Le Valet de Pique - Florian Payraudeau - E-Book

Le Valet de Pique E-Book

Florian Payraudeau

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Beschreibung

Assassinats et enquêtes mystérieuses

Léo Warold vient de passer ses examens pour enfin devenir inspecteur à Chicago. On lui présente son nouvel équipier George Mills, un ancien du commissariat. Les deux hommes apprennent alors à se connaître sur une première scène de crime : la femme, Alice Troy, est assassinée dans sa baignoire. Son mari est interrogé mais les deux inspecteurs de police ont du mal à trouver une véritable piste. Fight Club, Man on Fire, Forest Gump... Autant de films qui sont pour l’inspecteur Warold et son coéquipier une manière complice de s’amuser. Seulement lorsqu’un homme est retrouvé mort à Lane Beach Park avec un valet de pique dans la bouche, le jeu des cinéphiles prend une toute autre tournure. Qui se cache derrière donc derrière cette carte mystérieuse ?

Un polar noir dans la grande tradition du genre

EXTRAIT

Aujourd’hui, c’est mon premier jour à mon nouveau poste d’inspecteur dans la police de Chicago. Nous sommes le 19 octobre 2013 et après 10 jours de paperasse on me présente enfin mon coéquipier pour mes quelques prochaines années.

Je me prépare un peu différemment ce jour-là. Peut-être qu’inconsciemment je veux impressionner mon nouveau coéquipier. Je ne suis pas d’un naturel stressé mais ce jour-là je pense que c’est bien une forme de stress qui me perturbait. En effet il n’est pas habituel que je renverse mon café le matin et que je me trompe entre la salière et le sucrière pour l’assaisonner. Il faut dire que je ne suis pas du matin. Ce matin-là c’était flagrant.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Florian Payraudeau est né en 1989 dans le Maine et Loire. Cet assureur angevin, féru de cinéma et de polar, écrit ici son premier roman. Le Valet de Pique est le fruit de son projet personnel, mêlant sa passion pour la création d’intrigue et ses références au 7ème art.

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Florian Payraudeau

Le Valet de Pique

Florian Payraudeau est né en 1989 dans le Maine et Loire. Cet assureur angevin, féru de cinéma et de polar, écrit ici son premier roman. «Le Valet de Pique» est le fruit de son projet personnel, mêlant sa passion pour la création d’intrigue et ses références au 7e art.

Lettre ouverte

Le dramaturge William Shakespeare avait la capacité intellectuelle de donner à ses phrases un sens très particulier. Il avait le pouvoir de décrire en quelques mots, les scènes de la vie. Son talent de metteur en scène lui permettait d’en sortir les idées fortes.

Mon histoire, sans même la connaître, il l’a résumée ainsi : « Le fou se croit sage et le sage se reconnaît fou. »

Gardez en mémoire ces quelques mots.

La partie de ma vie que je vais vous raconter est quelque peu perturbante pour tout homme considéré comme « normal ». Vous comprendrez donc très vite que je ne lui suis pas non plus.

Je vais par mon récit, essayer de vous faire vivre ce que j’ai moi-même vécu. Vous faire ressentir ce que j’ai éprouvé durant cette période de ma vie.

L’homme est un animal complexe. Nous avons des comportements semblables mais ne serait-ce qu’un détail fait de nous une personne unique. Ainsi je peux vous affirmer, sans la moindre crainte de me tromper, que je suis comme tout le monde, je suis unique.

Laissez-vous embarquer dans ma vie et vous comprendrez qui je suis.

Au fait, je m’appelle Léo Warold et je suis officiellement inspecteur depuis dix jours, après avoir réussi mon examen de passage à Chicago. C’est ainsi que commence mon histoire.

Chapitre I

Aujourd’hui, c’est mon premier jour à mon nouveau poste d’inspecteur dans la police de Chicago. Nous sommes le 19 octobre 2013 et après dix jours de paperasse on me présente enfin mon coéquipier pour mes quelques prochaines années.

Je me prépare un peu différemment ce jour-là. Peut-être qu’inconsciemment je veux impressionner mon nouveau coéquipier. Je ne suis pas d’un naturel stressé mais ce jour-là je pense que c’est bien une forme de stress qui me perturbait. En effet il n’est pas habituel que je renverse mon café le matin et que je me trompe entre la salière et le sucrière pour l’assaisonner. Il faut dire que je ne suis pas du matin. Ce matin-là c’était flagrant.

