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Dans les coulisses de la célébrité, Ava navigue entre éclat et obscurité. Aux côtés de Brad, chirurgien réputé, elle brille de succès, mais dissimule des tourments indicibles. Son compagnon déprécie son travail et se montre autoritaire envers elle, la réduisant ainsi au silence. Mais pourquoi tolère-t-elle de tels comportements toxiques ? Quels secrets se cachent derrière ses virements inexpliqués destinés à une fille dont l’existence est soigneusement dissimulée ? Découvrez une histoire palpitante dans "Le secret d’Ava", où chaque page révèle un nouveau mystère et où la vérité est plus complexe qu’il n’y paraît.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Après avoir fait des études en langues étrangères appliquées,
Audrey Cariou a parcouru divers domaines professionnels, accumulant ainsi de précieuses expériences. Animée par sa passion pour les voyages, elle s’efforce d’appréhender le monde sans préjugés. "Le secret d’Ava" représente un défi personnel qu’elle a vaillamment relevé.
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Seitenzahl: 377
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Audrey Cariou
Le secret d’Ava
Roman
© Lys Bleu Éditions – Audrey Cariou
ISBN : 979-10-422-2422-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Dans son lit King size Ava ouvre les yeux. Le soleil s’est déjà levé depuis longtemps et elle regarde par la fenêtre les buildings autour de son immeuble, mais la vue la plus impressionnante est celle qu’elle a sur Central Park, juste à ses pieds. Avoir acheté cet appartement de luxe dans la Nordstrom Tower a vraiment été une bonne idée. Tous les matins elle est éblouie par ce spectacle. Elle s’étire doucement. Brad est déjà parti depuis longtemps au travail et elle se retourne vers son réveil.
« Merde, il est déjà 9 h. Mike ne va pas tarder à arriver. S’il me trouve au lit je vais en voir de toutes les couleurs, déjà qu’il n’est pas trop tendre. »
Elle se lève rapidement et enfile sa robe de chambre par-dessus sa nuisette en satin blanc. Elle file aussitôt dans la cuisine et avale rapidement un café au lait. Elle pose la tasse dans l’évier et part se changer. Dans la chambre elle choisit vite un legging, des dessous de sport, un tee-shirt et des lunettes de soleil. Elle s’attache les cheveux, puis se regarde dans le miroir et fait la moue.
« C’est pas terrible tout ça, et je ne suis même pas douchée. Tant pis, là je n’ai vraiment pas le temps, et puis de toute manière je vais transpirer alors je me doucherai en revenant. »
Elle prend tout de même soin d’emporter avec elle une casquette pour ne pas qu’on la reconnaisse. Ding dong. Pile-poil. Elle décroche l’interphone.
« Madame Miller, votre coach est arrivé. »
« Parfait. Dites-lui que je descends. »
Au moment de partir, elle se retourne et attrape son portable, qu’elle glisse dans sa poche, ainsi que sa montre connectée qu’elle met à son poignet. Tout est parfait, elle peut y aller. Elle claque la porte et prend l’ascenseur.
« Bonjour Mike, comment ça va ? »
« Bien et toi ? Tu n’es pas descendue par les escaliers ? »
« Je le ferai le jour où toi tu monteras tous les escaliers de la tour en courant ! »
« Ça se tente… Je me préparerai. »
Ava leva les yeux vers le ciel. Elle pensait qu’il n’en était pas capable, mais elle avait tout de même un doute.
« Bon on y va au lieu de tergiverser ? »
Ils sortirent tous les deux et se dirigèrent vers Central Park, en petites foulées. C’était parti pour un petit footing d’environ 4 miles. Dans les allées les promeneurs et les joggers se croisaient paisiblement, chacun allant à son rythme. Mike encourageait Ava à aller plus vite, mais elle courait déjà à sa vitesse maximale. Sa montre enregistrait ses performances et elle savait que celles-ci étaient stables depuis plusieurs mois déjà. Elle pestait intérieurement contre lui, mais râler verbalement n’aurait servi à rien si ce n’est la fatiguer plus, du fait de parler en courant. Son calvaire arriva à sa fin et ils s’accordèrent une petite pause, ce qui signifiait pour Mike de boire un peu et de marcher tout en faisant des assouplissements pour éviter les courbatures…
Une fois revenus devant la porte de la tour, ils se dirigèrent vers la grande salle de sport, luxueuse et très bien équipée de toute la dernière technologie existante. Et c’était parti pour un nouveau tour de torture ! Mais cette fois-ci Ava se sentait plus à son aise, car elle préférait le sport en salle.
La séance dura une bonne heure, où ses efforts étaient rythmés par la musique de fond. Malgré ses plaintes Mike ne lui passait rien et elle savait qu’elle avait besoin de ça pour y arriver, car seule elle aurait déjà abandonné.
À la fin de la séance, elle décida d’aller au sauna se détendre.
« Salut Mike, à la prochaine. Je te déteste. »
Il rigola.
« Moi aussi je t’aime. »
Dans le hammam elle n’était pas seule, mais elle n’arrivait pas à reconnaître les deux femmes qui discutaient. Elle se laissait aller dans la torpeur, prenant plaisir à profiter de l’instant présent. Peu de temps après la porte s’ouvrit, laissant un court instant un nuage de vapeur s’échapper de la pièce. C’était sa voisine Penelope. Elles ne se connaissaient pas beaucoup, car Penelope venait d’aménager, mais Ava devinait déjà qu’elles pourraient devenir de bonnes amies, et elle était plutôt douée pour ça.
« Bonjour Penelope, tu vas bien ? »
« Oui et toi ? »
« J’ai fini ma séance de sport, alors oui on peut dire que je vais bien ! »
Penelope rit.
« Mais tu n’es pas au travail aujourd’hui ? »
« Toi non plus ! »
Elles rigolèrent ensemble.
« C’est bien d’être son propre patron ! Et si vous veniez manger toi et Victor ce soir à la maison ? On fera un truc casual. »
« Pourquoi pas ? Je pense que Victor sera rentré tôt. Je te tiendrai au courant plus tard, OK ? »
« D’accord. Je te laisse. Il faut bien que je travaille un peu quand même… »
Ava partit rejoindre son appartement.
