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À travers ses expressions et traditions, ce recueil fait revivre le passé du bocage bressuirais. En abordant divers thèmes, l’ouvrage permet de redécouvrir les us et coutumes de cette région souvent méconnue, mais riche en attraits culturels et linguistiques. Plutôt que de figer le passé, il lui donne vie, offrant de fait un témoignage dynamique de l’héritage régional.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Originaire de Bressuire et professeure d’anglais à Paris,
Catherine Belaue a publié en 2022 "Les noirs dans l’ADN des États-Unis", aux éditions l’Harmattan. Pour elle, le bocage bressuirais, où elle passe régulièrement des vacances, demeure un havre de paix et un lieu de resourcement.
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Seitenzahl: 69
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Catherine Belaue
Le bocage bressuirais d’antan à travers
ses expressions et traditions
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Catherine Belaue
ISBN : 979-10-422-4594-8
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Les noirs dans l’ADN des États-Unis, L’Harmattan, 2022
Il y a des moments dans la vie, avançant en âge, où on a le désir que le passé influence le présent. La façon de parler de nos mères et grand-mères se doit d’être écrite pour ne pas être oubliée. Nos ancêtres sont notre héritage culturel, notre ancrage dans les traditions. Leurs expressions, avec des syllabes ou voyelles souvent éludées, des mots dont on a changé le sens, nous propulsent dans un univers qui ne nous appartient plus, mais que nous sommes enclins à faire perdurer pour les générations à venir. Ce recueil nous fait revivre le passé, replonge les plus anciens dans leur quotidien et les jeunes apprennent ce qui fut naguère et n’est plus.
J’ai quelque part éprouvé un devoir moral à essayer de reconstituer le dialecte d’antan du bocage bressuirais, aussi appelé patois, que les non autochtones auraient bien du mal à comprendre. La météo, le temps qui passe, la cuisine, la famille, la religion et bien d’autres thèmes, sont autant de sujets dont les mots et traditions d’autrefois reflètent un caractère bien propre. Au fil de ce recueil, le lecteur apprend, voire se remémore sa jeunesse, son enfance et se rapproche au plus près de ses ancêtres puisque le temps d’une lecture, la langue sera commune. Les énoncés météorologiques, conversations de prédilection intergénérationnelles décrites avec véracité, sont le point de départ d’une immersion abyssale.
Lorsque l’ordinaire reste trop ordinaire, lorsque les entretiens s’enlisent dans le néant, la météo reste le sujet universel qui relie les générations. Comme l’a dit le président Macron : « Laissons nos belles régions se colorer de leurs traditions. »1
La pluie, qu’on l’adore ou la déteste, qu’elle soit fine ou drue, alimente les bavardages et on se garde bien de faire les vitres de peur de l’attirer. Il peut bruiner lorsqu’une douce ondée vient nous rafraîchir. On dit également qu’i mouille, voire mouillasse ; qu’on aura de la mouillerie ou de la mouillasserie. Si cette pluie se transforme en averse, le vocabulaire se modifie. Il peut mouiller à plein temps, comme vache qui pisse et on est alors trempé comme une soupe. Le sol devient de la bouillasse. En bref, il n’en fait pas de deux façons.
