Sous ses doigts - Tome 2 - Emilie Goudin-Lopez - E-Book

Sous ses doigts - Tome 2 E-Book

Emilie Goudin-Lopez

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Beschreibung

Trahie de la plus horribles des manières, prendra-t-elle le risque d’être blessée à nouveau ?

Depuis quelques mois, le moral de Cécile est au plus bas : son fiancé, l’homme qu’elle aimait depuis l’adolescence, l’a quittée pour sa sœur. Lorsque sa boîte propose de la muter à San Francisco, elle accepte donc sans hésitation. Le cœur brisé, elle démarre une nouvelle vie dans la métropole américaine, trouve une colocation à quelques kilomètres de son bureau et crée des liens avec celles et ceux qui composent désormais son quotidien. Parmi eux Dennis, son séduisant colocataire mais aussi Josh, le commercial avec qui elle collabore au quotidien. Distant et arrogant, son comportement échappe à Cécile, qui ne compte pas se laisser faire…⠀

Après le lourd secret de Claire dévoilé au grand jour, suivez la nouvelle vie de Cécile, bien décidée à reprendre sa vie en main, dans ce second volet de la saga sulfureuse Sous ses doigts.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Emilie vit en région parisienne. Originaire de Savoie, elle a vécu plusieurs années en Californie, au Mexique, et en Belgique où elle a fait des études de Bande-dessinée. Elle partage son amour de tous ces lieux emblématiques dans ses romans ! Elle écrit aussi pour la jeunesse (deux J'Aime Lire chez Bayard Presse) et maintenant qu'elle s'est lancée, elle ne compte pas s'arrêter de sitôt ! Sous ses doigts est sa première saga.

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À mes américains, Ernie et Kay.

Prologue

Février 2020

Assise sur le canapé face à la cheminée, Cécile Pasteur se mordillait l’ongle du pouce. Du coin de l’œil, elle surveillait la fenêtre donnant sur l’allée qui menait à la maison depuis la route. Dehors tout était noir et glacé, on ne voyait même pas les réverbères du village.

Les genoux de la jeune femme tressautaient nerveusement. Elle n’aurait pas dû venir. Elle regrettait d’avoir cédé face à l’insistance de son père… La maison la mettait mal à l’aise, la mort de sa mère, deux ans auparavant… Et surtout la trahison de sa sœur, l’année dernière, lors de la commémoration.

Un an tout rond.

Ici, dans cette maison.

Elle n’était pas prête.

L’eau avait coulé sous les ponts et le temps avait apaisé sa blessure, mais la cicatrice était encore fraîche, prête à s’ouvrir de nouveau, au moindre choc émotionnel.

La lueur de phares à travers le brouillard éclaira les vitres, et Cécile pâlit. Elle chercha son père du regard.

Georges, barbu, ridé, le dos voûté, lui sourit tristement et lui prit la main. Ils avaient déjà parlé de ça, de la rupture, de leur histoire… Mais la confrontation imminente fit fondre son courage et ses résolutions.

— Papa, je… Je suis désolée. J’aurais dû envoyer des fleurs. Je ne suis pas sûre de…

— Ma chérie, souffla son père en l’attirant contre lui, je comprends ta détresse, mais vous êtes mes filles, les filles de Marie-Jeanne. Vous êtes tout ce qu’il me reste. Tu as le droit d’être en colère contre Claire, mais… Le temps t’aidera à pardonner.

— Ça fait un an et je suis toujours furieuse ! s’exclama Cécile. Il va dormir avec elle, dans sa chambre ? Je peux prendre sur moi, mais pardonner, c’est trop demander.

— Fais de ton mieux, ma grande. Vous êtes mes filles, toutes les deux. Vous n’avez qu’une sœur. Votre mère serait désespérée de vous savoir déchirées.

— Claire aurait dû y penser avant de coucher avec mon mec !

Dans l’allée, la voiture s’était arrêtée. Le gravier crissa sous des semelles.

Cécile se raidit.

— Cécile, dit doucement Georges, tout ce que je te demande c’est d’honorer la mémoire de ta maman, de contenir ta colère pendant deux jours. Est-ce que tu peux faire ça pour moi ? Ne vous battez pas sur sa tombe…

Cécile détourna le regard, rougissant de colère contenue.

— Je vais faire mon possible, dit-elle.

À cet instant, elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir et des pieds battre sur le paillasson.

— Papa, c’est nous ! résonna la voix de sa sœur dans le vestibule.

Cécile eut un frisson, les lèvres pincées. Son cœur battait fort. Derrière Claire arriverait Tom. Machinalement, elle joua du bout des doigts avec la bague en or fin qu’elle portait à l’annulaire gauche. Son avenir, ses fiançailles.

Tom appartenait au passé.

Fébrilement, elle se leva, prit une grande inspiration. Par amour pour son père et pour leur maman disparue, elle ferait l’effort d’être aimable.