Une fois rentrée, elle alla immédiatement se doucher. Elle ressentait souvent ce besoin irrépressible de se laver jusqu’au moindre centimètre carré de la peau. Elle mit au sale ses vêtements. Dans sa douche à l’italienne, elle se glissa avec volupté sous la pluie d’eau chaude qui se déversait. Encore une fois, elle se laissait aller dans ses pensées lorsqu’elle sursauta. Elle prit le shampoing et se frictionna les cheveux. Elle fit de même avec le savon, rapidement et fortement. Elle se sentait apaisée et prête à affronter cette nouvelle journée déjà bien entamée. Dans la glace elle scruta son corps aux courbes parfaites. Ses cheveux longs et blonds, légèrement ondulés, encadraient son visage magnifique, ses pommettes légèrement saillantes et ses yeux verts qui lui donnaient un regard envoûtant. Elle descendit ses yeux et inspecta le reste de son corps. Elle était fière de sa poitrine, bien ronde et ferme, le tout sans avoir eu besoin de faire une chirurgie. Dans un monde où le naturel a laissé place au faux, elle trouvait légitime de ne s’être fait que refaire le nez, juste pour enlever une petite bosse, et changer la couleur de ses yeux, qui naturellement étaient marron. Elle avait porté un appareil dentaire également et s’était fait opérer de sa myopie, mais cela ne compte pas, car ce sont des raisons médicales. Le reste de son corps de déesse, elle le devait à la génétique, certes, mais surtout à son hygiène de vie parfaite. Elle avait chassé son adolescence depuis bien longtemps maintenant. Sa forte acné avait disparu, et elle avait fini de grandir tardivement, ce qui avait affiné sa taille. Elle avait abandonné depuis longtemps son style garçon manqué de l’école et faisait bien attention à son régime alimentaire, ainsi que du sport très régulièrement, et les derniers kilos supplémentaires avaient fondu. Elle retourna vers sa chambre et se rendit dans son grand dressing. Rapidement, son œil averti se posa sur une robe aux teintes vertes, qui allait faire ressortir la couleur de ses yeux, mais qui restait assez sobre pour ne pas faire robe de soirée. Elle était contente que le printemps soit arrivé, car cela lui laissait plus de choix vestimentaire, alors qu’en hiver on est obligé de se cacher derrière d’immenses vestes longues et chaudes pour échapper au froid mordant, au vent et à la neige. Cette pensée la fit frissonner.
Le temps filait à toute allure et il allait falloir qu’elle rattrape son retard. Elle consulta rapidement son agenda et ses mails. Elle avait un shooting photo cet après-midi, puis elle avait deux partenaires à appeler. Elle choisit de se maquiller légèrement, car elle savait que de toute manière elle serait remaquillée par une professionnelle pour son shooting. Il ne fallait pas qu’elle soit en retard pour son rendez-vous, car elle allait être en direct pour sa séance sur son compte ; elle l’avait déjà annoncé à ses followers, car oui, Ava gagnait sa vie en tant qu’influenceuse.
L’interphone sonna une nouvelle fois. Cette fois-ci le concierge lui annonça qu’un colis venait d’être déposé pour elle. Décidément, elle n’allait pas s’en sortir !
« Très bien, amenez-le-moi s’il vous plaît. »
« Bien Madame. »
Elle réceptionna le colis et le rangea avec deux autres qui attendaient dans un placard. Ce n’était pas le moment de s’en occuper, et elle nota immédiatement sur son agenda « Ouvrir les colis ».
Elle regarda sa montre, et il était presque midi. Elle se dirigea vers son immense frigo américain et l’ouvrit. Il était rempli de bons plats tout prêts à réchauffer préparés par un traiteur et non ceux immondes des supermarchés, qu’elle ne fréquentait pratiquement plus depuis bien longtemps. Elle choisit de prendre quelque chose de léger, car elle avait son shooting et elle ne devait pas être ballonnée. Elle jeta donc son dévolu sur une salade niçoise. Elle adorait la cuisine française depuis qu’elle l’avait découverte lors de son voyage à Paris avec Brad, pour ce qu’ils appelaient leur « voyage de noces », car ils ne s’étaient pas mariés. Ils y étaient restés deux semaines au Georges V et n’avaient visité que peu de choses finalement… La tour Eiffel, les Champs-Élysées, Montmartre, et le splendide spectacle du Lido. Il faudra que j’y retourne un jour, pensa-t-elle. Après tout, il y a la fashion week. Ça me donnera une excuse.
Tout en mangeant, elle appela son compagnon.
« Coucou chéri, tu vas bien ? »
« Bien et toi ? »
« Je ne t’ai pas entendu te lever ce matin. Je ne te dérange pas au moins ? »
« Non, c’est bon, je suis tranquille. Mon prochain rendez-vous n’est que dans 15 minutes. Qu’est-ce que tu voulais ? »
« J’ai invité Penelope et Victor à manger ce soir si ça ne te dérange pas. Sinon ce n’est pas grave, on décalera le repas. »
« Non, ça ne me pose pas de problème. Je serai rentré tôt normalement. »
« Parfait alors, je confirme le rendez-vous. À ce soir alors. Salut. »
« Salut. »
Tout en finissant son repas, elle reprit son téléphone et appela cette fois-ci Penelope.
« Rebonjour, Penelope, c’est Ava. »
« Oui Ava. Tu appelles pour le repas de ce soir ? »
« Oui, j’ai eu Brad au téléphone et il pourra être là. On se donne rendez-vous à… 18 h, ça ira pour toi ? Je sais que ça fait un peu tard, mais j’ai beaucoup de boulot aujourd’hui. Attends-toi à un dîner spécial… »
« OK pas de souci. Je peux en savoir plus sur ce dîner ? »
« Non sinon ça ne serait plus une surprise. À tout à l’heure. Ciao ! »
« À ce soir. »
Elle jeta un coup d’œil à l’horloge et sursauta. Décidément cette journée passait vraiment trop vite. Il était 12 h 30 et elle devait être dans 2 heures à son shooting. Elle venait d’inviter ses voisins et elle devait donc s’occuper du repas. Bien que le frigo soit rempli, elle faisait toujours venir un chef à domicile lorsqu’elle avait des invités. À nouveau elle décrocha l’interphone.
