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Depuis des générations, Chronos, le dieu du temps, veille sur les descendants d’Hercule, assisté par Hermès, le dieu du voyage et du transport. Aujourd’hui, l’héritage repose sur Horace, un jeune homme inconscient de sa destinée. Mais cette fois, Chronos ressent un frémissement différent, une tension palpable. Horace détient un artefact mystérieux, une relique qu’il ne peut manier qu’en remontant le temps. Cet artefact pourrait être la clé pour échapper à un avenir chaotique, mais seulement si Chronos découvre la vérité avant qu’il ne soit trop tard. L’ombre d’un destin tragique plane, et le temps, cette fois, pourrait bien ne pas être de leur côté.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Malgré sa dyslexie et sa dysorthographie,
J.M.R. Gustave, un accompagnant d’élèves en situation de handicap – AESH –, trouve dans l’écriture une passion et une échappatoire. Inspiré par un cours sur les douze travaux d’Hercule, il imagine L’épreuve du temps, le premier opus d’une saga sur la mythologie grecque, un sujet qui le fascine depuis toujours.
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Seitenzahl: 343
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J.M.R. Gustave
L’épreuve du temps
Les enfants de la Mythologie
Roman
© Lys Bleu Éditions – J.M.R. Gustave
ISBN : 979-10-422-4056-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Remerciements
Merci à Jessy Lulu et Virginie, mes deux bêta-lectrices pour leur lecture et leur intérêt pour cette histoire, ce sont leurs commentaires qui ont permis sa création et son enrichissement !
Je remercie également Roy Claw Reed pour son illustration qui donne une idée réelle et concrète de l’histoire.
Cette histoire comporte quelques scènes quelque peu violentes, ceci n’est donc pas adapté à un jeune public (enfant de moins de douze ans), les adolescents peuvent cependant s’y aventurer !
Prologue
L’Olympe ! L’endroit où tous les dieux peuvent vivre en paix. Ce monde aussi clair et lumineux peut apparaître aux yeux de tous comme un endroit où tous les mortels ont le droit de vivre heureux. Mais ce n’est pas ce même paysage qui se dessine sous mes yeux, du moins, les circonstances sont différentes.
D’ordinaire, je peux voir un paysage ensoleillé, des champs fleuris à perte de vue et une ambiance chaleureuse. Mais pas cette fois. Ce que je vois n’est rien de plus qu’un massacre en train de se produire, et son responsable, un homme vêtu d’une armure noire, tranche la tête de celui qu’on appelle le Dieu Suprême. Son méfait accompli, il se tourne ensuite vers moi.
— Tu es le prochain ! affirme-t-il. As-tu quelque chose à dire avant que je ne t’exécute ?
— Oui ! répondis-je. Pourquoi, Arès ? Maintenant que le trône t’appartient, t’est-il nécessaire de te lancer dans un projet aussi sanguinaire ?
— Je ne fais qu’accomplir ce que ma mère a toujours voulu ! Détruire l’expansion et les effets néfastes des mortels et donner ce qui appartient aux dieux, à savoir un monde exclusivement composé de mes semblables, les dieux que je jugerais dignes de vivre pour marcher sur les différents royaumes !
— Même si tu as dû tuer ton propre père pour ça ?
— La faim justifie les moyens, comme on dit ! Et moi, j’ai faim de massacre !
À l’aide de son pied, Arès fait rouler la tête de son défunt père qui finit par disparaître dans un massif de fleurs. Le Dieu de la guerre, confiant, ôte son casque et laisse apparaître ses longs cheveux noirs plaqués vers l’arrière. Il laisse tomber l’objet lourd au sol, puis me fixe d’un regard des plus terrifiants, similaire à celui d’une bête assoiffée de sang.
— Chronos ! dit-il en pointant l’extrémité de son glaive droit sur moi. Je suis d’humeur généreuse après un tel massacre, je t’offre le choix : si tu t’inclines devant moi et que tu reconnais ma supériorité, je te laisserai vivre. Mais, si l’idée de m’avoir pour souverain te répugne, je peux t’achever ici et maintenant !
Je fais mine de m’agenouiller face à lui, mais je ne m’incline pas. Non, car je possède actuellement un médaillon dans chaque main. Je regarde discrètement les deux objets et je ne peux le nier, c’est ma seule chance de changer les choses. Arès, qui pense avoir remporté la victoire, s’approche lentement de moi. Je profite de ce bref instant de répit pour lancer un dernier regard sur les événements qui viennent de se produire sous mes yeux : un affrontement, une faute commise, puis mes pensées me ramènent à ce que j’ai dû faire pour obtenir le médaillon présent dans ma main droite qui porte le symbole de l’infini et appartenait à mon ami Hermès. C’est lui qui a été le premier à périr dans cette folie sanguinaire, mais aussi à m’avoir demandé juste avant de mourir : « Tu dois le faire, il faut changer le passé ! ». Dans ma main gauche, le médaillon orné du symbole du temps est celui qui m’appartient depuis le début de mon existence.
