Step Sister - Tome 2 - Avril Morgan - E-Book

Step Sister - Tome 2 E-Book

Avril Morgan

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Beschreibung

Plus qu'une attirance, une évidence : Amber est son avenir...

La vie de Gabriel a radicalement changé depuis Noël. Ce qu'il pensait n'être que passager s'est avéré être une évidence : Amber est indispensable à son bonheur. Toutefois, il apprend très vite qu'un bonheur n'arrive jamais seul... Saura-t-il se créer une place dans la vie d'Amber, déjà bien occupée par la présence de son fils Nathanaël ? Arrivera-t-il à faire accepter par sa famille ce lien spécial qui l'unit à sa demi-soeur ? À toutes ces interrogations s'ajoute ce lourd passé qui réapparaît de façon aussi soudaine qu'inquiétante...

Savourez le deuxième tome de la série Step Sister et prenez part à cet amour que tous semblent condamner !

EXTRAIT

Jade secoue la tête. J’ai vraiment la sensation d’être retourné en adolescence et de devoir expliquer le moindre de mes gestes.
— Gabriel ! Tu te moques de moi ? Ça, ce n’était pas un jeu entre vous deux. Ce que vous avez fait, et à plusieurs reprises, n’aurait jamais dû arriver en temps normal ! Pourquoi l’avez-vous refait hier soir ? Vous étiez bourrés ?
J’inspire profondément. Pourquoi ? Car Amber est magnifique et que j’ai été jaloux de savoir qu’elle voulait se caser avec un homme.
— Non, nous n’étions pas bourrés, réponds-je. Et où as-tu eu l’appareil ?
— Déjà, je l’ai trouvé dans les affaires de ta sœur, s’exclame-t-elle, en mettant ses mains sur ses hanches. Elle l’avait oublié ici. Alors, pourquoi ?
Je me recule de quelques pas. Je n’ai pas l’intention de lui dire. J’observe Amber qui, elle, a l’air d’attendre la réponse.
— Je n’ai rien à te dire.
— Oh que si ! Ton père, lui, s’en fout peut-être, mais pas moi ! Je n’arrive pas à le croire ! Je croyais que nous étions une famille... pas ce genre de chose... ça n’aurait jamais dû arriver. Vous auriez dû vivre votre vie séparément... Je me demande même si ce n’était pas une erreur !
— Amber n’est pas une erreur, lancé-je amèrement.
Ses yeux me lancent des éclairs. Elle n’aime pas savoir que j’ai touché à la fille qu’elle a adoptée.
— Je n’ai pas dit que ma fille était une erreur. Mais votre relation, oui. Vous ne pouvez pas faire ça.
— Nous n’avons pas le même sang, nous défends-je.
Jade n’aime pas que je la contredise. Seulement, dans cette histoire, elle aura toujours tort. Amber et moi avons le droit à une chance et elle ne peut pas choisir pour nous deux.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Née à Montpellier, Avril Morgan écrit depuis qu'elle a onze ans. Si elle est diplômée de deux CAP, vêtements tailleur et maroquinerie, l'écriture reste sa préoccupation majeure... à tel point que, quand elle s'adonne à cette activité, plus rien d'autre ne semble avoir d'importance.

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Chapitre 1

Maintenant

Mes paupières s'ouvrent avec difficulté. Quand j'arrive enfin, mes yeux se posent sur ma mère. Elle est penchée sur moi. Sa main est sur mon épaule. Je tourne la tête et remarque que je suis toujours à côté d'Amber, sur le canapé et que cette dernière est toujours endormie.

— Ton téléphone sonne depuis plusieurs minutes. La personne semble insister.

Je sors du canapé, ce qui réveille ma demi-sœur. Elle me sourit, tandis que notre mère nous observe chacun à notre tour. Elle ne semble se douter de rien. Fort heureusement. Elle finit par se détourner de nous et gagner la cuisine. Sur l’horloge accrochée au mur, il est trois heures trente-sept de l’après-midi.

J’avance jusqu’à ma sacoche. Mes doigts attrapent fébrilement mon cellulaire. Il sonne toujours. J’ai la surprise de voir le nom de mon ex Amélie.

— Gabriel !

— Qu’est-ce que tu veux ?

Un court instant passe, sans qu’elle ne réponde. Comme si elle cherchait ses mots.

— J’ai fait une erreur, mon cœur.

À quoi joue-t-elle, bon sang ? Elle n’a jamais aimé me donner des surnoms !

— Arrête tes bêtises, soupiré-je, agacé.

Est-elle tombée sur la tête ? Je ne vais pas me faire avoir à nouveau. Je ne suis pas idiot.

Une main dans mes cheveux, je me gratte le cuir chevelu, perdu. Il faut beaucoup de culot pour appeler son ex après l’avoir largué comme une merde !

Je me tourne et vois ma demi-sœur m’observer. Amber attrape son manteau, met ses bottes de neige et m’annonce qu’elle va marcher un peu. En même temps, Amélie m’annonce quelque chose qui m’arrache un rictus.