« Madame Miller, que puis-je pour vous ? »
« Je souhaiterais faire venir un chef ce soir pour un repas “À la française” à la maison à 18 h. Nous serons quatre. »
« Très bien. Quel est votre budget Madame ? »
« Entre 150 et 200 $ par personne, pas plus. Je souhaite quelque chose de simple. En dessert, commandez une forêt noire s’il vous plaît. Je m’occuperai personnellement du vin. »
« Souhaitez-vous un plat particulier ? »
« Non, j’avoue que je n’ai pas d’inspiration. Dites-lui de faire à sa guise, mais vous savez bien que j’aime la cuisine française… Ah oui, j’allais oublier. Madame Jordy est allergique aux amandes. »
« Et vous au soja, je le sais. C’est noté. Je vous enverrai un message lorsque tout sera organisé. »
« Merci. »
Une nouvelle fois elle ramassa ses affaires, prit son sac et enfila ses chaussures. Son portable ! Elle allait oublier le plus important ! Une fois récupéré, elle claqua la porte et partit à son shooting. Elle allait avoir un peu de temps pendant le trajet.
Elle trouva rapidement un taxi et lui indiqua sa destination. Avec un peu de chance, elle ne serait pas en retard, et une fois installée, elle alluma son portable pour se connecter à ses divers comptes. Elle commença par son compte Tic Toc, et lut rapidement quelques commentaires sur son dernier post. Elle y avait mis une petite vidéo sur son nouvel appartement, pour le présenter à tous ses abonnés. Elle en profita pour répondre rapidement à quelques commentaires élogieux, puis elle bascula rapidement sur son compte Instagram, pour vérifier son nombre de followers une nouvelle fois, et elle fit une courte vidéo d’elle dans le taxi, sur la route de son shooting pour leur rappeler qu’elle serait en direct incessamment, et qu’elle posta immédiatement. Voilà une bonne chose de faite ! Le plus important, c’est bien de prendre soin de ceux qui vous font vivre, pensa-t-elle avec une pointe de cynisme.
Son portable sonna. Elle venait de recevoir un message : « Toutes les dispositions ont été prises. Un chef viendra chez vous à 17 h. Le gâteau sera livré. » Parfait, encore une bonne chose de faite !
Une fois arrivée au studio, elle n’avait que cinq minutes de retard. Elle était rodée à l’exercice et elle salua rapidement tout le monde en s’excusant. Elle alla directement se faire coiffer et maquiller. Assise sur sa chaise, elle prit une nouvelle fois son portable et enclencha son direct. Elle se laissa faire calmement, tenant son téléphone à la main et parlant à la caméra de tout ce qui était en train de se passer. Malgré son succès grandissant, elle ne s’était jamais comportée en diva capricieuse, et ne souhaitait pas le devenir !
Une fois prête, elle installa son portable sur un trépied, vérifia l’angle puis se dirigea vers les portants. Elle n’avait pas à réfléchir, car elle allait faire des photos avec toutes les tenues, et elle savait comment les accorder puisqu’il s’agissait de sa première collection. Elle était tout excitée ! Elle choisit au hasard une tenue, un pantalon large en lin bleu accompagné d’un chemisier en lin également, mais de couleur grise.
Lorsqu’elle sortit de la cabine d’essayage, cela ne faisait aucun doute : tout lui allait bien. Le photographe la mitrailla de photos, lui donnant des instructions pointues sur les positions à prendre et elle s’exécutait sans broncher. Elle le connaissait depuis longtemps et avait confiance en lui. Leur collaboration était fluide et le travail allait vite, ce qui l’arrangeait, car elle gardait en tête son repas du soir. Il lui fallut un peu moins d’une heure pour boucler le travail. Tout était parfait, car le direct s’était très bien passé. Elle alla remercier ses followers, tout en jetant un premier regard sur les commentaires concernant sa collection et termina le direct.
« Alors Marco, tu as tout ce qu’il te faut ? »
« Et plus encore… »
Elle lui sourit.
« Combien de temps tu vas mettre à finir le travail ? »
« Tu devrais avoir tout ça la semaine prochaine. Je te tiendrai au courant. »
« C’est parfait, je t’adore. J’aimerais bien discuter avec toi, mais là je suis pressée, j’ai des invités ce soir. »
« Je sais bien, tu n’as jamais de temps à m’accorder, tu es toujours par monts et par vaux », dit-il, avec un air faussement déçu.
« Alors il faut qu’on prévoie un repas ensemble. Faisons-le immédiatement. Je vais caler une date pour toi dans mon planning. » Elle ouvrit son planning.
« Eh, tu crois que tu es la seule à travailler ? Moi aussi je suis overbooké ! »
« Si tu n’y mets pas un peu du tien, on ne va jamais y arriver ! Bon là je n’ai pas le temps de voir avec toi quand placer un repas, mais je le note, comme ça je n’oublierai pas. »
Aussitôt dit, aussitôt fait, elle avait noté de fixer un repas avec Marco pour ne pas oublier. Ils se saluèrent amicalement et elle s’en alla, ne laissant derrière elle que la douce odeur de son parfum.
Lorsqu’elle reprit un taxi, il était presque 17 h 30. Elle savait qu’elle devait appeler ses partenaires, mais c’était trop tard, et puis elle n’en avait pas envie. Pour une fois elle allait faire une entorse au code et franchement ils n’allaient pas le lui reprocher. Mais elle avait des remords, alors pour couper la poire en deux elle décida de leur envoyer un mail en s’excusant, et stipulant qu’elle les contacterait demain. Et encore du travail. La vie d’influenceuse n’est pas si facile qu’on pourrait le croire. Si seulement les gens pouvaient le comprendre !