J’imbrique les deux médaillons et ils se complètent parfaitement. Puis, tout doucement, sans être entendu par le dieu de la guerre qui n’est qu’à quelques pas de moi, je commence à réciter une formule en grec ancien.
— Attends ! reprend-il lorsqu’il arrive à ma hauteur. Que fais-tu ?
En guise de réponse, je ne fais que poursuivre la récitation de ma formule, et ce, de plus en plus vite et de plus en plus fort. J’ai la sensation que le temps défile au ralenti ! Arès comprend presque aussitôt ce que je suis en train de faire. Une fois la formule et le sort achevés, ces événements ne se seront jamais produits, ou du moins pas encore. Mais avant que cela n’arrive, il me faut choisir et dire une phrase, une seule. Il me faut faire vite, car je sens d’ores et déjà la lame du glaive s’approcher de ma nuque. Je dois donc la choisir intelligemment, et voici les seuls mots qui me viennent à l’esprit :
— Il doit être épargné ! criai-je.
Aussitôt la phrase prononcée, un éclair divin s’abat sur moi et mon agresseur. Je ne sais pas si mes actes vont réellement changer les choses, mais une chose est sûre, je dois faire en sorte que ce futur n’arrive jamais. Il en va de la sécurité de l’Olympe, des dieux, et surtout, de la vie et du destin d’un homme.
Ai-je rêvé ? Alors que je réajuste mes cheveux longs et argentés, je me sens secoué sans savoir pourquoi ; la sensation d’avoir perdu quelque chose est présente. Pourtant, je palpe chacune de mes poches, et il ne me manque rien. Je suis aussitôt sorti de mes pensées par un être dont, pendant un instant, j’ai cru ne jamais le revoir.
— Chronos ? dit-il. Est-ce que tout va bien ?
— Oui ! répondis-je. Je vais bien ! Merci, Hermès !
Je ne peux me l’expliquer, mais j’ai pensé que plus jamais je ne reverrais ces cheveux roux frisés et ce sourire qui le symbolise. Sans comprendre comment ni pourquoi, je suis aussitôt pris d’une forte migraine, identique au piétinement d’un éléphant dont ma tête est la victime. C’est assez douloureux, et les mortels peuvent y croire, les dieux ressentent la douleur. Aurais-je bu hier soir ? J’essaye de me remémorer les événements vécus hier, espérant me souvenir d’une ivresse prise la veille, ce qui expliquerait mon état d’aujourd’hui ! Mais c’est impossible, le trou noir complet, je n’en garde aucun souvenir ! Heureusement, ces maux de tête ne durent que peu de temps, et je retrouve autour de moi l’ambiance chaleureuse et luminescente que m’offre la vie dans les nuages, comme vivre en permanence sur un sol doux et délicat.
Certes, ce lieu n’est pas l’Olympe, mais mon poste d’affectation ! Dans ce royaume que l’on appelle le Sanctuaire Céleste, un endroit calme et apaisant. Certains dieux nomment aussi cet endroit : l’Observatoire ! J’admets qu’ils n’ont pas tort, car à part veiller sur le Monde des Mortels, il n’y a rien d’autre à faire ici ! Et c’est pour ça que j’ai été affecté ici : je les observe, notamment l’un d’entre eux, c’est la raison de ma présence ici, la mission qui m’a été confiée par Zeus lui-même depuis plusieurs siècles maintenant !
Je suis soulagé que les maux de tête finissent par passer, mais je suis pris de panique lorsque je pose ma main sur le médaillon que je porte autour du cou. Je ne suis pas surpris de l’avoir, non, mais d’ordinaire je n’en possède qu’une moitié. Là, les symboles de l’infini et du temps, parfaitement emboîtés l’un dans l’autre, forment le médaillon sous sa forme parfaite. Et si je l’ai en ma possession, cela ne présage rien de bon.
— Ce n’est pas possible ! dis-je. Pourquoi est-il sous sa forme parfaite ?
— De quoi parles-tu ? reprend Hermès.
Ce dernier remarque mon inquiétude et pose ses yeux sur l’objet en question. Il est lui-même surpris de ne plus posséder sa moitié du médaillon, comme par magie. Hermès me regarde d’un air inquiet.
— Tu te souviens de quelque chose ? demande Hermès.
— Non ! réponds-je. Mais j’en déduis que si je l’ai là, autour du cou, sous sa forme parfaite, c’est que j’ai dû remonter le temps ! Mais pourquoi ?
— Réfléchis ! Il doit bien y avoir quelque chose dont tu te souviens !
C’est malheureusement l’inconvénient avec cet objet. Certes, il me permet de remonter le temps si je le souhaite, enfin, d’ordinaire, je peux le faire avec ma moitié, mais cela m’est limité à quelques secondes, au mieux deux ou trois heures maximum. Sous sa forme parfaite, c’est beaucoup plus puissant : un bond de plusieurs jours, voire des semaines, que je peux accomplir. La seule chose dont je n’ai aucun contrôle, c’est que cet artéfact me ramène à l’instant même où les événements ont commencé et ont mal tourné !
