La valeur des notes - Francine Narece - E-Book

La valeur des notes E-Book

Francine Narece

0,0
7,99 €

-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

En 1961, quinze années se sont écoulées depuis l’adoption de la loi de départementalisation. Pourtant, les attentes placées en elle se sont évanouies, laissant place à une stagnation sociale dans les anciennes colonies françaises. La grève de mars de cette même année, qui enflamme la Martinique, s’achève au Lamentin dans une tragédie sanglante, comme tant d’autres avant elle. Trois jeunes hommes y trouvent la mort, et Georges Gratiant, avocat et compagnon de lutte d’Aimé Césaire, alors maire du Lamentin, s’apprête à marquer les esprits. Son discours, Sur trois tombes, résonnera à travers l’Histoire, un hommage vibrant aux victimes de ce bain de sang.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Francine Narèce, issue d’une famille où la lecture était centrale, consacre son travail universitaire aux contes africains-américains. Sa première publication paraît dans la revue Indigo de l’Université de la Martinique. Sa rencontre avec Élie Pennont lui donne l'occasion d'écrire plusieurs pièces de théâtre dont "La valeur des notes".





Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
MOBI

Seitenzahl: 85

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Francine Narèce

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La valeur des notes

Théâtre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Francine Narèce

ISBN : 979-10-422-4666-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

De la même autrice

 

De l’Olympisme au Handisport, toutes les médailles sont d’or

,

récit de vie,

L’Harmattan, 2014 ;

Konidja et les Nègres Marrons

, contes, L’Harmattan, 2017 ;

Le mariage de Cousin Bèbert,

théâtre, L’Harmattan, 2017 ;

Au nom du père et du fils et de la fille aussi

, témoignages, L’Harmattan, 2017 ;

Le combat de Léona Bataille

, théâtre, L’Harmattan, 2018 ;

Pour deux francs ou le massacre des ouvriers de la canne au François

, théâtre, L’Harmattan, 2019 ;

Libres sœurs de Mériba

, théâtre, Éditions Nestor, 2019 ;

Chimamanda

, théâtre, L’Harmattan, 2019 ;

Adana

d’après Antigone de Sophocle

, théâtre, L’Harmattan, 2020 ;

Trois fous dans la rue parlent

, théâtre, L’Harmattan, 2020 ;

Invisible Négritude

suivi de

Division par quatre,

théâtre, L’Harmattan, 2020

Opération coco vide

, théâtre, Éditions Nestor, 2021 ;

Un élève étranger,

roman,L’Harmattan, 2022 ;

La saison des fruits à pain, La sézon fiyapen

, L’Harmattan, 2024.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au nom de l’ordre et de la force publique, au nom de l’autorité qui nous régente, au nom de la loi et au nom de la France, une poignée d’assassins en armes vient de creuser trois tombes d’un coup dans notre sol lamentinois.

 

Georges Gratiant, Sur trois tombes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À Mathias et Sulivàn

 

 

 

 

 

Préface

 

 

 

Fallait-il ainsi nommer une rue dans cette petite commune du Diamant pour que le peuple se souvienne de celui qui fut le premier Président du Conseil Général à la création du département de Martinique ?

Fallait-il ainsi nommer une rue pour que la Ville de Fort-de-France se souvienne de celui qui fut de 1945 à 1956 son premier adjoint au maire ?

Fallait-il ainsi nommer une avenue et un stade pour que la Ville du Lamentin se souvienne de celui qui fut de 1959 à 1989 maire du Lamentin ?

Non, non et non.

