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"Le rêve anglais" est une immersion dans l’univers de Violette, une étudiante parisienne qui, sans le savoir, rencontre un prince rebelle. Cette histoire d’amour inattendue vient chambouler le cours des événements, car tandis qu’elle poursuit son ambition de devenir journaliste, Violette se retrouve confrontée à un dilemme entre deux mondes diamétralement opposés. Que lui réserve le sort ? À vous de le découvrir.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Anne Elliot porte en elle le vif désir de devenir auteure depuis qu’elle s’est plongée dans le monde des livres. C’est sous l’impulsion des émotions de la grossesse et après avoir visionné l’interview de Meghan et Harry que son dessein d’écrire ce roman s’est finalement réalisé.
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Seitenzahl: 228
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Anne Elliot
Le rêve anglais
Roman
© Lys Bleu Éditions – Anne Elliot
ISBN : 979-10-422-3044-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Pourquoi les trains avançaient-ils toujours aussi lentement lorsque nous sommes en retard ? Elle se posait un peu trop souvent cette question ces derniers temps. Le wagon était une nouvelle fois bloqué entre deux stations. Violette Beauchemin pouvait apercevoir son reflet dans la vitre : ses cheveux blond clair dont les boucles se liaient les unes aux autres, étaient une nouvelle fois en pagaille, elle était partie en retard sans prendre le temps de se coiffer dignement. Heureusement pour elle, ses yeux bleus savaient captiver le regard et faire oublier son physique dont elle ne prenait pas autant de soin que les stars de cinéma. Il y avait heureusement peu de monde à cette heure-ci.
Une fois arrivée à Censier Daubenton, ses grandes jambes lui donnèrent le sentiment de grimper plus rapidement les marches du métro. Bien qu’elle détestait ses cours d’ancien français, l’idée d’arriver en retard une nouvelle fois et de se faire encore remarquer l’angoissait terriblement : elle ne supportait pas le regard des autres d’autant plus lorsqu’il s’agissait d’une situation gênante. Heureusement, le feu tricolore passa immédiatement au rouge dès son arrivée, elle marcha le plus rapidement possible et passa enfin les portes de la Sorbonne Nouvelle.
Monter au quatrième étage serait long et par miracle un homme venait d’appeler l’ascenseur. Ne l’empruntant pourtant jamais, cette fois-ci était un cas de force majeur, cela serait déjà assez humiliant d’arriver en retard, il ne fallait pas non plus être essoufflée. En pénétrant dedans, elle se sentit soudain chanceuse, elle arriverait sans doute pile à l’heure sans avoir eu l’essoufflement des quatre étages.
Toutefois lorsque l’ascenseur s’arrêta entre le troisième et le quatrième étage sa stupeur l’empêcha de faire quoi que ce soit. Ce fut lui qui le premier appuya sur l’interphone et expliqua la situation à l’homme qui lui répondit. Il se retourna vers elle et lui demanda si tout allait bien. Dans un hochement de tête, elle lui répondit que oui, mais se ravisa rapidement par un non.
— Comment vous sentez-vous ? s’inquiéta-t-il.
— Pensez-vous que nous sortirons rapidement ? réussit-elle à dire.
En se retournant vers lui, elle fut étonnée de sa casquette ainsi que de ses lunettes de soleil un jour de pluie parisienne. Il dut voir son étonnement, car il lui répondit presque précipitamment en lui tendant la main :
— David Simpson, enchanté !
— Violette Beauchemin, lui répondit-elle en lui serrant la main sans vraiment lui prêter attention.
— Vous sentez vous un peu mieux maintenant ?
En regardant sa montre qui lui indiquait que le cours était plus que commencé, Violette lui répondit en soupirant :
— Je serai définitivement en retard à mon cours d’ancien français une fois de plus alors que les partiels approchent et que mes talents dans ce domaine sont plus que limités.