Ce n’est donc pas un hasard si je suis revenu à cet instant présent. Cependant, en raison de sa puissance, il a aussi l’effet indésirable de supprimer une grande partie de ma mémoire si j’ose l’utiliser. Je n’ai donc aucun souvenir des événements futurs, sauf une voix, la mienne, qui ne cesse de résonner dans mon esprit ! C’est aussi cela qui est responsable des migraines qui reviendront si je ne trouve pas un moyen d’y mettre un terme.
— Et qu’est-ce que ça veut dire ? ajoute Hermès.
— Je n’en sais rien ! La seule chose que je peux affirmer, c’est que je connais cette voix !
— Ah oui ? Qui est-ce ?
— Moi !
Cela ne nous rassure pas plus. Hermès, tout comme moi, reste calme et commence à envisager les raisons pour lesquelles ce bond dans le temps s’est produit.
— Est-ce que tu penses, demande-t-il, que cela a un lien avec lui ?
Il finit par pointer du doigt le Monde des Mortels sur lequel nous avons une belle vue. Si nous sommes là, lui et moi, c’est parce que Zeus, le Dieu Suprême, notre maître, nous a confié la plus importante des tâches : surveiller un jeune homme ! Pourquoi ? Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est qu’il s’agit là de bien plus que d’une simple mission de surveillance ! Zeus lui-même est directement lié à ce jeune homme ! Tout le monde est au courant, même les mortels, que le Dieu Suprême a eu un enfant avec une mortelle et c’est ainsi que naquit le grand Hercule, le demi-dieu. Mais ce dernier n’en est pas moins mortel et il est mort de la manière la plus abjecte. Toutefois, Hercule a enfanté à son tour et depuis Zeus nous charge, Hermès et moi, de surveiller chacun de ses descendants. Mais dans quel but ? Celui d’accomplir la plus importante des missions !
— Tu ne crois pas qu’il faille nous approcher de lui ? me fait remarquer Hermès. Le préparer pour l’affrontement !
— Comme nous le faisons à chaque génération ! ajoutais-je. Mais tu as raison, il est temps ! D’ailleurs, comment s’appelle-t-il cette fois ?
— Horace !
Avant de descendre sur terre, il est préférable pour nous de troquer la toge des dieux, l’habit traditionnel, pour des vêtements similaires à ceux des mortels. Certes, cela ne me fait que moyennement plaisir, mais bon, pour le bien-être et la réussite de cette mission, il nous faut rester discrets !
Nous nous rendons tous les deux dans le Monde des Mortels. Nous arrivons dans une ville qui semble ne jamais s’arrêter de vivre1, de jour comme de nuit. Notre chemin nous mène à ce qui ressemble à un gymnase ou plutôt à un complexe sportif ! Un combat de boxe est en train de se produire et l’homme que nous cherchons est l’un des combattants ! Nous nous installons à des places suffisamment proches du ring, nous pouvons voir le boxeur en question donner une multitude de coups à son adversaire qui peine à se défendre et finit par s’écrouler face contre terre. Apparemment, les coups de poing donnés par notre protégé sont si puissants qu’ils ont brisé son adversaire qui ne se relève pas après le décompte de dix. Fort heureusement, il est toujours en vie.
Le nom de ce boxeur sur lequel nous veillons est Horace, et les journaux l’ont surnommé « Le Briseur » à cause de son style de combat et des nombreuses hospitalisations de ses adversaires. Pour Hermès et moi, le fait qu’il soit capable de briser aussi facilement ses adversaires n’est pas une surprise, car comme Hercule, sa force lui donne un net avantage.
— Penses-tu qu’il est prêt ? demande Hermès.
— Je pense que oui ! répondis-je.
Nous attendons que le public quitte les lieux, notamment dans les vestiaires, pour entrer. Horace est là, installé à cheval sur un banc, en train d’enlever ce qui lui sert de bandage sur les mains et attache sa longue chevelure frisée de couleur cuivre à l’aide d’un élastique. Son nez long et fin, qui semble facilement cassable, a été brisé plusieurs fois, mais il ne semble en avoir gardé aucune séquelle.
— Oui ? dit-il en tournant la tête vers nous. Puis-je vous être utile ? Si c’est pour un autographe, voyez ça avec mon agent !
— Tu te nommes bien Horace ? demandais-je. Fils d’Hector et petit-fils d’Henry ?
— Oui ! Mais comment connaissez-vous les prénoms de mon père et de mon grand-père ? Et surtout, qui êtes-vous ?
— Pardonne notre intrusion ! répond Hermès. Mais sache qu’il est temps pour toi !
— Temps pour moi ? Mais pourquoi ?
— Tu dois accomplir ta destinée ! disais-je. Tu es le descendant d’Hercule, le demi-dieu !
