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Dans cette nouvelle captivante de Robert Mercier, suivez Ariel dans un voyage intérieur à travers les ruelles animées de Pampelune. Plongez dans l'esprit complexe d'un homme autiste alors qu'il explore les dédales de sa propre introspection. Inspiré par le film "QUELLE FOLIE" de Diego Governatori, cette novélisation offre un regard sérieux et imaginatif sur l'autisme. Ariel est un homme en quête de sens, cherchant à comprendre les rouages de son propre esprit. Alors qu'il se perd dans la frénésie de la San Fermín, la célèbre fête de Pampelune, il fait l'expérience d'un monde à la fois étrange et fascinant. Le dialogue en noir et blanc et en couleur ajoute une dimension unique à cette histoire, reflétant le chaos et la clarté qui se bousculent dans l'esprit d'Ariel. Découvrez un voyage intérieur profondément personnel, où la spirale de l'autisme se transforme en un cercle de compréhension. "Le Cercle et la Spirale" est une exploration poignante de l'autisme, de l'identité et du pouvoir de l'imagination.
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Seitenzahl: 57
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1. Le discours sur la montagne
2. La descente de la montagne
La chute
La leçon sur les dunes
3. L’arrivée dans la ville
Les taureaux et les gens
Le prophète dans la foule
4. Petit laïus de paroles
Les concepts et le réel
L’anthropologue dans sa ville natale
5. Le rêve de cauchemar
Le réveil
Une personne qui ne sait pas être une personne
La lune ou le chemin?
6. Le retour sur la montagne
Le carré d’ombre
Pèlerinage à Pampelune1
« CE DONT ON NE PEUT PARLER, C’EST CELA QU’IL FAUT DIRE »
– Valère Novarina
6-14.7.2016
– Compte-rendu de voyage –
1 Le roman d'Ernest Hemingway, Le soleil se lève aussi, paru en 1926, a attiré des gens du monde entier pour assister au festival de San Fermín.
Le discours sur la montagne
Sur les collines de Pampelune, des champs de paille dorée. Les éoliennes ressemblent aux cercles que vous trouvez dans les moulins à vent de votre esprit.
A l'ombre de la forêt, un trentenaire bavard à l'œil malicieux...
Action !
ARIEL : Hum ! C'est vraiment insoluble... Cette question, quoi, de dérouler sa pensée pour l'exposer. Pour moi, en fait, la seule solution, c'est de lâcher l'affaire et de, et de laisser aller quelque chose. Mais ce qu'il faut, c'est de pouvoir accéder, c'est ça. Il faut juste laisser... se dire que, sera pris ce qui sera pris. Sera reçu, ce qui sera reçu2. Et voilà ! Et parce que c'est vrai que moi je me prends. C'est très dur, quoi, pour moi de régler ça... Putain de merde… Donc je sais, je ne sais pas. Que faire ?
Compris oui/non, il ne sait jamais, il s'enrage contre lui-même.
DANTE : Mais est-ce que c'est une difficulté de dire ce que tu as envie de dire ou est-ce que c'est une question de légitimité à dire ce que tu crèves d’envie de dire ?
ARIEL : NON, non, non, non, mais pas du tout, là. Non, non, c'est une difficulté technique. C'est ça. Ça s'aligne pas quoi ?
DANTE : Qu'est-ce qui s'aligne pas ?
ARIEL : OK, donc... Mais non, c'est pas ça, c'est que je n'arrive pas. C'est un ordre d'exposition. Qui n'arrive pas à se faire parce que pour comprendre par où on rentre, j'ai la certitude. Ce n'est pas une impression, il y a la certitude de... Là je sais pertinemment que le récepteur aurait besoin de ce qui ne pourra être exposé qu'après, et aucun point ne peut constituer un départ possible.
Et ça, ça réfère à plusieurs choses. C'est la formule de Lacan, les autistes se comprennent eux-mêmes. Tu vois, il y a une espèce de clôture d'enfermement de ce discours qui est inabordable, inaccessible, qui est clos. Il y a quelque chose de cet ordre là. Et moi, aucun ordre d'exposition n'est possible. Alors on dit quoi ?