David, dans un grand sourire malicieux, lui répliqua fièrement :
— Saviez-vous que la langue anglaise possède encore aujourd’hui beaucoup de mots empruntés à l’ancien français et que les valeurs de la famille royale sont également en ancien français ?
— Donc votre accent est anglais si je comprends bien ? Et non j’ignorais ces informations, j’essaierai de les placer faute d’une traduction correcte du Roman de la rose la prochaine fois !
— Êtes-vous étudiant Erasmus à Paris 3 ?
Violette s’était prise au jeu de la conversation, après tout, cela lui évitait de réfléchir au contexte et à l’endroit exigu dans lequel ils se trouvaient tous les deux…
— Pas du tout, je suis quelques jours à Paris et en passant devant la Sorbonne j’ai voulu visiter en véritable touriste, l’université la plus célèbre de France et où J. K Rowling avait étudié.
— Navrée de vous décevoir, lui répondit-elle. Mais JK Rowling n’a jamais étudié à la Sorbonne Nouvelle, elle était étudiante à la Sorbonne Panthéon.
Elle essaya de lui lancer le même regard qu’il avait eu précédemment lorsqu’il avait montré un quelconque savoir linguistique. Cependant, son air incrédule n’eut pas l’effet que Violette souhaitait provoquer.
— Quelle logique d’avoir plusieurs Sorbonnes ? Pourquoi avoir une ancienne et une nouvelle ? lui demanda-t-il.
— Je ne sais justifier un tel choix, lui répondit-elle. Mais il existe plusieurs sorbonnes dans Paris.
Tout à coup, un homme à l’interphone les coupa et leur expliqua que l’intervention prendrait un certain temps, Violette horrifiée lui expliqua sur un ton un peu rêche qu’elle devait retourner en cours le plus vite possible, celui-ci sembla ne pas avoir apprécié sa réflexion puisqu’il lui répondit aussi sèchement
— Pour qui vous prenez-vous ? La reine d’Angleterre ?
David se rapprocha de l’interphone et lui rétorqua :
— Non, son petit-fils !
Cette réplique fit rire Violette qui se détendit et pris son mal en patience, après tout que pouvait-elle faire d’autre ? David lui demanda ce qu’elle étudiait, ce à quoi elle lui répondit qu’elle était en troisième année de licence de lettres modernes. Ils parlèrent ainsi tout le temps que dura le reste de l’intervention.
Lorsque l’ascenseur les remonta enfin jusqu’au quatrième étage et que les portes s’ouvrirent, le réparateur les découvrit assis par terre et riant. Après l’avoir remercié, David se proposa de raccompagner Violette jusqu’à sa salle, heureusement pour elle, lorsqu’ils arrivèrent la pause commençait, cela lui permettait de rentrer sans se faire remarquer.
Avant de rentrer, David lui proposa de boire un café après son cours, afin de se réhydrater après cette aventure. Elle accepta sans vraiment trop réfléchir, la journée semblait échapper à son contrôle et elle se laissait porter par les évènements. Violette eut beaucoup de chance ce jour-là, à peine la pause terminée, elle signa la feuille d’émargement et son absence passa inaperçue. De taille moyenne, blonde aux yeux bleus, elle ne cherchait jamais à se mettre en avant, surtout dans les cours qui l’ennuyaient le plus. Elle profita de la correction pour recopier sur ses camarades le cours manqué. Aucun de ses amis ne fit de commentaire sur son retard, car tous étaient habitués à ce qu’elle ne soit ponctuelle.