Elle s’avança, quelques pas derrière son père, déboucha dans le vestibule. Claire ôtait son manteau. Tom se tenait à côté d’elle, portant une grande boîte en carton dans les bras.

Une année d’amour lui revint en plein visage, comme une gifle. Cécile se raidit. Tom n’était plus pour elle. Il était avec sa sœur, à présent. Elle devait rester calme, comme elle l’avait promis à leur père.

— Salut, répondit-elle à sa sœur qui s’adressait à elle. Vous… avez fait bonne route ?

— On arrive de Seynod tu sais, répondit Claire qui enfilait des chaussons Ikea. Ce n’est pas bien loin. Je n’habite plus Bruxelles…

Bien sûr que non. Elle n’habitait plus Bruxelles parce qu’elle avait emménagé chez Tom au printemps dernier, justement.

— Comment tu vas ? demanda poliment Claire, et Cécile fut étonnée de la sincérité dans sa voix.

À vrai dire, en dehors de son état nerveux à l’instant… il fallait avouer que… elle allait bien.

— Ça va, dit-elle en parvenant à sourire, j’avais oublié le froid. On s’acclimate vite au soleil de Californie.

Banalités. Rien de personnel. Rien de sensible. Si elles s’en tenaient à la météo, Cécile pourrait survivre à ce week-end sans déclencher d’incident diplomatique.

Mais Claire semblait déterminée à faire la conversation.

— Et ton travail, ça te plaît toujours ?

Cécile se détendit. C’était facile de parler de son travail, le seul endroit où elle trouvait du réconfort, depuis son expatriation en Californie.

— Ça me plaît, oui. Je n’envisage pas de rentrer dans un futur proche, mon entreprise m’a fait une demande de visa permanent.

Petite victoire. Un visa permanent pour les États-Unis, une carrière qui décollait d’un coup. Cécile avait refusé de se laisser mourir de chagrin après sa douloureuse rupture. Elle n’était pas une geignarde comme sa frangine, toujours en train de gémir sur son sort. Elle se battait. Elle surmonterait tout, même cette souffrance-là.

Claire allait répondre quand la boîte dans les bras de Tom poussa un jappement aigu.

Georges sursauta :

— Mais qu’est-ce que ?

Tom déposa le grand carton au sol :

— C’est pour toi, Georges. On se disait qu’il était temps de remettre un grain de folie dans cette grande maison vide.

Il souleva le couvercle et un petit chien noir se dressa sur ses pattes arrière en agitant la queue.

Le vieil homme, ému, se pencha vers l’animal et le souleva dans ses bras. Il fut aussitôt assailli de coups de langue affectueux, et dut l’éloigner de son visage en riant.

— Mais quelle merveille ! Mais Tom ! Merci mon garçon… Il est… il est parfait.

— Il est déjà vacciné, je t’ai apporté son carnet de soins et ses papiers. Il ne reste plus qu’à lui donner un nom.

— Je crois que ce petit père a une tête de… Arnold. Hein mon pépère ? Tu es un bon chien.

Couvrant le chiot de caresses, Georges le transporta jusqu’au salon, devant la cheminée où craquait un bon feu.

Cécile leva les yeux au ciel. Tom le vétérinaire, le gendre parfait, avait encore frappé. Elle aurait voulu lui reprocher son talent pour se mettre tout le monde dans sa poche… Sortir avec une sœur, coucher avec l’autre, tromper les deux, s’en tirer avec les honneurs. Mais le plaisir de son père faisait plaisir à voir. Il fallait reconnaître qu’un petit chien serait un compagnon parfait pour le veuf solitaire.

Elle allait le remercier pour ce geste quand du coin de l’œil, elle vit la main de Tom se glisser dans celle de Claire, son pouce caresser sa paume d’un geste très tendre.

Cécile détourna les yeux.

Sans un mot, tous les trois se dirigèrent vers le salon, à la suite de leur père.

— Je crois que Marie-Jeanne serait heureuse de voir les femmes que vous êtes devenues, soupira Georges en souriant. Vous êtes toutes les deux heureuses, c’est la seule chose importante au monde… Cécile, ma chérie, est-ce que tu as annoncé la nouvelle à ta sœur ?

Cécile sursauta et rougit. Elle aurait préféré faire cette annonce elle-même, à un moment qu’elle aurait choisi. Elle luttait encore contre les battements de son cœur et le nœud dans son ventre face au bonheur conjugal de son ex avec sa sœur. Mais on pouvait compter sur Georges pour mettre les pieds dans le plat.

Elle leva sa main gauche, pour montrer le diamant qu’elle portait :

— Je suis fiancée, confirma-t-elle en voyant les yeux effarés de sa sœur. Le mariage est prévu dans un an et demi, en Californie.

