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Deux jeunes filles s’aimaient d’amour tendre Deux jeunes filles s’aimaient d’amour vache. Si semblables et si différentes, Deux jeunes filles racontant leur vie. Leur enfance, leur jeunesse, L’adolescence et l’ivresse, Le dérèglement des sens, À la folie, à l’excès.
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Seitenzahl: 167
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Margaret Sullivan
Pauvres petites filles riches
Roman
© Lys Bleu Éditions – Margaret Sullivan
ISBN : 979-10-422-2286-4
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Ceci est une histoire d’amour romantique et dramatique sur fond de sexe.
Comme c’est lui, le sexe, qui génère le drame, il faut bien lui accorder sa place tout au long de ces pages.
Au-delà des situations évoquées, l’idée n’est pourtant pas de conter une histoire de sexe, mais de voir vivre des personnages attachants, aux caractères, réflexions, émotions, passions et tourments complexes.
Je m’appelle Marjorie Thompson, mon père est Australien et ma mère Italienne. Je suis née à Genève en 1988 sous le signe du Scorpion c’est-à-dire qu’au moment où j’écris ces lignes, j’approche à grands pas de mes trente-cinq ans.
C’est trop jeune pour écrire mes mémoires, mais il se trouve que j’ai moins à dire sur ma vie d’aujourd’hui que sur mes jeunes années où j’ai connu de fortes émotions, où je me suis fourrée dans de drôles de situations, où j’ai aimé, souffert et fait souffrir.
C’est par conséquent cette période que je cherche à revivre, avec une certaine nostalgie, à travers son évocation.
J’ai un passeport australien à cause de mon père, mais aussi un italien à cause de ma mère et, je suppose, pour ne pas faire de jaloux. Je me sers de l’un ou de l’autre au gré des avantages ou inconvénients à exhiber celui-ci ou celui-là.
Je suis trilingue, je ne sais même plus quelle langue j’ai parlée en premier ; les trois, probablement.
J’ai passé la majeure partie de ma petite enfance en Suisse, dans notre propriété de Gland, sur les bords du lac Léman.
J’allais à l’école primaire.
J’ai de très bons souvenirs de cette époque. Fille unique, j’aurais pu être portée à la mélancolie, mais j’avais un caractère plutôt joyeux, remuant, espiègle même. Je me faisais facilement des copines de classe, des copains aussi, nous les recevions à la maison ou bien j’étais invitée chez eux.
Aux beaux jours, nous jouions dans le grand parc du domaine, nous plongions dans le lac depuis l’embarcadère ; le chauffeur, qui me conduisait à l’école, nous promenait aussi sur l’eau à bord du Riva qui attendait dans le hangar à flot ; il nous laissait les commandes et nous nous amusions follement, mes amis et moi, à piloter l’imposant bolide à toute vitesse.
Je le maîtrisais parfaitement et, en réalité, n’avais aucun besoin du chauffeur.
Mais bien entendu, ma gouvernante m’interdisait de le sortir toute seule.
Très dissipée, désobéissante au possible, sûre de moi, sale petite garce arrogante, je passais outre et me servais du bateau quand et comme bon me semblait.
J’eus la chance de ne jamais tomber sur une patrouille de la police lacustre.
Ma gouvernante, une jeune Française dépassée par les difficultés de sa tâche, parvenait difficilement à exercer quelque autorité sur moi.
Pourtant, elle m’adorait. Tout le monde m’adorait. Je le dis sans forfanterie.
Très jeune, je mesurais à quel point je séduisais mon entourage, mon petit monde, et j’en usais et abusais.
Que ce soit à la maison avec le personnel ou à l’école.
Mes camarades de classe, filles et garçons, voulaient tous être mon ami.
J’étais bonne élève, et la maîtresse et, plus tard, les professeurs faisaient grand cas de moi, prenaient le temps de bien m’expliquer ceci ou cela, me félicitaient pour la qualité de mes devoirs ; bien plus, en réalité, qu’ils ne le faisaient avec les autres élèves.
Je m’étais habituée à cet état de choses et le considérais comme tout naturel.
Je me suis mise très tôt au ski nautique, sport dans lequel j’excelle maintenant. En mono, je prenais déjà de beaux virages qui soulevaient de grandes gerbes d’eau. Je me débrouillais aussi bien en figures, toujours en mono, j’arrivais même à faire des 360° corde au pied, sautés sur la vague du sillage.
