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Une pièce de théâtre présentée comme une farce : une nuit de noces se transforme en nuit de débauche...
POUR UN PUBLIC AVERTI. Un jeune couple bourgeois, en route pour leur nuit de noces dans un hôtel turc, se retrouve dans une maison close déguisée pour l'occasion. En effet, « À la feuille de rose » héberge un harem turc et les femmes qui défilent sont en fait les épouses des ambassadeurs de Turquie... Au sein de l'établissement, quiproquos et réparties coquines sont au rendez-vous. La pièce de théâtre comique, jouée pour la première fois en 1875 par des hommes déguisés, n'a été imprimée qu'en 1945. Au lendemain de la représentation, Flaubert déclara avec enthousiasme: « Oui, c'est très frais ! ».
Maupassant nous emporte dans une comédie aux mœurs très libertines.
EXTRAIT
*Scène 1 - Miché, Crète de Coq*
MICHÉ
Eh bien ! Crête de Coq, tout est-il prêt ?
CRÊTE DE COQ
Oui, Monsieur.
MICHÉ
Allons, dépêchons, dépêchons, il ne faut pas perdre une flanelle, les affaires ne vont déjà pas si bien.
CRÊTE DE COQ
Monsieur, on vient d’apporter vos nouvelles réclames.
(Il lui donne un paquet.)
MICHÉ
Ah ! bien, il faudra tâcher d’en distribuer discrètement.
CRÊTE DE COQ
Comptez sur moi, Monsieur.
MICHÉ
Voyons ça (il lit) : « À la feuille de rose, maison turque, salons et cabinets meublés. »
CRÊTE DE COQ
Bien meublés.
MICHÉ (lisant)
« Société choisie, sécurité, petits soins et discrétion. Cette maison organisée sur un pied tout nouveau à l’instar de la Turquie, se recommande tout particulièrement à l’attention du high life. On emploie toutes les langues. »
CRÊTE DE COQ
C’est pas bête, ça. Vous avez eu là une fière idée, patron.
MICHÉ
J’ai habillé mes femmes en turques. Voilà !
CRÊTE DE COQ
Une maison turque, on ne trouve pas ça tous les jours, et puis le bourgeois, c’est friand des turques.
MICHÉ
Sans cela, ma foi, je ne sais pas comment je m’en serais tiré.
CRÊTE DE COQ
Vous n’avez que trois femmes dans la maison.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Guy de Maupassant (1850-1893), écrivain français, a marqué la littérature française du XIXe siècle, au même titre que Zola et Flaubert. Ses œuvres se situent dans le mouvement réaliste et naturaliste, et il est également connu pour avoir introduit une dimension fantastique à ses récits. Parmi ceux-ci on peut citer
Une vie (1883),
Bel-Ami (1885),
Pierre et Jean (1887),
Boule de suif (1880) ou encore
Le Horla (1887).
À PROPOS DE LA COLLECTION
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Grands classiques érotiques.
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Seitenzahl: 36
Veröffentlichungsjahr: 2018
MICHÉ
Eh bien ! Crête De Coq, tout est-il prêt ?
CRÊTE DE COQ
Oui, Monsieur.
MICHÉ
Allons, dépêchons, dépêchons, il ne faut pas perdre une flanelle, les affaires ne vont déjà pas si bien.
CRÊTE DE COQ
Monsieur, on vient d’apporter vos nouvelles réclames. (Il lui donne un paquet.)
MICHÉ
Ah ! bien, il faudra tâcher d’en distribuer discrètement.
CRÊTE DE COQ
Comptez sur moi, Monsieur.
MICHÉ
Voyons ça (il lit) : « À la feuille de rose, maison turque, salons et cabinets meublés. »
CRÊTE DE COQ
Bien meublés.
MICHÉ (lisant)
« Société choisie, sécurité, petits soins et discrétion. Cette maison organisée sur un pied tout nouveau à l’instar de la Turquie, se recommande tout particulièrement à l’attention du high life. On emploie toutes les langues. »
CRÊTE DE COQ
C’est pas bête, ça. Vous avez eu là une fière idée, patron.