Le visage de celui qui avait gagné son cœur s’imposa à elle, avec ses yeux rieurs et son sourire qui lui creusait ses fossettes dans les joues. Il n’était pas venu avec elle ; Cécile n’avait pas voulu le mêler à des retrouvailles familiales qui pouvaient tourner au désastre. Mais elle réalisa à cet instant combien elle avait hâte de le présenter à son père et même… à sa sœur.

— Vous êtes invités, évidemment, ajouta-t-elle.

C’était venu tout seul, et ça lui semblait naturel, à présent. Elle ne regretterait pas Tom, qui n’avait pas su l’aimer comme elle le méritait, contrairement à son compagnon actuel. Leur histoire avait été compliquée, mais chaque étape surmontée ensemble les avait rapprochés. Elle ne pouvait pas en dire autant de Tom, son ex, qui l’avait abandonnée au premier incident.

La boule dans le ventre de la jeune femme se dissipa progressivement alors qu’elle réalisait qu’elle et sa sœur avaient pris les bonnes décisions, toutes les deux.

— Oh Cécile, félicitations ! Je suis tellement heureuse pour toi ! s’exclama Claire, qui essuya une larme sur ses cils.

— Je suis heureuse aussi. J’ai l’impression qu’enfin… Enfin tout est à sa place. C’est bon de pouvoir se laisser aller sans avoir peur du lendemain. Je me sens enfin sereine.

C’était vrai. Avoir prononcé ces quelques mots face à Claire avait eu quelque chose d’exutoire.

Cécile était enfin libre.

1

Avril 2019

Debout sur le trottoir, Cécile contemplait le gratte-ciel qui semblait s’étirer à l’infini au-dessus de la ville.

Elle n’avait presque pas dormi, anxieuse à l’idée de prendre ses nouvelles fonctions, dans une nouvelle ville… une nouvelle vie. San Francisco.

Il serait bientôt 8 heures, bien trop tôt pour se présenter à l’accueil ; d’ailleurs Kirsten Barnes, sa nouvelle boss, ne l’attendait pas avant 9 h 30.

Elle avait eu peur d’être en retard, de se perdre dans les transports en commun, de louper son maquillage, et de toute façon elle ne trouvait pas le sommeil… c’est pourquoi dès 4 heures, Cécile était levée, soignant son look et sa coiffure, révisant son itinéraire. Elle avait choisi soigneusement son tailleur, ses escarpins et ses bijoux. Ses fonctions ne lui imposaient pas de dress code, mais pour son premier jour elle tenait à faire bonne impression.

À présent, elle avait déjà mal aux pieds sur ses talons trop hauts, et plus d’une heure à tuer avant de se présenter chez « Diatomir, cognitive data » au 16ème étage.

Il y avait un restaurant Wagamama – fermé à cette heure matinale – dont les vitres donnaient sur la rue, et un café dont Cécile ne connaissait pas l’enseigne – Momo’s – mais dont l’intérieur lui parut irrésistiblement chaleureux. Ce serait parfait pour occuper l’heure et demie qu’elle avait à attendre.

Cécile prit une place à une petite table qui lui offrait une vue dégagée sur la rue et respira profondément. Elle venait de vivre deux mois frénétiques, un tourbillon qui l’avait emportée, l’empêchant de sombrer dans la dépression et l’inertie. Il était temps de se poser un peu, de prendre du temps pour elle. Une serveuse déposa sur sa table un grand café mousseux pailleté de chocolat, et Cécile songea que l’orangé de la lumière rasante en cette heure matinale et le cadre soigneusement rustique de l’établissement feraient un cliché « Insta » parfait.

Elle tira son téléphone, lança l’application… et interrompit son geste.

Elle n’avait plus mis à jour son compte Instagram depuis février, depuis la rupture.

Sous son pouce défilaient des mois d’illusion et de mensonge, une vie fabriquée, un décor artificiel. Femme active, moderne, heureuse dans le bras de Tom Leroy, les week-ends à Amsterdam ou à Rome, les cocktails colorés, les ongles manucurés.

Ces photos, elle n’avait pas osé les retirer de son insta, de peur qu’on lui pose des questions… Qu’allait-elle répondre ?

« Mon ex-futur-mari m’a trompée avec ma sœur. Tout est bidon ».

Comment pouvait-on être aveugle à ce point…

Devait-elle supprimer ce compte, peut-être en créer un autre, autour de son installation récente aux États-Unis ? Mais à qui s’adresserait-elle ?

Son père aurait envie d’avoir de ses nouvelles, mais il préférerait recevoir un email ou un appel de temps en temps. Quant à sa sœur, Cécile n’avait aucune envie de lui donner accès à sa nouvelle vie… Le cœur de la jeune femme se serra.

Claire était son unique sœur. Comme dans toutes les fratries, elles s’étaient aimées, haïes, battues, partageant les meilleurs films, les chagrins et les secrets, et se disputant les fringues, les sorties, les faveurs des parents. Mais de là à se déchirer pour un mec ?