Lorsqu’elle arriva chez elle une douce odeur embaumait l’appartement, rappelant à son estomac qu’elle n’avait en tout et pour tout uniquement mangé une salade niçoise et bu un café au lait au cours de la journée, ce qui faisait peu, d’autant plus qu’elle avait fait du sport. Elle se dirigea vers la cuisine et vit le chef déjà aux fourneaux. Il se retourna et elle le reconnut immédiatement. C’était John Lefevre, et elle adorait sa cuisine raffinée.
« Bonjour John. Votre cuisine me fait saliver. Ça sent bon dans toute la maison. Qu’est-ce que vous nous avez préparé cette fois-ci ? »
« Noix de Saint-Jacques en entrée, tournedos de canard Rossini sauce périgueux avec ses légumes variés et plateau de fromages. Le tout avec du pain français, bien sûr. Votre dessert a déjà été livré. Il a été mis au frigo. »
« C’est parfait, merci beaucoup. Je vous avoue que tout cela me donne faim. Quel vin devrais-je prendre pour accompagner mon repas ? »
« Avec les noix de Saint-Jacques, je vous conseillerais un Chablis ou un Pouilly-Fuissé, et pour le tournedos un vin rouge sec. Vous avez beaucoup de choix, c’est selon votre goût. Je vous conseillerais juste de choisir un vin de qualité, ça serait bête de gâcher ce plat avec un vin de mauvaise qualité. »
« Je n’ai que des vins de qualité ! Je vais prendre un Saint-Émilion alors. »
« Ce sera parfait. C’est un excellent choix. »
Elle se dirigea vers la cave à vin dans le cellier et attrapa deux bouteilles, qu’elle posa sur le plan de travail, lorsque son téléphone vibra. C’est à ce moment-là que Brad entra dans l’appartement. Elle sursauta et renversa une bouteille qui roula rapidement et finit sa course au sol, éclatant en mille morceaux. Elle raccrocha, se retourna et grimaça.
« Bonsoir chéri. Je crois que je viens de faire une grosse bêtise. La bouteille est foutue et je sens le vin. Heureusement que j’en ai une autre. Je vais devoir aller me doucher. J’espère que tu as passé une meilleure journée que la mienne. »
« Je vois ça. Effectivement j’ai passé une meilleure journée que toi. Bonsoir John. »
« Bonsoir Monsieur Chester. »
« J’ai couru toute la journée, je suis crevée. Je crois que j’aurais dû reporter le dîner, mais bon tant pis, c’est trop tard. Je vais tout nettoyer, me laver et me changer. »
« Ne vous inquiétez pas Madame, je vais nettoyer la cuisine. Allez vous préparer. »
« C’était qui au téléphone ? »
« Un numéro inconnu, mais j’ai sursauté. Allons nous préparer, il nous reste peu de temps. »
« Oui. »
Ava se doucha rapidement pour laisser la place à Brad. Elle se rendit dans le dressing et choisit cette fois-ci une robe de soirée pour son repas, mais pas trop sophistiquée tout de même. Elle était dans les tons violets et avait un léger décolleté. Le velours se croisait devant ses seins, et une fleur ornait la jonction des tissus. Elle ferait l’affaire. Elle choisit une paire de boucles d’oreilles créoles et un collier avec un pendentif en papillon. Son maquillage et sa coiffure étaient restés impeccables depuis sa séance photo. Un peu de parfum, et elle était prête.
Il passa devant elle, l’embrassa au passage, et se dirigea à son tour vers la salle de bain.
« Dépêche-toi ! Ils vont arriver et tu auras encore ta serviette autour de la taille ! »
« Ou pas… » répondit-il avec un sourire vicieux.
« Arrête de plaisanter et va t’habiller. »
Elle leva les yeux vers le ciel. Il rigola et partit dans le dressing.
Ava retourna au salon et jeta un coup d’œil. Elle mit rapidement la table. Elle en profita pour allumer la télé en même temps et s’informer rapidement sur ce qu’il se passait dans le monde. Toutes ces mauvaises nouvelles ! Elle le regretta vite, mais une idée surgit dans son esprit. Aussitôt elle prit son agenda et nota « faire du caritatif », puis elle éteint la télé. Elle retourna dans la cuisine et John avait tout nettoyé. Elle le remercia.
Brad arriva dans le salon au même moment que l’on sonna à la porte. Il alla ouvrir. Le timing était parfait.
« Bonjour les amoureux ! Vous allez bien ? »
« Bien et toi ? Toujours pas mariés ? »
« Non, et on est bien comme ça. »
« L’amour ça se prouve par des actes, pas par une bague au doigt », dit Ava en s’approchant.
« Prends-en de la graine », dit Penelope à son mari.
« Je sens que ça va être ma soirée… »
Et ils rigolèrent tous.
Ils entrèrent dans le grand appartement et refermèrent la porte derrière eux.
« Décidément, j’adore vraiment tes lustres ! » dit Penelope.
« C’est toujours non, je ne te les vendrai pas. Et puis tu as beaucoup de choses très belles chez toi aussi. »
« Je sais bien, mais laisse-moi au moins les observer. »
« Bon d’accord, mais c’est bien parce que c’est toi. »
Brad et Victor se regardèrent d’un air dubitatif.
« C’est bien un truc de femmes tout ça. Moi, tant que ça fait de la lumière, ça me va. »
« C’est très misogyne ce que tu viens de dire. »
« Attention. La pente est glissante », glissa Brad à l’oreille de Victor.
« Venez vous asseoir. »
« En tout cas ça sent très bon, et j’ai faim, mais je ne reconnais pas l’odeur. »
C’est à ce moment-là que le chef arriva et présenta le repas.
« Ce soir ce sera Noix de Saint-Jacques en entrée, tournedos de canard Rossini sauce périgueux avec ses légumes variés et plateau de fromages. En dessert vous aurez une forêt noire. »
« Merci chef. »
« Je te soupçonnerais d’aimer la cuisine française », lui lança Victor.
« J’espère que ça ne te pose pas de problème, sinon j’ai plein d’autres choses au frigo. »
« Non pas du tout. J’aime bien goûter de nouvelles choses. »
« C’était donc ça ta surprise. »
« Et oui. »
Le chef arriva avec les quatre assiettes de Noix de Saint-Jacques dressées qu’il déposa sur la table devant chaque personne. Il présenta la bouteille de Chablis choisie par Ava et servit Brad pour le faire goûter. Il acquiesça et le chef remplit tous les verres.
