Step Sister - Tome 1 - Avril Morgan - E-Book

Step Sister - Tome 1 E-Book

Avril Morgan

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Beschreibung

Il voulait oublier le passé pour se construire une vie parfaite…

Gabriel avait tout pour être heureux : sa fiancée Amélie, un futur bébé, un travail prenant… Un bonheur ponctué de parts sombres : l’abandon de sa famille qu’Amélie ne peut pas supporter, la mort de sa mère et de sa sœur… Sans oublier cette impardonnable attirance qu’il a pour Amber, sa demi-sœur adoptée, et le lourd secret qu’ils portent à deux. Cependant, lorsqu’il reçoit une invitation de sa famille pour Noël, il ne peut la refuser. Arrivera-t-il à mettre un trait sur ce passé qui le ronge ? Saura-t-il à résister à Amber ?

Laissez-vous toucher par cette relation aussi attachante que condamnée, entre amour et interdit, entre non-dits et secrets, dans cette romance pleine de rebondissements !

EXTRAIT

Une nouvelle séquence commence, je manque de m’étrangler en voyant les images volées. Amber et moi sommes tous les deux dans la piscine du jardin. Ce jour, je m’en souviens comme si c’était hier. C’est le jour où tout a commencé, où nos vies ont changé. La vidéo semble zoomer pour seulement nous voir, malheureusement. On me distingue très clairement collé contre la paroi de la piscine et Amber collée contre moi. Sa tête est enfouie au creux de mon épaule. Encore une chance que l’on ne voit pas correctement ce qu’il se passe.
Je tourne légèrement ma tête vers Amber, elle aussi semble sous le choc de ce qu’elle a sous les yeux. Elle s’est éloignée de son copain. Son regard se pose sur moi. Ses yeux sont ronds, sûrement autant que les miens. J’essaie de lui faire comprendre qu’on ne doit pas s’inquiéter.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Née à Montpellier, Avril Morgan écrit depuis qu’elle a onze ans. Si elle est diplômée de deux CAP, vêtements tailleur et maroquinerie, sa passion pour l’écriture reste plus forte que jamais.

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Prologue

Six ans auparavant

Ses lèvres s’étirent et ses yeux se plissent, du fait qu’elle se fout de ma gueule. Amber pouffe, avant de mettre sa main devant sa bouche, pour retenir son rire devant ma mine décomposée.

Comment peut-elle penser avoir le droit de se moquer ouvertement de moi ? Devant mes amis en plus ! Ses derniers sont aussi pliés qu’elle et ça me choque. Ses propos sont tout bonnement méchants. Je ne suis pas un gamin perdu qui a besoin de sa petite-amie pour vivre !

Amber tourne des talons et se met en route vers l’établissement. Je l’observe avec attention. Son jean taille baisse et bien serré épouse parfaitement ses formes. Trop d’ailleurs. Je n’aime pas du tout ça. Je sais que mes amis sont les premiers à en profiter.

— Arrêtez de la mâter, ordonné-je à mes amis.

Ces derniers lèvent les yeux au ciel, amusés par ma façon de protéger ma demi-sœur. Je suis fatigué de devoir la surprotéger, car ils ne sont pas capables de se tenir ! On avait pourtant mis les choses au clair. Pas les sœurs. Sauf qu’ils utilisent le fait que c’est ma demi-sœur, car elle n’est pas liée par le sang avec moi, étant adoptée par ma belle-mère.

Cette petite nuance a commencé à m’énerver quand Amber a changé physiquement. Avant, elle ressemblait à une petite fille, maintenant à une jeune femme. Et c’est ce qui semble particulièrement intéresser Peter, mon ami.

La sonnerie retentit. Je suis le groupe qui se dirige vers notre prochain cours ; math. Ce n’est pas ma matière préférée, mais je suis plutôt bon. J’ai d’ailleurs de bonnes notes dans toutes les matières. Sauf sport ! Il faut dire que je n’y mets pas du mien. Sinon c’est clair, j’aurais plus que la moyenne !

La matinée se passe assez vite. Les cours sont intéressants et je pense avoir réussi le contrôle d’anglais. Quand la pause arrive, je m’empresse de rejoindre ma demi-sœur sur le parking. Elle reste comme d’habitude avec son unique amie, Holly, qui est aussi mon amie d’enfance. Tous les trois, nous avons l’habitude de nous inviter pour regarder des films et manger. Notre complicité est sans pareil.

Mais là, je viens les voir pour les mettre en garde. Amber pose ses yeux bleus sur moi avec lenteur. Vu son air, elle semble énervée.

— Peter compte...