— Je veux que tu reviennes à l’appartement et que tu me pardonnes. J’avais besoin de réfléchir. Je t’ai menti pour la grossesse. Je ne prenais pas la pilule. Je...

— Non, l’arrêté-je, simplement et en souriant. Je ne suis plus intéressé par toi. Ne me mens pas. Tu m’as trahi. Je sais que tu étais avec moi pour mon argent. Depuis le début. Maintenant, c’est terminé entre nous deux. Je suis sûr que ton copain t’offrira ce que tu désires, à toi et à votre enfant.

À mes mots, je l’entends ruminer à l’autre bout du fil. Sûrement mécontente que je ne cède pas.

— Tu n’es vraiment qu’un connard, lance-t-elle aigrement.

— Et toi, une salope qui s’amuse avec les hommes pour leur argent.

Oups. Je n’ai pas pu m’en empêcher. C’est parti tout seul. Tant pis, elle n’a que ce qu’elle mérite. Sans lui laisser le temps de répondre, je raccroche et range mon téléphone.

Maintenant, je veux trouver Amber. Elle n’a pas dû aller bien loin. Je quitte donc la maison et fais le tour de la propriété. Derrière, il n’y a que la piscine enneigée. Je ne la trouve pas. Je commence à me demander si elle n’est pas tout simplement partie dans la rue.

J’entre dans le garage et allume la lumière. Il y a la voiture de mes parents. Une voiture noire magnifique. J’inspecte la pièce. Elle n’est pas là non plus là. C’est alors que je remarque ma moto. J’accours jusqu’à elle et soulève la bâche. Je souris béatement. Elle est intacte et n’a pas bougé. Je la touche comme si c’était la première fois que je la voyais. Elle m’a manqué. J’ai toujours aimé monter dessus et rouler. Je me sentais libre, je pouvais aller où je voulais. Malheureusement, Amélie n’avait pas compris ma passion. Pour elle, c’était beaucoup trop dangereux. Elle ne voulait pas voir ce véhicule.

Je retourne à la maison, par la porte qui mène au salon. Je trouve ma mère avec Amber et Nathanaël. Elles ne parlent pas et mettent la table. Elles vont boire leurs café et chocolat. Quant au petit, il semble goûter des biscuits au chocolat. Les mêmes que je prenais étant petit. Ça fout un coup de voir ça. Je détourne les yeux, encore une fois, incapable de soutenir cette vision. Jade s’en aperçoit. Elle glisse ses yeux entre le gamin et moi plusieurs fois en fronçant les sourcils.

Oui, oui, je sais. Je ne suis pas bien avec lui. Je suis inapte à lui faire face. Il va finir par se demander si je ne suis pas méchant !

— Amber, l’interpellé-je. Tu veux venir faire un tour de moto avec moi ?

Cette dernière relève la tête vers moi. Elle semble hésiter.

— Oh, c’est une bonne idée, fait ma mère. Vous pourrez rattraper le temps perdu.

Oh, on n’a pas besoin d’une balade pour ça, maman, me souffle ma conscience.

Amber finit par accepter. C’était sans compter sur l’aide de ma belle-mère. Elle a promis de bien s’occuper du petit pendant notre absence. Je n’en doute pas une seconde. Elle saura cent fois mieux y faire que moi !

Amber met son manteau et me suis jusqu’au garage. Un large sourire étire mes lèvres. J’ai l’impression d’être comme avant. Je monte sur la moto et la démarre. Amber monte derrière moi et s’accroche après avoir mis son casque. J’ai aussi mis le mien. Avant, je le mettais rarement, mais je n’ai pas envie qu’il arrive quelque chose.

Je roule et sors par le portail que notre mère a ouvert. Elle nous salue et nous dit d’en profiter, jusqu’à ce que nous soyons trop loin pour l’entendre. Amber resserre sa prise. Sa tête est contre mon omoplate. J’ai toujours aimé la sentir ainsi, proche de moi. Je regrette même que nous soyons habillés et qu’il neige. Faire du peau à peau est incroyable, sans même coucher ensemble.

Mais qu’est-ce que je dis, moi ? Je n’arrive même pas à me contrôler collé contre elle ! Si elle s’en rend compte, elle va se foutre de moi.

Je passe devant la boulangerie fermée. Il s’est arrêté de neiger. La route est plus ou moins déneigée. Ils ont dû mettre du sel, comme chaque hiver. Je fais très attention à ne pas rouler sur des plaques de gel et les endroits où il y a de la neige.

J’arrive à notre ancien lycée. Une profonde mélancolie me gagne. Rien n’a changé. Il y a juste de la neige. Je me gare un peu plus loin et mets l’antivol. J’aide Amber à descendre. Elle n’a toujours pas dit un mot depuis que nous sommes partis. Comme si elle ne voulait pas être avec moi. Ou comme si elle avait peur.