En tout cas, je sors mon plus beau costume, un Gucci. Je sais ce que vous vous dites tout de suite : « Il est plein aux as ce petit gars-là. » C’est sûrement l’impression que je vais donner, mais rassurez-vous : le Gucci que je porte, n’est pas hors de prix, il est même d’occasion. Entre nous, je ne pense pas que l’achat de costumes d’occasion soit une passion pour les plus aisés d’entre nous. J’ai grandi non loin de Chicago, dans une petite ville nommée Sawyer, située sur l’autre rive du lac, dans l’État du Michigan. C’est là-bas que mes parents, ou devrais-je dire mes parents adoptifs, m’ont élevé avec tous leur amour. Je les ai toujours considérés comme mes vrais parents. Certes nous n’avons pas le même ADN mais ils m’ont élevé à leur image, et ça le remplace largement. Le lien du cœur a supplanté le lien du sang.

Bien coiffé, et donc bien habillé, j’enjambe mes quelques affaires posées, ou devrais-je dire égarées sur le sol pour arriver à la porte de mon petit appartement du Loop pour m’élancer dans cette journée.

J’arrive au commissariat central, sous une pluie battante. Un de ces jours gris où le lit est notre meilleur ami, enfin c’est ce que je pense. Ce matin le soleil ne se lèvera donc pas et j’aurais bien fait de même. Je pousse la grande porte d’entrée de ce commissariat installé dans l’ancienne bibliothèque du quartier. Je passe le hall et entre dans la grande salle, surnommée par les policiers eux-mêmes le « Clic », en référence au bruit des machines à écrire que l’on entendait à chaque bureau se remettre à la ligne au fil des rapports tapés. Bien sûr les machines ont aujourd’hui laissé place aux ordinateurs, le bruit ayant évolué en cliquetis des pressions sur les touches des claviers, mais le nom lui est resté.

Tout change et évolue, même dans la police. Si une chose n’a pas changé, en revanche, c’est le chef de la police. Depuis bientôt trente ans, Simon Dito est à la tête de cette unité. Le petit-fils de celui qui a permis d’arrêter le frère d’Al Capone, est arrivé au trône assez facilement. C’est précisément lui que je dois voir maintenant et vu la description que l’on m’en a faite, je ne m’attends pas à ce qu’il m’offre un cigare et un peu de whisky en guise d’accueil. Son bureau est tout au fond du Clic. Plus je m’avance, plus je sens le poids des gens me scrutant. Je suis le nouveau. Cela me rappelle mon entrée à l’université de Chicago.

J’arrive devant sa porte fermée et vitrée avec son nom en lettres d’or. La vitre est floutée. Je n’aperçois que sa silhouette et celle d’un autre homme.

–Bonjour, vous devez être M. Warold je suppose ?

Une voix douce et pulpeuse m’interrompt dans ma concentration pour savoir qui est à l’intérieur avec le chef Dito. Un petit bureau est accolé près de la porte vitrée et derrière ce comptoir, la secrétaire personnelle de ce dernier qui semble attendre mon acquiescement. Trop obnubilé par ce qui se passait derrière cette porte, je ne l’avais même pas vue. Premier jour en tant qu’inspecteur et mon sens de l’observation me fait déjà défaut.

Je fais un simple signe de la tête pour lui confirmer, et la secrétaire m’ouvre la porte du bureau instantanément. Un mince nuage de fumée s’engouffre par l’appel d’air que je crée et l’odeur du cigare se fait tout de suite sentir. L’interdiction de fumer dans les lieux publics ne devait pas être la mesure la plus appréciée par le chef. Cela montrait à quel point il avait autorité sur tout dans cet établissement.

–Entre Warold, tu tombes bien, me fait le chef assis dans son fauteuil pivotant en cuir noir.

La caricature du chef dans toute sa splendeur.

Tout de suite deux choses me choquent, le boss me tutoie et m’appelle par mon nom. Une contradiction assez surprenante. Le ton de sa voix est rauque comme un son de gravier. Les traits de son visage laissent apparaître, à eux seuls, la réputation qui lui est prêtée. Cependant je décèle un sourire en coin qui laisse entrevoir une réelle sympathie que personne ne m’avait décrite de Dito.

–Bonjour, monsieur Dito et bonjour monsieur, fais-je en tendant la main vers l’homme qui me tournait le dos.