À la fin du TD, David l’attendait comme convenu devant la porte de la salle. Ce fut à cet instant seulement que son esprit le détailla beaucoup plus que dans l’ascenseur… Il était de taille moyenne, ses lunettes et sa casquette lui donnaient un air mystérieux, vêtu d’un jean et d’une veste en cuir le faisant paraître semblable à tous les jeunes de son époque, il lui rappelait vaguement quelqu’un, mais Violette n’arrivait pas à se souvenir. N’ayant jamais été très physionomiste, cela était l’un de ses plus grands défauts, qui ne lui permettait pas de reconnaître aisément quelqu’un lorsque celle-ci ne l’avait pas déjà vu plusieurs fois. Violette envisagea de proposer à David de se joindre à un groupe d’amis à la cafétéria et se lamenter sur les partiels approchants, cependant lorsqu’elle s’approcha, il lui demanda si elle connaissait un endroit calme, loin de la foule étudiante. Elle abandonna sa proposition et décida de le conduire là où elle avait l’habitude de travailler entre deux cours…
En traversant le jardin des plantes, David fut impressionné par ce mélange de couleurs floral, ils continuèrent de parler tout en évitant joggeurs et enfants et se rendirent à Vidicci. Ainsi celui-ci lui expliqua qu’il profitait de quelques jours de vacances pour visiter Paris qu’il n’avait vu que rapidement les dernières fois où il était venu. Violette se transforma en guide touristique et lui indiqua quelques lieux insolites dans la Ville Lumière. David fut subjugué par l’idée des catacombes et beaucoup moins par l’Arène à deux pas d’ici. Bien évidemment David avait décidé qu’avant toute chose, il visiterait la Sorbonne « ancienne » comme il s’entêtait dorénavant à l’appeler. David lui fit la promesse que durant son séjour à Paris il n’emprunterait plus aucun ascenseur, ce qui la fit rire.
En buvant une gorgée, Violette s’étonna elle-même de la situation qui lui apparut tout d’un coup. Depuis qu’elle avait quitté sa chambre étudiante ce matin, plus rien ne lui semblait normal et surtout pas de se trouver là à boire un café avec un parfait inconnu au lieu de réviser sa stylistique. David l’interrompit dans ses pensées en lui demandant pourquoi elle avait fait le choix d’étudier la littérature. Elle lui répondit tout d’abord par un sourire malicieux puis rétorqua :
— Pour aller à contre-courant ! Le système français pousse les élèves à choisir des études scientifiques, car cela semble plus valorisant, alors après un baccalauréat littéraire j’ai décidé de poursuivre dans cette voie obscure par une licence de littérature qui m’apprend davantage et me pousse à réfléchir sur le monde plus qu’une calculatrice ne saurait le faire. De plus, certaines professions ont davantage besoin d’un esprit littéraire que scientifique.
David l’avait écouté dans son discours un brin provocateur, et l’encourageant dans ses explications, il lui demanda :
— Quel type de profession ?
Violette lui répondit qu’après sa licence, elle aimerait s’inscrire dans une école supérieure pour devenir journaliste. Sans qu’elle ne parvienne à l’expliquer, elle sentit que sa réponse l’avait perturbé, David était à son tour perdu dans ses pensées et elle ne savait ce qu’elle avait pu dire ou faire pour le voir ainsi… Après un long silence, David voulut savoir ce qui l’intéressait dans la carrière de journaliste. Violette avait tout d’un coup l’impression de passer un entretien d’embauche et se sentant gênée, elle lui expliqua néanmoins que ce qui lui plaisait le plus était l’idée de pouvoir exposer le monde et transmettre les informations que ce soit au fin fond de la Corrèze ou dans le cinquième arrondissement de Paris, les gens veulent être informés et savoir. David semblait de plus en plus gêné et sa réponse démontra qu’il ne portait pas dans son cœur cette profession ce qui intrigua Violette :
— Tous les journalistes ne sont pas intéressés par les faits véridiques, beaucoup d’entre eux veulent simplement une histoire à raconter pour vendre.
David resta évasif, mais expliqua qu’il avait servi pendant dix années dans l’armée, qu’il avait suivi l’exemple des hommes de sa famille et qu’il s’était engagé à servir son pays. Il avait comme beaucoup combattu en Afghanistan. Cette période de sa vie avait été importante pour lui et le service militaire lui manquait, malheureusement pour des raisons personnelles il avait dû y renoncer, mais croyait fortement à l’engagement des soldats et de leur importance… Lorsqu’il en parlait, Violette voyait en lui l’homme de terrain et le trouvait d’autant plus admirable. Elle osa lui demander s’il avait été décoré et il lui répondit avec un sourire malicieux qu’il n’aurait jamais eu le droit de rentrer sans une médaille. Violette imagina alors la famille de David comme ancienne et importante, si le service se faisait de père en fils et que les médailles jouaient un rôle.