Nous avançons jusqu’au bâtiment fermé, car c’est les vacances. Amber s’avance la première vers les portes. Elle tente de l’ouvrir, alors que je reste en retrait et l’observe. Et si j’avais tout loupé ? Et si j’étais passé à côté de ma vie ? Et si... non. Je n’ai pas le droit de penser à ça.

Je sais pertinemment que je lutte depuis longtemps contre ça. Je ne vais quand même pas tout foutre en l’air à cause d’un simple Noël ? Noël où j’ai tout perdu. Ma copine, mon appartement. Mais je n’ai pas perdu ma famille, je l’ai retrouvée. J’ai même gagné un neveu !

J’examine cet endroit. Il s’est passé tellement de choses. Sur ce parking, j’ai perdu mes potes. J’ai passé la porte pour la première fois dans un costume noir pour le bal de fin d’année. Je n’avais jamais vraiment aimé les costumes. Puis, quand j’ai vu que certaines femmes observaient les hommes pour ça, j’ai trouvé que ça avait plutôt du bon d’être élégant. J’ai aussi connu mon premier baiser sur ma moto avec Amélie. Nous étions sur le parking, tout timide. J’ai même vécu ma première rupture dans le hall du lycée, où il y a les casiers.

Ambre se tourne vers moi. Son visage est dénué de tout sentiment, mais elle me fixe, les yeux humides. À croire qu’elle a versé quelques larmes.

— Elle t’a dit quoi, ton ex ?

Je reste figé sur place, ne sachant pas comment réagir à sa question pourtant innocente. Pour moi, elle a une tout autre connotation. Elle semble jalouse, ou alors je me fais des idées.

— Elle voulait que je revienne et que je lui pardonne, réponds-je.

Amber ne me lâche pas des yeux. Elle ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. Elle la referme et hoche de la tête de haut en bas.

— OK... et tu lui as dit quoi ?

— Que je ne suis pas intéressé par elle et que je ne la crois plus.

— Ah...

— Elle l’a mal pris et m’a insulté de connard.

Elle souffle et se colle contre les portes du lycée.

— Et c’est vrai ? Tu as compris qu’elle se jouait de toi ? Si tu n’es plus intéressé par elle... par qui l’es-tu ?

Rapidement, je sais où elle veut en venir. Elle veut que je dise que je suis intéressé par elle. Mon cœur loupe un battement, quand nos regards se croisent. Elle me sourit timidement.

— Je... Ouais, j’ai compris. Et heu... personne. Je n’ai aucune nouvelle personne en vue.

Aucune nouvelle personne, souffle ma conscience. Mais une ancienne, non ? Gabriel, tu sais bien qu’elle te fait de l’effet depuis que tu l’as revu ! Arrête de tenter de fuir.

Je grogne, ce qui l’étonne. Je grogne pour moi, contre mes pensées. Je m’insulte intérieurement et tente de le cacher à ma sœur. Cette dernière se décolle du mur et s’approche de moi. À ma hauteur, ses mains viennent vers mon visage. Elle les passe autour de mon cou. Ses lèvres se déposent sur les miennes. Je reste interdis, non pas parce qu’elle m’embrasse, mais parce que j’ai la sensation que mon corps attend ça depuis longtemps, parce que je réponds à son doux baiser. Je ne devrais pas, je devrais la repousser et lui dire que c’est mal. Sauf que je ne le fais pas. Car je n’en ai pas du tout envie.

Je veux la sentir tout contre moi. Sentir son parfum, sa langue s’amuser avec la mienne. Je la veux et ça me déstabilise sérieusement.

Alors que je m’apprête à la serrer contre moi, Amber s’écarte. Elle reprend son souffle, la tête baissée. Je peux voir sa poitrine se soulever, comme si elle avait couru un marathon. Il doit en être de même pour moi. Je sens mon sang pulsé dans mes veines. Mes joues sont écarlates.

— Excuse-moi, chuchote-t-elle. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris.

Je n’ai pas le temps de lui parler qu’elle se précipite vers le parking. Elle marche d’un pas rapide jusqu’à ma moto qui se trouve beaucoup plus loin. Je la suis et la mate ouvertement en train de se dandiner. Je souris. Tout aurait été si facile si nous n’étions pas demi-frère et demi-sœur. Ouais, mais voilà, cela aurait voulu dire que ma mère et ma sœur ne seraient pas mortes. Que jamais mon père n’aurait rencontré et fait sa vie avec Jade. Et donc que jamais je n’aurais croisé la route d’Amber.

Elle se stoppe et attend que j’arrive. J’enlève l’antivol et le range dans le sac prévu à cet effet. Je me redresse. J’aimerais tellement me pencher vers elle et l’embrasser. Lui prouver qu’on a une chance. Mais pour cela, je devrais ne plus la voir comme ma demi-sœur. Enfin, faire croire que je la vois en tant que tel. Car cela fait bien longtemps que, pour moi, elle est bien plus que ça. Je sais que, même au collège, je la prenais plus pour une meilleure amie. Demi-sœur, c’était pour la forme, pour laisser une barrière entre nous, devant notre famille. C’est sûrement ça. C’est leur regard qui m’empêche de faire ce que je désire.