MICHÉ
J’ai habillé mes femmes en turques. Voilà !
CRÊTE DE COQ
Une maison turque, on ne trouve pas ça tous les jours, et puis le bourgeois, c’est friand des turques.
MICHÉ
Sans cela, ma foi, je ne sais pas comment je m’en serais tiré.
CRÊTE DE COQ
Vous n’avez que trois femmes dans la maison.
MICHÉ
Une qui a perdu ses dominos.
CRÊTE DE COQ
L’autre qui tue les mouches et renverse les visiteurs.
MICHÉ
Il n’y a plus que Raphaële de présentable.
CRÊTE DE COQ(soupirant)
Ah ! Raphaële, aussi elle a été au poste toute la semaine.
MICHÉ
As-tu fini ?
CRÊTE DE COQ
Si vous croyez que c’est agréable de voir la femme qu’on aime…
MICHÉ
Tout ça c’est des bêtises, tu veux prendre ma suite, n’est-ce pas ? Eh bien, faut pas risquer à perdre ta situation par des sensibleries. Allons, je vais voir si elles s’habillent là-haut. (Il sort.)
Ah ! Raphaële ! (Il brosse le canapé.) Allons bon, encore une tache que je n’avais pas vue (il prend une cuvette sur le canapé et frotte la tache). Ah ! putains ! Va, elles pourraient pourtant bien faire attention. En voilà une qui ne s’est pas servie de capote. Mais, c’est vrai en ai-je pour ce soir ? (Il ouvre un tiroir et en sort une poignée de capotes.) Trois heures (il compte doucement) une, deux, trois (il en trouve une pleine de sang). Ah ! je ne pourrai jamais nettoyer celle-là, six… sept,… dix-huit… En voilà une crevée. (Il l’examine et souffle dedans.) Ah malheur !… si elle a servi à Blondinette, en voilà un de pincé. (Il souffle dans une autre.) Ah ! celle-là pourra resservir. Je crois que ce sera la dernière fois par exemple. Allons, nettoie, lave, brosse, frotte, savonne. Qui l’eût dit il y a cinq ans lorsque j’étais au séminaire. Ah ! misérable créature, qu’as-tu fait de moi ! Pourquoi le Ciel a-t-il voulu que je rencontrasse cette maudite petite blanchisseuse qui repassait alors mes surplis, et, grâce à laquelle j’en suis réduit maintenant à repasser des capotes. Sale métier, va ! les femmes, jusqu’où nous font-elles tomber !… Je ne pourrai jamais détacher celle-là. Il est vrai qu’elle est encore plus bas que moi. Ah ! Raphaële, elle vit là-dedans, sans remords et sans regret du passé. Et je l’aime toujours pourtant… En voilà une que j’ai oubliée. J’ai des distractions aujourd’hui. Malheureux Crête De Coq ! Elles m’ont nommé Crête De Coq, les gueuses. S’appeler Crête De Coq, quand je devrais aujourd’hui m’appeler l’Abbé Lecoq ! Ah ! les femmes, les femmes !
CRÊTE DE COQ (au VIDANGEUR)
Qu’est-ce que vous voulez ?
LE VIDANGEUR
Je viens pour vider les caca, les cabinets… Je suis le vi… le vi… le vi…
CRÊTE DE COQ
Quel vit ?
LE VIDANGEUR
Le Vidangeur.
CRÊTE DE COQ
C’est pas l’heure.
LE VIDANGEUR
C’est tou… toujours à cette heure qu’on… à cette heure qu’on les vide.
CRÊTE DE COQ
Pas ici, puisqu’on travaille la nuit.
LE VIDANGEUR
Je vais attendre qu’on ait fini le tra… tra… le travail.
CRÊTE DE COQ
Allez-vous en. C’est impossible. Allons, foutez-moi le camp, vous m’emmerdez.
LE VIDANGEUR(en colère)
Non Monsieur, je n’emmé… merde pas… Au con… au con… au contraire, je désemmerde ! Je désemmerde !
CRÊTE DE COQ
Vous verrez, Monsieur, tout à l’heure. Allez-vous-en. (LE VIDANGEUR sort.)