Vouloir chanter les heures - Fanch . - E-Book

Vouloir chanter les heures E-Book

Fanch .

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Beschreibung

L'enfance, le temps qui passe, la nostalgie...

Autant de thèmes abondamment traités par les poètes. Fanch les aborde en s'immergeant dans les souvenirs et les pensées qu'ils génèrent, mais aussi dans leurs interprétations et les non-dits.
Vouloir chanter les heures, recueil de textes poétiques, plonge dans la mémoire essentielle qui associe l'impact de nos souvenirs à celui des émotions et des sentiments qui jalonnent les différents "climats" de nos vies. Ils donnent un sens à cette mémoire et transcendent, par l'écriture poétique, les éléments qui la composent... Ainsi nous reformons le lien à notre condition humaine, en retrouvant le désir d'en extraire de nouvelles richesses émotionnelles.

Un recueil de textes poétiques consacrés à la mémoire et aux émotions. À ne pas manquer !

EXTRAIT D' EMPREINTES DU PASSÉ

Avoir tant oublié de ce que l’on féconde
Aux intimes secrets de l’incertain d’une âme,
Ignorant de toujours les voies de l’outre-monde
Et ce qu’il nous dirait de l’être qu’il proclame.
Avoir tant oublié de la raison des mères
À la saveur faussée d’une enfance sans vie,
S’inventant la mémoire des choses qu’on enterre
Aux ondes d’illusoire à qui l’on se dédie.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Fanch est né dans le Sud-Ouest, et plus particulièrement dans un village proche de Tarbes, en terre de Bigorre. Après une enfance en milieu rural, il a fait des études d'architecture à Paris et a consacré sa carrière d'architecte-urbaniste au service des collectivités locales et territoriales. Son désir d'écrire lui est venu à la suite de la mort de sa mère du fait de la maladie d'Alzheimer ; cet évènement a contribué à cristalliser son obsession de la mémoire et du temps... Il s'est attaché à aborder ces sujets en exprimant ses doutes/questions liées à la conscience humaine, sur fond de quête spirituelle.

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Fanch

Vouloir chanter les heures

Quand nous prendrons le temps

Quand nous prendrons le temps de vivre les instants

Prolongeant l’émersion de nos issantes âmes,

Le goût de l’existence et les désirs d’enfant

Seront de nos destins l’idéal de l’entame.

Quand nous prendrons le temps de l’ennui quotidien

Tout au long de nos jours d’amères solitudes,

La pensée et l’esprit conduiront le dessein

De notre imaginaire aux grandes amplitudes.

Quand nous prendrons le temps de désigner les choses

Par les mots dont parfois la vérité se pare,

L’humilité d’avoir compris ce qu’elle impose

Rejoindra la fierté de n’être plus barbare.

Quand nous prendrons le temps de regarder le monde

Non pour ce qu’on en voit de cruel et funeste

Mais pour ce que l’on sait d’espérances fécondes,

L’Histoire pourra rêver d’un nouveau manifeste.

Quand nous prendrons le temps de contempler les ruines

De nos projets maudits aux échecs programmés,

La beauté, le repos, le charme qu’elles dessinent

Empreintes d’inertie tranquille et apaisée

Feront l’éternité des heures assassines.

Empreintes du passé

Avoir tant oublié

Avoir tant oublié de ce que l’on féconde

Aux intimes secrets de l’incertain d’une âme,

Ignorant de toujours les voies de l’outre-monde

Et ce qu’il nous dirait de l’être qu’il proclame.

Avoir tant oublié de la raison des mères

À la saveur faussée d’une enfance sans vie,

S’inventant la mémoire des choses qu’on enterre

Aux ondes d’illusoire à qui l’on se dédie.

Avoir tant oublié des âges qui s’effacent

À subir un présent fugace et dérisoire

Et n’offrir, pour autant, à ceux qui les remplacent

Qu’un fragile désir empreint de nos déboires.