La Suisse est un pays de montagnes ; y naître c’est pratiquement naître skis aux pieds. Comme nous avons un grand chalet à Crans-sur-Sierre où je me rendais fréquemment en hiver et au printemps, j’ai l’impression d’avoir appris à skier en même temps qu’à marcher ; c’est dire si je suis à l’aise sur toutes les neiges, toutes les pentes, hors-piste, les champs de bosses…
Je m’amuse tout autant sur un snowboard.
La glisse est pour moi une seconde nature.
Je montais aussi à cheval au centre équestre de Maisonneuve à Gingins. Nous y possédons plusieurs chevaux.
Pour mes dix ans, mon père, cavalier et homme de cheval accompli, m’offrit Saadia, une jeune jument Arabe-Barbe, presque encore une pouliche, qu’il fit venir d’Alger. Et pour mon douzième anniversaire, Saint-Donat, un pur-sang anglais ; un magnifique étalon au caractère ombrageux et à la robe noire étincelante.
On me prête le don de murmurer à l’oreille des chevaux et c’est moi qui ai dressé et mis Saadia à l’obstacle. Elle avait une fâcheuse tendance à laisser traîner ses antérieurs en sautant et j’ai dû la barrer, c’est-à-dire relever la barre supérieure de l’obstacle au moment où elle le franchissait de manière à cogner ses canons et la forcer ainsi à bien remonter les membres.
Ça lui faisait mal et j’en avais les larmes aux yeux, mais c’était nécessaire et efficace, car ce défaut disparut.
Mes parents avaient, et ont toujours, un style de vie très « jet set » et parcourent le vaste monde au gré des obligations professionnelles de mon père ou simplement de leurs fantaisies, aussi n’étaient-ils pas toujours là ; à peine la moitié du temps, et encore… J’étais donc laissée à la garde de ma gouvernante, à qui je donnais bien du fil à retordre, et du personnel de maison.
Il en a toujours été ainsi, même adolescente, ce qui me laissait une grande liberté qui n’était pas pour me déplaire.
J’ai un souvenir de ma toute petite enfance que je n’oublierai jamais et qui me trouble encore profondément aujourd’hui :
Ma nounou me faisait couler un bain et je lui demandais tout à fait innocemment, du moins je crois, je n’ai pas souvenir de la moindre arrière-pensée, si je pouvais y entrer en gardant ma culotte et elle dit oui.
Dont acte.
Ce fut un énorme choc. Une incroyable sensation, une incontrôlable émotion s’empara soudain de moi. J’avais le corps en feu.
« L’awakening » de Highlander, pour ceux qui ont vu les films…
Je ne suis pas certaine qu’il s’agissait là de mon premier orgasme, mais ce ne devait pas en être loin. En tout cas, il s’agissait bel et bien du tout premier éveil de ma sexualité.
Je n’ai jamais cessé, depuis, de jouer à ce petit jeu qui demeure une grande source de plaisir, encore que la violente sensation de la découverte ait fait place à une émotion moins soudaine, moins brutale, mais toujours intense. Je suis passée de la seule culotte aux jupes, chemisiers, tailleurs, dessous et escarpins. C’est un de mes grands fantasmes.
Au risque de passer pour une folle, j’avoue adorer la sensation des vêtements qui ondulent et me frôlent quand je nage, leur très sensuelle étreinte lorsqu’ils collent à ma peau au sortir de l’eau, comme les caresses de dizaines de mains indiscrètes. Et je me sens tellement sexy toute trempée, défaite, « destroy », toute gênée, embarrassée, honteuse, humiliée même, d’être surprise dans un tel état.
Je ne manque jamais une occasion de « tomber à l’eau » lorsqu’elle se présente et l’été j’adore me baigner en public dans les fontaines parisiennes et notamment au Trocadéro, où je ne suis d’ailleurs pas la seule, ou dans les bassins des Tuileries ou de la Défense… Je les fais un peu tous, allant de l’un à l’autre, toute trempée, à pied, en autobus ou en métro parfois.
J’adore Paris au mois d’août…
Et j’adore attirer l’attention sur moi.