Je lui ai avoué ça sans ménagement et sa réaction ne se fait pas attendre ! Je ne suis même pas surpris, son père, son grand-père et bon nombre de ses aïeux ont eu la même, à savoir éclater de rire ! Il met aussitôt sa veste de survêtement, ramasse ses affaires, puis nous fait face en gardant son large sourire !
— Franchement, dit-il, je ne sais pas ce que vous avez bu, messieurs, pendant le combat ! Mais vous devriez arrêter !
— Nous sommes très sérieux ! ajoute Hermès. Sache que ce sont les dieux de rang divin qui nous envoient te chercher, principalement le Triumvirat !
Apparemment, il en a suffisamment entendu ! À peine avait-il fermé son sac de sport, il se lève et quitte le vestiaire sans même nous adresser un seul regard, riant aux éclats. Mais cela n’inquiète ni Hermès ni moi, comme je l’ai dit, c’est une situation à laquelle nous sommes habitués depuis le temps. Cependant, il y a une chose qui m’agace : avant de passer la porte de sortie, il se permet de nous lancer un dernier sourire pour le moins irrespectueux, puis il sort enfin. Nous restons plantés là, comme deux parfaits idiots.
Après un moment de gêne et de calme régnant en maître dans ce vestiaire, nous regagnons notre poste d’observation, sûrs de ne pas être vus par le moindre mortel, dans l’unique but de voir Horace rentrer chez lui ! Apparemment, ce jeune garçon qui est pourtant majeur, enfin presque2, vit toujours chez sa mère, dans un appartement suffisamment grand pour avoir son indépendance tout en restant proche de celle qui l’a mis au monde. Il dépose sur la table de la salle à manger une liasse de billets, qui n’est autre que son gain pour avoir vaincu son adversaire, et finit par saluer sa mère qui dort sur son canapé. Il lui dépose une petite bise sur le front ; cette dernière est profondément endormie en attendant le retour de son fils, mais Horace a tellement tardé sur le chemin qu’elle n’a pas pu garder les yeux ouverts pour l’accueillir, ce qui est triste pour elle. Après avoir pris une bonne douche, Horace juge qu’il est temps pour lui d’aller dormir, sans même prendre le temps d’avaler un morceau.
— Franchement, dit Hermès, je ne sais pas comment on va le convaincre !
— Laissons passer la nuit ! reprenais-je. On y verra plus clair demain !
Certes, les nuits sont longues et nous n’avons nullement envie d’attendre Hermès et moi, c’est pour cela que moi, Chronos, Dieu du Temps, je me sers de mes pouvoirs afin d’accélérer le temps et ça, jusqu’à l’apparition des premiers rayons du soleil. Horace sort de chez lui pour probablement faire son jogging du matin avant de prendre un bus qui doit l’emmener à son travail.
Bien qu’il ait les compétences et la prétention de pouvoir vivre de ces combats de boxe, Horace souhaite conserver un travail dans une usine de transport dans laquelle sa force physique lui permet de porter pas mal de caisses en bois que la plupart de ses collègues utilisent un chariot élévateur pour les déplacer, mais pas lui, c’est à main nue qu’il les porte et ça sans aucun souci. La plupart de ses collègues de travail en profitent pour le féliciter de son combat rudement mené la veille, mais il insiste sur le fait qu’il n’y a pas matière à cela, ce qu’il a accompli hier soir n’est pas un exploit pour lui. Il avoue n’avoir fourni aucun effort, même, il n’a pas versé la moindre goutte de sueur. Mais ce qui captive encore plus ses auditeurs, c’est que le jeune homme affirme : aucun des coups qu’il a reçus durant l’affrontement, qui a quand même duré deux rounds, ne lui a fait le moindre mal ! Cependant, chaque coup qu’il a lui-même donné durant l’affrontement n’était pas à leur maximum et ça, Hermès et moi sommes en mesure de le confirmer !
Depuis qu’il est boxeur, nous l’avons sans cesse observé ; à chaque combat, Horace a su mesurer chacun de ses coups pour ne pas mortellement blesser ses opposants, surtout certains d’entre eux étaient nettement plus grands et bien plus imposants que lui ! Beaucoup d’entre eux, de mauvais perdants pour la plupart, l’ont même soupçonné de trafiquer ses performances, mais Horace s’est soumis à de nombreux tests qui confirment qu’il ne prend ni drogues ni produits qui peuvent améliorer sa force physique !
Horace est à l’image d’Hercule : un homme suffisamment fort, que rien ni personne ne parvient à arrêter !
La journée passe, et son patron lui permet de quitter le travail avant l’heure, ce dont il ne se fait pas prier pour sortir aussitôt l’autorisation donnée. Mais au lieu de rentrer chez lui, Horace a pris l’habitude de se rendre dans ce qui semble être une salle d’entraînement ! Hermès le regarde frapper frénétiquement sur un sac de sable ; ce dernier se balance nettement plus que sous les coups d’un boxeur quelconque. Mais en ce qui me concerne, je me contente de l’observer afin de m’assurer qu’il n’y a pas d’erreur sur la personne, même si je sais qu’il n’y a aucun doute possible, car nous veillons sur lui depuis sa naissance ! Il est bel et bien le descendant d’Hercule !