Je devrais en parler avec nos parents, leur annoncer que j’ai pris une décision importante. Je me vois déjà mal à l’aise, en train de leur annoncer que je suis en couple avec Amber, ce qui est complètement stupide. Nous avons seulement couché ensemble et nous nous sommes juste embrassés. Cela ne veut pas dire que nous sommes ensemble.

Non, je ne pense pas aimer Amber comme j’aimerais une petite amie. Oui, ce n’est probablement que physique. Rien de plus. C’est ce que je me dis en boucle depuis des années et des années. Si je n’avais pas ses deux maudites phrases, il y a longtemps que je lui aurais avoué !

Je secoue ma tête. J’ai failli faire une bêtise. Et Amber l’a bien remarqué, car elle sourit. Je fuis son regard et me tourne pour enjamber ma moto. Je sens alors Amber rire et quelques secondes après, je sens qu’on me touche les fesses. Elle n’a quand même pas osé ? Hébété, la bouche ouverte, je me retourne.

— Tu es sérieuse ?

— Ouaip, désolée... j’avais trop envie de t’embêter. Et puis, tu avais de la neige...

Si elle veut jouer, alors elle va me trouver, mais pas maintenant, je suis patient. Je lui rendrai la pareille quand elle s’y attendra le moins.

Chapitre 2

De retour à la maison, notre mère nous demande si tout s’est bien passé. Elle a eu quand même peur qu’il nous arrive quelque chose sur la route avec la neige. J’ai pris le temps de lui dire que les agents de la DDT avaient déneigé.

Cela fait maintenant dix minutes qu’elle tente de nous faire rester dormir ici ce soir. Je lui ai répété que je ne pouvais pas. Pourquoi ? Car j’aimerais récupérer le reste de mes affaires, avant qu’Amélie ne les mette à la poubelle par vengeance. Je suis certain qu’elle est capable de tout. Je n’ai pas tout pris, sinon cela aurait fait suspect. J’ai donc laissé mes objets, dossiers, vêtements.

Amber finit par craquer et accepte. Il faut dire que notre mère est très forte. Comme un pitbull, elle ne lâche pas sa proie jusqu’à ce que celle-ci finisse par céder... ou mourir.

Le regard de ma mère se pose sur moi. Elle me sourit, comme si elle savait qu’elle avait déjà gagné la bataille.

— Non, refusé-je. Je ne reste pas.

— Gabriel ! Fais un petit effort. De toute façon, nous allons fermer les portes à clé.

— Ce n’est pas du jeu ça. Toi qui nous as appris à ne pas tricher. Il est beau l’exemple !

Mes parents se mettent à rire. Amber lève les yeux au ciel et s’assoit sur sa chaise. Son fils glisse sur ses jambes et entoure sa nuque de ses petits bras. Sa petite voix s’élève. Il demande à Amber s’il peut aller jouer dehors. Elle observe la fenêtre et finit par accepter. Le petit lance un cri de joie et court au hall d’entrée. La scène est très drôle. Sans même se retourner, il sort une fois son manteau sur le dos et ses bottes aux pieds.

Le silence perdure. Nous nous dévisageons un à un.

Si je me souviens bien, je dois encore me venger de ce qu’elle m’a fait il y a moins d’une heure. Et pour cela, j’ai tout prévu !

— Bon, Gabriel, tonne la voix de mon père. Tu restes et ce n’est pas discutable !

— OK, mais seulement si je peux... emmener Amber manger avec moi ce soir.

Je parle lentement, comme si j’ai peur d’éveiller des soupçons.

— Mmh... vous êtes grands et majeurs... Je n’y vois pas d’inconvénient.

Ma mère nous donne donc son accord. Je n’ai même pas demandé l’avis de ma sœur. Ce soir, nos parents pourront être tranquilles, et je pourrai parler avec Amber sans avoir peur qu’ils entendent notre conversation. Quant au petit, bien sûr, il va devoir venir avec nous. Il ne posera aucun problème. À son âge, il ne comprendra pas grand-chose.

— Amber, tu as moins de deux heures pour te préparer, déclaré-je. Le gamin aura juste à se changer.

Ses paupières se plissent.

— Heu... on va où ? me demande-t-elle.

— Il y a la patinoire d’ouverte... Puis, on ira manger dans un restaurant. Nous ne renterons probablement pas tard.

Les yeux de ma sœur s’illuminent. Je sais bien qu’elle aime faire de la patinoire. Tout excitée, elle se précipite à l’escalier. Je la suis du regard et vois qu’elle saute deux marches par deux. Là, j’ai vraiment la sensation de l’avoir retrouvé. Petite, innocente et toujours heureuse.

— On peut garder Nathanaël, m’annonce ma mère.