Vers l’âge de douze ans, je me suis retrouvée en France, à Paris, où nous avons aussi un hôtel particulier porte d’Auteuil dans ce parc très privé de la Villa Montmorency.
Ma première année de scolarité, au collège, se déroula sans histoire. J’étais bonne élève quoiqu’indisciplinée. Je m’appliquais à séduire mon petit monde, tant élèves que professeurs et y réussissais plutôt bien.
On me dit jolie, me prête un certain charme, de la grâce, de l’esprit.
J’éprouvais aussi un malin plaisir à séduire les adultes. On était gentil avec moi, bienveillant, indulgent, je maniais avec dextérité l’art de mettre les gens dans ma poche.
Mais je grandissais et à cet âge on change vite physiquement ; hormonalement aussi, si je puis m’exprimer ainsi, et à mon petit numéro de séduction correspondait désormais une réelle attirance que je suscitais et que j’éprouvais moi-même.
Maladroitement, je devais trop en faire, car je trouvais de plus en plus de retenue à mon égard, en retour.
En classe j’étais amie avec Julie, une douce et ravissante blondinette à la cascade de cheveux soyeux tombant jusqu’aux reins, aux grands et beaux yeux bleus en amende.
C’était une fille de vieux, leur ultime enfant tardif, et elle avait une grande sœur d’au moins dix ou douze ans son aînée qui vivait avec un homme plus vieux encore, qui me paraissait plus vieux qu’il ne l’était en réalité. Il devait dépasser la trentaine de peu.
Julie et moi passions de longs moments chez eux. L’homme s’intéressait ouvertement aux gamines que nous étions, à moi en particulier (Julie devait probablement être un sujet tabou). Mais la grande sœur veillait au grain et je ne me suis jamais retrouvée seule avec lui. Je ne pouvais pas non plus jouer à l’allumer trop ouvertement, car j’aurais été mise à la porte avec interdiction à Julie de m’inviter à nouveau. C’est du moins, ce que je craignais et j’avais sûrement raison.
Dommage, car j’étais très adroite à ce petit jeu. Je n’avais pas mon pareil pour laisser voir ma culotte sans faire exprès, assise ou penchée en avant, ou en m’arrangeant pour que mon cartable, que je portais en bandoulière, accroche et relève mon petit kilt lorsque je mettais la bride à l’épaule.
Ils sortaient souvent et nous laissaient seules, Julie et moi, chez eux.
Elle avait trouvé leurs vidéos pornos et nous les visionnions ensemble en nous caressant côte à côte au début, et bientôt mutuellement.
Nous découvrions les gestes de l’amour.
Puis, nous reproduisions les scènes du petit écran autant que faire se peut. Nous étions entre filles et ne pouvions pas tout faire à l’identique de la plupart des scènes où intervenaient largement des hommes, souvent plusieurs pour une ou deux femmes, mais nous faisions vraiment l’amour dans les règles de l’art, et ceci jusqu’à l’orgasme. Pour pallier cette absence masculine, nous utilisions des chandelles avec lesquelles nous nous sommes déflorées.
Nous avions même réussi à nous les introduire, à grande peine, dans le derrière…
Ainsi mes premières vraies relations sexuelles furent-elles purement saphiques.
Julie et moi nous aimions tendrement, mais je crois qu’il s’agissait, du moins en ce qui me concerne, plus d’amitié amoureuse que de véritable amour.
L’année suivante, vers treize, quatorze ans, je pensais sexe sans détour, avouons-le. Mais sexe avec des hommes.
Julie n’était plus là. Au cours du premier trimestre, elle avait été mise à la porte du collège pour avoir fait pipi dans le cartable d’un professeur, qui, de plus, contenait nos copies corrigées.
Sous ses faux airs d’innocence, on lui aurait donné le bon Dieu sans confession, c’était une petite peste à ses heures…
J’étais très attirée par les adultes, mais bien consciente qu’il s’agissait là d’un but inaccessible.
Je prenais les garçons de mon âge pour des petits cons. En fait, ils étaient juste encore enfants ; les filles s’émancipent bien plus tôt…
Faute d’hommes mûrs, j’imaginais d’aller draguer du côté des grandes classes, du côté des adolescents de 17-18 ans.