— Je vais y aller ! disais-je. Mais cette fois-ci, j’y vais seul !
Hermès me regarde avec un air des plus surpris !
— Quoi ? m’interroge-t-il. Pourquoi ?
— Hier soir, répondais-je, le fait que nous sommes venus à lui à deux a dû probablement le déstabiliser ! Je pense que si je viens seul cela devrait plus facilement le convaincre !
— C’est vrai ! Penses-tu, franchement, que tu vas y parvenir ?
— Je n’ai réellement pas le choix ! Il faut à tout prix le convaincre, l’enjeu est de taille !
À peine redescendu dans le Monde des Mortels, je juge préférable d’attendre que les autres membres de la salle d’entraînement quittent les lieux. Si jamais Horace cède à la colère, il vaut mieux que nous soyons seul à seul, plutôt qu’avec d’autres boxeurs qui pourraient se joindre à la bagarre et me tomber dessus ! Après, je n’ai pas peur, car je suis en mesure de les vaincre à moi seul, à un contre vingt.
Il me faut attendre un bon moment à l’extérieur. Le dernier membre du club se décide enfin à partir, et je me permets d’entrer ! C’est une occasion pour moi de parler avec lui, car il a toujours l’habitude de quitter la salle en dernier ; il n’a pas bougé du sac de sable ! Ce qui me surprend, bien que depuis presque vingt et un ans d’observation et je ne devrais pas l’être, c’est que même après plusieurs heures à frapper dans le sac, Horace n’est même pas essoufflé !
J’arrive à sa hauteur et il me remarque aussitôt, s’arrêtant de frapper le sac pour me dévisager. Je peux voir à son regard qu’il m’a reconnu !
— Encore vous ! dit-il. Qu’est-ce que vous me voulez encore ?
— Simplement te dire que le temps est venu ! répétais-je. Il faut que tu accomplisses ta destinée !
— Franchement, arrêtez ! Vous n’avez personne d’autre à ennuyer ! Et puis d’ailleurs, qui êtes-vous ?
— Dans ce cas, permets-moi de me présenter, je suis Chronos, Dieu du temps !
— Un dieu ? Rien que ça ?
Même s’il y a une pointe de surprise dans le ton qu’il emploie, je peux très nettement voir qu’il est sarcastique.
— Et crois-moi, ajoutais-je, c’est la vérité !
— Écoutez ! dit Horace. Je ne sais pas à quoi vous jouez…
Il s’approche de moi, et même si je n’ai aucune raison de me sentir menacé, cela m’incite à reculer jusqu’au mur le plus proche. Il se montre des plus imposants en contractant chacun de ses muscles. Cela aurait pu me faire peur si je n’avais pas une certaine confiance en moi.
— … mais si vous ne me lâchez pas maintenant, poursuit Horace, je serai obligé de faire quelque chose que je pourrais regretter ! Alors, vous me dites qui vous êtes et ce que vous me voulez ! Faute de quoi, je vous en allonge une ici et maintenant !
Aussitôt fini, il me saisit par la gorge et commence à armer son poing.
— Vous avez dix secondes ! reprend Horace. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf…
— … dix ! terminais-je avec un léger sourire.
Je claque des doigts, et c’est comme si le temps défilait au ralenti. Je me libère de la prise d’Horace pour filer derrière lui, alors qu’il n’est même pas à la moitié du trajet pour me donner un coup de poing en plein visage ! Je claque à nouveau des doigts, le temps revient à la normale, et le poing d’Horace finit par frapper le mur.
Par chance, ce geste ne lui brise pas la main, mais le mur n’a pas eu cette chance : un important trou s’y dessine. Son diamètre fait le double de la taille du poing d’Horace ! Surpris, ce dernier se retourne vers moi, je le vois hésiter et essayer de comprendre comment j’ai pu réussir un tel exploit ! Cela est peut-être plaisant pour moi, de le voir à la fois fâché, mais aussi curieux de voir que j’ai accompli selon lui un vrai miracle. En ce qui me concerne, je suis particulièrement amusé d’avoir esquivé le coup !
Je l’avoue, je me suis servi de mes pouvoirs, mais étant donné que je suis en présence d’un demi-dieu, information qu’Horace ignore, je ne risque aucune sanction pour ce geste ; alors cela vaut bien un mur !
— Comment ? commence Horace en montrant le mur.
— … ai-je fait ? terminais-je. Rien de plus simple, je suis le Dieu du temps, je peux le manipuler à ma convenance, le ralentir, voire l’arrêter comme bon me semble et continuer d’agir ! Mais toi, à ce que je vois, tu disposes de la même force physique que ton père, comme tous tes ancêtres avant lui !
Je lui montre le trou dans le mur, et Horace semble gêné de cette marque.
