Parce que tout au fond tu sais - Clarisse Mercier - E-Book

Parce que tout au fond tu sais E-Book

Clarisse Mercier

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Beschreibung

Un amour d'enfance ressurgissant du passé !

Méfiez-vous de vos histoires d’amour de jeunesse, il se peut qu’elles vous rattrapent tôt ou tard.
Voici une histoire d’amour qui se déroule entre la Bretagne et la Martinique. Quand deux enfants s’aiment et se rencontrent très jeunes, qu’est-ce que la vie leur réserve ? Ces deux âmes vont évoluer chacunes de leur côté, jusqu’à ce que le hasard les amène à se croiser à nouveau.
Une nouvelle légère et dynamisante qui aborde les questions de foi en l’amour, de patience, de blessures de l’enfance pour rayonner et créer davantage d’amour.

Découvrez une nouvelle qui montre la force d'un amour d'enfance, demeurant intact à travers le temps.

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Clarisse Mercier

Parce que tout au fond, tu sais

Je suis dans cette pièce qui me paraît grande. L’atmosphère est chaleureuse autour de moi, il y a des meubles en bois, plutôt traditionnels, je me sens en sécurité et pourtant je tremble de partout. La personne en face de moi me reçoit avec douceur et gentillesse. J’entends le vent passer entre les moindres millimètres des fenêtres. Cela fait un vacarme dingue alors que dans cette maison tout à l’air bien fermé et bien isolé. Je suis un peu mal à l’aise parce que je viens demander de l’aide et je voudrais repartir avec des réponses. Je me sens perdue actuellement, je me demande ce que je vais bien pouvoir faire de ma vie sur le plan professionnel. J’ai deux enfants, je suis en couple, j’ai 37 ans et je me pose toujours la même question qu’après le lycée : Mais je suis faite pour quoi dans cette vie ? Dans ce salon lumineux, je suis assise sur un long canapé. Il y a juste cette femme avec son curieux talent de transmettre des informations qui viennent d’ailleurs. Moi je veux savoir ce pour quoi je suis faite et qu’on m’indique ma voie professionnelle ! Nous ne sommes que deux dans cette pièce et pourtant j’ai l’impression de sentir une multitude de présences comme un grand rassemblement devant cet immense bureau ! Je continue de trembler, ma voix est grave et je n’arrive pas à me relâcher durant tout cet échange. Pendant le rendez-vous nous parlons, et parfois sa voix s’accélère, tel un flot de mots semblant venir de plus loin comme si elle ne contrôlait ni le flux ni le vocabulaire. Elle me confirme que je vais revenir vers le basket, que je vais entrainer mais d’une autre manière. Je l’ai senti oui je sais mais cela ne me dit pas si c’est le bon job pour moi.

Elle me dit que je vais certainement déménager pour mon travail, près de la mer. Peut-être du côté de Saint-Malo vers la côte nord, ou peut-être du côté de Vannes vers la côte sud. En entendant ces mots : vivre près de la mer, je déconnecte quelques secondes. Je dis oui dans ma tête même si j’ai du mal à croire que je peux déménager de ma ville natale : Rennes. Mais au moment où j’entends « à côté de Vannes », il y a un endroit qui flashe tout de suite dans mon esprit, comme un lieu qui s’impose à moi, c’est la Trinité. Mais oui cette ville de La Trinité ne m’a jamais laissée indifférente. J’y suis allée en vacances avec ma tante lorsque j’étais enfant et ce nom m’a toujours frappé, je me demande pourquoi. Et vraiment je ne vois pas ce que j’irais faire à la Trinité sur Mer en Bretagne, une petite ville de vacances sympa mais loin de toute commodité.

À ce moment-là, ce que je ne sais pas c’est que je vais devoir attendre trois ans avant de découvrir qu’une autre ville Trinité existe. Que cette Trinité-là n’est pas en Bretagne, mais beaucoup plus loin. Elle se situe de l’autre côté de l’atlantique, en Martinique en direction du Nord. On est loin du sud de la Bretagne !

Mais avant de continuer il faut que je vous parle d’autre chose. Aussi, peut-être devrais-je démarrer par le commencement.