Je la remercie, content, et monte à mon tour pour me changer. Avant, je toque à la porte d’Amber, qu’elle ouvre quelques secondes après. Seul son visage se met entre la porte et l’encadrement de cette dernière. Je devine qu’elle était déjà en train de tester des vêtements.

— Prend aussi une tenue pour le restaurant, lui dis-je. Tu te changeras dans les vestiaires de la patinoire. Et Papa et Maman gardent le petit. Donc on sera... tranquilles.

Tranquilles. Bravo ! Elle va croire que je désire me débarrasser du môme. Ce qui n’est pas vraiment faux. À mes yeux, je ne l’accepte pas encore. Moi, tonton ? C’est surréaliste ! J’ai la sensation qu’il met une barrière entre Amber et moi.

Elle hoche la tête, les lèvres étirées et me remercie, avant de refermer la porte de sa chambre. Je vais alors dans la mienne, ravi. La voir ainsi est ce qu’il y a de mieux.

Lorsque je suis habillé, un costume noir dans un sac pour la fin de la soirée, je m’en vais attendre Amber en bas. Mon père est seul dans le salon. Il est assis sur son canapé et regarde les informations.

— Papa... commencé-je, en venant me mettre près de lui.

— Quoi ?

— Tu es content... je veux dire, tu es content de cette vie ? D’avoir épousé Jade et d’avoir accepté Amber ?

Il met le son en silencieux et tourne son visage fermé sur moi. Il semble essayer de me comprendre, de comprendre mes questions.

— Oui, je suis très content de ma famille.

J’esquisse un sourire et m’assois sur l’accoudoir du canapé.

— Et maman et Laure...

— Il est vrai qu’elles me manquent. Maintenant, j’ai une fille et une femme que j’aime plus que tout au monde... Et je t’ai toi, mon fils. Puis, je suis aussi grand-père.

C’est à ce moment-là que ma mère sort de la cuisine. Je me mets droit comme un I et regarde la télé. Nous n’osons pas trop parler de ma mère biologique et ma sœur devant elle. Nous avons toujours eu peur de les blesser, elle et Amber.

Elle se met entre nous et la télé, les mains sur les hanches. Ses yeux sont posés sur moi. Étrangement, elle n’a pas l’air furieuse, mais plutôt amusée.

— Gabriel... dit-elle en souriant. Je me posais des questions... sur toi et Amber.

Je lance un coup d’œil à mon père. Il pince ses lèvres, avant de baisser ses yeux.

— Ce n’est pas méchant, fait-il. Il y a juste des choses qui ne passent pas inaperçues.

Je souffle. Je sais déjà qu’ils vont me parler d’Amélie. C’est toujours elle le problème, depuis le début de notre relation.

— Et puis il y a les preuves... ajoute-t-elle.

— Heu, lesquelles ?

Je commence à m’inquiéter. Mon cœur palpite sous ma cage thoracique. Mais de quoi parlent-ils ?

— Nous avons trouvé des photos...

Mon père se tait. J’écarquille les yeux, étonné. Je me lève et me recule. Si j’ai juste et que nous parlons des mêmes photos, alors nous sommes dans la merde. Ils ne devraient jamais avoir trouvé ses images ! Comment ont-ils fait ? Ils ont fouillé dans les affaires d’Amber ? Il n’y a qu’elle qui les a gardées… enfin, à ce que je comprends. Je pensais qu’elle les avait brûlées ! Les ont-ils récupérées avant qu’elle n’en ait eu le temps ?

— Gabriel, nous ne sommes pas fâchés ! fait mon père, d’une voix beaucoup plus douce qu’à son habitude.

— Oui, nous voulions juste savoir ce que nous avons loupé pour ne pas remarquer que vous... enfin... ce qui est d’ailleurs très étrange de votre part. Jamais je n’aurais pu imaginer ça, personnellement.

Elle jette un coup d’œil à son mari, tentant de savoir si c’est aussi son cas. Il hoche la tête.

— C’était... un jeu, mens-je. C’était avant. Il ne s’est rien passé. C’est ma demi-sœur !

Je peux peut-être essayer de nous sauver. Je n’ai pas du tout envie d’avoir cette conversation avec eux maintenant. Ils vont gâcher notre soirée.

S’ils n’ont pas vu toutes les photos, alors nous pouvons nous en sortir !

— Un jeu ? fait Jade, agacée. Toi et Amber nus en train de vous embrasser ? C’était un jeu, tu en es sûr ? On ne joue pas à ce genre de jeu au lycée et encore moins entre frère et sœur !

Je ne sais pas quoi répondre à ça. OK, je n’aurais jamais dû nous prendre en photo. Au début, c’était juste elle. Ses yeux, ses cheveux, ses lèvres. Pour lui prouver que tout chez elle était magnifique. Puis, ça a dérapé.

