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"Printemps" est un voyage par les mots, un hommage à un pays qui résiste. De poème en poème, il se révèle que l’amour demeure la seule stabilité qui brave l’incessante turbulence : un amour inconditionnel envers les êtres et la nature qui offre à chacun un refuge éternel. Ce recueil est un chant de tendresse, et chaque poésie, une étoile filante qui traverse le ciel obscur des hivers déguisés en printemps.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Doctorante en études francophones décoloniales à l’Université Duke,
Samar Miled est l’auteure de "Tunisie sucrée-salée", ainsi que de "Lettre à ma grand-mère", lauréate du prix national Zoubeida B’chir pour les écrits féminins en 2022.
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Seitenzahl: 50
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Samar Miled
Printemps
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Samar Miled
ISBN : 979-10-422-2972-6
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À mon père, qui m’a transmis
son amour pour la nature
Des pupilles qui se contractent à la rencontre du grand soleil de la méditerranée, c’est la sensation que donne la lecture de Printemps. En tout lieu du recueil, il est question de mer, d’horizons et d’un pays qui résiste.
Les poèmes éclatent en trois bourgeons, avec, pour tous, le même souci : retrouver le premier temps des choses, comme le veut l’étymologie. Samar Miled ne cesse de partir, comme une houle. Le regard qu’elle jette sur les villes est un regard voyageant et, donc, qui s’étonne. Et de Tozeur à Miami, villes, images et sensations – qu’on croyait bien connaître – se découvrent pour la première fois.
Le premier bourgeon est amour : « je ne sais pas écrire sur l’amour », avoue la poétesse, et pourtant, Printemps aura été, de bout en bout, un chant d’amour. Ce que Samar Miled ne sait pas écrire, c’est-à-dire figer, c’est l’instantané, qui fuit toujours. Et ce n’est nullement par ignorance, mais par respect. Respect de la fragilité de ce qui menace de disparaître. C’est l’écureuil qu’on surprend « crachot[ant] » (Ode à la solitude). C’est la solitude des amoureux prête à se dissiper (Vivre). C’est le vent qu’on voudrait prendre en photo, qu’on voudrait voler (Voyage).
L’impression est étonnante : tout en reconnaissant son impuissance à garder la trace de ce qui, dans son essence même, est mouvant, l’écriture de Samar Miled réussit à en saisir l’instantanéité – ne serait-ce que dans les plis d’un vers.
Le deuxième bourgeon est un pays : il a un corps (Kerkennah), une voix (Trois miles de bonheur), une odeur (La Marsa). Et une couleur – car « toutes les couleurs ne se valent pas » –, le blanc « toutes les villes blanches me feront penser à toi. » (Tozeur). À en croire le recueil, le blanc serait aussi la couleur du printemps. Couleur multiple puisqu’elle accueille en elle toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Couleur limpide puisqu’elle laisse apparaître le pays chéri même au Tennessee. Il suffit d’un certain rapport à l’horizon, d’une certaine atmosphère pour que surgisse l’image de la Tunisie. L’impression qu’elle est toujours là, dans les poèmes qui sont signés à Nashville ou à North Carolina, par exemple.
Il y a toujours la Tunisie « au-delà des courbes de cet océan de Terres qui longe l’horizon » (Trois miles de bonheur).
Et il y a une poésie sur la route, une poésie sur le qui-vive dans Printemps. Aussi libre et fluide que l’eau de mer, sans attaches, sinon celles de l’amour. Et de l’espoir. La poétesse est du côté de ceux qui « aim[ent] trop la vie » et pour qu’il y ait vie, il faut qu’il y ait espoir. C’est comme ça, c’est la loi des saisons.
Il en faut de l’espoir quand l’orage gronde, et quand les hommes se mettent à tuer (13 août) au nom d’une loi qui, elle, ne sait que « punir ». Mais la poétesse ne fait pas table rase du passé ; le printemps est renouveau, car il se souvient des feuilles qui jonchent la terre. Son optimisme n’est pas naïf, il résiste « malgré le temps qui terrasse ».
Le printemps est le temps des révoltes. La révolution n’est pas affaire de documentation, c’est des voix de dragons qui s’élèvent dans la ville, une couleur rouge sang qui s’immisce dans le blanc, un temps des contes où les méchants finissent par expier leurs outrages.
Le troisième bourgeon est une enfance : ou encore L’Infans. Le temps des premières fois, où tout est « le même » (l’école) avant que tout ne bascule. Quelque chose a irréparablement changé quand l’homme a cédé à sa part d’enfance, à l’étonnement premier d’un garçon qui va à la mer pour la première fois et qui fait le tendre mouvement, pour chasser ses vagues, de lui jeter du sable au visage (Boule d’or).
Revenir vers l’enfance, c’est aussi réparer un reliquat d’amertume qu’on devine dans la poésie de Samar Miled, et qui hante ses deux livres précédents ; celui d’avoir fait le choix de partir, de quitter un pays qui ne la quitte plus. C’est revenir à l’essentiel. Et l’essentiel, c’est peut-être la vue d’une fleur de Jacaranda qui éclot sous le soleil du printemps (Printemps), ou, tout simplement, « terminer un poème » (Tout ce que j’aime).
Et à la fin du poème, il suffit de tendre l’oreille « dans le grand noir », avec l’opiniâtreté et la foi désespérée que porte Samar Miled pour l’Homme, pour que revienne « lepays des merveilles » et de la lumière.
Ons Ben Youssef
Professeure agrégée
Août 2023
Je t’écris mon amour,
Pour te dire combien je t’aime,
Je te le dis mon amour,
Car les heures sont incertaines.
Je t’écris mon amour,
Car la parole est belle, mais vaine,
Et les mots que je veux te dire :
C’est-à-dire, plusieurs fois « Je t’aime »,
Si je les dis, sans les écrire,
Le vent les vole,
Le temps expire,
Et je n’aurais plus de voix,