Cécile avait sous-estimé le capital de nuisance de sa petite sœur, si jeune, si innocente. Pourtant, cette dernière avait bien calculé son coup, attendant que Cécile soit en déplacement pour mettre le grappin sur Tom Leroy. Est-ce que tous les hommes pensaient avec leur queue ? La facilité avec laquelle il l’avait trompée pour sauter Claire avait laissé Cécile soufflée, et brisée. Finalement, heureusement que cette petite arriviste s’était manifestée à temps pour faire tomber le masque du beau vétérinaire… Que se serait-il passé si Tom l’avait épousée ? Il aurait été capable d’aller jusqu’au bout, et de la tromper ensuite, lâche qu’il était.

Le chagrin laissa place à une colère sourde, et Cécile réalisa soudain que ses larmes allaient ruiner son maquillage. Elle devait impérativement se présenter radieuse à Mrs Barnes. En tant que recrue importée de France, tous les projecteurs seraient braqués sur elle les premiers mois. Elle n’aurait pas droit à l’erreur.

Au moins, ça ne lui laisserait pas le temps de ruminer sur son cœur brisé et sa colère contre Claire.

Il fallait qu’elle retouche son mascara. Cet établissement avait-il des toilettes ?

Terminant son café d’une longue gorgée, Cécile se leva et jeta son sac à main sur son épaule, percutant de plein fouet le client qui remontait l’allée entre les tables. Un liquide doré, bouillant, les éclaboussa tous les deux.

— Ah mon dieu ! Je suis désolée ! s’exclama-t-elle, constatant avec épouvante qu’elle venait de ruiner la chemise blanche de l’inconnu, et la sienne par la même occasion.

L’homme poussa un juron et écarta les bras en signe d’impuissance, sa tasse toujours à la main.

Cécile leva les yeux. Elle se tenait devant un homme plutôt grand – la même taille que Tom à quelque chose près ? – Mais la ressemblance s’arrêtait là. Si Tom était brun, avec des grains de beauté et un visage assez long, l’homme qu’elle venait de bousculer avait des cheveux d’un roux flamboyant, soigneusement coiffés avec une raie sur le côté, des yeux perçants et une barbe rasée de près. Ses lèvres étaient pincées dans une expression d’agacement extrême, et Cécile se sentit rougir de honte.

— Je suis confuse, bégaya-t-elle. Je ne vous avais pas vu. Est-ce que… je peux faire quelque chose ? Vous alliez travailler ?

— J’allais travailler, oui, grogna-t-il sans desserrer les dents. Vous pourriez faire attention !

La jeune femme baissa les yeux :

— Vous voulez de l’argent ? Je peux vous payer le pressing…

— Laissez tomber, cracha l’homme, en l’écartant du passage d’un coup d’épaule.

Les bras ballants dans un geste d’impuissance, elle le regarda s’éloigner et l’entendit jurer « foutus touristes » alors qu’il franchissait la porte. Touriste ? À cause de son accent français, sans doute… Elle parlait bien anglais, mais il resterait toujours dans son élocution un petit quelque chose qui dénoncerait ses origines étrangères.

Elle s’efforça de respirer. Cette matinée commençait mal, sans surprise. Quand cesserait-elle de tout gâcher ? Elle venait de pleurer sur son ex, comme tous les jours depuis deux mois, de se prendre la tête avec un inconnu, et de tâcher son tailleur.

Il était urgent de se reprendre en main. Tom : c’était du passé ; l’inconnu : qu’il aille au diable, elle ne le reverrait jamais ; et le chemisier… elle avait tout juste le temps d’en acheter un neuf et se présenter au bureau à l’heure convenue. C’était faisable.

Essuyant ses yeux du revers de la main – elle retoucherait son mascara dans les cabines d’essayage – Cécile sortit dans la rue, en quête d’une boutique de prêt-à-porter.

2

120 dollars… C’était le prix exorbitant que Cécile avait payé pour un chemisier neuf, acheté en urgence dans une boutique au bout de la rue.

En plus d’être agacée et stressée, elle se trouvait dépouillée d’une somme dont elle aurait bien eu besoin, au vu du prix de la vie à San Francisco et du montant astronomique qu’allait lui coûter son emménagement. Il faudrait qu’elle trouve une enseigne de prêt-à-porter plus accessible que les boutiques guindées du quartier des affaires !

— Et surtout, il faudra que je garde un chemisier de rechange dans mon bureau, en cas de nouvel accident en pleine journée… Je ne vais pas pouvoir m’acheter un chemisier neuf par jour ! grogna-t-elle, affligée.

Il était 9 h et quart, elle n’avait rien posté sur Insta – ça valait mieux, vu la tournure que prenait sa journée – et elle avait retouché son maquillage. Elle était prête.