— Jade, chérie... Ils n’ont pas le même sang, réplique mon père. Et tu as adopté Amber... Donc... ils sont libres de faire ce qu’ils veulent. Puis, nous aurions pu nous en rendre compte à la façon dont ils se comportaient ensemble. Ils ont toujours été très fusionnels.

Je secoue la tête. Je n’ai pas envie de leur parler de ça.

— Nous...

C’est là qu’Amber débarque dans le salon. Elle est en jean noir et avec un gros pull rouge. Ça va très bien avec sa pâleur et ses cheveux noirs. Elle nous regarde en souriant, ne sachant pas du tout ce qu’il se passe ici. Et heureusement, car Amber ne sait pas vraiment garder un secret. Elle serait capable de dire « oh, nous avons juste couché ensemble. Rien de bien grave ! » et c’est exactement ce qu’il ne faut pas dire.

— Je suis prête ! s’exclame-t-elle, en s’approchant de moi.

Je garde la tête haute et lui souris. Je pourrais la complimenter, mais maintenant ce n’est sûrement pas une bonne idée. Nos parents risquent de mal interpréter ça.

— Nous y allons donc...

Je grimace devant la mine de mes parents. Ils s’attendent à ce que je réponde à leurs questions. Il en est hors de question. Il vaut mieux pour eux et pour Amber.

— Oui, on ne rentrera pas tard, affirme Amber.

Nous nous saluons, tranquillement. Nous enfilons alors nos manteaux et nos chaussures. Prêts, nous sortons par la porte et nous dirigeons vers le portail. Avant de partir, Amber va voir son fils pour lui dire que ses grands-parents vont s’occuper de lui. Il ne bronche pas, occupé à détruire le bonhomme de neige.

Il est bien évident que nous allons prendre ma voiture. Étrangement, Damien est parti à pieds. Je ne sais pas où il est allé, mais le mieux, c’est qu’il est parti. Peut-être a-t-il appelé sa femme ? Sûrement !

Amber se met à la portière côté chauffeur. Elle tente de me piquer les clés pour conduire.

— C’est moi qui conduis, lui dis-je.

— Allez, j’ai envie de conduire !

Je refuse de la tête.

— S’il te plaît, m’implore-t-elle.

— Non, désolé. Tu pourras la conduire demain si tu veux...

— Tu as peur que quoi ? Que je l’abîme ?

Je fais mine de réfléchir. Non, je n’ai pas peur de ça.

— Mmh... peut-être. Non, nous sommes le lendemain du réveillon. Épargne-moi ça, je t’en prie.

Elle râle, mais sait bien que je ne changerai pas d’avis. Elle fait le tour de la voiture et s’installe du côté passager. Je me glisse sur le siège, m’attache et démarre le véhicule.

J’ai une question qui me brûle les lèvres. Je ne sais pas comment aborder le sujet sans l’agacer ou que cela mette un terme à notre bonne humeur.

— Amber... commencé-je, timidement.

— Oui ?

— Les photos... tu en as fait quoi ?

Son visage, qui était jusqu’alors tourné vers la vitre, glisse sur moi. Je vois du coin de l’œil qu’elle me scrute.

— Je... je crois que je les ai mises à la poubelle.

Ou pas ! Je garde mon calme et tente de me contrôler. Je souffle plusieurs fois pour évacuer le stress.

— D’accord… et la vidéo ?

Elle laisse échapper un grand cri d’étonnement.

— Heu... merde, je croyais que c’était toi qui l’avais !

Je secoue la tête.

— Amber ! Tu as tout gardé ! Tu devais t’en débarrasser ! Imagine qu’ils soient tombés dessus ? S’ils ont vu la vidéo... nous sommes foutus...

Je vois ses doigts se triturer. Ses mains sont posées sur ses cuisses. Elle s’excuse à plusieurs reprises. Je conduis lentement et prudemment. Je ne veux pas avoir d’accident et risquer la vie de ma demi-sœur. Pas elle. Ma main droite vient serrer la sienne en signe de soutien. Je ne lui en veux pas. Je les avais aussi oubliées. Je suis donc aussi coupable.

— Je ne sais vraiment pas où j’ai pu mettre la vidéo... Tu sais, il s’est passé tellement de choses quand tu es parti avec Amélie.

— Dis-moi tout.

Je repose ma main sur le champignon et change de vitesse. Je connais très bien le chemin. J’y suis allé plusieurs fois avec Amber dans le passé. C’était notre activité du samedi, quand nous n’avions rien à faire.

— Bah, déjà pendant les vacances... j’ai rencontré un homme très gentil et doux. Enfin bref, puis il y a eu Holly... qui est passé à la maison pour discuter. Nous nous sommes disputées et je ne l’ai plus jamais recroisée. Enfin, il s’est passé des tas de choses. On a le temps.

— Tu es sortie combien de temps avec cet homme ?

Il n’y a que ça qui m’intéresse. Savoir combien de temps elle a passé avec un autre. À m’entendre, j’ai l’impression d’être jaloux !