Aussitôt Ava prit en photo son assiette et la posta sur son compte avec comme commentaire « Repas à la française. » Ils commencèrent à manger et l’entrée eut un grand succès. Une fois terminées, les coquilles étaient bien vides, et les verres aussi.
« Alors Victor, qu’as-tu pensé des Noix de Saint-Jacques ? »
« C’était délicieux. J’aimerais bien avoir la recette. »
« Le chef ne te la donnerait pas, c’est son secret. »
« Et puis tu ne sais pas cuisiner », surenchérit Penelope.
« Souviens-toi de ce qu’il s’est passé lors du barbecue de la fête nationale ! »
« C’était il y a des années ! Je sens que je vais en entendre parler jusqu’à ma mort. »
« Il a brûlé toute la viande. »
« J’avais un peu trop bu. »
« Oui, et on a dû faire un repas végétarien. »
« Ça fait des souvenirs », dit-il en haussant les épaules.
Brad et Ava éclatèrent de rire.
« J’aurais aimé voir ça ! »
« C’était un carnage. Ça fumait noir, et même les chiens n’en ont pas voulu. »
« C’est pas grave, personne n’est parfait. Moi une fois j’ai confondu Ava avec mon ex, je ne sais pas pourquoi. »
« Aïe », dit Victor.
Ava leva les yeux vers le ciel.
« Elle lui ressemble ? »
« Non, elle était plus petite, et n’avait même pas les yeux verts. »
« Tu as quand même dû passer un sale quart d’heure, je parie. »
« Disons que le lit de la chambre d’amis est confortable, si vous voulez dormir ici. »
Encore une fois, ils éclatèrent tous de rire.
Le chef réapparut et débarrassa la table.
« Cela vous a-t-il plu ? »
« C’était excellent, toutes mes félicitations. »
« Merci beaucoup. Je vous apporte la suite. »
Il amena les assiettes de tournedos qu’il déposa à nouveau devant les invités qui salivaient d’avance en sentant les odeurs savamment entremêlées du plat présenté avec minutie. Il amena la bouteille de Saint-Émilion et la présenta à Brad. Le choix était parfait, et il remplit tous les verres. Il se retira et Ava prit une nouvelle photo pour ses followers.
« Ton métier est vraiment étrange », fit remarquer Victor.
« Je suis un peu d’accord avec toi, mais je gagne très bien ma vie, alors pourquoi en changer ? D’une certaine manière, je suis payée pour m’amuser. »
« Tu as raison, profites-en », dit Penelope.
Les invités se jetèrent sur leurs assiettes tant elles semblaient délicieuses. Encore une fois, elles eurent un grand succès, mais lorsque Victor demanda ce qui se cachait derrière cette appellation étrangère, il fit la grimace en découvrant qu’il venait de manger du foie gras.
« Du coup, tu trouves ça moins bon ? » lui demanda Brad.
« Non, c’est vrai, tu as raison. Ton argument tient la route. Alors j’aime le foie gras. »
« Et maintenant, vous allez goûter du fromage français. »
Cette fois-ci Penelope et Victor firent tous les deux une grosse grimace.
« Allez, un peu de courage ! » lança Ava.
« Mais tu sais bien que les fromages français ne sont pas bons, et en plus ils puent ! »
Ava regarda Victor et rigola encore une fois.
« Mais il existe plus de 1200 fromages différents en France. Tu ne vas pas me dire que sur ce nombre tu n’en trouveras aucun qui te plaît ! C’est mathématique. »
« Mouais… Mais je suis certain que tu n’as pas fait venir les 1200 fromages pour que je les goûte tous ! »
« On va commencer doucement. »
Le chef fut de retour pour débarrasser les assiettes puis il revint avec le plateau de fromages. Il remplit encore les verres de vin rouge et présenta les différents fromages présents sur le plateau. Il n’avait pas choisi de fromage qui sentait fort, car il savait que cela pouvait choquer facilement les personnes non averties. Il y avait donc un camembert, pas trop fait, du comté, une bûche de chèvre pas trop faite non plus, et un Saint-Nectaire. Il avait évité les fromages forts. Il ne se permettait de servir des fromages très typés qu’à des personnes au palais averti. Il se retira.
Cette fois-ci leurs invités étaient un peu inquiets tous les deux. Ils regardaient le plateau, mais ne savaient pas quoi faire. Penelope regarda Ava.
« Tu as un conseil pour moi ? »
« Essaye peut-être un morceau de camembert, c’est le plus commun des fromages. »
Elle se servit un tout petit morceau et reposa le couteau sur le plateau.
« Ça se mange avec du pain. »
« Mais normalement il y a de la confiture, non ? »
« Jamais de la vie ! Il n’y a que certains fromages de chèvre qui se prennent avec du miel. »
« Très bien. » Elle prit une tranche de baguette, et elle fut un peu rassurée, sachant qu’elle aimait le pain français. Mais elle s’en tint uniquement au camembert.
Victor choisit de la bûche et du Saint Nectaire, et Brad et Ava prirent un peu de chaque fromage.
« On voit que vous avez l’habitude », dit Victor.
« On a découvert ça lors de notre voyage à Paris. »
Ava et Brad regardèrent du coin de l’œil leurs invités manger le fromage. Ils rigolaient intérieurement, car ils sentaient leur mal-être. Penelope avala son camembert découpé en tout petits morceaux déposés sur de grandes tranches de pain, puis elle finit par boire d’un trait son verre de vin rouge. Victor entama sa bûche, leva les yeux vers le ciel pour analyser le goût, puis fit une moue. Il but un peu de son vin et entama le Saint-Nectaire. Tout le monde le regardait. Là encore, il leva les yeux et finit son morceau.
« Alors, qu’est-ce que vous en avez pensé ? » demanda Ava.
« N’essaye plus jamais de m’intoxiquer ! » dit Penelope en faisant une énorme grimace.
Encore une fois, ils éclatèrent tous de rire.