Cécile vérifia son chignon pour la Nième fois, prit trois grandes inspirations, pratiqua son sourire le plus chaleureux, et entra enfin au 417, Montgomery Street.

— Ah, voilà notre petite Française ! s’exclama Kirsten Barnes, lorsque la jeune femme se fut annoncée à l’accueil.

Kirsten était tellement américaine… Grande et plantureuse, la peau noire et les cheveux soigneusement lissés, maquillée à la perfection. Elle ouvrit les bras et s’approcha de Cécile, soudain intimidée, pour lui donner une accolade que Cécile accepta, bien qu’un peu raide. Les Américains et leur familiarité… ils étaient choqués que les Français se fassent la bise mais s’adonnaient à des « hugs » intimes ; y compris entre collègues !

— Bienvenue, bienvenue ! Inutile de te faire visiter les locaux, tu es déjà venue en février. Je vais te montrer ton bureau. As-tu fait bon voyage ? C’est si long, le trajet depuis l’Europe, tu dois être épuisée. Est-ce que ton container est déjà arrivé ? Où es-tu logée pour le moment ? Emmitt pourra t’aider avec l’administration si tu as besoin… Tu connais Emmitt ?

Trop de questions, trop vite. Kirsten était expansive, indiscutablement la reine de ce royaume. Son sourire était large, ses yeux rieurs. Elle ne laissait pas à Cécile le temps de répondre à ses questions, et cette dernière sourit poliment.

Emmitt Joseph approchait justement, et Cécile lui tendit la main, ravie de revoir un visage familier. C’était un gros garçon, barbu, à l’air toujours éberlué. Cécile soupçonnait qu’il passe ses nuits sur des jeux vidéo, et ses week-ends dans des conventions de collectionneurs de figurines. Mais sous ses apparences d’adolescent mal dégrossi, il faisait un excellent assistant pour l’ensemble des équipes, et pour Kirsten en particulier.

Lorsque Cécile s’était déplacée dix jours en février pour prêter main-forte aux équipes d’ingénieurs chez un client particulièrement capricieux, c’était Emmitt qui avait organisé ses billets d’avion, son logement, le remboursement de ses frais, et la modification du billet retour pour qu’elle puisse rentrer plus tôt et passer la fin de semaine avec Tom.

Quel minable, Tom. Ce jour-là, on avait frôlé le Vaudeville… « ciel, mon mari ! »

Elle était rentrée chez lui, à Annecy, trois jours plus tôt que prévu, pour lui faire la surprise, et avait trouvé sa propre sœur sur son canapé. Avec le recul, ça avait été un manque de chance de ne pas les prendre sur le fait : la farce aurait tourné court. À la place, Cécile avait eu droit à des semaines de doute, de mensonges, et d’hypocrisie… avant d’être définitivement larguée comme la femme trompée qu’elle était.

Pauvre type.

— Voici ta place, en face de Joshua Dixon, le commercial avec qui tu vas travailler. Il avait prévu d’être là pour t’accueillir, mais il a dû retourner chez lui en urgence. Il ne va pas tarder à arriver. Je te laisse déposer tes affaires, ensuite tu pourras passer voir Zaina, notre responsable informatique, qui te remettra ton laptop. À l’arrivée de Josh, je te retrouve dans la salle de pause autour d’un café, on a prévu une surprise pour ton arrivée.

Quelle tornade !

Cécile acquiesça, suspendit sa veste de tailleur au porte-manteau et déposa son sac sur son bureau. Elle se trouvait au bout d’un ensemble de 6 tables, côté couloir dans un immense open-space. On se leva pour la saluer, lui serrer la main et lui souhaiter la bienvenue. Dans cette partie du bureau travaillaient quinze personnes, principalement des ingénieurs et des commerciaux. Tout au bout, derrière les cloisons vitrées, il y avait les bureaux individuels des managers. De l’autre côté de l’accueil s’étendaient encore 800 m² d’open-spaces où étaient installés les équipes administratives et l’armée de développeurs. Elle connaissait déjà les lieux, et certains de ses collaborateurs, qu’elle salua chaleureusement. Les transferts d’une filiale à l’autre étaient rares, car les visas de travail pour les États-Unis étaient difficiles à obtenir et les candidats au déménagement peu nombreux.

Cécile avait cet « avantage » : pas de boyfriend, pas de famille, pas d’attaches. Elle avait largué son ancienne vie sans un regard en arrière.

Ici, elle serait en binôme avec un commercial qu’elle n’avait pas eu l’occasion de rencontrer lors de sa visite quelques mois plus tôt et se demandait quel genre d’homme il était. Au fond d’elle-même, elle prononça une prière muette pour qu’il ne s’agisse pas d’un quinquagénaire condescendant et patriarcal. Dans ses fonctions d’ingénieure, souvent confrontée à des équipes techniques exclusivement masculines, Cécile subissait le sexisme en pleine face. On ne la prenait pas au sérieux, on l’appelait « ma petite », ou « ma jolie », on demandait à parler à son chef, on l’envoyait faire le café. C’était une bataille de tous les jours que de s’imposer à ses clients – et parfois à ses collègues – qui peinaient à croire qu’une fille, menue et blonde, puisse comprendre les rouages de leur logiciel mieux qu’eux-mêmes.