–Ah oui, je te présente Georges Mills.

L’homme présent dans le bureau, assis sur un fauteuil de cuir brun d’une grande noblesse qui n’avait rien à envier au « King siège » de Dito, tourne sa tête vers moi, laissant apparaître derrière ses cheveux grisonnants un visage fatigué. Une fatigue se traduisant à travers ses rides, sa petite cicatrice au coin de l’œil et son regard fuyant. Mills, ce nom me dit quelque chose, mais je ne m’en souviens pas.

–Bienvenue dans la police de Chicago petit.

Mills s’est levé pour me serrer la main. Si son visage porte les stigmates d’une longue carrière bien remplie, sa carrure est à l’antipode de cela. Le « vieux » est bien bâti pour son âge et me dépasse presque d’une demi-tête.

Le chef Dito reprend la parole avant même que j’aie pu remercier Mills de son message de bienvenue.

–Georges est l’un de mes meilleurs inspecteurs et il a accepté de te former et d’être ton coéquipier.

Le petit regard de Mills vers Dito au moment de cette phrase me fait bien comprendre que mon néo coéquipier n’a pas eu trop le choix. Cependant cela n’a pas l’air de trop le déranger.

–Bon, on n’est pas là pour bavarder et je suis débordé, reprend Dito d’un ton sec, Mills je veux te confier, enfin vous confier, corrige-t-il en me souriant, une nouvelle affaire qui vient de tomber sur mon bureau. Une jeune femme poignardée chez elle, sur East Balbo Avenue. Dépêchez-vous, la presse est déjà au courant et ça ne m’étonnerait pas que cette fouineuse du Chicago Tribune soit déjà sur place à renifler.

Sans un mot Mills prend la pochette de documents que lui tend Dito et se dirige vers la sortie. J’emboîte le pas immédiatement.

Ma mémoire me revient. Mills est l’inspecteur qui a arrêté le boucher de Chicago dans les années soixante-dix. Voilà pourquoi je connais ce nom. J’ai entendu le plus grand bien de cet homme. Cette journée commence donc bien. Avoir Mills comme formateur de terrain, je ne pouvais rêver mieux.

Chapitre II

Seulement dix minutes nous séparent du commissariat de la scène du crime, et pourtant le temps me paraît beaucoup plus long. Dans la voiture, le silence règne, pas un mot, seulement la radio de police qui l’interrompt de temps en temps de messages presque indescriptibles.

Quand la voiture s’arrête, je suis presque soulagé, on va sûrement pouvoir briser ce silence pesant et parler de cette nouvelle enquête.

Nous sortons de la voiture et nous entrons dans le bâtiment. Une belle résidence de trois étages. Dans le hall de la bâtisse, moins luxueux que sa façade, quatre policiers en uniforme bloquent le passage à une dizaine de personnes qui attendent sûrement pour rentrer chez eux après que les policiers aient recueilli leurs précieux témoignages.

Je suis toujours de près Georges qui se dirige vers l’un des policiers accaparé par une jeune femme brune particulièrement agacée par ce dérangement matinal. Plus on s’approche, et plus on commence à entendre ce qu’elle lui dit : « Non, mais vous comprenez, je veux rentrer chez moi, j’ai mon chat à nourrir et je suis sûre d’avoir laissé mon robinet ouvert tout à l’heure, vous ne voudriez pas être responsable d’une inondation quand même… »

Georges l’interrompt en posant sa main avec un manque de tact évident sur l’épaule de la jeune femme visiblement surprise. Son agacement fait place à un sourire gêné quand elle voit qui est l’homme qui l’a interrompue :

–Mademoiselle McGee, vous n’essayez pas d’abuser de la naïveté de la police de Chicago par hasard, fait Georges qui visiblement connaît très bien son interlocutrice du jour.

–Je n’oserais pas, inspecteur Mills.

Le ton de sa voix a radicalement changé, passant de relativement affolée à concrètement assurée. Une pointe de sarcasme se fait même ressentir.

–Vous faites du baby-sitting inspecteur ? lance-t-elle à Georges en me montrant du regard.

–Non, je vous présente Léo Warold, nouvel inspecteur qui sera heureux de ne jamais vous adresser la parole j’en suis sûr.

–Enchantée, moi c’est Hélène McGee, journaliste du Chicago Tribune.