On dit qu'il faut lâcher un flux, mais le problème, c'est que... le flux aussi en fait... si, ça reste le meilleur schéma. C'est un flux continu, constant, de même débit, de même intensité, de même registre. Et se dire que, il commence à un moment, ça commence. C'est à dire? Ça il va, ça il y va. Ça coupe au bout d'un moment. Si, si, c'est suffisamment long, s'il y a suffisamment d'éléments communiqués à l'intérieur, il y a une possibilité d'accroche pour une réception. C'est c'est la seule chose, en fait… Ouah !
Ça commence vraiment à péter... C'est vrai. Mais le problème, c'est qu'il faut que je me calme. Mais ça, ça m'énerve, mais bon, c'est pas grave. Après, tu vois là, qu'est-ce que c'est que cette parole ? Tu vois ? Qu'est-ce que je dis là. Haah ! Quelle tension ! Ça m'énerve. Mais tu sais, là, c'est dû pour du beurre parce que moi, je ne conçois pas de me montrer comme ça à l'extérieur, tu vois !…
Sa capacité de concentration est dépassée
et cela le met en colère.
DANTE : Bon, on est au travail, hein ? Ariel.
ARIEL : Ouais, on est au travail, on cherche...
DANTE : Mais surtout, elle est primordiale en cette question de l'amorce et de.... Si les choses étaient, étaient aussi évidentes et dès le début, on ne serait pas là. Enfin, je veux dire qu'il y a dans cette complexité à dire ce que tu as envie de dire, à expérimenter ce que nous avons à expérimenter. Et s'il n'y avait pas, un gouffre, un vertige, quoi ? On ne serait pas là, en fait...
. . .
ARIEL : Bon, alors je vais, je vais divaguer dans ce sens-là ? D'accord. Hein ? OK, non.
DANTE : Oui, d’accord.
ARIEL : C’est de là, même si là, ça me parle pas. Mais je, il faut bien que j'essaie de trouver un point d'accroche...
DANTE: Oui.
ARIEL : Ben non, mais ouais, mais c'est dur parce que depuis tout à l'heure, je pense à... Qu’être ?
DANTE : Pense à quoi ? Vivre c’est ça Ariel.
ARIEL : Ben non, mais je je sais. Non, non, mais voilà des choses qui manquent, que là je ne peux pas dire mais qui sont en fait très normales. Mais je ne suis pas dans la vibration, suffisante pour les soutenir, pour les tenir. Il n'y a pas d'être, quoi là...
Il s'éloigne lentement...pour réfléchir.
En fait, j'ai aucune continuité d'être. C'est malheureusement comme ça que ça se dit. C'est à dire qu'à peine je fais quelque chose, l'instant suivant, je n'adhère plus à ce que j'ai dit, produit, fait, indiqué, agit. Je me dissocie de ça, et de là, je ne sais pas que je ne reconnais pas. C'est que je n'adhère plus à ce qui vient d'être avancé... Donc c'est épuisant, quoi...? ... Quelle folie !
Marcher en rond est apaisant.
DANTE : Je déconnecte (distingue) deux choses; la peur qui peut t'habiter. Je peux avoir la même... légitimement.
ARIEL : Ah ! Ce n'est pas une peur, moi.
DANTE : Mais si tu me parles de ratage, tu vois, il y a...
ARIEL : Je pense que tu t'es moins confronté que moi à l'irrecevabilité de l'objet autistique, en fait, L'objet autistique ne passe pas au niveau ; commerce des hommes, tu vois. Il n'est pas monnayable, il n'est pas échangeable, il n'est pas… Ce n'est pas un point de la transaction. C'est pas possible. Moi ça, je l'ai vu. Toi, beaucoup moins, je crois. Moi, j'en ai fait l'expérience à tout point de vue. J'ai vu les blocages, j'ai vu à quel point ça n'entre pas en relation, quoi !
DANTE : Et là, on est dehors.
ARIEL : C'est à dire ?
DANTE : Cette fois, on est deux. Il ne s'agit pas toi de fabriquer...
ARIEL : Mais tout à fait !