C’était une des choses qui lui plaisait tant, chez Diatomir inc. : le patron était une patronne. Voilà qui devait défriser les sexistes de tout poil !

Essayant d’être discrète, elle jeta un œil au bureau de Josh, en face du sien.

Sur les autres bureaux, les commerciaux et ingénieurs avaient disposé des post-its en bataille, des cadeaux d’affaires divers, des objets publicitaires glanés sur des salons et des photos de leur famille. Pas Josh Dixon. Son poste de travail était impeccablement rangé, chaque stylo, chaque porte-document aligné parallèlement au bord de la table. Pas de photos, de gadgets, rien de personnel à l’exception d’une petite plante grasse qui s’épanouissait dans son pot. Il n’avait pas l’air d’être un rigolo. Ou alors, c’était quelqu’un qui séparait strictement vie professionnelle et vie personnelle.

Tant mieux.

Au moins, bien qu’ils s’apprêtent à bosser ensemble huit heures par jour, il ne tenterait pas de s’immiscer dans sa vie ! Tout ce à quoi elle aspirait pour le moment, c’était à un peu de tranquillité.

— Tu viens nous rejoindre en salle de pause ? On t’a préparé un petit déjeuner de bienvenue.

C’était Emmitt, qui lui faisait signe de le suivre.

Cécile s’arracha à la contemplation du bureau immaculé du mystérieux Josh, et le suivit jusqu’à une grande salle vitrée, meublée d’un grand meuble de cuisine, une machine à café, un distributeur de snacks, un babyfoot et une console de jeu… et trônant au milieu de la pièce, une grande table sur laquelle étaient disposés des plateaux entiers de donuts multicolores autour d’une tour Eiffel en carton.

Cécile s’abstint de préciser qu’elle venait de Haute-Savoie et n’avait pas spécialement d’attaches à la tour Eiffel, un concept un peu trop snob certainement, vu la délicatesse du geste et la gentillesse d’Emmitt à son égard :

— C’est toi qui as organisé tout ça ? lui dit-elle, sincèrement flattée. C’est très gentil, merci beaucoup !

L’assistant allait répondre quand un brouhaha leur parvint depuis le couloir et qu’une voix d’homme résonna :

— Je sais que je suis à la bourre pour accueillir la nouvelle, mais une connasse m’a bousculé au café ce matin, elle a bousillé mon costard Armani. J’ai dû rentrer le déposer au pressing en urgence, me changer et revenir, j’ai perdu presque deux heures !

— Tout le monde t’attend dans la salle de pause pour le café d’accueil de Cécile, répondit la voix familière de Kirsten.

Cécile pâlit. Elle ne pouvait pas être poissarde à ce point !

Et pourtant…

Lorsqu’il franchit la porte de la salle de pause, le sourire Colgate que Josh Dixon avait préparé pour sa nouvelle collègue se figea.

— Une connasse, hein, dit simplement Cécile.

3.

Si Josh perdit son sang-froid, il n’en montra rien.

Son sourire, simplement, se raidit imperceptiblement.

— Des mots qui ont dépassé ma pensée, avec mes excuses, dit-il en lui serrant la main. Je ne m’attendais pas à…

— Accueillir ta nouvelle collaboratrice avec un flot d’insultes ? Moi non plus, je ne m’y attendais pas. Désolée pour ton costume Armani.

Cécile sentait qu’elle était écarlate, son cœur battait fort dans sa poitrine. C’était officiel, elle allait se rouler en position fœtale trente-six pieds sous terre et ne jamais se relever.

À leur droite, Emmitt ne perdait pas une miette de cette conversation improbable. Il mâchait pensivement un donut au glaçage rose. Quelle mouche les piquait, tous les deux ?

La même réflexion dut frapper Kirsten, qui s’interposa, saisissant le thermos de café pour remplir les tasses.

— Josh voici Cécile, Cécile voici Josh ! Je sens que vous allez merveilleusement travailler ensemble tous les deux. Josh, tu aurais dû voir Cécile chez Square Corp, en février, elle a été incroyable. Le client était prêt à claquer la porte, mais Cécile a su coder en quelques jours un plug-in qui a sauvé ses données. C’est un contrat à 3 millions qui a été rattrapé par son intervention.

