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Après son mariage, Antonia croyait avoir franchi le seuil du bonheur, mais une réalité implacable l’attendait. Claudio, son époux, n’allait lui épargner aucune forme de cruauté. Les sévices, l’humiliation, allaient se fondre dans son quotidien, transformant chaque jour en une épreuve silencieuse. Jusqu’où l’âme peut-elle endurer lorsque la brutalité devient la norme ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Auteur de Le passage,
Alain Frattini revient avec "L'ombre d’une cicatrice", une œuvre inspirée des témoignages bouleversants de femmes victimes de violence conjugale.
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Seitenzahl: 79
Alain Frattini
L’ombre d’une cicatrice
Roman
© Lys Bleu Éditions – Alain Frattini
ISBN: 979-10-422-4714-0
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Claudio venait de détruire Antonia. Battue, anéantie, elle luttait pour sa survie. Le visage tuméfié par les coups en disait long sur la rage qui venait de s’abattre sur elle.
Une fois de plus, pour des raisons que seul Claudio connaissait, fou de rage ; il s’était jeté sur la pauvre Antonia ; l’avait frappé sans aucune retenue. Son corps gisait à terre.
Malgré cela elle ne renonçait pas à la vie, les épaules droites, la tête haute, elle lutterait. Elle avait connu l’amour, la haine ; maintenant la violence. L’homme qu’elle avait tant aimé par le passé semblait avoir disparu. Elle ne reconnaissait plus Claudio ; son mari, qui désormais l’humiliait, la battait.
Quelques années auparavant, près d’un petit village Corse ; Antonia et ses parents se promenaient dans une forêt de pins située à six kilomètres de Salice. L’odeur que dégageait cet endroit chatouillait leurs petites narines, prêtes à tout pour renifler ces arômes. Le murmure de la forêt guidait leur pas, quel enchantement !
Après avoir traversé cette contrée verdoyante, Alberto et Andrea, les parents d’Antonia atteignaient avec leur fille Salice ; petite bourgade située à sept cents mètres d’altitude dans le canton de Cruzini Cinarca. De vieilles façades couvertes d’un blanc d’Espagne donnaient à cet endroit un air de déjà-vu. Comme tous les soirs, les hommes se rassemblaient au café du village pour jouer aux échecs. Bruce Fischer avait instauré cette tradition qui perdurait. Ce jeu réunissait jeunes et anciens du village, débutants et joueurs aguerris. Sereins, les habitants vivaient en harmonie avec la nature, au rythme de celle-ci.
Rien ne semblait les atteindre. Chiens et chats erraient dans le village comme bon leur semble. Les ruelles escarpées, l’ambiance qui y régnait donnaient à ce lieu, une authenticité dont nul ne pouvait douter. La vie que menaient les Salicois n’avait rien d’exceptionnel, mais ils vivaient heureux. En apercevant Alberto et sa petite famille, les villageois leur firent un accueil grandiose. Les Doursot, deuxième génération de cette famille, retrouvaient la terre de leurs ancêtres.
Certains villageois étaient au courant de leur visite, ce qui provoqua l’engouement à cette venue. Salice était un havre de paix, une perle rare. Les habitants de Salice n’imaginaient pas la chance dont ils jouissaient. La famille Doursot venait d’un autre monde ; celui de la ville où le bonheur de vivre n’était qu’utopie. Les années, les mois restaient figés entre ces deux mondes. Que se passait-il au-delà de cet océan ?
Les Doursot contemplaient ce merveilleux village ignoré de tous. Alberto et Andrea étaient nés à Salice, mais une autre ville les avait vu grandir. À l’adolescence leur vie avait pris la route des quartiers pauvres de Boston. Maintenant ils retournaient sur leur terre ancestrale. De minces souvenirs restaient gravés dans leur esprit. Petit à petit la nostalgie prenait place. Le temps semblait tout arrêter sur place. Paysages et villageois donnaient l’impression d’un tableau peint par Michael-Angelo. Sans prendre une ride, cette toile traversait le temps.
Vivre de peu, mais bien c’est ainsi que l’on vivait à Salice. Les Doursot ne prétendaient pas détenir le secret de la vie, mais l’éducation qu’ils apportaient à leurs enfants devait permettre aux futures générations de connaître un bonheur identique.
Ainsi, les traditions acquises au fil des années se perpétuaient. Avoir un fils relevait d’une importance capitale. L’homme représentait la force, le pilier dont la famille avait besoin pour construire de solides fondations. Le rôle de la femme et ce n’est pas rien était de perpétuer le nom de celui-ci en lui donnant un garçon. Les filles n’étaient pas les bienvenues ; à leurs naissances, certaines disparaissaient. Malgré cela, un sentiment de plénitude semblait planer sur Salice.