— Jusqu’à ce que j’apprenne sa mort, me répond-elle.

Je pince mes lèvres. Boulette de ma part. Je ne sais pas quoi lui répondre. J’ai mis les pieds dans le plat comme un con.

Heureusement, nous arrivons à l’une de mes patinoires favorites de Lyon. Je me gare sur le parking. Nous nous rendons à l’intérieur dans un silence inquiétant.

J’ai envie de nous épargner une dispute sur les photos et la vidéo que nous avions faites. Tout ce qui m’importe maintenant, c’est de profiter avec elle.

Nous nous dirigeons sans perdre de temps vers l’accueil. Après que tout soit en règle, nous passons aux vestiaires. Il y a un peu moins de monde que ce que j’imaginais. Je me dépêche et retrouve Amber, déjà prête. Sans dire un seul mot, nous allons sur la piste. Je dois avouer que je suis totalement stressé. Je n’en ai pas fait depuis longtemps. J’ai peur de tomber, de me faire mal et, surtout, de me rendre ridicule. Là, c’est ma fierté de mâle qui prend le dessus. Je n’ai pas intérêt à me louper, sinon je vais en entendre parler jusqu’à la fin à tous les Noëls.

Elle rentre la première sur la piste. Amber semble tout à fait à l’aise, alors que je suis le contraire. Mais pourquoi ai-je eu cette maudite idée ? Je ne pouvais pas lui proposer d’aller se balader ou juste aller au restaurant ? Pourquoi la patinoire, où je n’ai plus été depuis six ans ? Parce que je suis stupide, que je n’ai pas réfléchi et que j’ai probablement voulu lui montrer que je n’avais pas changé.

Amber se tourne vers moi. Ses yeux bleus m’examinent rapidement, puis elle approche sa main de moi. Je n’hésite pas une seconde. Je la serre et la suis. Un pied devant l’autre, je glisse sur la glace en faisant attention. Nous évitons les couples de justesse. Un gamin fonce sur moi. Je hausse des sourcils et tente de m’écarter. Avant d’arriver à ma hauteur, il dévie sur la gauche en riant. Je me décontracte. Je risque de faire une attaque avant la fin de la soirée.

Nous patinons tranquillement. Toutes mes peurs se sont envolées. Je me sens bien sur la piste. Je pourrais même faire des mouvements comme les patineurs professionnels. Ou pas. Enfin, sauf si je désire finir la soirée à l’hôpital en morceaux... Un puzzle pour les médecins. Je suis sûr qu’ils vont adorer. Le premier qui me remet en état sans avoir oublié une pièce gagne le droit de ne pas se retrouver poursuivi par ma famille pour incompétence professionnelle !

Nous faisons une pause et nous mettons dans un coin. Nous observons les autres patiner, jusqu’à ce que je la vois se rapprocher de moi. Elle se blottit dans mes bras que je resserre autour d’elle. C’est alors que j’entends son ventre gargouiller. Elle se met à rire nerveusement et s’écarte de moi.

— Désolée, s’excuse-t-elle.

— Ne t’inquiète pas, on peut aller au restaurant.

*

Amber s’assoit en face de moi. Elle me sourit. Nous reprenons là où nous en étions avant qu’elle ne s’éclipse aux toilettes. Nous terminons notre plat chaud et nous parlons de tout et de rien. Elle m’a avoué qu’elle avait besoin de sortir pour une fois sans son fils. Elle l’aime plus que tout, mais elle a besoin de sortir seule.

Elle avait la possibilité de laisser son fils à la famille de son défunt copain. Ils ont insisté, mais elle a refusé. Elle savait qu’ils lui auraient fait des critiques. Ses ex-beaux-parents n’arrêtent pas de lui rabâcher comme quoi ils sont tristes pour leur fils. Ils disent que Nathanaël ressemble à son père. Ils critiquent même la manière dont elle l’habille et dont elle l’élève seule ! Cette année, elle en a eu marre. Elle ne voulait pas les voir ne serait-ce qu’une seule minute.

Elle m’a dit pas mal de choses sur ce petit. Déjà, il est toujours souriant. Il aime jouer aux voitures et aux dinosaures. Il lui arrive même de dire des gros mots. Chose qu’Amber n’aime pas et que ses ex-beaux-parents trouvent toujours à critiquer. Pour eux, elle est l’unique fautive de la façon de parler de Nathanaël. Elle pense même qu’ils lui en veulent pour la mort de leur fils.

Elle avait besoin de s’aérer, de prendre un peu de temps pour elle. Étrangement, je n’arrive pas à la voir avec un enfant. Elle n’a pas l’allure d’une mère. Ou alors, je n’ai pas envie de la voir en tant que telle.

Nous passons au dessert. Il est vrai que j’aurais pu inviter mes parents et le gamin. Cela ne m’a même pas traversé l’esprit. Je me rattraperai un peu plus tard. Je ne peux m’empêcher de penser, malgré moi, aux photos. Ils doivent être en train d’en parler. Il faudrait que j’en parle à Amber. Elle doit savoir.