Cécile ouvrit la bouche pour répondre, mais Kirsten ne lui en laissa pas le temps et lui fourra un gobelet brûlant et un donut dans les mains :

— Tu verras, Cécile, Josh est un commercial avec un style très agressif. Il ne décroche aucun contrat à moins de 5 millions ; mais pour ce faire, il a besoin d’une ingénieure avant-vente à la pointe, qui connaisse nos clients et nos outils et soit capable d’être performante sans préparation sur des bases de données complexes. Tu seras parfaite.

La jeune femme sourit poliment, laissant glisser son regard vers Josh. « Très agressif », elle voulait bien le croire ! Très sûr de lui aussi, visiblement… Il n’avait pas l’air déstabilisé le moins du monde à l’idée de l’avoir insultée déjà deux fois depuis ce matin. En trois secondes, elle décida qu’elle en savait assez sur le personnage : un requin des affaires, prétentieux et m’as-tu vu, criant sur les toits qu’il porte des marques de luxe, arrogant… pas le genre à admettre ses torts ou à lui présenter des excuses. Ça annonçait un démarrage compliqué dans ce nouveau poste.

Il faudrait pourtant qu’elle s’en accommode si elle souhaitait réussir ce nouveau départ californien. Les Américains n’étaient pas réputés pour s’encombrer de collaborateurs médiocres, et le visa E2 que lui avait fourni Diatomir ne lui permettait pas de travailler chez un autre employeur. Elle devait réussir dans ce poste, coûte que coûte.

Voilà qui faussait d’emblée le rapport de force, à l’avantage de Dixon : son visa, sa vie même, n’étaient pas en jeu, et il pouvait se permettre d’être odieux avec elle autant qu’il le voulait. Quant à Cécile, si elle se trouvait au cœur d’une polémique ou d’un dossier de harcèlement, elle ne doutait pas qu’elle serait vite de retour chez papa, à Saint Ferréol… ce village paumé des Alpes.

Elle allait devoir serrer les dents.

Il n’était pas encore midi et elle angoissait déjà à l’idée d’échouer dans son projet professionnel… Elle avait besoin d’une cigarette.

Autour d’elle, les conversations allaient bon train. Emmitt faisait une démonstration de français, en récitant soigneusement « baguette, sacrebleu » et autres « omelette du fromage », qui faisaient rire l’assistance.

Ses cigarettes étaient dans son sac à main, sur son bureau.

Cécile quitta la salle de pause pour fouiller dans son sac, et fit machinalement glisser son pouce sur l’écran de son portable. Les vieilles habitudes, instagram, twitter…

Elle rejeta le smartphone sur la table et s’empara du petit paquet blanc.

— Fumer tue, articula derrière elle une voix masculine qu’elle méprisait déjà.

Prétentieux, arrogant ET paternaliste. Bingo.

L’ingénieure se retourna lentement, glissant la cigarette entre ses lèvres sans quitter Josh des yeux :

— Je croyais qu’on allait bosser ensemble. Je n’avais pas compris que tu étais aussi mon babysitter.

Elle s’adossa à son bureau, croisant les chevilles, soutenant son regard. Il se tenait dans une posture conquérante, une main dans la poche et la veste sur l’épaule. Cécile songea que s’il n’avait pas été si pénible, il aurait été séduisant, avec sa haute stature et sa chevelure flamboyante.

— Tu te débrouilles bien en anglais, pour une petite Française immigrée de la veille, observa-t-il.

Cécile vit rouge.

Un instant, elle envisagea de lui enfoncer les ongles dans les orbites, mais se rappela sa bonne résolution : « serrer les dents ».

— Tu t’attendais à quoi, une danseuse de cancan ? Tu crois que Kirsten se donnerait la peine de souscrire à un visa en urgence pour une incompétente ?

— Tu as du répondant, c’est bien.

Il eut un petit sourire en coin, et son aisance agaça Cécile. Il était en position de force, et il le savait. Elle ne pouvait pas gagner. Mais elle tomberait la tête haute !

— Mais avoir une grande gueule et de longues jambes, ça ne suffira pas, continua-t-il. C’est le grand bain, ici. J’ai rendez-vous demain avec la Directrice technique du labo pharma Herion. Il ne faudra pas bafouiller. On verra vite si tu es à la hauteur…

Il avait insisté sur l’expression « longues jambes » et Cécile se sentit humiliée. Il allait trop loin et évidemment, il n’y avait pas un témoin de cette altercation. Tout le monde dégustait les donuts, dans la salle de pause dont la porte s’était refermée.

Elle se redressa.

— Profite de la vue, Dixon, parce que c’est la dernière fois que tu poses tes yeux sur moi. Je suis ici parce que je suis la meilleure, et je n’ai pas traversé un continent pour me laisser intimider par un requin à l’égo fragile. Kirsten a confiance en moi, et tu devrais aussi. Tu veux qu’on aille lui faire part de tes observations ?

Josh haussa les épaules. Cécile ne lui laissa pas le temps de répondre, et manqua de le bousculer pour rejoindre l’ascenseur.