Elle hausse un sourcil et me fait un signe de me retourner. Je vois mes amis arriver au loin, vers nous. Les yeux des trois garçons sont posés sur moi particulièrement.

— Je vais gérer, me dit Amber froidement.

— Tu sais bien que non.

— Gab, arrête ! Je sais ce que je fais. Je n’ai pas besoin que tu me protèges.

Je roule des yeux. Elle m’exaspère.

— C’est normal, je suis ton grand frère.

— Demi-frère, me reprend-elle.

C’est vrai, nous tenons à mettre les choses au clair. Nous sommes demi-frère/sœur.

Les garçons arrivent à mon niveau. Peter, Isac et Nick posent leurs regards sur moi, puis sur les deux filles qui sont en retrait.

— Gabriel, je commence à croire que tu préfères passer du temps avec des filles, fait Peter.

Je me mets à sourire. Je sais bien à quoi il joue, mais je n’entrerai pas dans son petit jeu.

— Je suis venu dire à Amber d’arrêter de se moquer d’Amélie. Tout simplement.

Peter observe Amber. Visiblement, il ne me croit pas. Il la détaille entièrement. Mes poings se ferment. S’il pouvait baver, il le ferait !

— Ouais, bref... je voulais savoir si Amber est libre pour le bal de fin d’année...

— Il est dans quatre mois, remarque cette dernière.

Amber n’aime pas Peter. D’ailleurs, elle n’aime pas mes amis, tout court. Mais les miens sont moins pire que le sien. Son ami Charly est une racaille. Il traîne dans les bars le soir, drague pas mal de filles, sans compter la drogue et l’alcool qu’il prend à seulement dix-sept ans et demi !

Je n’aime pas qu’il tourne autour de ma demi-sœur. Ils n’ont pas les mêmes codes. Je ne comprends pas ce qu’elle lui trouve. Je sais bien que les sentiments ne se contrôlent pas, mais là, c’est vraiment dommage. Elle pourrait trouver tellement mieux que lui. Encore une chance qu’il ne fasse pas attention à elle. Pour lui, elle n’est qu’une vulgaire fille comme les autres. Ce qui ne me dérange pas. Tant qu’il ne s’approche pas d’elle !

— Chérie, ne joue pas comme ça, fait Peter à ma demi-sœur.

Il semble amusé par la réplique d’Amber. Ça me fait aussi rire. Elle ne se laisse pas mener par le bout du nez et a beaucoup de répartie. Tellement, que j’ai peur qu’un jour un garçon n’apprécie pas ça et s’en prenne à elle.

Amber ignore grandiosement mon pote pour nous contourner. Elle et Holly se mettent à marcher en direction du lycée. Amber se stoppe alors, son ami la rejoint. Charly la prend dans ses bras et l’embrasse. Ma mâchoire se décroche sous l’action qui se passe sous mes yeux. Il déplace ses mains, jusqu’alors sur ses hanches, pour les poser sur ses fesses. Elle se laisse bizarrement faire. Normalement, elle me dit tout. L’idée qu’elle me cache des choses me fait peur. Comment puis-je la protéger si je ne connais pas tout ? Je sais bien qu’elle a besoin de son jardin secret, mais je suis là pour elle en toutes circonstances. Et ce, depuis son arrivée sous mon toit.

Il se détache d’elle et pose ses grands yeux sur moi. Je n’arrive pas à détourner le regard. Quelques secondes après, Amber se retourne à son tour et me fait un large sourire. Je comprends qu’elle me provoque. La petite peste. Elle sait bien que je ne supporte pas ce gamin !

— Tu devrais arrêter de la mater, me fait Peter. On pourrait croire que tu en pinces pour ta sœur...

— Ma demi-sœur, le reprends-je. Je la surveille, nuance. Je n’ai pas confiance en ce gars.

— T’inquiète, elle ne va pas rester longtemps avec lui. Si j’arrive à sortir avec...

— Laisse tomber Peter, le coupé-je. Elle ne t’aime pas.

Chapitre 1

Maintenant

Les articulations de mes doigts craquent. Les poings serrés, je retiens mon énervement. Il ne faut pas que je m’emporte. Pourtant, j’ai une boule à la gorge.

— Je ne veux pas, réponds-je, avec une voix plus aiguë.

— Oh, mon chéri, s’il te plaît. On aimerait bien vous revoir. Tu nous manques.

Je le sais pertinemment. Mais je n’y peux rien.

— Tu sais que je n’aime pas cette stupide fête !

Un long silence à l’autre bout du fil m’indique que ma réponse ne plaît pas à ma belle-mère. Une voix grave, celle de mon père, s’élève et râle. Il lui demande de lui passer le téléphone pour me parler. Jade s’exécute et je peux désormais écouter mon père me sommer de venir pour le réveillon de Noël.