Sans même attendre ma réponse, elle me glisse sa carte de visite dans la poche avant de mon costume. Une fois un dernier sourire adressé à Georges, Hélène se dirige vers la sortie, remontant ses petites lunettes sur le nez. Avant de sortir du bâtiment, elle ajouta en narguant les policiers présents : « Vous passerez le bonjour au chef Dito de ma part. »

Je crois que vous l’avez compris comme moi, je viens de rencontrer la fouineuse brillamment décrite par Dito.

Après cet interlude de présentation, nous prenons le premier ascenseur pour monter au second étage voir la victime. Un autre policier est présent devant la porte. S’il s’agit de mon premier jour en tant qu’inspecteur dans la police de Chicago, il est fort à parier qu’il s’agit là de son premier jour en tant que flic.

Nous entrons dans l’appartement de la jeune femme sans même que le policier devant la porte nous arrête pour nous demander de passer notre chemin. L’appartement a une décoration soignée et une propreté extrême, que je jalouse un instant. Le rangement et le ménage ne sont pas mes passe-temps favoris, mais il faut l’admettre, dans une pièce aussi nette, on se sent bien.

Un policier, beaucoup plus expérimenté celui-ci, quoique d’au moins vingt ans le cadet de Georges, nous accueille dans le salon et nous débriefe en nous amenant sur le lieu proprement dit du meurtre :

–Bonjour inspecteur, voici le topo, Alice Troy, femme blanche, 37 ans, vivait seule dans cet appartement, divorcée de son mari Bradley Troy. Assassinée dans sa douche d’une quinzaine de coups de couteau, un vrai bain de sang.

Le mot « sang » a toute la résonance qu’il peut avoir, puisqu’au moment même où il l’a prononcé, nous entrons dans la salle de bains de la victime.

La scène de crime est un vrai tableau où tout est figé. Les murs blancs sont maculés de projections de sang, tout comme l’ensemble des éléments de la salle de bains, du lavabo au miroir. La jeune femme est allongée dans sa baignoire au fond rouge maintenant. À première vue, elle s’est débattue fortement, des traces de mains longent murs, rideaux et bords de baignoire. On aura peut-être une chance de retrouver une empreinte facilement exploitable du tueur sur cette scène de boucherie.

L’odeur se fait de plus en plus présente. Mes narines s’irritent et un haut-le-cœur ne tarde pas à me faire racler la gorge. Cependant je ne veux pas quitter la scène avant Mills, il est important que je lui montre d’entrée que je suis à la hauteur pour ce rôle d’inspecteur.

Alors que le policier nous accueillant commence à émettre sa première hypothèse sur l’identité de l’assassin, comme étant certainement l’ex-mari, Georges, lui ne dit rien et observe attentivement la scène macabre d’un regard de chercheur d’or.

–Le photographe est déjà passé, me signale le policier, et la scientifique arrive.

Je commence donc à m’approcher de la victime pour analyser ses plaies : Mills semble me laisser faire.

–Je compte douze coups de couteau sur l’ensemble du corps, tous portés sur la partie avant de son corps, ce qui est sûr c’est que son tueur a déversé sa colère sur cette pauvre femme. À mon avis un crime passionnel. Un ou deux coups de couteau auraient suffi pour la tuer. Rien sous les ongles à première vue.

–Écoute fiston, me fait Georges particulièrement dubitatif sur mes propres conclusions, n’écoute pas ce que disent les autres, fais-toi ta propre opinion, regarde plus loin que la scène de crime en elle-même, et après seulement, dis-moi ce que t’en conclus.

Sa réponse me surprend, il réfute ce que je dis et mon assurance perd quelque peu de sa superbe après cette réflexion. Je réfléchis quelques secondes, regarde attentivement la femme mais arrive toujours à ma conclusion. Je ne sais absolument pas quoi lui répondre. Après tout c’est peut-être un piège : « n’écoute pas ce que disent les autres » c’est bien ça qu’il m’a dit, pourquoi je l’écouterais lui alors !

–Non à mon sens c’est bien ce qu’il ressort de la scène de crime, un crime passionnel, lui confirmé-je avec aplomb.

Un sourire d’approbation de « M. Piège » me confirme bien que j’ai eu raison de rester sur ma position. Je suis plutôt fier de moi sur ce coup et ne peux m’empêcher de sourire à mon tour.

On fait le tour de l’appartement qui ne contient pas grand-chose d’intéressant : Mlle