Avoir tant oublié des chants et de la geste

À des rêves fanés que nul printemps n’accueille

Mais vouloir déchiffrer sans fin les palimpsestes

Écrits aux paysages qu’une vieillesse effeuille,

Espérant y trouver quelque manne céleste…

Dissonances

De l’enfant qui, sans fin, recompte les nuages,

Dirait-on qu’il s’élève à son imaginaire

Ou vit-il seulement l’ennui des paysages

Au tempo lancinant des heures délétères ?

Du manant aperçu, coin de rue, coin de champs,

Dirait-on qu’il nous est un reflet tutélaire

Ou la honte germée en nos êtres distants

De s’être vus sans fard élus sur cette terre ?

Des choses et des riens, aux combles des pensées,

Dirait-on la fortune immense et souveraine

Ou la saveur fétide de rêves amassés

Dans l’inutile quête aux espérances vaines ?

De savoir que vieillesse, à l’heure, nous est de mise,

Dirait-on la splendeur des ans qu’elle façonne

Ou, las, au vent mauvais des douleurs qu’elle aiguise,

La fripure éprouvée d’un corps qu’elle abandonne

Au silence des morts, au tocsin que l’on sonne…

Étais-je alors… ?

Étais-je alors la part des anges,

Celle de senteurs et d’émois

Qui s’envole en fin de vendanges

Comme il se fait en vin d’Arbois ?

Étais-je aussi la part de l’ombre

Qui recouvrait mes jours de l’heure

Quand l’éternel des instants sombres

Laissait l’enfance en sa demeure ?

Étais-je donc la part de l’âme

Effacée d’un âge innocent

Qui reste à l’homme ou bien la femme

Ce qu’ils ignorent quand ils sont grands ?

Étais-je enfin la part du vent,

Des souvenirs que l’on enterre

Portant la mémoire des ans,

De mes chagrins qui désespèrent

Ce cœur qui ne bat qu’en rêvant ?

Mémoire de verre

Je me souviens parfois de choses essentielles

À la simple raison qu’elles se laissent voir

En paraison cueillies aux histoires plurielles

Et sculptée des envies portées par le hasard.

Elles ouvragent ainsi, au-delà de leurs corps

Informes et noyés dans un tracé meurtri,

Un cristal pailleté aux reflets qu’il arbore,

Tardive résilience en nos âmes taries.

Tardives… et pourtant en quête de notre être,

Les lueurs d’un passé aux réalités grises

Se plaisent à dire ce que l’on doit connaître

Pour que d’anciens désirs nous soient toujours de mise.

Qu’elle soit d’un écrin forgé de nos prières

Ou de verre ouvragé que l’humain, seul, façonne,

La mémoire s’ajuste à nos pensées amères,

Révélant qu’il faudrait toujours qu’on se pardonne

À la beauté fragile des jours que l’on enterre…

Nous avons trop rêvé

Nous avons trop rêvé, jeunes et vieux mêlés

En des instants bénis que caressent les songes,

Effaçant le réel aux habiles mensonges

De l’obscure clarté d’une nuit étoilée.

Nous avons trop prié, offerts à tous les vents,

Pour les ors d’un destin de contes surannés

Laissant à quelques fleurs superbes mais fanées

Les odeurs éphémères d’un passé nonchalant.

Nous avons trop chanté, seuls mais à l’unisson

De pensées affligées d’un triste vague à l’âme

Ou dans le chœur montant d’une improbable flamme

Et restons dans l’oubli des mots de nos chansons.

Nous n’avons pas été, victorieux ou défaits,

Ces gens qui se disaient savoir vivre et mourir

Et pourtant au détail dont on fait souvenir

Ou dans l’espoir parfois qui se forme, discret,

On se plaît à ces riens qui peuplent les soupirs…

Petites libertés

Petites libertés, crécelles de papier

Dont je n’avais, enfant, aucune résonance

Que celle du hasard, aux heures épiées

Pour en saisir l’instant d’heureuses dissonances.