Les secondes défilent et je décroche. Rien ne me fera changer d’avis. Nous en avons déjà parlé. Il connaît déjà mon ressenti concernant cette maudite célébration.

— Stop, le coupé-je. Je ne viendrai pas. C’est décidé.

— Amber risque de venir...

— Non, ça ne sert à rien de l’utiliser. En plus, je ne vois pas pourquoi vous m’appelez, je ne fête plus Noël depuis longtemps ! Sur ce, bonne soirée !

Sur ces mots, je raccroche. Un peu brutalement, je le reconnais. Je n’ai pas pu me retenir. La tension me gagnait de plus en plus. Je sentais que j’allais craquer.

Mon visage se tourne vers ma petite-amie, Amélie. Ses yeux marron me scrutent, attendant que je lui dise tout. Je peux déjà prévoir la scène qu’elle va me faire. Elle n’aime pas ma famille et encore moins ma demi-sœur. Savoir que j’ai répondu au téléphone va être le sujet d’une énième querelle.

Cela fait six ans que je ne vois plus ma famille pour Amélie. J’ai décidé d’habiter avec elle après l’obtention de mon bac. Je n’avais pas prévu de devoir littéralement abandonner ma famille pour elle. J’ai tenté de comprendre le problème entre eux. Mes parents sont bien élevés, toujours respectueux envers elle. Quant à Amber, elle a son caractère bien à elle, mais est aussi polie avec Amélie. Du moins, ils l’étaient il y a six ans.

Rester éloigné d’eux me donne l’impression d’être abandonné. Les premiers mois, je sortais les voir. Puis, quelque temps après, Amélie a commencé à être insupportable. J’ai donc tenté de les voir en cachette. Mais elle m’a surpris, un jour. J’étais avec Amber et ma mère dans un centre commercial. J’avais prétexté à Amélie avoir des rendez-vous toute la journée. Malheureusement, je me suis fait prendre la main dans le sac. Je n’aime pas mentir. Mais je n’avais pas trouvé d’autre option.

Je n’arrive pas à m’imaginer ce qu’Amber peut ressentir. Elle a été abandonnée si jeune par ses parents, puis adoptée par un couple assez spécial. Ce n’est qu’à la mort de l’homme, qu’elle a pu être adoptée par ma — future — belle-mère, à ses neuf ans. Car la femme ne pouvait plus s’en occuper.

Puis, ma belle-mère est venue habiter chez mon père et moi. J’étais très content. Ils passaient mal de temps avec nous deux. Je n’avais pas de quoi être jaloux. J’étais autant aimé que ma demi-sœur.

Je ne me souviens de pas grand-chose de mon enfance, je sais juste que ma mère biologique est morte lorsque j’étais très jeune. J’ai alors considéré ma belle-mère comme ma vraie mère. Elle a toujours été là pour moi. J’étais aux anges. J’avais une petite sœur, alors que j’aurais dû être fils unique. Et j’avais une mère tandis que j’avais perdu la mienne. Je prenais grand soin de ma demi-sœur, toujours à l’aider ou à la protéger. Elle était comme mon petit ange. Celle qu’on ne m’avait pas prise, même si son arrivée à la maison avait tout chamboulé. Les premiers mois ont été compliqués. Amber avait à peine quatorze ans et ne s’habituait pas à ce changement de vie. Elle passait ses journées seule et, quand nous étions là, elle ne parlait pas. Ce n’est que bien plus tard, après mon entêtement, qu’elle a fini par tout m’avouer. Le couple qui l’avait adoptée était ignoble avec elle. Quand elle fut en âge d’être autonome, la femme lui donnait toutes les corvées. Quant à l’ignoble homme, il s’en prenait physiquement à elle. Souvent alcoolisé, il s’énervait et la frappait sans grande raison.

Son histoire m’a touché. Encore plus quand elle m’a montré les quelques cicatrices qu’elle avait. Son bras droit, son dos et sa cuisse gauche ont des marques indélébiles. Des cicatrices laides qui l’ont empêchée de se construire facilement.

Je ne suis pas resté muet. J’en ai immédiatement parlé à mon père, même si elle ne le voulait pas. Pour moi, il était impossible que je garde ça. Ma relation avec mon père était très fusionnelle.

Mon père a donc mis les choses au clair, lors de notre première réunion de famille. Il ne la toucherait jamais, mais serait là pour elle, quoi qu’il arrive. Il lui a dit que, si elle ne se sentait pas bien ici, ils pourraient opter pour faire maison à part.