« Si tu avais vu ta figure… On aurait dû te filmer. »
« Et en plus, vous vous moquez de moi ! »
« C’était vraiment très drôle. Mais ne t’inquiète pas, tu aimeras le dessert, j’en suis certaine. Et j’ai bien précisé que tu étais allergique aux amandes. »
« Bon tu remontes un peu dans mon estime. »
« Et toi Victor, qu’en as-tu pensé ? »
« J’ai préféré le deuxième, le Saint-Nectaire. »
« D’accord. Je suis bon perdant. Il y a des fromages qui sont bons. »
Ils discutèrent un peu des derniers potins de l’immeuble. Brad était médecin dans une clinique huppée, et il voyait défiler du beau monde, mais il était tenu au secret professionnel. De toute manière, les stars se faisaient toujours avoir par les paparazzis, et puis une chirurgie esthétique, c’est fait pour être vue !
Dans l’immeuble, en revanche, il y avait beaucoup de femmes au foyer et certains hommes qui ne travaillaient plus, car ils étaient tout simplement rentiers. Les richesses faisaient tourner la tête. Penelope et Victor n’auraient pas pu se permettre de vivre ici si elle n’avait pas travaillé aussi, et ils n’avaient qu’un des plus petits appartements, mais cela n’avait que peu d’importance, car elle n’avait pas besoin de plus, mais surtout elle avait connu bien pire que ça. Mais elle n’aurait pas pu envisager sa vie autrement. Elle n’était pas faite pour l’oisiveté.
Elle avait créé son entreprise il y a presque 10 ans et travaillait dans la finance. Son mari, Victor, concevait des logiciels pour les entreprises. Il était cadre supérieur, mais Ava n’en savait pas plus.
Quelques minutes plus tard, le chef revint débarrasser la table.
Ils discutaient de leurs futures vacances lorsque le dessert fut servi. La forêt noire était appétissante. Ils étaient tous d’accord sur un point : en matière de dessert la pâtisserie française dépassait celle américaine, et de loin ! Elle était beaucoup plus légère, moins sucrée et moins grasse.
« Souhaitez-vous une coupe de champagne avec le dessert ? » Il y en a au frais.
« Non merci, il faut se lever demain, nous ne sommes pas en vacances. »
« Très bien. »
Lorsque le dessert fut terminé, le chef vint encore tout débarrasser et leur demanda si tout s’était bien passé.
« C’était parfait, merci beaucoup. »
Quelques minutes plus tard, il se présenta une dernière fois et prit congé. Il avait tout rangé, nettoyé dans la cuisine, et avait repris ses affaires.
Au moment de partir, ils se saluèrent et Penelope leur dit qu’ils les inviteraient.
Une fois la porte fermée, Ava enleva ses chaussures à talon qui lui faisaient mal depuis longtemps. Elle se retourna vers Brad et lui demanda :
« Alors tu as sauvé des vies aujourd’hui ? »
« Je ne fais que réparer des femmes riches qui ont parfois de drôles de lubies, et qui souvent n’en ont pas besoin. Quand on voit tous ces monstres que la chirurgie esthétique fait parfois ! »
« Tu n’aimes plus ton métier ? »
« Disons que je ne me sens pas très utile dans la société. J’aurais pu choisir une autre voie comme la cardiologie par exemple. Ça, c’est utile, ça sauve des vies. Mais à l’époque tout ce que je voyais c’était l’argent. »
Elle était perplexe, mais une idée lui vint immédiatement à l’esprit.
« Tu pourrais peut-être faire un peu de bénévolat. »
« Pourquoi pas, c’est une bonne idée. Je vais y réfléchir. Tu es extraordinaire. J’ai de la chance de t’avoir. »
« Je sais… »
Ils partirent tous les deux main dans la main vers la chambre.
Ils la regardaient, lui souriaient. Ava se sentait heureuse de les revoir. Elle marchait vers eux, et l’émotion commençait à faire monter les larmes vers ses yeux. Elle attendait ça depuis si longtemps ! Elle marchait de plus en plus vite, leur parlait, les saluait.
« Papa, maman ! »
Maintenant elle courait pour les étreindre, cherchant la douceur de leurs bras et leur amour, mais ils ne bougeaient pas. La douleur s’installait, l’essoufflement, et cette incapacité de les atteindre, même s’ils restaient immobiles au milieu de cet espace vide. Pourquoi ne venaient-ils pas à sa rencontre ? Maintenant elle pleurait, mais cela ne semblait pas les émouvoir. Ils restaient impassibles. Tout à coup, sa mère leva sa main. Ava stoppa net sa course folle. Ce geste sonna comme un coup de poing. Non ! C’est le seul mot qui sortit de sa bouche. La voiture arriva, venue de nulle part et ils entrèrent dedans. Elle s’éloigna rapidement, et ils s’en allèrent, sans se retourner.
Un sursaut. Toujours le même rêve, ou plutôt cauchemar. Dans son lit elle transpirait, comme si elle avait réellement couru. Elle se leva et alla boire un verre d’eau. Il lui fallut plusieurs minutes pour se remettre de ses émotions, remonter à la surface. Malheureusement, on ne peut pas gérer son cerveau, alors il faut s’y habituer quoi qu’il en coûte, et pour l’instant il n’était pas l’heure pour elle de les rejoindre. Brad, quant à lui, dormait toujours du sommeil du juste, et il n’en savait rien… Elle retourna se coucher.
Le lendemain, lorsqu’Ava se réveilla, Brad n’était pas encore parti au travail. Il était en train de s’habiller.
« Bonjour chéri, tu as bien dormi ? »
« Comme un loir, et toi ? »
« Pareil, j’étais vraiment fatiguée. Penelope et Victor sont vraiment sympas. J’ai bien aimé leur tête avec le fromage. »
« C’est vrai que c’était drôle, surtout Penelope. »
« Je lui ai fait un sacré coup ! »
Ils se dirigèrent tous les deux vers la cuisine pour prendre leur petit déjeuner ensemble. Cette fois-ci Ava n’était pas pressée et elle allait pouvoir se faire plaisir. Elle ouvrit le frigo et regarda ce qu’il y avait. Elle vit la dernière part de forêt noire qui restait.