Insignifiants émois, crachins amers sucrés

Des étourdissements de passe-temps futiles

À rêver que la chair était la peau nacrée

D’une féminité que je voulais servile.

Légères voluptés des envols avortés

D’une jeunesse avide, arythmique et distante,

Qui se sait affectée par une ombre portée

Sur l’indistinct futur de son âme d’infante.

Espérance mort-née, infortune tranchante

Que le temps doucement, sans férir d’évidence,

Exécute et dispense au crédit des attentes

Pour parer d’illusion les vies de circonstance.

Petites libertés, reposoirs incertains

Qu’une ride sans fin sillonne aux champs d’honneur

Des songes enterrés sous un dernier regain

Et que l’on papillonne sans savoir que l’on meurt.

L’être que nous étions

Porté par le silence aux instants solitaires

De journées infinies où l’on va s’étiolant,

Empêché par l’ennui et ses rituels austères,

L’être que nous étions se meurt d’être un enfant.

À se vouloir empreint d’une idée d’avenir

Pour s’enfuir du réel, de ses désirs mouvants

Sans savoir pour autant comment s’appartenir,

L’être que nous étions se meurt d’avoir vingt ans.

En se plaisant de vivre au gré de l’ordinaire

Et de rêver d’Histoire ou de destin si grand

Qu’il demeure captif de son imaginaire,

L’être que nous étions se meurt de l’air du temps.

Ignorant des mystères et possibles d’une âme

Qui sauraient attiser son esprit vieillissant

Et retirer du cœur meurtrissures et squames

Sans qu’il ne soit besoin de prier en chantant,

L’être que nous serons se meurt dès à présent…

Semblance

Quel dessein fut celui de cette âme fragile

Soumise malgré moi au gré de ses envies

Pour qu’elle vienne pleurer mon enfance futile

Aux heures de bonheurs, esquissés, mais sans vie ?

Quel destin fut celui de ce cœur sans histoire

Que l’ennui sut guérir d’ordinaires blessures

En lissant à l’envi les rêves d’une gloire

Dont j’espérais en vain qu’ils fendent mon armure ?

Quel décor fut celui de tant de crépuscules

Qui ne purent m’offrir le désir d’une aurore

Sans que mes cauchemars vécus en somnambule

Accompagnent ces nuits où l’être se dévore ?

Quel reflux fût celui du temps qui me recouvre

En de rares instants où je me fais conscient

Des choses et des riens du passé qui s’entrouvre

Pour découvrir bien tard qu’ils étaient d’un présent ?

J’ai visité des ports

J’ai visité les ports virtuels de mon errance

En des jours incertains où l’on se meurt d’enfance

Et ce ne furent alors que ses éclats de rire

Qui firent la mémoire que, ce jour, j’en désire.

J’ai su que je cherchais alors d’autres rivages

Non pour ce qu’ils seraient dans l’idéel des âges

Mais toujours refusant que les peurs océanes

Viennent, tel le néant, briser mes fils d’Ariane.

Je voudrais de toujours en conjurer le sort

Et savoir au plus fort des angoisses de mort

Qu’il est à chaque fois qu’une crainte s’avive

Un lieu, un paysage, la fin d’une dérive.

Se peut-il qu’en dépit des prières stériles

Offertes à nos dieux et à leurs évangiles

Il demeure aux frontières humaines et profondes

Un refuge pour l’âme et ses passions fécondes ?

Que reste-t-il ?

Que reste-t-il de ces villages

Qui disaient l’âme d’un terroir,

La mémoire n’est-elle que mirage

Aux jours pressés de l’illusoire ?

Que reste-t-il de notre enfance

En des paysages anciens,

Aux temps bénis de ces croyances

Où l’on processionnait sans fin ?

Que reste-t-il de l’innocence

Des mots semés par nos cœurs tendres,

S’évapore-t-elle en silence

Aux larmes qu’on ne sait répandre ?

Que reste-t-il de ces désirs