Après cela il but une dernière gorgée et l’invita à le suivre. Ils sortirent et se dirigèrent vers la Sorbonne. Sur le chemin du retour, en traversant en sens inverse le jardin des plantes, David fut silencieux, ce ne fut qu’en sortant de celui-ci qu’il lui proposa une chose complètement invraisemblable et qui pourtant plut assez à Violette :
— Puisque nous semblons en désaccord à propos des journalistes pourquoi ne pas nous lancer un petit défi ?
Violette lui lança un regard interrogatif en guise de réponse, ce qui l’invita à poursuivre :
— Je suis seul durant mon séjour à Paris et rien ne me ferait plus plaisir que de voir les talents d’une future journaliste écrivant un faux article sur moi, ainsi nous pourrons juger tous les deux de votre plume.
Celle-ci était mitigée, ce petit jeu bien qu’il s’agisse d’un parfait inconnu était un challenge qu’elle trouvait séduisant à moins que ce ne soit David qui lui faisait cet effet… Violette avait envie de relever ce défi et de prouver ses capacités, mais pourquoi le ferait-elle pour cet inconnu rencontré dans un ascenseur ? David et elle échangèrent leurs numéros de téléphone et se séparent. Elle retourna en cours et David disparut dans les rues de Paris…
Le lendemain matin, alors qu’elle s’apprêtait à partir en cours, elle reçut un message de David : « Quel programme pour aujourd’hui Mlle la reporter ? ». Violette n’en revenait pas elle-même de cette décision prise, néanmoins elle avait décidé de se laisser prendre au jeu, au moins d’essayer aujourd’hui. N’ayant cours que jusqu’à midi, elle répondit à David qu’ils pouvaient se retrouver comme la veille à Vidicci pour manger sur le pouce puis décider du programme en fonction des lieux qu’il souhaitait voir. « Pourquoi manger un pouce ? » lui répondit-il. C’était la première fois qu’ils étaient confrontés à la barrière de la langue, David n’avait cessé de l’impressionner quant à la maîtrise du français, mis à part un certain accent britannique bien prononcé, il n’y avait jamais eu de problème de compréhension. Elle lui expliqua donc le sens de cette expression très parisienne d’après elle :
— Cela signifie manger quelque chose de rapide.
— Quelle étrangeté langagière, mais d’accord !
La matinée passa longuement au goût de Violette, elle avait peur de l’avouer, mais ce challenge lui plaisait. Sans s’en rendre compte, elle écouta très peu son cours de stylistique et encore moins son cours de littérature du XXe, les Choses de Perec était beaucoup trop soporifique et ennuyeux pour elle aujourd’hui. Lorsque le cours se termina, Violette envoya un message à David pour le prévenir qu’elle était en chemin. Rapidement, David lui répondit de ne surtout pas prendre l’ascenseur, mais qu’il l’attendait comme convenu pour « manger sur le pouce ». Ainsi, tout en mangeant, David étala sur leur table, un plan de Paris, laissant apparaître certains monuments bien connus. Au début, Violette lui proposa de visiter la tour Eiffel, l’Arc de Triomphe ou les Champs Élysées. Toutefois David refusa des lieux trop touristiques, il lui expliqua qu’il voulait visiter des endroits rares et peu célèbres, il voulait voir un Paris méconnu. Après une longue réflexion, Violette lui proposa une liste composée de la Conciergerie, la Sainte-Chapelle, le musée de la vie Romantique, le cimetière du père Lachaise et le parc Monceau. Bien entendu en premier lieu, David voulait absolument visiter les catacombes ! C’est ainsi qu’ils planifièrent ensemble pour le lendemain matin une visite, Violette ayant sa matinée de libre grâce à l’absence de son professeur d’anglais, elle pouvait ainsi visiter avec lui et commencer à écrire par la suite.