Dans ma famille, je ne suis pas la littéraire. Mon arrière-grand-mère était écrivain et ma sœur a hérité de cette facilité. Mes notes en français durant le lycée étaient toujours en dessous de la moyenne. Donc me mettre à écrire, ça me paraît étrange ! Écrire un journal intime, mon bilan de la journée, oui, c’est facile et confortable pour moi, mais vous raconter cette histoire, c’est… bizarre, audacieux et intimidant à la fois.

Je vais quand même oser le faire, parce que je brûle d’envie de vous raconter quelque chose. Il s’agit d’une rencontre de cœur, de corps et d’âmes ou tout simplement d’une histoire d’amour. Bon ok ça peut faire cliché ou comédie romantique mais je me dis que tout ce qui apporte de la joie ne peut pas rester pour soi. L’amour c’est vivant, ça se partage, ça se diffuse. On en rêve, on en pleure. Et pourtant, ce qui est joyeux a aussi son lot de peurs et de tristesse ! Pour ne rien manquer, je vais remonter à l’âge de 10 ans environ de cette jeune fille. Voici ce qu’elle a à vous raconter.

Nous sommes en 1988, ma vie est assez tranquille. Avec mes parents, mon frère et ma sœur, nous vivons dans une maison toute neuve et que je trouve sympa avec ses deux étages. Mes parents ne travaillent pas très loin de chez nous, pour eux c’est un confort de vie. J’ai la place du milieu dans la fratrie. J’adore ma sœur et mon frère mais je me chamaille souvent avec mon petit frère qui m’agace régulièrement. J’aime bien passer du temps avec ma grande sœur car je peux accéder à ce qui se passe quand on est plus âgé que dix ans. Ce qui me caractérise c’est le goût de la liberté, oser faire de nouvelles choses et de savoir appliquer ce qu’on me dit ou ce que je vois. J’ai un côté docile qui va m’aider dans la vie à avancer vite, être discrète mais que je vais aussi détester plus tard lorsque je vais vouloir affirmer qui je suis. Mais ce n’est pas encore le moment. J’entamerai un travail sur l’affirmation de soi plus tard !

Moi, ce qui me plait dans la vie, c’est le basket, oui je rêve de devenir une des meilleures joueuses du monde, changer les choses et faire partie de l’équipe de France. Bon ça je me garde de le dire, c’est mon secret, mon rêve. Tiens, comme s’il fallait taire ses rêves pour qu’ils deviennent réalité. Remarque intéressante, je me demande d’où vient cette croyance ? En fait sur un terrain de basket je me sens libre, c’est un moyen de m’exprimer à ma manière dans la vie.

Donc j’aime carrément le basket, j’adore aussi me retrouver dans la nature, à la mer comme à la campagne. Chaque été en famille, nous allons sur la côte atlantique, j’adore cet endroit de vacances. Mes grands-parents ont une maison à la campagne qu’ils vont garder quelques années. Là-bas je m’éclate : la nature, les cabanes, les rires avec les cousins. On peut même faire pipi dehors au réveil avec la rosée du matin, on s’amuse à se faire peur, on peut courir et grimper partout jusqu’en haut des arbres. C’est très chouette, je ressens un grand sentiment de liberté quand je suis là-bas.

Les animaux me passionnent aussi. D’ailleurs, j’ai même demandé au buraliste de mon quartier s’il pouvait recevoir un magazine que j’aime et qui parle bien sûr d’animaux.

Le truc que je n’aime pas à cette époque, c’est être une fille. Être un garçon je trouve ça plus simple. Heureusement, je vais cheminer et pas à pas je vais aimer être une fille. Aujourd’hui je trouve ça riche d’être une femme, mais je n’en suis pas encore là ! Il faut dire que j’adore jouer au foot durant les récréations. J’adore aussi grimper aux arbres. Bref des trucs où il faut se dépasser et je ne vois pas ça compatible avec le fait d’être une fille ou du moins l’image que j’en ai à cette époque.