Même ma belle-mère était d’accord. Ils ne voulaient pas brusquer Amber. Cette dernière n’a pas hésité. Elle savait sa mère adoptive amoureuse de mon père et ne voulait pas les séparer. Elle a pris sur elle et a accepté sa nouvelle vie.

Cette discussion a changé pas mal de choses entre nous. Nous étions soudainement plus proches et elle semblait plus vivante. Souriante, rigolote et parfois mesquine. Son comportement s’était amélioré et sa vie passée oubliée.

Je reprends mes esprits en secouant ma tête de droite à gauche légèrement. Amélie continue toujours de me sonder attentivement. J’inspire profondément et tente de me donner du courage. Mes doigts tapotent contre la table en signe de peur.

— C’était qui ? me demande-t-elle, comme si elle ne le savait pas.

— Mes parents.

Ses sourcils se froncent et sa mâchoire se crispe. Je sais bien que je vais y passer. Des heures et des heures de dispute pour qu’à la fin, elle me dise que si je veux y aller seul, je n’ai qu’à y aller seul.

— Que veulent ta belle-mère et ton père ?

Je roule des yeux avant de les reposer sur elle.

— Amélie, soufflé-je. Ils nous invitent pour Noël.

— Non, fait-elle sèchement. De toute façon, j’ai déjà dit oui à ma mère. Donc la question est réglée.

Je reste sur le cul. Elle ne m’a pas parlé une seule fois de cette invitation. Nous nous disons pratiquement tout. Pourquoi ne m’en a-t-elle pas parlé ? Pourquoi prendre la décision seule ? Nous sommes un couple, nous devons choisir à deux !

— Chérie, insisté-je. Tu sais bien ce que je pense du vingt-quatre décembre...

— Ouais, je sais, mais j’en ai ras-le-cul de devoir supporter ta tristesse durant cette fête ! Si tu ne veux pas venir, alors ne viens pas. Je m’en fous. J’irai voir ma famille sans toi, sans que tu restes dans ton petit coin à bouder comme un gamin !

Son ton est froid. Condescendant. Elle me prend pour un enfant qui fait une crise.

Jamais je ne l’ai empêché de faire cette fête. Elle l’a même toujours fait, avec ou sans moi. Mais avant, elle m’en parlait. Jamais elle n’avait accepté en gardant le silence.

— Bah alors vas-y, lancé-je. Je m’en fous, moi. Si tu t’y amuses, c’est le plus important.

— Ah ouais ? Et toi, tu vas faire quoi ? Tu vas aller chez tes parents ?

Encore une fois, elle n’a pas compris. Je me lève pour contourner la table de la salle à manger. Elle reste assise à m’observer marcher jusqu’à elle.

— Tu sais bien que non. Je vais rester ici et dormir la plupart de la journée.

Un mauvais rire s’échappe de sa gorge. Sa tête se secoue de droite à gauche, incrédule.

— Ne me prends pas pour une conne. À la première seconde où j’aurai foutu les pieds hors de l’appartement, tu iras les rejoindre !

Elle n’a pas confiance en moi. Et, quand bien même je déciderais d’y aller, je la préviendrais auparavant. Puis, elle me ferait probablement une crise similaire à celle-ci. Autant éviter !

— Je ne comprends toujours pas pourquoi tu ne veux pas que je voie ma famille...

Ses yeux déjà noirs de colère se rétrécissent. Heureusement qu’elle n’a pas de pouvoirs, sinon je serais déjà troué comme un gruyère !

— Tu vois ! Tu me prends pour une conne ! Non, mais vraiment !

Mauvais timing pour poser cette question. J’aurais dû fermer ma gueule !

— Tu te prends pour une conne toute seule, répliqué-je amèrement. J’ai tout fait pour toi, hein. J’ai fini par accepter de mettre ma famille de côté. J’accepte vraiment tout pour ton amour. Mais toi, tu n’arrives pas à comprendre que j’ai aussi besoin de certaines choses ?

Je marque une courte pause pour l’examiner. Elle reste interdite, la bouche entrouverte.

— Par exemple, je désire ne pas fêter Noël. Que ce soit chez tes parents ou les miens. Mais par contre, oui, j’aimerais bien les revoir, vois-tu ? Avec toi. Qu’on mette les choses à plat une bonne fois pour toutes ! Car j’en ai marre de ne pas comprendre.

Comme elle ne me répond pas et baisse la tête, je pousse un soupir et pose ma main sur sa joue. Ce contact a le don de la faire frémir. Je le vois bien. Elle est si mignonne quand elle tente de cacher son désir.

— Allez, insisté-je, d’une voix plus douce. Qu’est-ce qu’il s’est passé entre vous ? J’ai besoin de savoir pour comprendre...

Sa main se lève en l’air pour me faire taire.