C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent le lendemain devant la sortie du RER. Violette n’était pas très emballée à l’idée de visiter les catacombes, toutefois l’enthousiasme de David arrivait à la convaincre de s’enfoncer sous les rues de Paris. Elle était étonnée de voir le monde présent, il y avait bien énormément de touristes euphoriques en parcourant les galeries où l’on apercevait des crânes. David s’arrêta un moment et lui demanda d’imaginer la vie qu’avait pu avoir l’un d’eux, heureusement pour elle, en apercevant de loin un écriteau indiquant qu’il s’agissait du crâne de Madame de Scudery, c’est alors qu’elle lui répondit fièrement : « Elle devait s’appeler Madeleine, c’était une femme de savoir, malheureusement celle-ci vivait dans une époque où les femmes devaient vivre dans l’ombre des hommes, Madeleine a donc dû utiliser le nom de son frère ou un pseudonyme pour diffuser son talent et ses écrits au public ».
Cela impressionna David et ce n’est qu’en avançant que ce dernier comprit aussitôt la supercherie en lisant l’écriteau qui indiquait que les ossements présents étaient ceux originaires de l’église Saint-Nicolas des champs où étaient notamment inhumés Georges et Madeleine de Scudéry. David éclata d’un rire qui résonna au point de se faire entendre dans toute la galerie, ce qui fit que les gens se retournèrent sur eux. Violette se sentit gênée de tous ses regards, elle détestait être le centre de l’attention surtout lorsque cela n’était pas à son avantage. Elle ne remarqua même pas que David s’était éloignée vers un coin plus sombre. À la place elle se faisait la remarque que depuis sa rencontre avec lui, son quotidien était bouleversé, elle devrait normalement être en train de réviser au lieu de se promener. La suite de la visite fut beaucoup plus calme, les deux protagonistes étaient chacun perdus dans leurs pensées, sans se rendre compte du silence qui s’était installé. Jusqu’au moment où David s’arrêta devant un crâne loin de tous les autres. Il resta un long moment figé, ce que ne manqua pas d’observer Violette.
— To be or not to be, n’est-ce pas ? Au fond on peut passer notre vie à être quelqu’un ou en tout cas essayer de l’être, après notre mort, notre identité est absorbée dans le reste commun à l’humanité, de simples ossements semblables d’un individu à l’autre, murmura-t-il.
Violette fut touchée par ses paroles, mais inquiète face à ce trait de personnalité qu’elle apercevait et qui lui laissait entendre qu’il était plus que temps de sortir et d’aller manger. Lorsqu’ils s’attablèrent, David et elle échangèrent leurs points de vue sur la visite, bien évidemment, ce dernier avait beaucoup apprécié de pouvoir découvrir ce paradoxe entre le monde des morts sous les rues d’une des villes les plus vivantes d’Europe. Cette atmosphère avait un certain charme qui lui plaisait. Quant à Violette mis à part ce trouble qu’elle avait ressenti face au comportement de David, elle avait été finalement agréablement surprise surtout par le fait de pouvoir parler de Madeleine de Scudery dans un tel lieu.
— Pourquoi visiter seul Paris ? lui demanda-t-elle.
David marqua un temps avant de lui répondre, son air taquin qu’elle commençait à connaître disparut le temps de sa réponse.
— J’ai un lien personnel avec Paris, mis à part des voyages en famille ou… pour le travail je n’étais jamais venu seul pour découvrir cette ville par mes propres moyens.
Violette n’avait vu dans David, qu’un simple touriste qui se perdait volontiers dans les rues voir les ascenseurs uniquement par l’envie de visiter chaque recoin de la capitale, elle avait ressenti depuis le début quelque chose de particulier qui émanait de lui qu’elle n’arrivait cependant pas à identifier.
