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"Poésie d’une vie ordinaire" capte l’essence du quotidien à travers des vers variés, transformant chaque instant en poème. Ce recueil illustre comment l’ordinaire s’imbibe de poésie, offrant un chemin vers le bonheur accessible à chacun. L’auteur explore divers thèmes tels que la vie, la mort et l’amour, enrichissant ses textes de profondes réflexions sur ces aspects universels de l’existence.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Christian Debiève est convaincu que l’extraordinaire se cache dans les détails du quotidien, et que la poésie est le moyen d’en révéler la splendeur. C’est pour cela qu’il a passé 365 jours à écrire, jour après jour, pour chroniquer les moments ordinaires de sa vie, les transformant en récits poétiques.
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Seitenzahl: 156
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Christian Debiève
Poésie d’une vie ordinaire
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Christian Debiève
ISBN : 979-10-422-3838-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À ma maman.
Chaque jour de l’année est un poème.
J’espère que vous prendrez autant de plaisir à la lecture, que j’en ai pris à l’écriture.
Chaque jour est un précieux rendez-vous avec la vie, une rencontre poétique.
Ce recueil est un témoignage personnel de cette poésie du vivant, un chemin qui se poursuit.
Vous trouverez à la fin de l’ouvrage, la page du poème 366, année bissextile oblige. Elle vous est destinée, selon votre inspiration.
De sorte qu’une vie très ordinaire
Te sorte du lit et de tes colères
De sorte que tu te laisses faire
Pour les dénicher de leurs repaires
De sorte qu’une vie très ordinaire
Mette de l’ordre dans ton désordre
De sorte que tout ce qui t’entoure
Puisse s’organiser tour à tour
De sorte qu’une vie très ordinaire
Te donne des clés pour avoir l’heur
De connaître plus souvent le bonheur
D’heure en heure, sans heurts
De sorte qu’une vie très ordinaire
Ordonne à l’énergie vitale
De ne pas t’épuiser, te mettre à terre
Et maintenant que vais-je faire ?
De sorte que ta vie très ordinaire
Désormais t’éclaire
Claire très claire
Pour longtemps bien claire.
Jour 1 – 18 avril 2023
108e jour de l’année
Saint Parfait
Une porte s’est fermée
Une autre s’est ouverte
Pas en même temps certes
Mais en quelques années
Aimer sa destinée
Ne pas se fermer
À tout ce qui peut arriver
Automne, hiver, printemps, été
Regarder l’eau vive couler
Le torrent s’ébrouer
Et comme le fétu de paille
Ne pas résister, où que tu ailles
Une porte s’est fermée,
L’autre était déjà ouverte
Tu ne la voyais pas
Pourtant si près de toi
Ouvre la porte de ton cœur
Ouvre-la sans même savoir
Ce qui sera derrière
Et tout sera derrière.
C’est toute une histoire
Que tu te racontes le soir
Avant de t’endormir
Quelques lignes à te lire
C’est toute ton histoire
Que tu relis le soir
Au seuil de ton sommeil
Elle te tient en veille
Ce n’est que ton histoire
Tu ne peux qu’y croire
Des bonheurs, des déboires
Des peines aussi, à croire
Ce sera ton histoire
Un tour de plus, tour de foire
Une page de plus, d’espoir
Que tu écrives encore, chaque soir.
Mi, la, ré, trois accords
Mi, la, ré, sol, si, mi et six cordes
D’arpèges en chords
Que de souvenirs records
Du blues, du rock je te l’accorde
Des gammes dans l’ordre ou le désordre
Accords plaqués, de puissance
Au guitariste, sa délinquance
J’ai bien baigné dans l’rock’n roll
Roll and roll and roll
De la musique et des idoles
De l’anglais, de l’amour… l’école
Électrique, iconique, unique
Un son, amplifié à mort
Pour crier ton désaccord
À l’ordre établi faire la nique.
