Poésie et contemplation - Gérard-Marie de Magdala - E-Book

Poésie et contemplation E-Book

Gérard-Marie de Magdala

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Beschreibung

"Poésie et Contemplation" dévoile trois univers uniques, chacun offrant une exploration contemplative, par des styles d’écriture variés, de thèmes et de personnages religieux. Gérard-Marie de Magdala puise son inspiration dans la méditation des textes bibliques. Il réalise que la véritable valeur de ses compositions réside dans l’affection qui les accompagne et qu’il compare à celle des cadeaux confectionnés avec amour, quand il était enfant, pour la fête des Mères. Dans ces pages, la poésie devient le langage privilégié de l’amour, que ce soit en hommage à la Vierge Marie – la Maman du Ciel –, avec une délicatesse d’orfèvre, ou à travers les mots enflammés de Marie de Magdala pour le Christ.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Séduit par l’art poétique de Charles Péguy, Gérard-Marie de Magdala fut saisi d’une profonde émotion qui raviva son désir de faire connaître ses écrits. Cependant, il lui fallut de longues années avant qu’il ne décide enfin de sortir ses propres vers du silence qui les enveloppait. Il a remporté le prix Charles Péguy 2021 organisé par la Société des Poètes Français.


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Gérard-Marie de Magdala

Poésie et Contemplation

Recueil

© Lys Bleu Éditions – Gérard-Marie de Magdala

ISBN : 979-10-422-3134-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mon amie Régine

pour l’oreille attentive

qu’elle me prête

et pour les corrections

qu’elle m’a aidé

à apporter à ce recueil.

Avertissement

Ceci n’est en rien une révélation personnelle.

Ce n’est que la versification d’images et de phrases

nées de la contemplation de ces mystères.

Prologue

Comme, en ce début de Carême, je demandais à Marie ce qu’elle aimerait que je lui offre, je reçus du tac au tac cette vision et cette parole : je vis un foulard déplié, semblable à ceux que portait ma mère – un grand morceau d’étoffe carré – comme jeté sur moi, venir et me couvrir en même temps que résonnait ce seul mot : « poésie ».

J’étais perplexe ne sachant s’il fallait que je brûle les poèmes déjà écrits pour elle (comme je m’y étais engagé si elle me le demandait1) ou si, au contraire, elle voulait que je lui en écrive un autre.

Je lui demandais alors un signe clair que je reçus pendant l’oraison du matin, le jour suivant. Et ce fut cette phrase qui retentit soudain dans mon silence intérieur : « Une main a tressé pour elle dans son cœur le chemin de l’eau ». On peut le considérer comme le premier vers écrit de « L’Annonciation ».

Ce vers reprenait une vision que j’eus à Nazareth en 2012. J’en concluais que je devais encore écrire pour ma Reine.

Poésies contemplatives

L’Annonciation

1

Sur la margelle d’un puits

Sur la margelle autour d’un simple puits sans nom,

Une colombe blanche à l’aube s’est posée,

Buvant des perles d’eau par petites becquées,

À la porte d’un bourg, d’un hameau sans renom.

Quelques rares maisons en tas sont disposées

Au pied d’une falaise ; on voit quelques ânons,

Quelques sillons creusés dans un pauvre limon

Et, sur de maigres prés, des vaches efflanquées.

Il n’est pas en ce lieu de stèle mémorable,

Seulement une meule à l’entrée d’une étable ;

Ni brave ni héros n’y sont là recherchés.

Pourtant,

On devine, blotti dans le creux du rocher,

Un bien humble logis à la roche semblable ;

Sur son toit, la colombe est venue se percher.

2

Ô toi, l’ange

Ô toi, l’ange qui boit le désir de mon cœur,

Parcours les lieux humains avec grande vigueur ;

Cherche ma tourterelle au parfum d’aubépine,

La promise qui fut ma joie dès l’origine.

Ô Toi, l’Ami des rois que la gloire illumine,

Dis-moi quels sont les champs où les amours butinent.

Irai-je la chercher sur les monts, les hauteurs,

En un palais de roi dont l’orgueil est l’auteur ?

Devrai-je aller la prendre en la ville d’Ecbatane,

En Manda, cette enfant, ou courir jusqu’à Tyr

Pour la fille d’un roi vêtue de tarlatane ?

Irai-je aussi jusqu’à la ville aux sept martyrs ?

Quels sentiers, quels chemins devrai-je parcourir

Vers ta Jérusalem avec les caravanes ?

3

Ô toi, le messager

Ô toi, le messager de la liesse à venir,

Ne va pas en des lieux de fières barbacanes

Quêter l’amour du cœur de quelque courtisane ;

Par la voie des nations, tu vas la découvrir.

Ne prends pas le chemin des grands qui se pavanent.

Monté sur un ânon, il te faut accomplir

L’humble pèlerinage au pays des nazirs

Jusqu’à ce pauvre bourg dont les rabbins ricanent.

Voici pour toi le signe auquel je la destine :

Tu trouveras au creux du rocher protecteur

Un très petit logis tout empreint de bonheur.

À quelques pas de là, quand les arbres s’inclinent,

Au-dessus d’un vieux puits, viens quêter les faveurs

De celle qui toujours à l’Amour est encline.

4

À l’heure où les troupeaux

À l’heure où les troupeaux viennent à l’abreuvoir

Dans un grand déploiement de cris, de voix brièves,

Dans la poussière d’or que les sabots soulèvent,

C’est comme un homme las qu’il est venu s’asseoir.