— Je vais me faire encore réprimander pour ça, dit-il avec une pointe de tristesse. Ce n’est pas la première fois que j’abîme les locaux ! Là, je risque l’expulsion !
— Oh, si cela te gêne, continuais-je. Je peux régler ça !
— Comment ? Même le plus efficace des maçons n’arrivera pas à camoufler ça !
— Si je te le dis et te le montre, est-ce que tu acceptes de m’écouter ?
Horace hésite un instant, puis finit par hocher la tête en signe d’acceptation, mais je peux voir qu’il le fait à contrecœur.
— Regarde bien ! disais-je.
Je me rapproche du mur à l’endroit même où il est marqué, puis, passant ma main dessus sans le toucher, d’un geste de la droite vers la gauche, celui-ci semble se reconstituer de lui-même, tel un puzzle, jusqu’à ce que plus aucune marque ne soit visible. Aussitôt le miracle accompli, Horace passe sa main dessus afin de s’assurer qu’il n’est pas en train de rêver ou d’halluciner !
Le jeune homme se rend à l’évidence, le mur s’est bel et bien réparé de lui-même ; techniquement, grâce à mes pouvoirs, celui-ci n’a jamais été abîmé.
— Admettons que je vous crois ! reprend Horace. Puis-je vous redemander ce que vous me voulez ?
— Je te l’ai déjà dit ! répondais-je. Tu dois accomplir ta destinée, réussir le treizième travail d’Hercule !
— Attendez ! Si l’on parle bien d’Hercule, vous êtes au courant qu’il n’a eu que douze travaux à faire !
— C’est ce qui a été raconté dans les livres ! C’est ainsi que tu as appris tout ce que tu devais savoir sur lui ! Effectivement, il est rapporté qu’il a accompli douze travaux, mais peu de temps après la fin de ceux-ci, un treizième s’est ajouté ! Celui qui lui aurait permis d’obtenir le rang de dieu et de vivre auprès de son père sur l’Olympe !
— Et quel est-il ce treizième travail ?
C’est parfait ! J’ai réussi à éveiller sa curiosité, il est donc disposé à m’écouter. Mais, c’est aussi un schéma que j’ai déjà vécu et qui est en train de se répéter ! Son père lui-même a été convaincu de la même manière, sauf qu’il n’a pas brisé un mur et qu’il a toujours émis quelques réserves sur mes propos.
Alors, comment ai-je réussi à le convaincre ? Simplement, j’ai dû l’empêcher de se briser le cou à l’occasion d’une chute qu’il a subie en tombant d’une petite falaise lors d’un de ses joggings matinaux !
— Pour commencer, reprenais-je, que sais-tu d’Hercule, enfin, qu’as-tu appris sur lui ?
— Simplement, répond Horace, les mêmes choses que tout le monde apprend au collège, à savoir qu’il a dû accomplir douze travaux pour son cousin Eurysthée, dans le but de se repentir du meurtre de sa femme et de ses enfants !
— Bien ! Tu as donc les bases, mais sache qu’une partie de l’histoire fut cachée aux mortels. Ce que tu ignores, c’est que Zeus, Dieu Suprême de l’Olympe, fut impressionné par les actes accomplis par son fils et émit le souhait de se rapprocher de lui. Pour cela, il a voulu lui accorder le statut de dieu et lui ouvrir les portes de l’Olympe. Cependant, même s’il est l’autorité du Royaume, il ne peut le faire sans l’accord du Triumvirat, donc pas sans l’accord de ses frères : Hadès, Dieu des Enfers, et Poséidon, Dieu des Mers et Océans !
— Et ils ont refusé !
— Non ! Au contraire, ils étaient pour ! Mais certains dieux n’étaient pas spécialement pour qu’un demi-dieu, donc à moitié mortel, gagne son droit à l’immortalité comme ça, même si effectivement, les douze travaux qu’il a accomplis sont une preuve suffisante pour qu’il soit reconnu comme étant l’un des leurs.
— Certains étaient réfractaires ! Mais si Zeus est tout puissant, il n’a que faire de ce que les autres pensent !
— Effectivement ! Il est tout puissant ! Mais ce n’est pas ainsi que cela se passe sous son règne ! Sache qu’il s’est toujours débrouillé et, malgré son statut de Dieu Suprême, il a instauré une certaine forme de démocratie au sein de l’Olympe ! Il écoute chacune des revendications qui lui sont faites. Mais pour en revenir à Hercule et lui accorder l’immortalité ainsi que le rang de dieu, Zeus décide de créer ce qu’il appellera la treizième épreuve, ou comme certains l’appellent : l’épreuve divine !
— Et en quoi consiste-t-elle, cette treizième épreuve ?
— Simplement, même si Hercule a déjà vaincu un Dieu par le passé3, Zeus veut que deux de ses fils s’affrontent en duel ! Hercule est le premier, car c’était lui qui passait l’épreuve, Arès était l’opposant !
— Arès ? Le Dieu de la Guerre ?
— Lui-même !