— Je descends fumer. Quand je vais revenir, je vais prétendre ne t’avoir jamais vu. Tu vas avoir une occasion unique de rattraper cette première impression, ce serait dommage de la laisser passer.

L’instant d’après, les portes de l’ascenseur se refermaient sur elle, et Cécile sentit ses nerfs lâcher. Elle refoula difficilement ses larmes alors qu’elle fouillait dans sa poche à la recherche de son briquet.

— Courage, murmura-t-elle pour elle-même, il se sent menacé, c’est tout. Il attaque pour ne pas perdre la face. Tu en as déjà affronté, des comme ça, et tu les as tous matés. C’est aussi pour ça que Kirsten t’a choisie toi : pour dompter cette espèce de sale con.

Avoir prononcé « sale con » à voix haute et en français lui fit du bien, et ses larmes se tarirent.

Debout dans la rue, elle tira une bouffée de tabac et bascula la tête en arrière pour souffler la fumée.

— Sale con ! Sale con, sale con, sale con !

La jeune femme se mit à rire. C’était libérateur.

– What’s “salkon”1 ? fit une voix féminine derrière elle, et Cécile sursauta.

1. " C’est quoi « salcon » ? "

4.

L’ingénieure se retourna vivement, toussant sur la fumée qu’elle avait avalée de travers.

Derrière elle se tenait une femme à la peau brune, aux incisives légèrement écartées et aux cheveux tressés. Cécile l’avait aperçue parmi les collègues qui riaient autour d’Emmitt dans la salle de pause, un peu plus tôt.

La femme lui tendit la main :

— Je suis Zainabu, l’IT Manager, tu peux m’appeler Zaina. Est-ce que ça va ?

— Cécile… tu peux m’appeler Cécile, sourit cette dernière en acceptant sa poignée de main. Tu m’as suivie ? Tu veux une cigarette ?

— Je ne fume pas, merci. Mais je t’ai vue partir à toute vitesse après avoir parlé quelques minutes à Dixon, j’en ai déduit qu’il avait encore fait son numéro.

— Son numéro ?

— Sa partenaire s’est barrée, depuis il fait payer son départ à tout le monde. Il se dit qu’ils avaient une liaison.

Cécile fuma en silence avant de répondre :

— Ce n’est pas une raison pour me traiter comme ça.

— Je n’ai pas entendu ce qu’il t’a dit, mais je ne doute pas qu’il ait agi comme un vrai con. Je crois qu’il a du mal à supporter l’idée qu’on puisse remplacer Gwen, ils faisaient une sacrée équipe.

— Est-ce que tu sais pourquoi elle est partie ?

Zaina haussa les épaules et but une gorgée du café qu’elle avait à la main.

— On ne sait pas trop si coucher avec Josh a aggravé son cas, mais ses résultats n’étaient pas à la hauteur. Le dossier Square Corp que tu as rattrapé en février, c’était celui de Gwen.

Cécile laissa ces paroles faire leur chemin. Voilà qui expliquait beaucoup de l’agressivité de Josh à son égard. Quelque part, c’était mesquin de la part de Kirsten de ne pas l’avoir avertie. Mais cette dernière était une femme d’affaires et une cheffe d’entreprise. « Machin ne me cause plus dans la cour de récré » ne devait pas lui importer beaucoup. Par contre « j’ai repêché 3 millions en 18 heures de code », déjà davantage.

Bienvenue dans le grand bain.

Elle termina sa cigarette et jeta le mégot dans le réceptacle, avant de faire signe à Zaina de remonter.

— Tu es venue ici avec ta famille ? demanda poliment Zaina.

— Non, je suis seule, répondit Cécile. Ça va me permettre de me consacrer entièrement à mon job. J’ai l’impression que la barre est placée assez haut.

— Kirsten est exigeante, et Josh aussi, oui. Mais tu verras, ils sont très compétents. Si tu te montres à la hauteur de leurs attentes, tu seras la reine du monde. Est-ce que tu veux que je parle à Josh ?

— Ça ira. Je lui ai donné un ultimatum avant de descendre, je verrai comment il se comporte cet après-midi. Et… Merci de m’avoir accompagnée. Je me sens déjà mieux.

— Avec plaisir, sourit Zaina.

— Est-ce que tu déjeunerais avec moi ? demanda Cécile.

Zaina fit une grimace :

— J’avais prévu d’aller courir ce midi. Tu devrais déjeuner avec Kirsten et Josh… Il se tiendra à carreau si la boss est à table avec vous.

— Je verrai s’ils me le proposent.

Cécile se fit la réflexion que c’était sympa, d’aller courir entre midi et deux. Elles en discutèrent alors qu’elles remontaient par l’ascenseur : les douches accessibles aux salariés, l’itinéraire pour rejoindre le bord de mer.

— Je devrais fumer moins, songea-t-elle.