« Ça te dérange chéri si je mange la part de gâteau ? »
« Pas du tout, je vais plutôt prendre des œufs et du bacon. »
« Combien d’œufs ? »
« Deux s’il te plaît. »
Elle sortit tout du frigo les aliments, et elle rajouta un smoothie pour elle.
« Tu ne veux pas de café ? »
« J’en prendrai un sur le chemin. »
« Tu as des rendez-vous aujourd’hui ? »
« Non, j’opère toute la journée. Et toi tu fais quoi ? »
« Il faut absolument que j’appelle mes partenaires, c’est urgent, j’aurais dû le faire hier. Ensuite, c’est comme d’habitude. J’ai reçu des colis et je dois les ouvrir, et je suis en cours de préparation de ma collection. Si tout marche bien je ferai peut-être une collection homme un jour, et tu me serviras de mannequin bien sûr. »
« N’y compte pas. J’accepte déjà de me montrer de temps en temps dans tes vidéos, alors c’est bien assez. N’oublie pas que j’ai un métier sérieux, moi ! »
Elle ne releva pas cette remarque pourtant cinglante.
« Oui, mais les gens aiment ça, tu le sais. »
« Je sais bien, mais je ne comprends pas ce qui les fascine tant à nous regarder vivre. »
« C’est leur moyen de s’évader de leur triste réalité et de rêver. C’est ça qu’on leur apporte. »
« Et ils restent sagement dans leurs petites vies, sans essayer d’avancer. Les gens ne sont que des moutons ! »
« Toi aussi tu leur vends du rêve. Un corps parfait, mais un cerveau tout aussi vide… »
« C’est pas faux, mais au moins c’est du concret. Sur ces belles paroles, je te laisse. Vive les rhinoplasties et les prothèses mammaires ! À ce soir. »
« À ce soir mon cœur. »
Il l’embrassa rapidement, prit sa sacoche de travail et ses clés de voiture pour partir au travail.
Une fois seule dans l’appartement elle eut une idée et la nota rapidement dans son agenda avant de l’oublier à côté de « Faire du caritatif » « Médical ». Elle tenait une piste pour un thème. Avec un mari médecin, cela serait encore plus facile. Il pourrait faire jouer ses connaissances pour convier des invités fortunés. Il ne lui restait plus qu’à trouver une maladie à laquelle les gens s’intéressent. « Le cancer du sein ? les enfants malades ? » se demanda-t-elle. Avec le métier de son mari, il est vrai que la chirurgie reconstructrice n’a pas de secret pour lui. Il pourrait proposer ses services pour opérer gratuitement, lui qui tient à faire du bénévolat, ça ferait d’une pierre deux coups ! Mais d’un autre côté c’est vrai que les enfants malades sont un bon thème. Thème… Parler comme ça d’enfants malades, voire mourants, c’est très sordide. Bon, elle n’était pas obligée de prendre une décision immédiatement. Elle verrait plus tard.
Pour l’instant, elle avait une chose beaucoup plus urgente à faire. Tout d’un coup, son téléphone sonna et elle reconnut immédiatement le numéro qui s’affichait. Son cœur s’accéléra brutalement. Elle décrocha.
« Allo ? »
« Bonjour Ava, tu es seule ? »
« Oui. J’allais t’appeler à l’instant. Je suis désolée, mais hier je n’ai vraiment pas pu décrocher ni te rappeler. Qu’est-ce qu’il se passe ? »
« Je sais que je ne suis censée t’appeler qu’en cas d’urgence et que tu as dû avoir peur. Je me doutais que tu devais être dans ce genre de situation, mais ne t’inquiète pas trop non plus. J’ai juste besoin d’un peu plus d’argent ce mois-ci pour des frais médicaux. »
« Que s’est-il passé ? »
« Elle a fait une mauvaise chute et s’est cassé le poignet. Mais tout ira bien. »
Elle se sentit apaisée.
« Très bien. Il te faudra combien ? »
« Il reste 1000 $ à notre charge. »
« Je t’envoie ça rapidement. À part ça tout va bien ? »
« Oui, tout se passe bien. Tu viens bientôt à Los Angeles ? »
« Je ne sais pas encore. Je te tiendrai au courant. »
« Tu veux une photo ? »
« Oui merci ça serait gentil. »
« OK je t’envoie ça de suite et j’attends l’argent. »
« Je t’envoie un chèque et à bientôt j’espère. Au revoir. »
« Au revoir. »
Elle resta plantée devant son téléphone, hagarde, et attendant la photo promise. Heureusement, elle ne mit pas longtemps à arriver. Elle scruta longtemps ce visage innocent et heureux, ce qui la renvoyait à son propre passé qu’elle ne pouvait ni ne voulait effacer. C’est une logique implacable de la vie, alors pourquoi lutter ?
Au bout de longues minutes, elle finit par se résoudre à effacer cette photo qu’elle tentait de graver dans sa tête, et effaça les deux appels. Elle ne pouvait pas la garder, c’était trop risqué. Elle regarda l’heure et il était presque midi. Elle décida donc de manger avant d’aller s’occuper des 1000 $ à payer.
Elle devait absolument appeler ses partenaires, ce qu’elle n’avait pas fait la veille. Elle vérifia tout d’abord ses mails, et ils ne lui avaient pas répondu, mais ils l’avaient ouvert. Au moins ils étaient au courant. Elle prit son courage à deux mains et décrocha le téléphone. Elle commença par Mélodie Carter.