Je suis assez impressionné de voir à quel point Horace connaît la mythologie grecque par cœur ! Je suis prêt à croire qu’il en sait autant sur l’Olympe que moi-même, mais ça, c’est impossible !
— Et du coup, qu’est-ce qui s’est passé ? demande Horace.
— Malheureusement, cette épreuve n’a pas eu lieu ! Souviens-toi de ce que j’ai dit tout à l’heure : un demi-dieu n’en reste pas moins mortel. La veille de l’affrontement, il fut assassiné par un détrousseur et même si Zeus eut du mal à y croire, le voleur n’a agi que parce qu’il voulait subtiliser les quelques richesses qu’Hercule avait sur lui !
Horace boit chacune de mes paroles. Il finit par s’asseoir sur un banc et semble aussi ouvert d’esprit que chacun de ses prédécesseurs que j’ai rencontrés.
— Cependant, dit-il, il y a une chose qui ne colle pas ! Il a tué Mégara, sa femme, et ses enfants, alors il n’avait plus aucune descendance !
En plus d’avoir de la force dans les bras, Horace en a aussi dans la tête. Depuis que je l’observe, ce dernier a toujours su être un élève sérieux et studieux durant toute sa scolarité !
— Là encore, tout n’a pas été relevé dans les livres que tu as lus ! Cela s’est produit peu de temps après l’annonce du treizième travail. Zeus, dans son infinie bonté, pour le récompenser d’avoir déjà accompli douze travaux, a ressuscité l’un des fils d’Hercule avec l’appui d’Hadès, car lui seul en avait le pouvoir ! Seuls quelques dieux étaient au courant de cette résurrection, et l’enfant fut élevé par des parents adoptifs afin que personne ne s’en prenne à lui, notamment Héra !
— Héra, reprend Horace, est la femme de Zeus, donc la Déesse Suprême !
— Tout à fait !
Je suis surpris, mais aussi fier de voir qu’Horace en sache autant sur la généalogie de l’Olympe !
— Alors, continua-t-il, Hercule avait encore un fils en vie, mais il n’en savait rien !
— Si, il le savait ! disais-je. Mais pour des raisons de sécurité, il a souhaité le tenir à l’écart de tout cela !
— Je vois, donc c’est son fils qui fut le premier à tenter le treizième travail !
— Non, il a refusé d’accomplir l’épreuve ! Il en fut donc dispensé et autorisé à continuer de vivre une vie paisible. Depuis, c’est un cycle qui ne cesse de se répéter : le fils prend la place du père !
— Et parmi tous ceux qui m’ont précédé, même mon père, personne n’a réussi !
— Je n’ai jamais dit ça ! Bien au contraire, beaucoup d’entre eux ont passé l’épreuve, certains ont même réussi ; ton père en fait partie. Il a juste souhaité garder son statut de mortel et rester auprès des siens. Les autres ont tout simplement préféré ne pas passer l’épreuve. Mais sache qu’aucun de tes ancêtres n’a perdu !
— Cela ne s’arrête jamais alors !
— Il est possible que cette épreuve s’arrête si un des descendants accepte le rang de Dieu, mais cela n’a jamais été le cas. Après, garde à l’esprit que si cela s’était éventuellement produit, tu ne serais sans doute jamais venu au monde !
Franchement, à le regarder, j’ai la sensation d’être un professeur d’histoire qui donne un cours à son élève, mais très vite, son visage sérieux et fermé laisse place à un nouveau sourire quelque peu dérangeant.
— Merci de m’avoir raconté cette légende ! dit-il en se relevant. Mais je crois qu’il est temps pour moi de partir !
— Attends ! continuais-je. Tu ne me crois toujours pas !
— Admettez quand même que c’est difficile d’y croire ! Jusqu’à maintenant, j’ai vécu avec une mère qui a tout fait pour s’occuper de moi, et je n’ai que très peu connu mon père ; il est mort quand j’avais quatre ans.
— C’est parce que tu es né avant que ton père n’accomplisse l’épreuve que tu as eu la chance de le connaître ! Tu as pu profiter de quatre merveilleuses années avec lui. D’ordinaire, le plan voudrait qu’il meure après ta naissance, et ce, seulement s’il avait déjà passé l’épreuve ou s’il avait refusé de le faire !
— Arrêtez, ce que vous me dites n’a aucun sens et d’ailleurs, j’en ai assez entendu !
Il préfère ne plus rien ajouter et quitte la salle d’entraînement. Ai-je au moins réussi à le convaincre dans mes dernières paroles ? J’ai la sensation que oui, enfin, une partie de moi a envie d’y croire, mais le doute subsiste encore !
Mon regard se porte ensuite sur le médaillon, ce dernier toujours sous sa forme parfaite, malheureusement, laisse paraître certaines fissures que je n’ai encore jamais remarquées ; cela signifie donc que le futur dont je me suis échappé va bel et bien se produire !