— Gab, je ne veux pas voir ta putain de sœur, m’annonce-t-elle.

Ma bouche s’entrouvre. Je sens mon cœur se serrer. Comment ose-t-elle parler comme ça de ma demi-sœur ! Je me sens bouillir de l’intérieur. Mais il ne faut pas que je m’énerve contre elle.

Je sais donc que le problème vient d’Amber. Mais pourquoi ?

— Amber est ma demi-sœur, rétorqué-je agressivement.

— Exactement, c’est une gamine adoptée ! Elle ne fait pas partie de ta famille ! Tu n’as donc pas besoin de faire comme si tu devais la voir !

Elle se met à crier tout en se levant de sa chaise. Elle se positionne devant moi, les bras croisés sur sa poitrine. Si elle pense m’impressionner, ce n’est pas le cas.

— Amber est ma demi-sœur, que tu le veuilles ou non. Elle fait partie de ma famille, de ma vie, de mon cœur. Tu ne peux pas être jalouse d’elle.

— Je ne suis pas jalouse d’une garce comme elle !

— Amélie ! hurlé-je.

— Ce n’est pas vrai, peut-être ? me demande-t-elle en criant. Elle t’a utilisé au lycée ! Gabriel ! Tu es juste con ! N’as-tu pas vu qu’elle faisait tout pour draguer les garçons ? N’as-tu pas vu qu’elle est une...

— Arrête, Amélie, la coupé-je. Ma demi-sœur n’est pas comme ça. Tu ne la ne connais pas.

Si elle savait tout ce qu’il s’est passé au lycée !

Elle se met à rire, avant de tourner les talons. Elle se dirige vers la cuisine en claquant des pieds. Je quitte rapidement la salle à manger pour me réfugier dans la chambre. Je suis complètement chamboulé par sa façon de parler d’Amber. Amélie se met dans des états pour rien. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé au lycée entre elles, mais je dois tenter à nouveau de le demander à Amber. D’ailleurs, je prends mon téléphone portable et décide pour la première fois de lui envoyer un message sans le dire à Amélie. Au pire, que pourrait-elle faire ? Me priver de téléphone ? Cela m’étonnerait fortement !

Gabriel :Salut Amber... Comment vas-tu ? Je voulais te poser une question...

Je reçois sa réponse quelques minutes après. Étrangement, en remarquant qu’elle m’a répondu, mon cœur se met à battre lourdement. Je suis stressé par sa réponse.

Amber :Salut ! Je vais bien, et toi ? Ça fait longtemps, dis donc... Ta petite-copine t’accorde ces SMS haha ? Bien sûr, vas-y.

Gabriel :Pas mal... Ouais, c’est vrai. Elle n’en sait rien. Et heu... c’est à propos de toi et elle, justement. Il s’est passé un truc entre vous deux ? Enfin, je n’arrive pas à comprendre pourquoi elle te déteste...

Amber :Jalousie.

Gabriel :Amber... Ne me dis pas qu’il n’y a rien. Elle vient même de me faire une scène en pensant que je pourrais venir au réveillon !

Cette fois-ci, sa réponse se fait désirer. J’en profite pour me changer. J’enlève ma chemise et mon pantalon. Je vais les mettre dans le panier à linge dans la salle de bain. De retour dans la chambre, mon téléphone se met à sonner. Je m’assois sur le lit et lis le message.

Amber :Fais-moi confiance. Tu ne dois rien savoir. Ça ne te regarde pas. Ah mais... tu viens aussi ?

Gabriel :Pourquoi ? J’ai le droit de savoir. Ce secret fout la merde ! Et non, je ne viendrai pas. Toi, oui du coup ?

Amber :Abandonne pour l’instant. Je te le dirai... si tu viens. ;)

Voilà qu’elle me fait du chantage !

Gabriel :Je ne viendrai pas, mais je le saurai à un moment donné. Crois-moi.

Amber :Bon courage !

Gabriel :Merci ! Je vais en avoir besoin haha. Deux têtes de mules.

Comme je ne reçois plus de message, j’opte pour lui envoyer un second. J’ai très envie d’en apprendre plus sur ma demi-sœur. Je n’ai pas eu de nouvelles depuis longtemps ! Elle pourrait être mariée et grand-mère ! OK, j’abuse un peu là.

Gabriel :Tu habites toujours avec Papa et Maman ? Tu n’as pas de copain ?

Amber :Non, j’ai mon appartement pas loin de chez eux. Et si, j’en ai un.

Gabriel :Ah ! Cool ! Il s’appelle comment, l’heureux élu ?