Violette repartit avec cette impression en direction de la Sorbonne et David quant à lui partit visiter la Sorbonne ancienne comme il s’était dorénavant décidé à l’appeler. Elle eut beaucoup de difficulté à avancer dans son travail universitaire, Violette ressassait le comportement de David, bien différent de la veille. Il l’avait émue sans qu’elle puisse exactement expliquer comment. C’est ainsi qu’elle quitta très rapidement l’onglet de sa dissertation et commença à écrire ce fameux article que David attendait. Elle qui d’habitude détestait voir cette page blanche la vidant aussitôt de toute inspiration, trouva cette fois-ci immédiatement de quoi écrire en commençant par son titre : « Un voyage à Paris pour mieux se découvrir ». C’est ainsi que Violette repris le to be or not to be de David pour décrire leur sortie qui les avait amenés à s’interroger de façon philosophique sur l’existence humaine tout au long de ces 1 500 mètres de long à 20 mètres de profondeur en dessous de Paris…
Le lendemain, Violette eut beaucoup de difficultés à rester concentrée, elle avait hâte d’être à 17 h et de retrouver David à Pigalle. Elle se demandait ce qu’il pouvait bien faire en attendant leur rendez-vous, elle l’imagina se promenant dans les rues de Paris, accostant peut-être d’autres filles qu’elle, ce qui provoqua en elle un léger sentiment de colère. Elle fut heureusement pour elle interrompue par son professeur qui lui demanda d’expliquer l’extrait des Choses de Perec à étudier pour le cours d’aujourd’hui…
Il était 16 h 50 lorsqu’elle sortit de la bouche du métro à Pigalle. David était très sceptique quant à la visite d’un tel musée, il s’imaginait au plus grand désespoir de Violette : une immense salle aux murs roses et avec des cœurs collés un peu partout, le cliché absolu du romantisme. Elle avait donc hâte de lui faire découvrir ce lieu insolite et si bien caché dans Paris. David l’attendait un peu plus loin, à sa vue, elle eut pour la première fois un pincement au cœur et une irrésistible envie de sourire, Violette rejeta et s’interdit l’idée de tomber amoureuse d’un touriste anglais qui aussitôt la fin de ce séjour, retournerait dans son pays et disparaîtrait à tout jamais de sa vie. Elle ne s’était d’ailleurs absolument pas rendue compte qu’elle se morfondait dans ses pensées durant le chemin, ce fut David qui rompit le silence en lui demandant si elle comptait faire vœu de silence.
Arrivés enfin devant l’entrée, ce fut cette fois-ci lui qui perdit la voix, il fut impressionné par ce portail vert qui donnait sur cette cour fleurie, et avoua même que cela lui semblait être caché du reste de Paris.
Après avoir acheté leurs billets, ils pénétrèrent dans cette vieille maison et David fut de nouveau impressionné par les tableaux et la décoration. Les escaliers grinçants et certains objets insolites comme la reproduction d’une main dans du plâtre changèrent du tout au tout sa vision initiale d’une sortie ennuyante. Il arrivait parfois que Violette et David se séparent au cours de la visite et restent chacun de leur côté à observer tableaux et objets. Ce ne fut qu’en redescendant l’escalier toujours aussi grinçant, que David chuchota à Violette :
— On se croirait dans la maison de Sirius Black !
Violette surprise par la référence et la comparaison éclata de rire, mais David argumenta encore :
— Cette maison s’est arrêtée dans le temps, elle est imprégnée du XIXe siècle et de George Sand, la décoration dépassée rappelle cette atmosphère de la maison de Sirius, moque-toi si tu veux, néanmoins on peut se demander si J.K Rowling ne s’est pas inspiré de cette maison pour celle de Black !
Violette stupéfaite remarquait effectivement qu’il pouvait y avoir des détails communs et se laissa prendre au jeu :
— Il faudra que nous lui demandions afin de vérifier cette hypothèse.