Dès son arrivée, Antonia, la fille unique des Doursot, n’était plus la même, sa vision du monde changeait. Boston, ville dans laquelle elle avait grandi, laissait place dans son esprit à de grandes réflexions et incertitudes. Certes à Boston, elle ne manquait de rien, mais Antonia vivait difficilement les disparités qu’elle constatait jour après jour. Contrairement à Salice, l’insécurité devenait monnaie courante à Boston ; la pauvreté, le malheur des gens. Antonia les vivait au quotidien ; elle ne pouvait pas rester indifférente. Le dégoût l’envahissait peu à peu. Un vent de révolte soufflait-il sur Antonia ou était-ce une vision du monde plus conforme à celle de la vérité ?
Elle ne pouvait en vouloir à ses parents ; eux-mêmes quelques années plus tôt avaient fait ce choix. Croyant sûrement avoir fait le meilleur, mais le temps passé, Boston ne répondait plus à leurs attentes. Maintenant les cartes étaient entre ses mains, Antonia devait prendre en main son destin, les bonnes décisions. La différence que lui imposaient ses deux mondes l’isolait un peu plus ; partagée entre l’envie de rester à Salice et celui de retrouver le confort dans lequel elle vivait. Pouvait-elle renoncer à ce monde moderne ?
En attendant, les Salicois n’oubliaient pas le sens de l’hospitalité. Un buffet de fruits et légumes frais attendait la famille Doursot. Le tout agrémenté de chevreau ; animal dont la chair tendre et grillée au feu de bois excitait les papilles ; un vrai régal. À cette occasion, la table des Doursot surplombait celle des villageois ; les plats leur étaient servis en premier, une façon de montrer à leurs hôtes qu’ils étaient importants. La fin du repas donnait l’occasion aux enfants d’aller s’amuser. Les hommes prenaient possession d’une pièce où ils pouvaient jouer aux cartes, fumer la pipe et discuter des affaires du village.
Les femmes pendant ce temps profitaient de ce moment calme pour se retrouver entre elles. Ce que les villageois attendaient avec impatience, surtout les enfants arrivaient enfin ! Les cadeaux. En effet, Alberto et Andrea ne venaient pas les mains vides. Andréa s’occupait des femmes et enfants ; produits de beauté, caramels en tout genre étaient distribués ; rien ni personne n’était oublié ; Alberto distribua à chaque homme trois cigares de bonne qualité ainsi qu’une bouteille de rhum. La distribution terminée, Andrea essuya quelques larmes, ce petit bout de femme venait d’offrir à ces villageois une infime part de bonheur.
Passé ce moment de joie, Alberto convoqua les hommes pour une assemblée exceptionnelle. Il n’était pas le chef du village, mais par respect pour l’ami qu’il était devenu, ils consentirent à l’écouter. D’un ton solennel, tel un homme politique convaincu que ses idées étaient les bonnes, Alberto prit la parole. Les Salicois n’avaient pas les mêmes préoccupations que celui-ci. Les idées que voulait partager Alberto avec les villageois, les propositions qu’il leur apportait ne semblaient pas les convaincre. Il désirait faire évoluer ce petit village. Certains hommes n’adhéraient pas à un changement aussi radical. Les représentants du village pensaient qu’il serait inopportun de changer les habitudes des Salicois. Ceux-ci étaient heureux ; donc pourquoi changer ? C’est ainsi que la réunion se termina ; rapidement.
Un peu déçu, mais pas abattu, Alberto quitta la pièce avec quelques habitants convaincus, eux, que son projet permettrait à Salice de se développer. Comme tout projet, convaincre cette assemblée, promettait d’être long et compliqué, mais Alberto croyait en ses idées.
Les vacances se passèrent à merveille, mais la réalité finit par rattraper la famille. Les Doursot allaient quitter cet endroit formidable loin de toute pollution humaine. Alberto avait promis de revenir avec des idées plus innovantes, plus modernes que les précédentes. Des propositions qui rendraient cet endroit encore plus charmant. Alberto et Andrea gardaient dans leur cœur les moments uniques et magiques passés ensemble. Ici leur vie avait repris un sens, mais il fallait repartir. Le départ était prompt, mais ce n’était pas un adieu, juste un au revoir. Les Doursaut avaient promis qu’ils reviendraient fiers, ils étaient d’être revenu dans leur village. Tous étaient d’une seule et même famille, celle de Salice. Antonia vit en ce départ une histoire qui arrivait à son terme, un sentiment d’extrême violence la frappa. Une certitude venait de lui serrer la gorge, pour elle ce retour à Boston sonnait comme un adieu.
Le retour attendu allait s’avérer terrible. Alberto retrouvait la scierie dans laquelle il travaillait, Andrea l’école où elle exerçait un métier certes utile, mais aucunement gratifiant ; technicienne de surface. Quant à Antonia, elle poursuivait ses études. De retour au travail, les Doursot retrouvaient la routine qu’ils avaient abandonnée trente jours auparavant. À celle-ci s’ajoutait la fatigue morale et physique, quelle désillusion !