Pour être honnête, oui, j’ai peur. Peur qu’elle tombe sur le mauvais. Peur qu’il lui fasse du mal, ou pire encore. Je secoue la tête pour penser à autre chose. Il faut que j’arrête de voir le mal de partout !

Amber :Ce n’est pas vraiment... enfin ce n’est pas officiel. Tu vois ?

Sa réponse me laisse perplexe. Je n’ai pas le temps de répondre. La porte de la chambre s’ouvre soudainement. Amélie me regarde de haut tout en se collant contre l’encadrement de la porte, l’air agacé.

— C’est qui ? m’interroge-t-elle sèchement.

— Amber.

Amélie se décompose littéralement. Elle se décolle pour s’avancer vers moi. Je sais déjà comment ça va se finir !

— Tu te fous de ma gueule ? s’écrie-t-elle, énervée. Tu es en caleçon pour lui répondre ! Tu t’en rends compte ! Qu’est-ce qu’il y a ? Elle te chauffe ? Pourquoi lui parles-tu ?

Wouah. Elle a vraiment un problème là ! Se rend-elle compte qu’elle parle de ma demi-sœur ?

— S’il te plaît, ne crie pas. Je ne vois pas pourquoi tu t’énerves. J’étais sur le point de me changer. Et puis, je n’ai pas à me justifier.

— Non, tu ne fais pas ce que tu veux. Tu es à moi !

Son ton commence à m’agacer. Elle me fait un genre de crise de jalousie pour rien. Je baisse la tête vers mon téléphone pour répondre. L’ignorer est la meilleure chose à faire, selon moi.

Gabriel :Ouais, donc parce que ce n’est pas officiel, je n’ai pas le droit de connaître le nom de ton chéri ?

J’entends ma copine continuer à râler. Je ne fais pas attention à elle et attends la réponse d’Amber.

Amber :Exactement. C’est une surprise. Sur ce, on reparle plus tard. Je dois y aller. À plus Gab.

Gabriel :OK. Salut princesse.

Je verrouille l’écran de mon téléphone. Je le pose sur le lit, après m’être levé. J’ignore toujours royalement Amélie. Ne comprend-elle pas que je suis fatigué de ces disputes à propos de ma famille ? Je viens de rentrer du travail et je me fais incendier, parce que je parle de ma sœur. Car le problème pour Amélie est ma demi-sœur. Sûrement pas ma mère ou mon père.

Elle continue superbement à gueuler, tandis que je me saisis de vêtements propres. Je les mets dans la salle de bain et ferme la porte à clé derrière moi. Après une douche rapide, je sors, prêt à manger. Je me rends à la cuisine. Il n’y a personne. La table n’est pas mise. Seul un mot y est. Je le prends et le lis à voix haute.

Gab, je suis partie manger avec des amis. Je rentrerai tard. Nous aurons une discussion demain. Profites-en pour réfléchir un peu. Amélie.

Je roule en boule le papier, tout en jurant. Je le fous à la poubelle, puis me retourne pour examiner la cuisine. L’idée de faire de la bouffe maintenant m’exaspère. Je décide tout de même de me préparer un truc rapidement. Je n’ai pas non plus envie d’appeler pour commander. Je prépare tout ce dont j’ai besoin sur le plan de travail. Je me mets à couper les carottes et les pommes de terre. Je les mets dans une casserole, puis y mets de la crème.

Une fois le repas fait, je mange doucement. Je n’aime pas aller vite. Tandis que je mets ma fourchette à la bouche, j’entends mon téléphone sonner. Je souffle, puis cours pour répondre. Il s’agit de mon collègue, Florent. Je refuse directement sa proposition de venir l’aider. Faire des heures supplémentaires maintenant n’est pas envisageable. Je veux juste me coucher au plus vite. Il râle, mais n’insiste pas. Après tout, c’est son dossier, pas le mien. Il est la dernière personne à venir m’aider, quand j’ai besoin d’assistance.

Après le repas, je ne perds pas de temps. J’ai tellement sommeil que mes yeux se ferment tout seuls.

Chapitre 2

Je tends la main pour attraper deux paquets de chips nature. J’observe ce qu’elles contiennent pour garder celle à la meilleure composition. Avant, je ne me souciais jamais de ça. Mais depuis qu’Amélie y fait attention, je fais de même. J’ai donc découvert des choses que je n’aurais jamais crues ! Il y a des ingrédients effroyables rien que dans un paquet de chips !

Maintenant, les courses me prennent trente minutes de plus, le temps de tout contrôler. Mais ça en vaut la peine, après tout.

Je file entre les rayons. Dans mon caddie se trouvent presque tous les articles présents sur la liste d’Amélie. Il ne me reste plus que son magazine féminin, des serviettes de menstruation et un fond de teint. Je sais exactement où les trouver. J’ai l’habitude de faire les courses et de lui prendre tout ce dont elle a besoin.