Il y a autre chose qui rapidement m’intéresse, c’est l’amour. Oui la relation amoureuse, la passion qu’on peut vivre avec une autre personne. Bon ok, je fais partie des petites filles qui rêvent du prince charmant, d’être secourue et aimée par un prince canon et aimant. Merci les histoires Walt Disney ! Les années m’ont appris que ce prince charmant n’est pas tout à fait comme ça, que ça ne sert à rien de vouloir être secourue, bienvenue dans la réalité !

Pour autant, toute jeune, je rêve d’un amour passionnel, de passer du temps avec ce garçon hypothétique, de m’endormir à ses côtés. Non, je ne parle pas de relations sexuelles, à cet âge je n’y pense même pas. Et mes connaissances en termes de sexe sont égales à zéro en fin de primaire. Par contre il y a un truc qui me titille, c’est cette sorte de force, d’intensité que j’espère bien un jour vivre en amour parce qu’au fond de moi, je sens que ça existe.

LA RENCONTRE

Je ne suis pas fan de l’école. Pour ainsi dire, pas mal de choses m’ennuient et j’ai souvent l’impression de perdre mon temps. J’aurais préféré être dans une école où je peux faire du sport le matin et l’après-midi, être davantage en relation avec la nature. Mais en primaire ça n’existe pas et la révolution de l’éducation nationale n’est pas en marche.

En fin d’année de CM2, mon école organise une journée sportive avec une école voisine. J’ai peu de souvenirs de cette journée mais je trouve ça cool de casser la routine, de se défier et de rencontrer d’autres personnes. On est surtout en train de s’observer de loin, un peu coincé plutôt que d’essayer de faire de nouvelles rencontres. Peu importe, dans quelques semaines je serai au collège et je retrouverai justement certaines de ces personnes à la rentrée.

La rentrée de sixième arrive, avec son lot de stress et de changements. Le chemin pour aller toute seule à l’école, les différentes matières, les professeurs qui changent toutes les heures, les feuilles roses, vertes et jaunes en français qui me font paniquer sur le moment.

C’est l’occasion de se faire de nouveaux amis. Au début tout le monde semble ami avec tout le monde et après les affinités se font. Parfois ça prend des tournures étranges de jalousie ou de médisances ce qui ne m’intéresse pas du tout. Mais j’ai des copines en ce début d’année, il y a Lucie et Maeva avec qui j’ai des points communs. D’ailleurs je me fais rapidement taquiner par ces dernières parce qu’il y a un gars qui est amoureux de moi.

Bon jusque-là, rien ne me surprend. C’était déjà arrivé avant et ça arrivera encore certainement. Ça fait un peu prétentieux mais comme je joue déjà bien au basket, il était arrivé que des garçons tombent amoureux de moi. Moi je n’ai jamais compris mais ça doit être un truc de gars !

Ce qui me dérange, c’est qu’en fait je ne connais pas ce garçon qui semble être amoureux de moi. Et je me demande qui peut bien tomber amoureux de quelqu’un sans avoir vraiment vu la personne et sans avoir parlé avec elle. Pff… pas très net tout ça.

Ce jour-là, je marche dans la cour de récréation du collège, Lucie à ma gauche, Maeva à ma droite, je les entends dire : « le voilà qui passe » ! Ah, je vais enfin le voir. Sauf que je comprends rapidement que je ne sais pas à quoi il ressemble. Je ne sais même pas sur qui poser mon regard. Ce qui est en train de se passer m’intrigue drôlement.

Et c’est là que je commence à sentir un truc bizarre en moi. Non je ne parle pas de papillons dans le ventre, ni d’excitations hormonales, mais plutôt d’une intensité qui prend tout le corps, sans comprendre ce qui est en train de se passer. Un truc puissant qui chauffe, qui m’envahit, comme si mon être le savait déjà. Quelque chose qui me fait dire que je suis déjà amoureuse sans pouvoir contester. Oui sans même l’avoir clairement vu, sans même lui parler, juste en le sentant s’approcher de moi.

Ce jour-là il s’est passé quelque chose que ma tête n’a pas eu le temps de comprendre, et ce n’était pas signé Cat’s Eyes*.

(*Clin d’œil à un dessin animé japonais des années 1980 que j’adorais)

LA RELATION S’INSTALLE