Au début je me faisais rabrouer : « Qu’est-ce qu’elle veut la pisseuse ? Qu’est-ce qu’elle vient foutre ici ? » J’ai même été virée à coups de pied dans les fesses.
Mais il en fallait plus pour me décourager, je déployais tous mes charmes tant et si bien qu’un des garçons finit par s’y montrer sensible, se mit à m’embrasser, me peloter, glisser ses mains sous ma jupette, dans ma culotte…
Et je l’ai sucé.
Enfin !
J’étais fascinée par ce sexe en érection juste devant mes yeux, à quelques centimètres à peine. J’approchais encore, doucement, timidement, y déposais de petits baisers, m’en caressais le visage.
Pour la première fois de ma vie, je câlinais, léchais, suçais une queue… J’étais aux anges ! Ma petite culotte était toute trempée.
Il a joui et j’ai reçu son sperme sur mon visage, dans et autour de ma bouche. Je n’ai guère fait attention au goût, bien plus à la sensation.
C’était chaud, c’était bon.
J’ai tout léché jusqu’à la dernière goutte, comme dans les vidéos qui firent mon éducation, comme un chaton se lèche les babines après avoir bu son lait.
J’ai joui moi aussi, au moins deux fois, et une troisième lorsqu’il s’est répandu dans ma bouche ; j’ai joui toute seule, sans même devoir ne serait-ce qu’effleurer mon minou au travers de ma culotte.
J’étais si contente, si fière !... J’avais passé un cap.
À la manière dont il plastronnait après, je compris que ce devait être une première pour lui aussi.
D’ailleurs il s’en est tellement vanté auprès de ses camarades que la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre et, bientôt, ils se bousculaient au portillon pour se faire sucer.
Dans ma grande candeur, j’avoue que j’en étais plutôt contente. Je faisais comme ces femmes des vidéos, comme les grandes, j’étais même assez fière.
On se planquait dans le vestiaire de la salle de sport, le soir après les cours ou bien pendant les récréations, ou parfois les deux.
Je suçais les garçons les uns après les autres, me faisais souiller de sperme et j’adorais ça.
Puis j’essuyais sommairement mon visage avec ma petite culotte que je remettais ensuite avec délice, participais au cours, allais au tableau à la demande du professeur, jouais à la perfection mon rôle de petite fille modèle comme si de rien n’était.
Je mesurais, ravie, le décalage entre moi et le monde des enfants de mon âge que symbolisait la salle de classe, là où personne, ni le prof et encore moins les filles et les garçons qui ne savaient même pas que ça pouvait exister, ne se doutaient un seul instant de ce que je venais de faire.
Ça m’amusait beaucoup et, surtout, j’étais très fière de me savoir aussi avancée.
Il n’a pas fallu bien longtemps pour qu’un garçon plus mariole que les autres se place derrière moi pendant que je suçais ses petits camarades, trousse mon petit kilt marine, baisse ma culotte et me prenne debout. Ça entrait facile, j’étais toute trempée.
Les autres ne tardèrent pas à l’imiter.
En principe, le jour où elle perd sa virginité est un jour important dans la vie d’une jeune fille. Pourtant, outre le plaisir que j’y pris, ça ne m’a pas semblé un tel événement ; ce n’était, somme toute, que le prolongement logique de ce que je faisais déjà avec tous ces garçons.
Ainsi me faisais-je prendre à la chaîne, deux fois dans la même journée, parfois, avant même d’avoir eu le moindre petit flirt.
Un beau matin, je suis allée traîner du côté du vestiaire des garçons après un match de basket et me suis glissée à l’intérieur, toute tremblante d’émotion.
Dès l’entrebâillement de la porte, j’ai senti cette odeur envoûtante faite de la sueur des corps et de la tiédeur humide des douches. Je rasais les murs pour ne pas être vue, ou du moins le plus tard possible, mais il m’a bien fallu me retrouver au milieu de tous ces types plus ou moins nus. Comme j’étais connue de la plupart d’entre eux, j’ai été accueillie sans surprise excessive ; toutes les mains se posaient sur moi et tentaient de m’attirer vers un tel ou un tel. Il y en avait trois ou quatre sous les douches collectives, qui me tendirent leurs mains. L’un d’eux s’est avancé, m’a attrapé à bras le corps et m’a entraîné sous l’eau, tout habillée, pour que je les suce et aussi pour me prendre ; et je me suis exécutée et me suis laissée faire avec bonheur.