Qui n’a pas connu de crises, de vraies crises
De celles que tout ton être méprise
Qui la nuit t’atteignent par surprise
Et qui jusqu’au matin t’amenuisent
Qui n’a pas connu la traîtrise
De ce mal qui t’enseigne la maîtrise
De ta respiration, de ton souffle pas apprise
On n’apprend pas à respirer, devise
Qui n’a pas connu l’emprise
Sur ton corps, ton cerveau, épuise
De cette algue intérieure qui exorcise
Peu à peu ton air s’amenuise
Qui n’a pas connu de crises, de vraies crises
D’asthme, des bronches en feu attise
Ton énergie vitale atomise
N’a pas vraiment connu la crise.
J’ai visité l’enfer, j’ai visité l’horreur
J’avais dix ans, peut-être moins
Une file d’attente avec des témoins
Des rangs de barbelés, bientôt l’heure
J’ai visité l’enfer, j’ai visité l’horreur
C’était il y a longtemps,
Au temps où je n’étais qu’un enfant
Même pas peur, je pensais, pas peur
J’ai visité l’enfer, j’ai visité l’horreur
Des salles qui soulèvent le cœur
Des carrelages blancs aux fours noirs
Et tu traverses le désespoir
J’ai visité l’enfer, j’ai visité l’horreur
Un camp en France, déshonneur
Le camp du Strutof, en Alsace
Un camp dans ma mémoire, vivace.
Aller moins bien c’est aller quand même
C’est avancer, un peu, imperceptiblement
C’est aller moins loin, sensiblement
C’est être moins fort, quotidiennement
Aller moins bien c’est tomber un peu
Dans le vide de son quotidien
C’est ne plus vouloir jouer le jeu
De celui qui se contente de presque rien
Allez, viens, tout va bien
On te dit que demain te sourira
Allez, viens, bouge et ça ira
Sinon, il ne se passera rien
Mais rien ne vient
Jamais ne vient
Et tu vas moins bien
Plus rien.
J’ai regardé pousser tous les plants
Que j’avais fait germer
J’ai mesuré le temps à l’aune
De la vie, de l’eau, de la flore, de la faune
Un carré de jardin à peine
Pas un lopin de terre
Des mètres carrés, une centaine
Pas un champ, un parterre
J’ai regardé pousser fruits et légumes
Fraises, radis, poireaux et agrumes
J’ai mesuré la vie qui s’étonne
Des couleurs, rouge, vert ou jaune
Petites graines que l’on sème
En ligne, en poquets, à la volée
Puis qu’on oublie quelque temps
Et que vienne le printemps.
Dans le café du matin
Il y a la promesse
De la journée qui vient
Du temps, la richesse
Dans le café du matin
Il y a l’espoir
D’un jour sans fin
D’un jour sans histoires
Dans le café du matin
Il y a des souvenirs
De ton passé en grains
De tes peines, de tes rires
Dans le café du matin
Il y a le chagrin
De ne plus tenir ta main
Pour aller vers demain.
Petite balle jaune, je te suis
Depuis que sur les courts
En terre ou en dur, tu rebondis
En libérant un beau son sourd
Petite balle jaune, hier blanche
Devenue jaune et qui tranche
Sur la télévision devenue couleur
Confort du téléspectateur
En boîte de deux, trois ou quatre
En carton, métal, carrée ou ronde
Caoutchouc feutré du théâtre
D’un jeu devenu sport du monde
Petite balle jaune, je te suis
Des yeux pour ne pas te manquer
Excuse-moi de vouloir te frapper
Je te veux, mais tu me fuis.
Peur de la page blanche parfois
Inquiet du manque d’idée souvent
D’où peut venir ce sentiment
Que tu ignorais autrefois
Il se dit que c’est en marchant
Que les idées viennent ma foi
Ce serait donc vertu de l’allant
D’animer ton esprit et ta foi
Tes doigts cherchent le contact
De ton clavier d’ordinateur
Attendant le premier impact
Une lettre, un mot, une humeur
Mais par manque d’inspiration
Pas de mot, de phrase dans l’heure
Et ta recherche d’expiration
Te souffle d’écouter ton cœur.