— Je compte effectivement lui poser la question ! lui répondit très sérieusement David.
— J’avais oublié, l’Angleterre est une île, vous devez tous vous connaître ! ironisa-t-elle.
— Cesse de te moquer, déplora David. Et viens t’asseoir, je t’offre et t’oblige à boire un thé.
Assis à contempler la fontaine, Violette buvait son thé tout en regardant David. Ses cheveux bruns étaient en décalage par rapport à ses nombreuses taches de rousseur. Violette fut interrompue dans ses pensées, elle vit un homme attablé derrière David. Il semblait tout à coup l’avoir déjà vu quelque part, elle avait beau chercher dans ses souvenirs, elle restait persuadée de l’avoir déjà vu il y a peu… Lorsqu’ils se levèrent, elle fut surprise de voir cet inconnu se lever également. Il croisa son regard et il se rassit aussitôt pour refaire ses lacets qui, semble-t-il, n’avaient pas besoin d’être refaits. En marchant vers la sortie, Violette expliqua à David l’étrangeté de cet inconnu et son sentiment de l’avoir déjà vu. David se retourna vers celui-ci bien occupé par ses lacets et lui répondit qu’elle devait faire erreur sur la personne.
Ils continuèrent de s’avancer en direction de la sortie, quand subitement il se mit progressivement à pleuvoir, Violette ironisa la situation en faisant le doux reproche à David qu’il avait trop généreusement rapporté la pluie anglaise… Cependant, son humour semblait ne pas atteindre celui-ci qui était à son tour perdu dans ses pensées, Violette comprit alors immédiatement que quelque chose de sérieux le perturbait, car il lui semblait mentalement si loin d’elle, que celle-ci se sentit presque ridicule après sa blague si futile. Elle s’arrêta et regarda David qui tout à coup revient à lui et prit un air grave…
— Violette, je suis désolée, mais je ne me sens pas spécialement bien, lui dit-il. Ne m’en veux pas, mais je dois rentrer, on se rappelle plus tard.
Son ton était dur et en même temps si mystérieux qu’elle ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. David l’embrassa sur le front et lui murmura un :
— Sorry darling…
Puis partit dans le sens contraire du chemin qu’ils avaient suivi précédemment tous les deux.
Violette était restée stupéfaite face à ce revirement de situation, David était de moins en moins un étranger pour elle et cette situation l’avait, elle aussi, bouleversée. Elle se sentait mise de côté. Il l’avait laissée là, sans aucune explication et de façon si soudaine. Tout à coup, Violette vit l’homme aux lacets passer rapidement devant elle et suivre la même direction que David. Cela était trop pour elle, la colère la submergeant, elle décida de rentrer et se mettre sérieusement à ses révisions, les partiels approchaient à grands pas, David serait un lointain souvenir tandis que sa licence de littérature, elle, devait être considérée avec plus de sérieux. Ce soir-là, elle s’enferma donc dans sa chambre étudiante, éteignit son téléphone pour ne pas être dérangée et révisa, intérieurement elle savait que c’était davantage pour tenter d’oublier cet incident et David que par acquit de conscience pour son semestre.
Malheureusement pour elle, le lendemain fut tout aussi douloureux, car il n’y avait aucun message ni appel de David. Violette se rendit en cours, se forçant à se concentrer. Après les cours, elle s’était assise sur les marches avec certains de ses camarades de promo, faisant les pronostics des sujets possibles de partiels… Il faisait beaucoup trop beau pour un début d’un mois d’avril, cependant, ces quelques rayons lui permirent de s’aérer et de penser enfin à autre chose, elle était obligée de répondre aux questions des autres et d’être active dans la conversation. Violette s’accorda un court instant cependant de rêverie, elle ferma les yeux, laissa la chaleur pénétrer sa peau et réchauffer sa chevelure blonde et s’imagina le bonheur dans quelques semaines lorsque sa licence serait obtenue et sa nouvelle vie dans son école de journaliste.