Le discours Sur trois tombes à lui seul suffirait pour que la Martinique entière se souvienne du guerrier lumineux, du lion rugissant que fut Georges Gratiant. Chaque écolier de ce pays devrait avoir lu ou entendu, ne serait-ce qu’une fois, le discours Sur trois tombes, mais la chape de plomb imposée par la force coloniale pour masquer les taches de sang qui jalonnent notre histoire a fait son œuvre. Nos héros oubliés, nos morts ignorés, l’ordre règne. L’ordonnance scélérate d’octobre 1960, fraîchement sortie à l’heure du drame du 24 mars 1961 pour briser les reins de ceux qui osaient défier l’ordre établi, a fait son œuvre. Les bouches se sont tues. La peur a fait son œuvre insidieuse et l’oubli a peu à peu fait son lit dans l’anesthésie générale. Il fallait, en ces temps difficiles, s’appeler Guy Dufond, Walter Guitteaud, Georges Mauvois ou Armand Nicolas pour, par conviction, au nom du peuple, au nom de l’intérieur supérieur de la Martinique, accepter de tout sacrifier. Il fallait être vertical, comme Georges Gratiant, pour oser briser la promesse d’une belle carrière et prendre le risque de sombrer dans la précarité et l’opprobre. Rares sont ceux qui, en ces temps difficiles, n’ont pas cédé par crainte de sombrer dans une certaine clandestinité. Eux l’ont fait, d’autres se sont couchés. Ceux-là ne rentreront pas dans l’histoire, comme ceux qui se sont couchés, qui sont tombés sous les balles de la répression coloniale. Ils voulaient vivre debout, ils sont morts debout. Francine Narèce vient, avec cette nouvelle pièce, les réhabiliter. Visionnaire, Georges Gratiant l’avait dit : Vos noms rejoignent glorieusement ceux du François de 1900, ceux du Carbet de 1948… L’écho du sacrifice des vaillants ouvriers du François, qui avait atteint la Russie de Lénine, était étrangement absent de notre mémoire collective. Combattre cet oubli est le challenge de Francine Narèce. Pour 2 francs ou 1900, le massacre des ouvriers du François, elle a posé la première pierre de l’édifice. Le travail entrepris par Marie-Hélène Léotin, Armand Nicolas et Georges Mauvois, et d’autres, pour sauvegarder de l’oubli les pages glorieuses de notre histoire, trouve sous sa plume la continuité qu’il fallait. Zatrap la Chasen-an Oubien Dikos 1951, kout fizi kont an bout pen sort à son tour des frasques de l’oubli, la fusillade de la Chasaing de 1951, autre drame si près de nous et si loin déjà dans la mémoire collective. Les protagonistes, comme ceux des 16 de Basse-Pointe, se sont murés dans le silence, face à ceux qui ne voulaient plus oser, ne voulaient se battre. Georges Gratiant, lui, a été un acteur majeur de la transition postcoloniale. Il a passé toute sa vie à se battre contre les injustices à travers son métier d’avocat, le plus souvent à ses risques et périls. Il a également participé, à travers le Parti Communiste Martiniquais, à toutes les luttes anticolonialistes, à tous les combats pour la dignité martiniquaise. L’intérêt des Martiniquais pour ces combats a suivi la courbe d’influence du dit parti, et sans les pièces de Francine Narèce, qui se souviendrait aujourd’hui de ces luttes héroïques ? La promesse de passer par le statut départemental de la nuit à la lumière n’a jamais été tenue et nous avons sombré dans une nuit bien plus épaisse qui a mis les consciences en sommeil. Dans La valeur des notes ou 1961, la fusillade des grévistes de la canne au Lamentin, Francine Narèce redonne vie à ces oubliés. À travers une fresque majestueuse, elle fait revivre ces destins si ordinaires qui, de rêves d’une vie meilleure, sont passés au repos éternel. Suzanne Marie-Calixte, Alexandre Laurencine, Édouard Valide, qu’ont-ils fait pour mériter la mort ? Ils étaient jeunes, ils avaient des rêves. Sont-ils morts pour rien ? Ils doivent trouver dans nos livres d’histoire la place qui leur revient et Francine Narèce, avec talent et courage, s’applique à réhabiliter ces destins par deux fois maudits. Gageons que sa plume insistance, rouge encore de ce sang si souvent impunément versé, se penchera un jour sur les oubliés de 1948, ceux du Carbet, pour accomplir la prophétie de Maître Gratiant. Et la fusillade du Diamant, qui s’en souvient ? Le théâtre de Francine Narèce prend désormais la place de la grève marchande pour continuer le combat. Dans ce combat, nous devons être les vainqueurs. C’est pour cela qu’il est important de rester ensemble, toujours ensemble, toujours regroupés et solidaires. Le combat sera âpre… Date après date, une pièce pose des repères, vient jalonner la quête qui nous ramènera vers les chemins de la dignité et de la responsabilité. Combien de blanches pointées viendront en requiem ? Combien de balles encore pour marquer les silences ? Les noires ne valent rien quand les assassins harmonisent la partition des restes de l’empire colonial… Devons-nous aussi faire silence ?

 

Arthur Briand

 

 

 

 

 

Les personnages

 

 

 

Maître Georges Gratiant, avocat, maire du Lamentin, membre du PCM ;

Le juge ;

Les avocats ;

Maître Fernand Very, avocat, ex-bâtonnier ;

Maître Toto, avocat ;

maître janvier, avocat ;

Maître Lemarchand, avocat ;

Maître Merle, avocat ;

Le Coryphée

 

Les ouvrières et les ouvriers

Marcel ;

William ;

Octave ;

Albert ;

Norbert, le délégué syndical ;

Louisa ;

Édouard ;

Regina ;

Lucile ;

Alexandre ;

Oscar ;

Séverin ;

Nadine ;

Carmen et Suzanne Marie-Calixte ;

Roger Aubéry, le béké ;

Ses deux sbires ;

Charlery, commissaire des Renseignements généraux.

 

 

 

 

 

Synopsis

 

 

 

En février 1961 en Martinique, les travailleurs de la canne démarrent une énième grève marchante pour les éternelles revendications salariales.

Les usiniers, comme à l’accoutumée tiennent bon face à un adversaire soutenu par des syndicats, la Fédération des Ouvriers Agricoles de la CGTM et l’UD-CGT et le Parti Communiste dont Georges Gratiant, alors maire du Lamentin est une figure légendaire.

Ils font appel aux forces de police qui répondent par une répression d’une violence inouïe. Les nombreuses arrestations ne font qu’amplifier la détermination des travailleurs. C’est au Lamentin en pleine manifestation que le drame va se jouer.

Trois jeunes gens sont tués et vingt-cinq autres personnes sont blessées. Aux funérailles de Suzanne Marie-Calixte 24 ans, Édouard Valide 26 ans et Alexandre Laurencine, 21 ans, Georges Gratiant prononce son Discours sur trois tombes qui resteragravé à jamais dans la mémoire du peuple martiniquais.

On ne peut pas exigerdes assassins qu’ils s’émeuvent de leur crime, non pas, ce long cri de douleur n’est pas à leur goût.

En portant plainte contre son auteur pour injure à l’armée française, ils réussissent à fédérer autour de Georges Gratiant des forces qui lui témoignent un soutien qui dépasse les frontières de la Martinique.

 

 

 

 

 

Protase

 

 

 

Makak sav ki pié bwa i ka monté1

 

Le crieur, maître Gratiant, le juge, maître Lemarchand, maître Janvier, le coryphée.

Pendant que les spectateurs s’installent, le crieur de journaux leur propose un numéro de Justice. Il s’agit du numéro 13 du jeudi 30 mars 1961.2

 

LE CRIEUR : Achetez Justice, mesdames, achetez Justice pour que justice soit faite. À la Une de ce numéro : Les gendarmes mitraillent les travailleurs du Lamentin, 3 morts et 25 blessés.