Autour de ce feu de bois
Au milieu du bocage
Il y a de la joie
Joie de tous les âges
L’arbre est tombé, fatigué
Tu l’as découpé, débité
Au milieu des branchages
Le feu fait le ménage
Cela ne fait pas de mystère
Sur son devenir en stères
Promesse de chauffage d’hiver
Le hêtre, mètre après mètre
Amour que ce feu de bois
Au milieu du bocage
Près de ces murs de bauge
Au beau pays d’Auge.
Cette nuit j’ai fait un rêve
Un rêve, un seul ou plusieurs ?
Qui s’entrecroisent ailleurs
S’entremêlent sans trêve
Cette nuit j’ai fait des rêves
Dont je me souviens ce matin
Un peu comme un bon élève
A appris sa leçon, son latin
Cette nuit j’ai fait des rêves
Des joies, mais aussi des chagrins
Un mélange savant, une fève
Tirée au sort du destin
Ce matin, je me lève, je rêve
Cette nuit j’étais éveillé
Et je ne sais plus si la sève
De ma vie est réelle ou rêvée.
Tu regardes ces images de ton enfance
Et tu mesures le temps qui passe
Des années passées tu as conscience
Des mois, de jours perdus, grimaces
Tu te souviens de tous ces moments
Toi, ton entourage, la vie, les gens
Ton quotidien à toi, au milieu d’eux
Tes heurs, bon ou mal, dispendieux
On te dit que le temps est espace
Qu’il est relatif et que ce que tu perçois
N’est pas la réalité, pas ce que tu crois
Et pourtant, tu vois bien que tout passe
Qui étais-je à un, dix ou vingt ans ?
Qu’ai-je fait de tout ce temps ?
Ai-je vécu ou regardé passer
Le ruisseau de toutes ces années ?
Tu fais souvent des pirouettes
Pour te sortir des impasses
Tu improvises, en mode girouette
Il y en a que ça agace
Tu n’aimes pas les conflits
Et tu préfères ainsi résoudre
Un échange, odeur de poudre
Par un jeu de mots, déconfit
Humeur du jour, jeu d’humour
Inspiration de chaque jour
Quelquefois aussi, amour
Pour dire en tournant autour
Humour pour guérir aussi
D’un mal qui s’attaque à toi
Il s’immisce, s’insinue, tant pis
Pour lui, de la joie tu fais loi.
Et si j’avais su dire les mots,
Et si j’avais pu faire les choses,
Et si j’avais pu tendre la main,
Et si j’avais suivi ce chemin,
Et si j’étais venu,
Et si j’étais resté,
Et si j’étais parti…
Réécrire l’histoire
Comme une uchronie
Et si avec des si
Et des ni, ni, ni
Réécrire uchronie
C’est « chouiner »
Anagramme tu me dis
D’écrire le futur, pas ce qui est passé.
Tout ce qui se passe à l’école
Reste à l’école
Tout ce qui se passe dans la cour
Reste dans la cour
Tout ce qui se passe à la sortie
Reste à la sortie ;
Tu ne connais pas alors vraiment
Le sens du mot Harcèlement
Tu ne sais pas alors vraiment ;
Mais cinquante ans plus tard
Tu te souviendras de leur prénom
Dominique, Santo, les bâtards
De leur nom aussi
Mais cinquante ans plus tard
Mieux vaut taire leur nom, trop tard
Pour dire aux parents,
Dire aux copains,
Tout ce qui se passe à l’école
Reste à l’école
De la colle.