Arrivé dans le rayon beauté, je bloque devant l’étagère des fonds de teint. Il y en a beaucoup, de toutes marques et de tous prix. Sur le papier que je tiens entre mon pouce et mon index, il n’y a pas beaucoup d’indications. Juste le numéro de la teinte. Porcelaine. En quoi ça doit m’aider ? Quel produit prend-elle ? Si je lui prends le plus onéreux et qu’elle y est allergique ?

Je lâche un soupir. Je dois me concentrer et me rappeler ce qu’elle a dans sa pièce à maquillage. Tout. Je crois bien qu’elle a tout. Tous les genres de produits. Il y a même des choses dont je serais incapable de trouver la fonction !

Il faut que je me concentre sérieusement. Passé un quart d’heure dans un rayon à cause d’un truc liquide qui s’applique sur le visage m’agace. Je n’ai pas que cela à faire ! Ce soir, c’est à moi de faire à manger. Il est déjà sept heures dix. Nous avons des heures de repas. Le repas doit être servi vers huit heures quinze. Le temps que je rentre et prépare quelque chose, je vais être en retard !

Si ! C’est un fond de teint pompe en verre. Je reconnais le modèle directement. Sauf qu’il n’y a pas sa teinte. J’ai beau chercher et sortir tous les flacons, la couleur porcelaine n’y est pas. Eh, merde ! Je vais devoir aller dans un autre magasin ! Hors de question de revenir sans.

Je vais donc à la caisse, paye mes courses et pars en direction du magasin le plus proche. Finalement, je trouve la bonne teinte. J’entreprends de rentrer chez moi. Je suis lessivé. La journée a été longue. Je n’ai que deux envies, faire à manger et aller me coucher. Si ce n’était que de moi, je ne prendrais même pas la peine de faire un tour en cuisine.

Sur le parking, je dépose le sac de courses à l’arrière et me mets au volant. Mes yeux se posent sur une voiture en face de moi. Mon cœur rate un battement. Je reconnais les personnes assises à l’intérieur. Ils m’ont aussi reconnu. Désormais, ils sortent de leur véhicule et se dirigent vers moi. Je mets le contact, comme un lâche. Je dois partir sans leur parler.

Mais voilà Jade qui toque à ma fenêtre. J’hésite. Je ne sais pas si je dois la baisser et leur parler.

D’un autre côté, c’est mon père et ma belle-mère. Ils ont toujours été là pour moi quand j’avais besoin d’aide. Puis, Amélie n’est pas là. Elle n’en saura rien ! J’ouvre la portière et sors sous leurs regards inquiets. Je ne sais pas si c’est le destin, mais il fallait quand même qu’on se croise ici !

Les mains moites, j’ose relever ma tête. Mes parents sont muets. Je peux remarquer que Jade est triste, tandis que mon père ne laisse paraître aucune émotion. Je ne sais pas quoi faire, ce genre de moment est embarrassant.

C’est Jade qui rompt le malaise la première. Elle se jette dans mes bras en retenant un sanglot. Mon cœur se serre en la sentant si proche. Elle m’a manqué. Ils m’ont manqué.

— Mon fils, chuchote-t-elle, plusieurs fois de suite à mon oreille.

Je tente malgré moi de rester stoïque. Au fond, j’ai envie de me battre pour faire comprendre à ma petite-amie que, moi aussi, j’ai besoin de ma famille. Mais si c’est pour la perdre, je ne suis pas certain d’en être capable. Je l’aime. Je ne veux que son bonheur. Alors oui, c’est de la lâcheté. Abandonner sa famille pour être avec la personne qu’on aime est idiot. J’en ai conscience. Mais lorsque je suis face à elle, malgré mes tentatives pour lui faire comprendre, je cède. Oui, je suis faible devant ma merveilleuse femme. Enfin, future femme !

Car j’ai l’espoir de la demander, à nouveau, en mariage. Les trois autres fois ont été vouées à l’échec. Mais je sais qu’un jour elle acceptera. Je suis même quasiment certain qu’elle attend la plus belle et romantique demande ! Il ne me reste plus qu’à trouver la meilleure idée.

Il faut croire que la première fois, lors de notre voyage à Saint-Tropez sur un bateau, était vraiment trop facile. Certes, nous étions sur le ponton, seuls. Mais quand j’y repense, j’aurais dû apporter quelque chose de mieux, de magique. Puis la seconde demande a eu un refus par ma faute. J’étais trop stressé et avais peur qu’elle refuse. C’est ce qu’il s’est passé ! Je devrais vraiment apprendre à me contrôler.

