Le livre des mots E-Book

Emma Daroles

• Herausgeber: Le Lys Bleu Éditions
• Kategorie: Poesie und Drama
• Sprache: Französisch
• Veröffentlichungsjahr: 2024

Seitenzahl: 50

Beschreibung

La beauté des mots se dissimule souvent dans leur écriture, leur signification, leur sonorité ou leur prononciation. À travers ce recueil de pensées, chaque page crée l’histoire d’un mot. Plongez dans l’univers des mots. Ils pourraient vous transporter vers un autre espace-temps, vous projetant dans un monde de rêves et de douceur.




À PROPOS DE L'AUTRICE

Récemment diplômée en tant qu’ingénieur agronome, Emma Daroles a toujours été sensible à la nature environnante. Pour elle, les mots sont un moyen puissant de capturer ces instants éphémères ainsi que les émotions qui nous animent. Écrire sur des mots soigneusement choisis est un exercice qui lui permet de mettre en lumière que nous avons tous une perception différente du monde qui nous entoure.

Leseprobe

Emma Daroles

Le livre des mots

Recueil

© Lys Bleu Éditions – Emma Daroles

ISBN : 979-10-422-2310-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

Mains

Les mains parlent d’elles-mêmes. Il suffit d’y prêter un peu attention : on n’écoute pas assez leurs conversations. Les mains ne renient pas nos origines, les mains racontent l’histoire d’une vie tu as l’air bien fatiguée ma vieille oh tu sais je n’ai pas eu une vie facile à la ferme avec la mort de papa. Les mains ne mentent pas. On a beau faire semblant d’être confiant, plaquer un faux sourire sur son visage et avoir un regard fier, quand les mains ont peur, elles transpirent. On a beau se dire que cette histoire d’amour ne rime à rien, qu’on ne s’attachera pas, qu’on ne souffrira pas, qu’on est plus fort que ça, quand les mains aiment, elles tremblent.

Les mains sont notre miroir. Elles parlent de nous comme un livre ouvert : elles peuvent être douces, rêches, rêches à l’extérieur mais douces à l’intérieur ; elles peuvent être tatouées de cicatrices ; elles peuvent être fines, boudinées, disproportionnées.

Les mains connaissent mieux que nous nos parties les plus sombres. La main gauche peut affirmer que tout va bien alors que la main droite aurait les ongles rongés d’anxiété.

Les miennes diraient Viens on se prend la main dans toutes les rues on marche on court on danse. Viens, on prend nos doigts, on les mêle, on les démêle, on les emmêle. Viens, on apprend la musique, on pianote sur nos corps. Viens, on se promet que si un jour on doit mourir dans un lit d’hôpital on se tiendra les mains si fort qu’elles feront de nos vies une explosion d’amour.

Avenir

Décomposons le mot. A – venir.

Alors l’avenir n’est-il rien d’autre que ce qu’il y a à venir ?

Alors c’est donc pour ça que l’avenir (ou devrais-je dire « à venir » ?) est si flou ?

Quand on me demande ce que je compte faire de mon avenir, je panique. Évidemment, personne ne sait ce qu’il y a à venir, alors pourquoi poser la question ? D’ailleurs, je ne comprends toujours pas comment certaines personnes déclarent avoir un « avenir tout tracé. » Comment est-ce possible de lire dans l’à-venir ?

J’aimerais mieux qu’on me demande ce que je vais faire de mon à-rêver. Arêver, en voilà un joli mot. Alors si un jour on me demande « Que vas-tu faire de ton avenir ? », je répondrai simplement « je ne sais pas. » En revanche, si on me demandait « Que vas-tu faire de ton arêver ? », alors là j’aurais beaucoup d’inspiration.

Mon arêver, je l’envole ciel, je le nage mer, je le goûte sucre, je le sens terre. Je le souffle nuage, je le souffle voyage. Je le cueille fleur, je le mords douceur, je le chante oiseau, je le murmure mot. Mon arêver, je le caresse velours, je le danse amour.

Ouais

Je n’ai jamais aimé le mot Ouais. « Tu peux acheter le pain, mon chéri ? » « Ouais ouais. » Un peu désinvolte, rebelle, il est en pleine crise d’adolescence, je dirai même en pleine crise identitaire. Il ne sait pas s’il veut s’apparenter au Oui, élégant, distingué, poli, ou au Ouep à la dégaine de la street, le pantalon en bas du cul comme dirait les djeun’s. Grand solitaire, il s’isole dans son coin. Il est dur de lui tirer les vers du nez. « Ça va ? » « Ouais. » Point final. Fin de la discussion. « Je n’ai pas envie de te parler, t’as pas compris encore ? » Le Ouais me fait peur.

Alors que le Oui sonne comme une mélodie, le Oui n’attend que d’être prononcé pour s’élever dans le ciel à la poursuite de nos rêves, le Oui est simple, fluide, naturel. Avec sa consonance joyeuse, il invite à danser dans sa ronde. Sociable, il mène toujours à la discussion, c’est vrai qu’on ne le verra jamais faire la gueule celui-là. « Ça va ? » « Oui ». Non, ce n’est pas possible. « Ça va ? » « Oui et toi ? J’ai d’ailleurs pensé à toi l’autre jour quand Marie-Thérèse est descendue au village pour retrouver ses… ». Le Oui, je l’aime quand même plutôt bien.

Le temps