C’est un Juif sans détour à l’allure griève,

Sans manteau, sans bâton, sans aucun prévaloir

Que celui de ses yeux où l’on peut entrevoir

La lumière des Cieux fusant comme d’un glaive.

Habité tout entier par ce lieu qu’il tenait,

Il était seul maître en son ample solitude

Au milieu des brebis où nul ne le connaît.

Sont venues ensuite, à la stricte exactitude

Du temps, par groupes, les femmes que l’on connaît.

Elles n’ont de regards pour lui que d’inquiétude.

5

Ô Toi dont les ébats

Ô Toi dont les ébats parmi les fils des hommes

Nous firent croire alors aux joies du Grand Retour,

Dans ce pays soumis au bon vouloir de Rome,

À quoi connaîtrons-nous l’objet de ton amour ?

Son cœur sonore et gai n’est qu’un marteau d’amour

Battant un gong de bronze, et ses cheveux noirs comme

Le jais ont pris mon cœur dans leurs rets de velours.

Sur sa peau, la suave odeur du cinnamome.

Ses lèvres fines sont comme un fil d’écarlate ;

Des colombes, ses yeux sur le bord d’un torrent ;

Tout son corps se déroule en formes délicates.

Sur la nacre des dents glissent, roulent, éclatent

Les billes de bonheur d’un soleil dévorant ;

Un seul de ses regards et ton cœur est vibrant.

6

Ô toi, héros puissant

Ô toi, héros puissant, ouvrier de ma parole,

Il t’est donné ce signe : elle puisera l’eau

Pour la soif de l’ânon ; t’offrira des gâteaux

Dans un petit logis, une bien humble obole.

Pour son peuple défait, entière elle s’immole.

Elle a mis mon Saint Nom sur son cœur comme un sceau.

C’est l’Arche la plus pure et le svelte vaisseau,

La fine proue de bronze où se brise l’idole.

Tu ne saurais trouver un cœur semblable au sien,

Source pure d’amour dans un ciel sans ombrage,

Pas une âme aussi droite au si noble maintien.

En elle, il n’est aucun de ces obscurs alliages.

De sa joie, le torrent ne connaît point d’étiage ;

La piété, la bonté, c’est là son quotidien.

7

Une main a tressé

Une main a tressé pour elle dans son cœur

Le chemin de l’eau vive où naît le Nouvel Homme ;

Sur sa lèvre à l’instant s’épanouit un doux psaume ;

Au cristal de sa voix sont écloses des fleurs.

À l’heure où le soleil de l’ombre est le vainqueur,

Elle vient dans la ruelle habiter les arômes

Qui fusent du silence en ces quelques prodromes ;

Délicate, elle évoque en tout le Créateur.

La rue déserte est comme un très grand offertoire

Dans lequel l’humble enfant s’offre pas après pas

À son Dieu, son Seigneur, chantant a cappella.

Son allure est légère et son sentier droit,

La terre vers le ciel lance son aria ;

L’amour étend son chant dans l’air comme une moire.

8

Sur la vieille margelle

Sur la vieille margelle est assis l’étranger.

C’était comme un vieil homme en la beauté des rides,

Rayons de soleil d’or autour des yeux limpides.

À l’ombre du figuier, il lisait sans bouger.

Son regard l’accueillit, confiant, clair et candide,

D’une douce beauté qui brûle sans juger ;

Et sa douceur si belle aux yeux du messager

Fit tressaillir son cœur d’un élan plus rapide.

Dans ses yeux, une flamme alluma l’allégresse ;

À la voir si légère, à son marcher si droit,

Bien vite, il reconnut l’enfant de la Sagesse.

En cette heure où le jour pèse de tout son poids,

À le voir si altier, assis dans sa vieillesse,

Elle sut aussitôt, son cœur fut en émoi.

9

Ô Toi seul

Ô Toi seul dont les mots sont perles de Sagesse,

Que lui dirai-je pour ouvrir et conquérir

Son cœur si délicat et venir Te l’offrir ?

Quel verbe aura raison de l’humble petitesse ?

Offre-lui le trésor que son cœur veut chérir,

Le désir de son âme, Enfant de la Promesse,

L’espérance des siens qu’elle porte et professe,

L’Enfant qui lui ressemble et vient tout accomplir.

Hâte-toi d’obtenir le fiat sur ses lèvres !

Le bélier bondissant de son cœur vient frapper

La porte de mon cœur tout brûlant de fièvre.

Son cœur est un oiseau qu’il te faut attraper.

Hâte-toi ! N’aie pas peur, au bourgeon de tes lèvres,

Un verbe vient éclore, il va l’envelopper.

10

Toute entière

Toute entière pour Lui se livre l’âme claire ;

D’un seul de ses regards, Il la désaltéra.

Elle lut dans ses yeux les deux mots qu’Il dira :

« J’ai soif » ; c’était bien là l’immense liminaire !

« À boire, donne-moi », dit-Il sans embarras.

Vitement, elle fit descendre l’aiguière

Dans le creux de son bras, de sainte manière.

Oh ! l’humble beauté du geste sans apparat !

Il boit comme l’agneau par fort longues lampées.

À le voir ainsi boire, elle eut très grande peur

D’épuiser l’eau du pot pour l’humble visiteur.

Mais le vase où Il boit, c’est la source de son cœur