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"Souviens-t’en..". n’a pas été un projet planifié, mais plutôt une nécessité. À travers les subtilités de la poésie, ce recueil explore ce qui reste en nous après notre passage, allant bien au-delà des mots conventionnels.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Jacques Levesque utilise la poésie comme un moyen d’expression personnel. S’inspirant de ses rencontres et de ses amitiés avec des poètes contemporains, dont plus particulièrement Gil Jouanard, Eugène Guillevic, Ghislaine Amon – Raphaël Georges –, et Jean-Louis Giovannoni, l’auteur partage une partie importante de son vécu dans son œuvre, "Souviens-t’en..".
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Seitenzahl: 43
Jean-Jacques Levesque
Souviens-t’en…
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Jean-Jacques Levesque
ISBN : 979-10-422-3136-1
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Mais un mot, qu’est-ce ?
Un son qui bientôt cesse…
Des mots pour résister
Espérons que nos mots retiendront quelque chose de notre passage, ainsi que la présence vive des êtres aimés, qui manquent soudainement… et c’est le vide. Que l’écriture les fasse revivre un tant soit peu ! On ne demande pas beaucoup aux mots, juste d’être attentifs à ce qui était présent, de le garder et de nous le faire réentendre de temps à autre. Les photos sont tellement muettes et notre mémoire si fugace !
Bien sûr qu’il nous faudra plaisanter aussi, rire un peu, ne pas rester constamment sur le bord, même si le vertige est grand. Alors rions, haut et fort, car le silence qui succédera sera inentamable.
Jean-Jacques Levesque emploie, dans ce livre, tous les degrés de l’expression humaine, du pastiche à la dérision, en passant par le grave, le terrible ; tout ce qui anime la vie d’un être humain et qui l’affecte. Que ce soient faiblesses, ou chants glorieux, les mots sont là pour résister, pour nous porter plus loin, comme un refus d’endormissement, de capitulation et de renoncement pur et simple, que toute société génère pour avoir paix et soumission.
Les poèmes de Souviens-t’en, refusent l’oubli, l’injonction de se taire, de filer droit. Révolte et sensibilité sont alliées dans ce livre, ne renoncent pas à ce qui fait la profondeur et la gaieté humaine, lorsqu’on ne se soumet pas au dictat du silence et du renoncement.
Jean-Louis Giovannoni
Le temps est la forme de toute expérience
Kant – Critique de la raison pure
Le Sujet vint au monde,
Un autre quitta la ronde
Qui ne savait rien du Sujet.
On ne sait pas pourquoi.
Le Sujet se contemple,
Le Miroir s’y prête,
L’image lui convient,
Pour une aura furtive.
Non, dit le Miroir au Sujet,
Des reflets, je n’ai pas trace
Le temps passé n’y est pour rien,
Je les efface…
Le Sujet interroge son Antonyme :
Que dis-tu de ton contraire ?
C’est un « Non-Sujet » murmure le Silence,
Contraint au bruit.
Le Sujet, prend le présent en otage,
Il s’accroche au temps,
Mais le jour s’ajourne
Et la nuit noie toute chose.
La brume pèse,
Le pont s’enfonce,
Le Sujet se tait.
L’eau se glisse.
Le Sujet guette
Un signe de vie.
Mais seul l’espace…
Le Silence n’en dit mot…
… Coupe en toi l’amour de toi-même…
Gauguin – Écrits d’un sauvage
Le Sujet se tasse sous le poids
Des mots retenus,
Qui ne se prononcent plus.
Pèsent les peurs du sens…
Le Sujet dédicace
Des mots sans résonance,
Des sons qui s’égarent.
Le Sujet se désespère…
Le Sujet prie la Nature,
De lui rendre la parole.
Le Sujet attend.
Mais celle-ci n’y peut rien.
Les mots du Sujet
Ne sont pas de mon domaine,
C’est dérisoire, souffle-t-elle,
Qu’il s’en libère.
Ce pont de pierre
Lui appartient,
Il s’en est contraint.
Mais le Sujet n’entendait plus…
Tout s’accorde ou se désaccorde
L’ombre et la lumière,
L’eau et la pierre…
Et l’air ? Le Sujet respira…
L’ombre était telle
Que le Sujet s’effaçait,
Priant, pour que demeure
Un reste de lumière.
Mais le rideau, par nature,
Ne connaissant pas Dieu,
Déployait sa doublure.
Enfin, le Sujet épuisé…
L’Homme raisonnable pense à la mort
moins qu’à tout autre chose :
C’est sur la vie qu’il médite…
Spinoza – De l’esclavage de l’homme
Le Sujet cherche les mots.
Le nom de sa fin s’impose,
Mais il l’ignore en cet instant,
Il en cherche d’autres.
Le Sujet déprimé
Songeait à sa fin.
Le temps ! Dut-il en rire ?
L’humour n’est qu’un paravent.
Rejeté de la ronde,
Dans l’ombre de l’oubli,
Sans air ni lumière,
Le Sujet tenait sa place.
Mais enfin, murmurait-il :
Comment savoir ?
Dans ce lieu évidé,
Mon temps est compté
… filet d’eau sur un volcan, la chute mince et ralentie de l’esprit…
Antonin Artaud – Le pèse-nerf
Lorsque le gris
S’expose au soleil,
Le Sujet s’abandonne
En lui-même.
Son âme est affable,
Embrumée d’amour,
Comme s’il n’y avait rien au monde,
De pareil.
Sa langue est diserte,
Sur ce jour, désuète
Au fil des mots qui abondent,
Comme l’eau s’écoule.
Lorsque le soleil effondre
Le ciel, rigueur de glace,
Le Sujet peureux s’efface
Dans la ronde, pour s’y confondre
Impénétrables désordres,