Partage des mots - Bernard Kuntz - E-Book

Partage des mots E-Book

Bernard Kuntz

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Beschreibung

"Partage des mots" n’est pas simplement un recueil de 30 poèmes, mais une odyssée littéraire et spirituelle. L’auteur, initialement confronté à l’insaisissable, parvient à sublimer ses mots, dévoilant ainsi un univers inédit. Héritier des courants symbolistes et surréalistes, il réinvente une poésie française accessible, affranchie des cadres élitistes. À travers une harmonie délicate entre tradition et modernité, cet ouvrage offre une invitation à se laisser emporter par la beauté des mots, dans une forme classique réinventée, marquée par un souffle nouveau.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Bernard Kuntz, ancien professeur de lettres et auteur d’ouvrages sur l’éducation, s’est profondément imprégné de la « musique savante » d’Arthur Rimbaud, qui l’a initié à la poésie. Ce recueil, écrit entre 2013 et 2024, marque son retour à l’art des vers, témoignage d’une maturité poétique retrouvée.

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Bernard Kuntz

Partage des mots

Recueil

© Lys Bleu Éditions – Bernard Kuntz

ISBN : 979-10-422-4702-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À Nicole

pour ses relectures

et ses conseils

…et pour toujours.

I

Le dire aboli

À l’instar du royaume des cieux, le langage poétique n’est pas de ce monde. Substrat d’un ailleurs qui ne se peut objectivement percevoir, et pour cela considéré par certains comme sans rapport sérieux au réel, il se déploie, tel un papillon diaphane, entre le songe et la réalité. Mais, albatros baudelairien empêtré dans ses ailes de géant, le poète ne se contente pas de claudiquer sur le pont d’un bateau ou le plancher des vaches : rabaissé loin des hauteurs, il semble pris de balbutiements jusqu’à peu à peu faire silence…

Ne nous y trompons pas, ce silence-là n’est pas un vrai, un bon vieux silence apaisant ; au contraire, s’il déploie devant nos yeux obscurcis la trame intime de l’inconnaissable, il ne surgit dans l’existant qu’en tant que témoignage impossible d’un mystère non dévoilé : bref, il évoque un azur mallarméen désespérant. Prisonnier de cette aporie, hanté littéralement par elle, le poète viendrait-il à se révolter ? Il ne lui resterait, pour exutoire, que la destruction, par la poésie, du ressort même de la poésie. Pour témoigner de l’indicible, il faudrait, en somme, désincarner le dire, le rendre idéel au risque de sa destruction, ou de celle de son locuteur. Ainsi conviendrait-il, comme le Cygne de Mallarmé, fantôme, qu’à ce lieu, son pur éclat assigne, de consentir à l’exil glacé d’un verbe pur, mais inutile. Connaisseur en la matière, Rimbaud décrit, avant, symboliquement, de se taire, les tourments de la Saison en Enfer, tandis qu’avant lui, Baudelaire prie la mort, ce vieux capitaine, de l’accompagner Au fond de l’infini pour trouver du nouveau (Les Fleurs du Mal).

Baudelaire, Mallarmé, Rimbaud : de ces trois-là naquirent d’ineffables chefs-d’œuvre, d’une beauté parfois diabolique, mais d’une modernitéabsolue, dont seul l’oxymore résume la substance… sans jamais la saisir.

Mais qu’est-ce donc que cet « ailleurs » indicible qui parle à la poésie, dont elle-même tente de parler, sans, pour autant, en dévoiler le visage ? Où est-il ? Où gît-il ? De quoi est-il le nom ? Ou, plus exactement, pourquoi les mots se révèlent-ils, au bout du compte, incapables de mettre à jour cette chose indéfinissable ? C’est que la poésie s’adresse à l’âme… Et l’âme, de nos jours, écrit Robert Redeker1, est « abolie »… L’âme, nous dit-il, n’est pas un objet, elle n’est pasnon plusle sujet. Ni thème ni prédicat, l’âme ne peut plus constituer un objet de langage : le signifiant qui la désigne ne renvoie plus à un vrai signifié. Ne pouvant se voir approcher qu’en le définissant par ce qu’il n’est pas, victime, en cela, de multiples usurpations, ce qui fut, jadis, le signifié « âme » finit, dans l’esprit du temps, par ne plus évoquer autre chose qu’une notion spectrale, laquelle ne diffuse plus qu’un vague parfum d’essentiel… Et lorsqu’une époque en vient à considérer toute essentialisation comme l’obstacle ultime à une pensée lucide et libre, l’homme n’a plus, pour assignation, que de renier son âme… Difficile, en ces conditions, de s’adresser à cette dernière ! Privée, désormais d’un auditeur attentif à ses émois, dépourvue de vrai sens, la poésie se réfracte, se rétracte, puis s’égare entre le dire et le non-dire, tel un filet de mots qui s’évanouit dans du sable. Sable du vers désincarné, sable du sens aboli, bientôt sable du dire aboli : s’il n’est plus rien à qui ou à quoi s’adresser, que reste-t-il à chanter ? Rien…

L’amour ? Ce serait oublier que l’hédonisme y a fait son œuvre. Psychanalysé, socio-biologisé, rabaissé au rang de pulsion sexuelle depuis la mort nietzschéenne de Dieu, par les fantasmes de la déconstruction, par la pornographie, le sentiment amoureux ne se prête plus à la pâmoison ni à l’amour platonique. Difficile, en pareilles conditions, de revenir à l’élégie sans passer pour un comique.