La chaleur de l’été nous achale et ça nous court dans l’échine. C’est le cagnard ! Le linge étendu va donc sécher d’peur. Les températures étouffantes du mois d’août nous donnent des rougeons et annoncent un changement. Le temps s’gâte, au s’couvre. Si ça s’trouve, i va tonner. Le vent fort qui en résulte est décrit comme un grand vent, un vent de tous les diables. On rentre les vaches à l’étable. Ça va décorner les bœufs. Au buffe, c’est l’entrée d’l’hiver et on n’est pas réchauffé. Il fait maintenant pas plus chaud qu’i faut, un froid d’chien ou un froid d’canard et on support’rait ben une p’tite laine et des mitaines…
Ah bé dame, écoutez ! Le temps passe, s’étire inlassablement et paraît long à celui qui ne sait pas quoi faire de sa peau. Ma grand-mère qui avait coutume de dire : le temps m’dure, j’m’ennuie à cent sous d’l’heure pour décrire des journées solitaires, interminables était pourtant d’épave ou dépave dès potrominet. On peut également s’impatienter si on attend quelqu’un et poireauter. Il est alors accueilli par un t’es pas en avance ou il est grand temps ou encore ça fait deux heures de temps qu’t’aurais dû être là. Quand on demande de se dépêcher, l’expression entendue toute mon enfance est presse-toi ou muse pas (le ne de la négation ne faisant pas partie ou très peu du vocabulaire de l’époque), j’vais pas t’attendre 107 ans. Pour marquer l’insistance d’un enfant qui veut quelque chose dans l’instant, on lui dit : minute papillon, arrête de tourmenter ou de réclamer, tu donnes ni paix ni aise, ou encore d’épiéter (épiète z’ou don [c]) ou bien on verra ça, on n’y est pas rendu pour parler de l’avenir. Ce temps précieux, on ne veut pas le gâcher, ce s’rait d’la blague ! Alors, on court après ! On ne prend pas le temps de faire les tâches ménagères, on les fait à son temps. On emprunte le chemin le plus court pour ne pas s’rallonger, sinon on n’est pas prêt d’êt’e rendu. Ce temps, on déteste le perdre. Tu m’fais passer tout mon temps à ren (comprenez rien) avait coutume de dire Maman. Le temps encore dans i perd pas d’temps, expression employée quand quelqu’un agit de façon considérée un peu trop rapide. Si on veut parler d’un événement passé il y a longtemps, on peut entendre ça fait belle lurette ou y’a 36 lunes. Au contraire, lorsqu’on est sûr qu’une situation ne va pas perdurer aussi longtemps que les impôts, un Bressuirais disait que ça dur(e) ra pas aussi longtemps qu’les foires St Jacques ou les foires Saboureau. Il s’agissait, je crois, de kermesses, aussi appelées assemblées qui regroupaient les villageois après qu’affalés de tout leur long, ils ont fait la sieste. Papa nous parlait plutôt de faire la marienne ou la mariennée, et ce, dans les rabinées ou la réciée. Il faut comprendre l’après-midi, c’tantôt. En tout cas, on est benaise !
La vie à la campagne se doit d’être calme. On ne supporte pas les mobylettes qui pétaradent à tout-va et vous empêche de vous reposer. On petoune : Arrêtez tout ce barouf avec vos brêles ! Quel tintoin ! J’en peux pu de c’rafut ! Les jeunes s’en amusent et continuent leur boucan de tous les diables. Tout ce potinvous porte sur le système.
Quant à la soirée, il s’agit de la s’rie, où on se retrouve à la veillée entre voisins pour jouer aux cartes (à la coincée ou à la belote), manger de la brioche et boire un café dans un mazagran ou une mazette. Les expressions utilisées par mon père valent leur pesant d’cacahuètes. Autour de la table animée, très souvent celle de la cuisine, lorsque mon père et son partenaire gagnent, papa s’écrie joyeusement : 3 d’cheu au bas. Il faut comprendre trois atoutsde moins sur les huit.De même, lorsque la victoire est à portée de main, la formule : baisé Monsieur l’curé, vot’e lapine était un mâle nous fait rire à gorge déployée. Nous n’avons jamais compris le sens de cette expression, mais raffolions de cette gaieté ambiante où les vin diou (écrit phonétiquement) rythment la partie. Vous pouvez être invité pour une partie de cartes dimanche en huit ou en quinze, ce qui correspond au dimanche de la semaine suivante ou à celui d’après. On ne reçoit pas, on a d’la compagnie. On se salue par à la r’voyure, sachant pertinemment que ce sera à la Saint glin-glin.
Lorsque le temps dure, nos mères et grands-mères, maîtresses femmes, s’adonnent à la cuisine. Une panoplie de mots en découle. Que ce soit avant, pendant ou après les repas pour qualifier les mets, le vocabulaire employé est éloquent. On se voit proposer une gressée ou une routie si on se trouve en Vendée ; si on a grand faim ou