À la terrasse d’un café, on voit
Les gens qui boivent, attablés
Et les gens qui passent affairés
À la terrasse d’un café
On boit un verre, d’ordinaire
Et on voit des gens ordinaires
À la terrasse d’un café, on regarde
La vie qui passe
Dans un sens, l’autre, et s’efface
À la terrasse d’un café
On voit des rires, des pleurs aussi
Des moments suspendus
À des gouttes de pluie
On regarde sans écouter
On est assis.
Ne soyez pas tristes de son départ
Soyez heureux de l’avoir connu
Nous avons été des acteurs, à sa table
Du film de sa vie, « Formidable »
On ouvre en noir et blanc, départ
Les corons, l’école, en continu
On poursuit en sépia, l’Algérie
On élargit le champ, la belle vie,
Les pigeons, le javelot,
Le baby-foot, les cartes, le pot
Les vacances, les maisons, aimables
La bobine se déroule, puis c’est fini
Lumière, derrière ? C’était formidable.
Ce soir, au bord du lac, un garçon lisait
Assis sur un banc, près du chemin
Au bord de l’eau le garçon lisait
Tout absorbé par son livre en main
Il n’a pas levé les yeux, rien remarqué
Le dos arrondi, la tête penchée
On l’aurait dit plongeant au milieu
D’un assez gros livre ouvert en deux
Je me suis demandé ce qu’il lisait
J’aurais pu le lui demander
Mais je l’aurais dérangé
Et interrompu le voyage, il rêvait
Ce soir, au bord du lac, un jeune homme
Flottait sur une barque de fortune
Quelle page ? Cent vingt et une ?
Un papier, un crayon, une gomme
J’aurais dû croquer le garçon qui lisait.
Le matin, la promesse d’un jour
Un nouveau, pas le même qu’hier
Une page à écrire, une nouvelle
Des lignes écrites à l’encre, à la plume
D’un scénario parfois, pas toujours
Impro parfois
Journée de repos, journée ouvrière
Journée enfermée, on se fait la belle ?
À voix basse, ouvre le volume !
Boire son café, fume la cafetière
Bonheur, quelquefois.
Dans le regard d’un chien
Il y a beaucoup du tien
Dans le regard de ton chien
Il y a le plus souvent du bien
On dit que le regard
Est le reflet de l’âme
On le dit pour les gens
Pour les animaux, un sens ?
Dans le regard des chiens
Il y a de l’amour
On le dit pour les gens
Pour les animaux, balourds ?
On dit que dans les yeux
On lit les pensées, les envies
On le dit des jeunes aux vieux
Pour le chien, aussi, prodigieux.
Ce matin, il pleuvait au Havre
Sur les docks, les premiers passants
Des étudiants surtout, pas le temps
De s’arrêter pour parler du Havre
Ce matin, il pleuvait au Havre
Sur la passerelle qui mène à la gare
Des gens se croisaient sans un regard
Des blonds, des bruns, des sel et poivre
Ce matin, il pleuvait au Havre
Peu de monde à la gare
Des vélos, mais rares
Et une ambiance, bizarre
Ce matin, il pleuvait au Havre
Et le seul sourire du matin
Ce fut à la brasserie, café satin
Pris à 8 heures, face à la gare.
As-tu jamais appris à nouer ta cravate ?
Là, devant le miroir, tu baisses ton menton
Les mains bien hautes, maladroites
Nous nous lamentons
Simple nœud ou le nec
Double nœud autour du neck
En forme de V banal
Ou de triangle équilatéral
On n’apprend pas ça dans les livres
C’est pas difficile à vivre
Mais pour une bonne tenue
Un beau résultat obtenu
C’est une transmission familiale
Un enseignement paternel
Montrer le geste fidèle
Du père au fils, un lien filial.
Petit sentier de Normandie
Petit chemin du Val d’Auge
À deux pas des villages
À quelques pas d’ici
Tu longes le bocage
Au milieu des prés et des bois
Tu n’as pas tourné la page
De la vie paisible d’autrefois
Tu nous conduis là-bas
Pas très loin de nulle part
C’est ici tu crois ou là ?
Je ne sais plus, le hasard.
