Ruban d’hirondelles - Anne Brousmiche - E-Book

Ruban d’hirondelles E-Book

Anne Brousmiche

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Beschreibung

L’univers des oiseaux, entre terre, mer et ciel, ainsi que leur symbolique, a toujours fasciné Anne Brousmiche. Les mythes de l’homme-oiseau et de la femme-oiseau, des sirènes ailées de l’Antiquité grecque ou du Phénix permettent de mieux comprendre le monde et ce que nous sommes. Leur observation sur le terrain lui a appris à les connaître et à les aimer. Nos destins ne sont-ils pas liés et, sans oiseaux, l’homme peut-il vraiment exister ? Laissez-vous donc guider, à travers ce recueil, par quelques hirondelles, légères ambassadrices de leur espèce et ses messagères !


À PROPOS DE L'AUTEURE


La poésie sous toutes ses formes a toujours attiré Anne Brousmiche, et ce, dès son plus jeune âge. Toutefois, l’univers des haïkus est le lieu qu’elle privilégie depuis plus de dix ans. C’est aussi, pour elle, une manière d’entrer en résonance avec la nature et d’exprimer la force des liens qui nous unit.

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Anne Brousmiche

Ruban d’hirondelles

Haïkus entre terre, mer et ciel

Recueil

© Lys Bleu Éditions – Anne Brousmiche

ISBN : 979-10-377-6794-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Recueil de 180 haïkus

suivi d’une conférence

devant l’Académie de Nîmes

Première publication 2020

Mémoires de l’Académie de Nîmes

IX série-Tome XCIII

Année 2019

À mon père,

Jean Svagelski

L’homme est en ce monde ainsi que l’oiseau sur la branche.

Molière

*

Il n’y a pas loin, par l’oiseau, du nuage à l’homme.

Paul Éluard

*

Sur l’aile du vent

légère et lointaine

l’hirondelle.

Natsume Sôseki

Préface

L’âme du monde

Barthes n’hésitait pas à déclarer que le haïku produisait un « enchantement » et qu’il donnait envie d’écrire. Revenue depuis peu dans le Gard, à la source nîmoise de son enfance, Anne Brousmiche se consacre pleinement aujourd’hui au bref poème né au Japon au XVIIe siècle. Rien d’étonnant à cela : plus on le pratique, plus il devient essentiel, surtout à une époque où prendre son temps est devenu si difficile, où le spectaculaire fait recette, où le réel se dilue à travers les écrans numériques.

Le haïku, parvenu en Occident depuis plus d’un siècle maintenant, s’y est non seulement très bien acclimaté mais il représente encore un pan non négligeable de notre littérature. En France, il a fait couler beaucoup d’encre depuis que Paul-Louis Couchoud (1879-1959) l’a importé, en 1905.

Au fil des décennies, ce poème d’une concision remarquable a piqué la curiosité de bien des lettrés peu coutumiers d’une si discrète éloquence et d’une telle modestie…

Dans Ruban d’hirondelles – Haïkus entre terre, mer et ciel, Anne Brousmiche a posé son dévolu sur les oiseaux qu’elle saisit en vol, figures que l’horizon redessine à l’envi, dont elle savoure le langage, qui est aussi poésie et parole divine. Et quand l’oiseau nidifie, l’émotion est forte : retour aux origines, le nid est porteur de tous les espoirs.

Pleine lune

en demi-lune

le nid d’hirondelle

L’oiseau est légèreté et liberté, son vol le conduit à explorer l’ensemble des dimensions spatio-temporelles de l’univers, et à côtoyer les cinq éléments. Extrêmement furtif, il participe aussi de ce caractère imprévisible de la création, ombre et lumière, en perpétuelle métamorphose. C’est pourquoi il fascine et devient pour les poètes un vrai sujet.

Coupé par l’aile

d’une mouette

un demi-soleil

Le haïku met non seulement en regard l’éternel et l’éphémère, mais encore l’infiniment grand et l’infiniment petit, la vérité et le mystère. En un battement d’ailes, il capte l’essentiel, comme une évidence, sans appeler d’explications.

Il ne s’embarrasse pas de considérations intellectuelles, pour autant il constitue à lui seul une conception philosophique de l’existence soudain appréhendée autrement.

Aspirant

le bleu du ciel

chant d’alouette

Il est présence au monde, inconditionnelle, absolue, en apesanteur. Puisqu’hier est révolu et que demain est inconnu, reste à chérir ce présent capable de relier l’âme au monde, en quête de l’unité première.

L’oiseau ne pense pas, il voyage, il chante, il crée. Il est le troubadour que tout haïjin rêverait d’être : détenteur de toutes les formes d’expression, il parcourt le monde sur ses ailes de vent.

Sa présence est rassurante, de bon augure, car elle est aussi ancrage. Quand le marin aperçoit les premières hirondelles, il sait qu’il approche du rivage. Alors, d’un coup, son périple prend tout son sens et les choses s’ordonnent d’elles-mêmes.

Les vaches au pré

l’étable pleine

de nids d’hirondelles

En toute circonstance, l’oiseau ramène l’humain à la vie, par son chant matinal qui le réveille, par sa lecture du monde qui lui fait déchiffrer les signes des saisons, par son instinct qui le guide où qu’il soit. Si nous sommes si souvent désemparés, c’est que nous avons perdu nos repères et notre boussole internes : l’oiseau peut nous aider à les retrouver.

Anne Brousmiche le sait bien qui ne se lasse pas de l’observer ; elle est tout à fait consciente qu’il représente le souffle et l’âme du monde. En attendant, le souffle de sa poésie ici.

Haïku de Bashô

laissant le dernier mot

à la mésange

Baudelaire enviait l’albatros, ce seigneur des mers. L’autrice aussi caresse le secret espoir de se transcender. Elle le fait avec beaucoup d’humour :

Grand bal d’hirondelles

je déballe ma robe

à plumetis noir et blanc

La légèreté dans le haïku n’est-elle pas aussi une manière de se sentir pousser des ailes ? Bon vol à notre amie poète.

Danièle Duteil

Responsable d’ouvrages collectifs de haïkus

et de haïbuns et auteure de plusieurs recueils.

Présidente de l’association francophone de haïbun,

« L’étroit chemin ».

Vol & envol

Soleil printanier

dessinant un grand huit

ruban d’hirondelles

Ciel dégagé

entre deux tours jumelles

un train d’hirondelles

Balcon sur la ville

partageant l’horizon

avec les oiseaux

Grand bal d’hirondelles

je déballe ma robe

à plumetis noir et blanc

Sur fond bleu clair

elle imprime ses ailes

l’hirondelle

Confinement

les hirondelles encerclent

un carré de ciel

À bas bruit

au-dessus de l’hôpital

vol d’hirondelles

Cour de la mairie

un couple de tourterelles

témoin des mariés

Panne d’inspiration

devant la fenêtre

le trait noir d’une pie

Yoga matinal

saluant le soleil

oiseau en vol

Jardin zen

dans l’arbre à nuages

des oiseaux se disputent

Chez le voisin

une invasion d’oiseaux

champ de pavot

Heure du repas

un concert de tambours

sur la mangeoire en bois

Croquant en vain

l’ombre d’une aile