« Allo, je souhaiterais parler à Madame Carter, c’est de la part d’Ava Miller. »
« Oui Madame Miller, je vous la passe de suite. »
« Allo ? »
« Bonjour Mélodie, comment allez-vous ? »
« Bien, merci. Vous avez reçu notre colis ? »
« Oui, je l’ai bien reçu, mais je ne l’ai pas encore ouvert. J’avoue que j’ai pris un peu de retard. Je vais le faire aujourd’hui. »
« Ce n’est pas grave, il n’y a pas urgence. Par contre nous n’avons toujours pas reçu le nouveau contrat de partenariat signé de votre part. Y a-t-il un problème ? »
« Aucun, non. Je vous l’ai bien envoyé. Voulez-vous que je vérifie ? »
« Non, il doit être en cours. Par contre, pensez bien à faire la vidéo du produit. »
« C’est prévu pour aujourd’hui comme je vous disais, et je la posterai dans la foulée bien sûr. »
« Parfait, alors je vous laisse, car j’ai une réunion. Au revoir. »
« Au revoir. »
Mélodie Carter était un véritable tsunami. Pour elle il fallait que tout aille très vite, et elle était dure en affaires. C’était certainement comme cela qu’elle était arrivée si vite à la tête du service marketing chez Poma, cette grande société. Ava la classait dans la catégorie des individus « énergivores ». C’était pour elle une manière de parler des personnes qui ne cessaient de bouger, de travailler, et ne savaient pas prendre de temps pour elles. Elle n’aimait pas ces gens, car ils dégageaient quelque chose de négatif qu’elle ne savait pas expliquer, mais qu’elle ressentait.
Avant de s’occuper du colis, il fallait qu’elle se prépare. Elle allait devoir faire l’essai d’une nouvelle palette de maquillage pour les paupières. Elle allait se maquiller en entier avec des produits qu’elle avait déjà essayés et validés, bien sûr, mais cette fois-ci elle allait tester une palette de nouvelles couleurs. Là encore, elle était rodée à l’exercice. Après avoir pris sa douche, elle prit soin de préparer son visage, de prendre le bon angle pour la caméra et tout le nécessaire, car elle allait commencer de zéro, mais il ne fallait pas qu’elle soit trop « laide » au départ. Elle vérifia si elle avait tout ce dont elle aurait besoin à disposition puis elle alluma la caméra et commença son show.
« Bonjour mes chéris, je viens de recevoir un nouveau colis et je vais l’ouvrir avec vous pour découvrir ce qu’il contient… »
Aussitôt, elle le présenta à la caméra et l’ouvrit avec un ciseau. Elle savait très bien ce qu’il contenait, mais elle jouait à la perfection son rôle. Elle présenta le produit bien en évidence pour que ses abonnés puissent le reconnaître.
« C’est la nouvelle collection de couleurs d’ombres à paupières de chez Poma ! » dit-elle d’un air faussement étonné, mais heureux.
« Allons vite les essayer, je suis pressée de voir ce que ça va donner. Bien sûr avant de vous maquiller mesdames, il faut toujours préparer sa peau. Moi j’ai utilisé ma crème hydratante préférée juste après m’être lavée, comme ça elle a eu le temps de faire effet. Si vous le faites immédiatement, elle n’aura pas eu le temps de pénétrer et vous aurez la peau encore collante. »
Elle enfila un bandeau pour maintenir ses cheveux en arrière et commença son exercice.
Tout en parlant, le pinceau se promenait sur son visage. Ça paraissait si simple !
Pour chaque produit qu’elle utilisait, elle prenait soin de le montrer à la caméra, et là encore une fois elle présenta bien en évidence la palette devant la caméra et ses différentes teintes.
« On va partir sur un petit Smoky avec la palette de chez Poma. Alors aujourd’hui je vais choisir un maquillage dans les teintes rosées. Pour celles qui ont oublié, je vous rappelle que je me maquille les paupières mobiles en laissant un espace au centre, puis je fais entièrement le ras des cils dessous. Je vais ensuite utiliser une couleur un peu plus pâle et je prends mon pinceau estompeur pour passer sur ma paupière en faisant des mouvements de va-et-vient. Je n’oublie pas l’espace que j’avais laissé sans maquillage, et je vais mettre une couleur dans les mêmes tons roses, mais cette fois-ci je choisis une couleur irisée pour donner de l’éclat à mon regard. Encore une fois, je vais estomper le tout. Le résultat est déjà joli. Si vous souhaitez aller un peu plus loin, vous pouvez ajouter un petit trait d’eye-liner. Je termine mon maquillage de la paupière par un point de lumière. Pour cela, je vais choisir une couleur irisée que j’applique sous l’arcade. Je termine par le mascara. J’utilise le recourbe-cils avant d’appliquer le mascara, bien sûr, et puis je l’applique. Si vous avez aimé, n’hésitez pas à vous abonner à ma chaîne pour avoir encore plus de tutos. Bisous, au revoir. »
Une fois terminé, elle arrêta sa caméra et regarda immédiatement sa vidéo. Elle était satisfaite du résultat, mais il lui restait à faire le montage. Elle avait vraiment horreur de cette étape, mais tout n’est pas rose dans la vie. Pour commencer ses vidéos, elle utilisait toujours son nom de scène, Avafashionlover, son visage, et y rajoutait un titre. Une fois tout son travail terminé, elle posta sa vidéo en ligne, en profita pour consulter et répondre à certains commentaires laissés sur son compte, en particulier ceux concernant sa collection de vêtements, pour pouvoir effectuer des changements si besoin. Cette fois-ci elle prit soin de bien noter les remarques faites pour pouvoir ensuite ajuster ses prochaines collections. Je vais prévenir Mélodie immédiatement que la vidéo est faite avant qu’elle ne me coure après, pensa-t-elle. Encore une fois, elle prit son téléphone, rappela la société et laissa simplement un message disant que le tuto était en ligne. Elle se sentait allégée de ce poids.
Il lui restait deux colis à défaire et présenter dans son placard, mais il fallait bien doser ses apparitions sur internet, et ne pas tout mettre d’un seul coup. Elle pouvait donc attendre un petit peu pour les ouvrir devant la caméra et faire leur présentation.
« Bonjour Madame. »
Encore une fois, Ava sursauta.
« Excusez-moi. J’ai frappé, mais personne n’a répondu. Je croyais que vous n’étiez pas là. Je reviendrai plus tard si vous voulez. »
Il s’agissait de la femme de ménage.
« Bonjour Maria, je ne vous avais pas entendue. Non, vous pouvez entrer. Je ne vais pas tarder à partir de toute manière. Je vous laisse commencer. »