’agit là « d’ocre », de « samaras », de « thalle », de « nimes »… Il y est question de lumière (« d’été incommensurable », de « galbe de fruit bien visible », de « cascades flamboyantes »), et d’ombre (« bois noir et profond », « de sieste destructrice »), de destruction (« Tandis que les canons grondaient, que les bombes tombaient »).
Un constat doux-amer : Poésie à la peau, charnelle, sensuelle, on respire Aïssa au marché jusqu’à la toucher, on goûte à cette « goyave succulente » qu’elle nous tend. Poésie à l’os, au plus près du drame, de la terreur, l’odeur de la mort qui remonte des corps de ces, presque, Dormeurs du val africains (Malinké) nous agresse presque les narines. Le cri retentissant des arbres qu’on assassine nous vrille les tympans (La plainte de l’aride) comme le cri de cet enfant qui voit rebondir la tête de son boy comme un vulgaire ballon (la cour écarlate).
Poésie-hommage à la création et sa muse la nature. Hommage à ses chantres qui se nomment Joan Mitchell, Fernand Rolland. Rimbaud, Char, Voltaire soufflent sur ces vers quand d’autres sont Saltimbanques, Poète en babouche, Clown miséreux ou Éléphant ongulé.
Poésie-prière à un Dieu sourd, absent ou oublieux de ses fidèles (aux jardins des délices, en de beaux lieux) ou qui leur laisse chance et libre arbitre pour créer, recréer un nouvel Eden.
Une poésie d’empathie qui n’oublie pas les errants, les nomades, les sans domicile, les exilés, les « escargots cargos », Boubacar qui nous offre quelques rayons de soleil à peine capable de faire « fondre la glace de nosdoigts », les chameliers, les caravaniers, les sages qui ont saisi les secrets du monde et qui, « homme de bien » restent « humble et silencieux » (Face au désert).
Poésie de l’insurrection, qui s’indigne, qui s’insurge, qui fustige les bégaiements de l’Histoire (Voies de fer, voies de guerre), les tyrans (cela fait poésie, Liberté, Bagdad).
Et surtout, Lionel Girard trouve encore à nous faire rire et sourire quand l’éléphantpoète multiplie ses pieds de nez au monde, les gazelles sont mères des girafes ! et enfin, le poème qui pourrait conclure le recueil, parce que peu importe d’où vient le vent.
Vive les gens divers.
Virginie Gade
Lune blanche
Huile de Katell Loubat-Girard
Il faudra un jardin aux buis en espaliers pour enclore les bulles
Que font les carpes Koï sous les nénuphars
Sinon elles monteront s’éclater
Vers les achélèmes du boulevard
Comme des baudruches de lavandes parfumées
Là-haut ça sent le raz el hanout jaune, parfois la choucroute
Un soir de lune montante
Il faudra un jardin clos de chèvrefeuille et d’épicéas rares pour garder les bouffées des zéphyrs tièdes et des moqueurs aquilons
Sinon ils vont décoiffer les fines filles fardées qui plaisent aux garçons.
Près des achélèmes boulevardiers.
Un soir de lune descendante
Il faudra des jardins beaux
Aux pieds des achélèmes
Pour emprisonner les secrets de la vie
Et tartiner de poésie en pot
L’herbe des pelouses, les murs, les grilles
La vigne qui vrille et le chien qui pleure sur le ciment des achélèmes sans bonheur
Un soir de lune blanche.
Un soir de lune, le mur s’étire et entoure un jardin pour clore le souffle des baisers
Afin qu’aucun ne s’en aille égayer les paliers en béton gris des achélèmes canailles.
Tout là-haut, il est parfois dur de s’embrasser.
Un soir de pleine lune, autour du jardin
Plantons des lauriers roses pour empourprer d’émoi
La joue lisse où glisse, douce, la larme d’adieu
Des filles pubères soumises à la loi du père
Bonnes à marier, dans les achélèmes des cités.
Un soir de lune rousse, les gouttelettes poudroient
La fontaine où se baigne l’albâtre des dieux
Éclabousse, bruissante, fraîche et chantante
Versifie et gargouille la grenouille gluante
Tintinnabule. Verte et luisante comme tes grands yeux.
Dans les jardins inventés des achélèmes de banlieues.
Un soir de lune blanche
Laissez choir les grêlons blancs,
C’est la gourmandise
Ronde du printemps ravissant
Printemps Pierrot gourmand
Au clair de la lune pâlissant
Poudroie ta garniture de sucre glace,
Confis l’herbe en bâtons de mélisse,
Au clair de la lune pâlissant
Printemps Pierrot gourmand,
Dégrafe ta blanche collerette
Pour déguster le frimas en sucettes.
Envoie-nous des cristaux de candi,
Printemps charmant,
Les champs sont friands de grésil blanc.
Laissons choir les grêlons,