Chaque jour, écrire un poème
C’est mettre un peu de poésie
Dans le quotidien, bohème
Rimes pauvres devenues riches
En début de jour ou juste avant
D’aller te coucher, rimes suffisantes
Pour une belle nuit jusqu’à
Ce que le sonnet du matin
Ouvre le jour en alexandrins
Te montre que chaque jour
Il se passe quelque chose
D’ordinaire c’est selon ton regard
Sur le texte que tu peux lire en prose
Ordinaire que tu embrasses
Que tu chantes ou joues à la guitare
Et tu ne peux plus douter
Que la belle vie s’écrit en vers
Inutile de t’arc-bouter
Le secret tu as découvert.
Tu me dis que c’est un passant
Qui ne s’arrête jamais
Qu’il voyage dans un espace-temps
Que le tic-tac de l’horloge méconnaît
Tu me dis que le temps passe
Devant moi et derrière moi
Pourrais-je alors retrouver sans émoi
Ma vie d’avant, ce serait cocasse
Si le temps n’est pas en ligne droite
Plus en courbe, attirée par les masses
Des astres, des trous noirs, adroite
Avec tout ce que la matière amasse
Projets que tu formes
Si la matière déforme
Donnes-tu temps au temps ?
Emboîte le pas du passant.
Dans un verre de bière, en trente-trois
En cinquante, il y a la rondeur
Mais aussi la blondeur
De l’or, du soleil tout à la fois
Il y a la bonne épaisseur
De mousse blanche onctueuse
Promesse de fraîcheur
Crème légère et sulfureuse
Dans un verre de bière, un demi
Il y a la lumière du couchant
Les reflets du levant
Le miel aussi
Dans un verre de bière, entier
Il y a ton amitié
Première gorgée, à moitié
La seconde, bue à ta santé.
Sur les pages des réseaux
Sociaux, à ce qu’on dit
Il y a des rires, convenus,
Aux éclats, forcés, un peu
Il y a des ego
Dopés, à ce qu’on dit
Surdimensionnés et filtrés
Nourris de selfies osés parfois
Impudiques toujours
Comme si se montrer
À la distance d’un bras
Évitait de rester à l’étroit
Dans sa vie ordinaire
Alors on montre derrière
Avec un air sérieux
Pour faire des envieux
Un regard de fashion-week
Perdu dans le vide
Des paysages, des voitures,
Des monuments, des spectacles…
Alors que dans un sourire
Il y aurait tant à dire et à voir
À deviner peut-être
Tout le bonheur d’un être
Un simple sourire
Que l’on irait chercher
Dans ses souvenirs d’enfant.
Elle a si mauvaise réputation
Arme de la grande faucheuse
Allégorie pourtant fâcheuse
D’un jardinier en pleine action
As-tu déjà connu le vrai plaisir
De faucher les herbes hautes
Le jour va presque aboutir
Tu t’es promis, finir sans faute
Retrouver ainsi l’auguste geste
Du paysan qui fait les foins
Bien en ligne, si près, si loin
Il regarde, du champ ce qu’il lui reste
Tu apprendras à la battre
Pour en tendre le fil
Puis à l’aiguiser, toujours sur le fil
Pour couper l’herbe sans combattre.
J’ai appris à me méfier de cette menteuse
Qui te dit que tu es ce que tu achètes
Cette grande accrocheuse,
Aboyeuse, adipeuse, qui te répète
Que tu n’existes que si tu consommes
Que les voyelles et les consonnes
De tes phrases quotidiennes
Doivent rimer et être gardiennes
De ton envie, ton besoin, ton désir
T’enfermant jusqu’au délire
Dans une cage dont les barreaux
Sont des images pour les plus beaux
Les plus forts, les plus riches
Des images dont tu te fiches
Tu lui dis : « À ta niche » !
Mais elle ne t’entend pas
Tu sais bien qu’elle triche
Cette menteuse et ses appâts