Toute trempée, dans mon petit kilt bleu marine et mon chemisier blanc qui collait à mon corps, devenant transparent et révélant mes petits seins naissants, les cheveux dans les yeux, je devais être très sexy, très désirable et bien d’autres m’ont baisée, à quatre pattes par terre ou à genoux, accoudée au banc dans l’allée du vestiaire. À l’inverse des autres filles de mon âge, je ne mettais pas un point d’honneur à porter un inutile soutien-gorge. Ma jupette troussée révélait ma petite culotte blanche à demi baissée, tout aussi trempée et indiscrète que mon chemisier.
Emportée par le plaisir, je ne pensais pas à ce que je pourrais bien faire après, toute mouillée, dégoulinante.
De fait, je me suis trouvée bien embarrassée. Je ne pouvais pas être vue dans cet état et j’avais cours.
J’ai dû attendre, cachée dans l’estanco aux balais et produits d’entretien, car le vestiaire devait resservir, que sèchent un peu mes vêtements, juste assez pour ne plus dégouliner et que seul un œil averti puisse remarquer qu’ils étaient mouillés ; à moins, bien sûr, qu’on ne les touche. J’ai dû, par conséquent, « sécher » aussi le cours, ce qui m’a donné une heure.
Mais nous n’étions qu’au début du printemps et j’étais morte de froid dans mes vêtements mouillés et glacés…
Je m’étais jetée sans réfléchir dans l’excès, mais, au fil du temps, se développait en moi un sentiment de honte, et j’adorais ma honte ; c’était très troublant !
Il faut dire que je n’incitais personne au respect et traînais derrière moi une image exécrable.
Les garçons s’enhardissaient, jouaient les machos, me méprisaient, m’insultaient, me brutalisaient même parfois. Je recevais des gifles, des coups de pied au derrière.
J’étais la salope, la putain, la suceuse avec qui on peut tout se permettre.
Les poètes capables des plus belles d’envolées lyriques me disaient : « Sac à foutre ».
Ils ne demandaient plus, ils ordonnaient :
« Viens ici, salope. À genoux. Allez, suce ! Ouvre grand la bouche, avale ! Donne-moi ton cul ! »
D’ailleurs ils s’enhardissaient, là aussi, et me prenaient par-derrière sans jamais me demander mon avis.
Et moi je me laissais faire ; j’obéissais, profil bas, docile. Je subissais et j’adorais ça.
Je découvrais à travers ces humiliations, ce renoncement à tout amour propre, les délices d’une certaine forme de masochisme cérébral.
Je voyais toujours Julie après les cours ou le week-end, j’allais chez elle, chez sa grande sœur, elle venait chez moi.
Elle avait bien voulu se plier, étonnée et un brin réticente au début, puis amusée, excitée, émue, aux jeux des trempettes toutes habillées. Nous nous baignions ensemble dans la piscine chauffée, sous la verrière de la maison d’Auteuil et nous faisions l’amour. Elle disait adorer se livrer à mes fantaisies aquatiques, mais peut-être, après tout, n’était-ce que pour me faire plaisir. Les tendres moments que nous passions ensemble lui importaient-ils plus que nos ébats dans l’eau dont ils étaient le prélude ?
Encore qu’ils ajoutassent beaucoup à l’érotisme, à la sensualité, au parfum d’interdit de la chose.
Nous montions au très sélect Cercle de l’Étrier du bois de Boulogne. Nous étions bonnes cavalières et disputions quelques concours hippiques. J’y possédais deux chevaux : j’avais fait venir Saint-Donat, mon magnifique et ombrageux étalon noir, et Saadia, ma jolie petite jument arabe grise tachetée, que j’aimais tant.
Julie, qui n’en possédait pas, montait les chevaux du club et aussi les miens. Je les adorais et, à mes yeux, peu de personnes étaient dignes de les monter. Offrir à Julie de le faire représentait, par conséquent, une grande marque de confiance et d’amitié.
En fait, elle montait surtout Saadia, Saint-Donat n’étant pas à mettre entre toutes les mains. Il n’y avait guère que moi et l’écuyer du club pour le maîtriser. Mais pour qui y parvenait, c’était un remarquable cheval d’obstacle.