Je retourne à nouveau dans le Sanctuaire Céleste, Hermès qui attend mon retour m’accueille avec des applaudissements pour ainsi dire de manière totalement sarcastique.
— Franchement, dit-il, on ne peut pas dire que cela aura été efficace !
— Attends ! disais-je. On n’a pas encore totalement échoué ! Le doute commence à germer en lui ; un détail supplémentaire, nous pourrons le convaincre !
— Et qu’est-ce que tu proposes ? Dis-toi qu’il faut aussi l’amener sur le lieu de l’épreuve et ce, qu’il soit convaincu ou pas ! Et malheureusement, même si nous devons faire au mieux, le temps presse !
— Le temps, ne t’en fais pas, j’en fais mon affaire !
— Alors ? Que proposes-tu ?
— Je crains que nous n’ayons pas d’autres choix, il faut demander conseil à Zeus ! Lui seul peut nous aider !
— Es-tu certain ?
Hermès sait que je préfère éviter de déranger le Dieu Suprême. Mais il me faut faire preuve de sagesse et me montrer raisonnable, car sans aucun appui ou conseil de sa part, nous sommes destinés à échouer. Peu à peu, j’en viens même à penser que c’est l’échec qui m’a fait remonter le temps !
Mais avant même d’y songer ou plutôt de l’affirmer, je dois en obtenir la réponse et seul Zeus peut m’aiguiller.
Certains dieux n’ont pas le droit de quitter l’Olympe et ça, quel que soit leur rang, ce qui est surprenant c’est que Zeus lui-même n’a pas le droit, sauf dans un cas d’extrême urgence ! Mais d’autres ont la possibilité de le faire, ce qui heureusement est le cas pour Hermès et moi ! Cependant, il y a un bémol : je peux partir comme je le souhaite du royaume, mais pour y entrer à nouveau cela m’est impossible, sauf sous une certaine condition et pour ça, Hermès m’est d’une aide précieuse ! Après tout, c’est l’une des raisons pour lesquelles Zeus nous a mis en équipe Hermès et moi, car en plus d’être un ami fidèle, il est aussi mon sésame pour pouvoir rentrer.
Ce monde tel qu’on le connaît, est séparé en plusieurs parties, mais là où je suis réellement amené à agir sont ces trois principaux royaumes : le premier est le Monde des Mortels que je surveille, le second est le Sanctuaire Céleste dans les nuages l’endroit même où je suis affecté et juste au-dessus de nous il y a le Royaume des Dieux, donc l’Olympe.
Pour y accéder, Hermès doit user du pouvoir qui est le seul qui peut me permettre d’entrer, mais pour lui, c’est un calvaire : prendre la forme d’un pégase, qu’il me faut chevaucher pour traverser une barrière invisible à l’œil nu pour les humains. Hermès n’apprécie guère cette métamorphose et je le comprends, car contrairement à ce que certains pensent, là encore je fais allusion aux mortels, les dieux peuvent ressentir la douleur et c’est ce qui se passe, surtout lorsque Hermès change de forme. Après pour le rassurer, cela ne dure qu’un court instant, aussi une fois le voyage accompli, il s’empresse de reprendre sa forme humaine et nous voilà dans le plus beau des royaumes.
Des champs fleuris à perte de vue, de multiples temples dressés à la gloire des dieux les plus importants, mais surtout, la plus belle des visions que j’ai plaisir à contempler à chacun de mes retours ici, une magnifique fontaine, dont les statues qui la représentent, sont à l’image du Triumvirat, chacun tenant leur arme de prédilection4, des jets d’eau qui en sortent !
Nous marchons sur le domaine et notre parcours nous mène jusqu’au temple le plus grand, mais aussi le plus beau de tout l’Olympe, celui de Zeus. Une fois entrée, il n’y a rien d’autre, à part un trône géant, dans lequel le Dieu Suprême est confortablement installé. À peine sommes-nous proches de lui que ce dernier est à la fois surpris, mais aussi content de nous voir.
Zeus réajuste sa toge tout en remettant sur l’arrière ses longs cheveux d’or et bouclés, puis il avance droit sur nous et finit par prendre Hermès dans ses bras.
Puis le Dieu Suprême se tourne vers moi. Bien que je ne sois pas son fils, il me prend aussi dans ses bras et ce n’est qu’une fois l’étreinte terminée, qu’il remarque le médaillon. La surprise est nettement plus grande sur son visage, n’importe quel autre dieu aurait été surpris lui aussi, mais c’est aussi de l’inquiétude que je remarque sur le visage de Zeus, cela ne me rassure pas pour autant !
Mais je ne me fais aucune fausse joie, car malgré sa toute-puissance, Zeus lui-même n’en sait rien non plus. S’il y a bien un pouvoir sur lequel il n’a aucune maîtrise, c’est sur l’utilisation du temps, notamment en ce qui concerne les retours vers le passé que je suis capable de faire, donc il lui est impossible de me dire quel futur j’ai fui. Puis il prend le médaillon dans ses mains et le caresse du bout de ses doigts.