Pour la dernière fois, c’était il y a deux mois. Nous étions à Paris, à la tour Eiffel. Notre table était très bien placée, nous pouvions voir la merveilleuse vue de la ville. Mais, là encore, j’ai essuyé un refus. L’explication qu’elle m’a donnée ce jour-là m’a profondément chamboulé. Elle ne désirait pas se retrouver bloquée avec moi. Car oui, pour elle, mariage est signe de prison. Sur ce point, elle se trompe lourdement. Pour moi, c’est l’une des plus belles preuves d’amour. Preuve qu’il n’y aura que cette personne jusqu’à la fin.

Quand Jade se sépare de moi, elle ne me lâche pas du regard. Ses deux mains viennent prendre mon visage pour que mes yeux bleus se plongent dans les siens. Quand la connexion de notre regard est brisée, elle pose ses pupilles partout sur moi. Mes joues, mes cheveux, mon nez, mes lèvres. Elle m’inspecte lentement. Je fais de même. Elle a vieilli ce qui me donne un coup en plein cœur. Ce n’est plus la femme souriante en toutes circonstances. Là, elle a le visage marqué par le temps. Ses lèvres ne sont plus étirées en un chaleureux sourire que j’avais l’habitude de voir.

Mes pupilles glissent sur mon père. Il nous observe en silence. Il a les cheveux gris, des rides, un peu de ventre. J’ai presque l’impression d’être avec des amis, pas avec mes parents. Cette connexion parents/enfants a disparu depuis que j’ai fait silence radio par obligation.

Jamais je n’avais fait ça avec mon père. Mais j’en ai besoin ; de le prendre dans mes bras. Le revoir après de longues années me fait prendre conscience que je n’ai pas été le fils parfait. De ma famille biologique, mon père est la dernière personne vivante. Il a fait pas mal de choses pour moi, pour que je sois heureux malgré la mort de ma mère. Et moi, en retour, je l’ai abandonné pour ne pas perdre ma petite amie.

Je me sens nul. Non, en fait je n’arrive même pas à trouver un mot pour décrire ce que je ressens. J’ai merdé.

Nous nous mettons à parler. De tout et de rien. À nous poser des questions sur nos vies. Autant être honnête, un large sourire ne quitte pas mes lèvres. Jade se tient à mes côtés et serre ma main dans la sienne depuis le début de notre conversation. Sa peau est froide et douce. Elle se réchauffe petit à petit.

Là, c’est sûr, je suis en retard. Amélie va rentrer et ne me verra pas dans la cuisine. Pour la prévenir de mon retard, je lui envoie un message. Je n’obtiens aucune réponse. OK, je vais morfler en rentrant ! Si, en plus, je lui dis la raison, je vais être bon à passer la semaine sur le canapé.

Le téléphone rangé dans ma poche, je reporte mon attention sur mes parents. Ils ont l’air d’attendre une réponse. J’arque un sourcil. Je n’ai pas entendu ce qu’ils m’ont dit.

— Hein ?

Ma voix n’est pas sûre.

— Pour le réveillon, tu pourrais venir avec Amélie, propose Jade. Je n’en peux plus de ne pas pouvoir te voir, mon chéri. Tu nous manques !

Merde. Il fallait bien qu’ils abordent le sujet à un moment donné ! Je secoue négativement la tête.

— Vous savez très bien ce que je pense de Noël ! m’exclamé-je.

Le visage de Jade s’attriste, alors que celui de mon père se ferme.

— Ça fait longtemps, Gabriel, me dit-il agacé. Je sais que c’est encore dur pour toi, mais tu ne peux pas vivre dans le passé... Rien ne les fera revenir !

Il n’a pas tort. Mais comment puis-je faire la fête ? Cela reviendrait à célébrer gaiement la mort d’êtres chers.

— En plus, Amber aimerait te revoir... insiste Jade, en esquissant un léger sourire. Elle a plein de choses à te dire.

— Ouais, nous avons parlé un peu. Elle sort avec un homme, mais elle veut garder le prénom secret pour l’instant.

Jade pivote la tête vers son mari et lui lance un regard perdu. Merde ! Boulette. Je n’aurais pas dû en parler. Elle ne voulait peut-être pas leur dire avant !

— Oui, elle fréquente un jeune homme depuis quelque temps, m’indique mon père. Peut-être veut-elle t’en parler quand vous vous verrez face à face ?

En fait, c’est moi l’idiot. Ils sont au courant, pourtant je croyais que non, au vu de ce qu’elle m’avait dit. En même temps, nous ne nous étions pas reparlé depuis longtemps. C’est donc normal que je sois le dernier à le savoir !