— Princesse...

Je me tais. Je ne sais pas du tout comment formuler mes phrases. Je ne veux pas la choquer ou la blesser.

— Oui ?

Elle pose son regard timide sur moi, avant de les baisser sur sa mousse au chocolat vide.

— Nos parents m’ont parlé avant que tu ne descendes pour sortir avec moi. Ils m’ont dit... qu’ils ont trouvé les photos.

Je pince mes lèvres et examine sa réaction. Elle est abasourdie par ma révélation.

— Quoi ? Tu... tu es sérieux ?

— Oui, ils se demandent s’il ne se passe pas quelque chose entre nous. Enfin, s’il ne se passait pas quelque chose avant.

Elle dépose sa cuillère sur sa serviette et vient nerveusement triturer ses doigts. Elle sait très bien qu’à un moment nous allons devoir affronter nos erreurs passées.

— Ils ont dit quoi d’autre ?

— Qu’ils ne savaient pas comment cela leur avait échappé. J’ai tenté de leur dire que c’était un jeu... Je ne sais pas quelles photos ils ont vues, mais ils savent que ce n’est pas vrai.

— Comment on fait alors ?

— On leur dit la vérité. Qu’on a couché ensemble. Que c’était une erreur et que nous regrettons...

— Quoi ? me coupe-t-elle. Mais... ce n’était pas une erreur ! Et je ne regrette pas !

Elle ne semble pas comprendre. Il n’y a rien d’autre à dire. Je n’ai pas le temps de lui répondre qu’elle se lève et prend ses affaires. Je l’interpelle, mais elle ne m’écoute pas et se dirige vers la sortie. Mais pourquoi ai-je voulu parler de ça ? Je ne pensais pas que la conversation allait dévier ainsi !

Je prends mes affaires, paye et la poursuis. Elle est déjà sur le parking et m’attend à la voiture. Je n’ai pas dit mon dernier mot. Mieux vaut ne pas en rajouter une couche maintenant et passer à autre chose.

Ce qu’elle ne sait pas et que j’ai prévu quelque chose après le restaurant. Je nous y conduis donc. Le silence est vraiment insupportable. Amber reste droite dans son siège. Elle ne commente même pas quand je n’ai pas pris la route menant chez nos parents. Lorsque nous arrivons à une boîte de nuit, elle se met enfin à montrer ce qu’elle pense. Elle râle tandis que je me détache et sors du véhicule. Je ferme la porte et fais le tour pour venir ouvrir la sienne. Elle est attachée, les bras croisés contre sa poitrine. On dirait une enfant qui boude.

— Je ne comprends plus rien, avoué-je. OK, nous avons été un genre de sex friends pendant plusieurs semaines. Puis, je suis parti et tu as trouvé ton homme qui t’a donné un enfant. Tu es passée à autre chose et moi aussi... Pourquoi fais-tu alors la tronche quand j’ai dit que...

— Tu as raison, me coupe-t-elle. Excuse-moi. J’avais l’impression... tu sais... c’est comme si tout était comme avant entre nous.

Je lui souris. Je sais bien ce qu’elle ressent. Ça m’arrive parfois de me perdre dans le temps et d’imaginer être six ans auparavant.

— Pas de problème, Amber.

Je lui tends la main pour l’aider à sortir. Elle se détache et sort de la voiture. Mes yeux la parcourent. Ils s’arrêtent sur le moindre détail. La lumière des lampadaires lui donne un teint hâlé. Mes pensées deviennent incongrues. Je me vois déjà me pencher sur elle et goûter à cette peau qui m’a tant fait rêver dans le passé. Je suis pris par une décharge électrique, alors qu’Amber ferme la portière, sa main toujours dans la mienne. Je la sers sans le vouloir, puis la lâche soudainement. Elle ne relève pas ce qu’il s’est passé, ne sachant pas ce que j’ai dans la tête. Il vaut mieux pour moi taire mes pensées et continuer comme si de rien n’était.

Dans la boîte, nous commandons à boire. Je reste modéré sachant que je dois prendre le volant. Je m’en voudrais terriblement de risquer sa vie à cause d’un verre de trop. Je finis par prendre des jus et de l’eau jusqu’à ce qu’une envie pressante me prenne après trente minutes dans le club. Je m’excuse auprès d’Amber qui continue de danser et pose mon verre au bar.

Je m’éclipse aux toilettes, fais mon affaire et reviens dans la salle où la musique est à fond. Je la trouve immédiatement sur la piste, entourée d’hommes qui la regardent. Il y en a un qui en profite et se colle à elle. Elle s’arrête de danser et fronce ses sourcils. Elle semble lui dire quelque chose et fait un signe de la tête dans ma direction. L’homme pivote sa tête vers moi. Je la vois très bien lui dire « Lui, c’est mon frère, il a déjà fait de la prison pour avoir tué un mec qui s’en était pris à moi »