Blanc et beige - Vert et bleu - Un désert - Luisa Neige - E-Book

Blanc et beige - Vert et bleu - Un désert E-Book

Luisa Neige

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Beschreibung

Ce recueil peint les immensités perçues selon la sensibilité de Luisa Neige, l’auteure. Chaque mot y est chargé d’intensité gravitant entre le bout d’un pôle, le blanc, le beige sur l’horizon, l’océan… autant de tableaux qui traduisent le désir inassouvi d’atteindre le sommet, d’être là-haut, dans un cube au carré, pour une marche, un bruit, pour dormir et rêver, prendre le large en vous embarquant peut-être aussi.


À PROPOS DE L'AUTEURE

Luisa Neige aime l’horizon. Partir. Revenir. Elle aime l’immensité comme un rêve qui va naître.

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Luisa Neige

Blanc et beige

Vert et bleu

Un désert

Essai

© Lys Bleu Éditions – Luisa Neige

ISBN : 979-10-377-7156-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

à ma famille, mon immensité.

un pôle plein de tout.

riche.

à foison.

le blanc de la neige.

le beige du sable.

le vert de l’herbe.

le bleu du ciel.

un tout.

Le pôle

son bonnet à la terre.

ses chaussettes à la terre.

je sais que j’aimerais le pôle d’un amour absolu.

une petite canne à pêche. un moulinet rouge pinçon. du vent. la tempête. il fait beau. kilomètres de bonheur dans cette étendue blanche. le vent m’étouffe les oreilles de bonheur. j’ai froid de bonheur. je glace de bonheur. de la glace sur ma langue. sa barbe glacée. ma poitrine glacée. mes poumons glacés. je respire pour la première fois. mes pieds ont froid de bonheur. je suis glacée et je vis intensément. le regard de ma vie. une zone marronne au loin. le bruit des bêtes qui mangent. tes cheveux je veux. la couverture jusqu’au nez. toi sur moi. j’aime ton dos. du jaune au-dessus du vert émeraude, au-dessus du vert clair et au sommet le ciel, la lune.

la lampe presque dehors. je voudrais éclairer dehors pour avoir mon fauteuil à l’air du ciel.

ça craque sous nos pas.

que c’est beau ces bruits de silence. on sent le silence.

du bleu des points orange qui fusent.

un poisson arrive. on aura ça à midi.

ces oreilles sont des fleurs.

une tortue bleue.

la terre est bleue. les océans sont nombreux.

une baleine iceberg.

la brume rose.

avant on se parlait comme ça. des enfants. spontanés. les mots.

le pont de bois qui descend dans la mer.

sans cesse du vent. les icebergs à l’ouverture de la porte. être dans la nuit, ne voir que la neige. penser que le soleil dort. et moi je ne dors pas. je marche. je marche dans la neige à grands pas. sans cesse le vent. il y a des fleurs là-haut. un bout d’herbe alors. tu coupes le bout en plusieurs, la fleur naîtra.

j’aimerais vivre dans le bois.

une maison de montagne.

j’aime le bois et la pierre.

mais aussi les cabanes.

l’igloo, ça me va pour ce soir. je veux.

ta main, pas ce soir. est-ce qu’un jour.

les visages sont bleus même blancs.

ton blouson fait le bruit du vent.

tout ça d’un moment que j’ai vu. j’veux pas mais si. j’aurais. on invente aussi tellement.

j’ai parcouru tout ce chemin pour vivre le bonheur à présent, je le sens. est-ce que je me trompe. non.

on ne rate rien de ce qu’on n’a pas vécu. on a seulement vécu autrement que les autres. la plupart mais pas moi. je vis non au ralenti mais différemment. je sais que c’est ma vie. l’amour tardif. on a toujours l’amour des autres. avoir une famille, c’est pour maintenant. je vis comme ça à l’écart du monde. les autres c’est intéressant quand ça ne fait pas toujours pareil ou que ça fait comme ça veut.

j’ai appris les conversations. pas de s. converser toi et moi un jour. j’ai tant de choses à apprendre. je n’aurais pas assez d’une vie. je veux savoir les animaux. les fleurs. les oiseaux et les papillons. je veux savoir les phrases. je veux savoir les autres. je veux savoir. c’est quoi dans la vie. quand il est là juste à côté. Ça, je ne sais pas encore. j’ai aimé mais pas dans un quotidien. le mien est autre. je ne sais l’autre quand il me dit. je ne sais l’autre quand il est là, les pieds sur moi. je ne sais l’autre quand on mange à côté. je sais que j’aime. je sais que je regarderais sa fourchette. je sais que je regarderais ses mains. la façon dont il mange. est-ce qu’il mâchera grandement. et le pain est-ce qu’il le coupera en l’arrachant. je veux entendre le repas. entendre les fourchettes. les verres. les poêles. la cloche pour le repas. je veux entendre le vent. jacot l’oiseau.

courir dans la neige. entendre plus fort.

le ciel des flocons sur nos nez. le vent les rabat dessus eux.

des traits sur la barbe.

l’océan gelé.

le vent qui gronde.

pas de microbe au pôle. dommage.

un dôme marron. des pattes d’ours.

oh hey, oh hey, oh hey

des nuages gris.

le nord est là.

les traineaux ressemblent à des bateaux.

la glace, l’océan au-dessous. passer sur un fil de glace. voir l’océan du pôle en dessous.

se prendre de la neige pour douche.

le vent.

un pont de glace qui mène au pôle.

sentir l’amour de la terre au sommet du monde. sentir ce jaillissement soudain qui submerge. le flot. kilofleurs. kiloneige.

le traineau est une baleine.

un brouillard à couper au couteau.

chanter comme la montagne.

avancer et entendre toujours plus fort le vent comme s’il voulait me dire quelque chose. que veux-tu le vent. je t’entends mais je ne sais tes mots. si le vent est une personne, je devrais comprendre. tu dis quoi. ça va de me chatouiller glace les oreilles et le nez.

avancer et sentir. ça sent le froid sûrement mais ça sent quoi le froid du pôle. ici, ça sent l’eau.

avancer et poindre le nord. j’irai aussi au sud de la terre pour voir ses chaussettes.

avancer et rester le vent du pôle sur le visage. colorer mes joues.

avancer et savoir que le néant, ça n’existe pas. l’absolu existe.

avancer avec le vent pour compagnon. avoir sa main. sentir le vent dans cet élan. avoir froid, c’est bien. rire avec le vent. geler des lèvres. les poser. s’emmitoufler. chantonner dans une musique. le vent. les notes.

avancer et emmagasiner du vent. le garder pour un temps jusqu’à temps.

parcourir le vent à contre-courant. siffler comme lui dans tes oreilles. entendre ton rire. et marcher de plus belle dans les vagues blanches de l’étendue du pôle.

je sais le silence mais pas celui du pôle quand tout danse.

entend-on le bruit d’un oiseau.

les ours nous parlent-ils.

les lièvres du pôle sont-ils joyeux.

est-ce que les girafes aimeraient le pôle.

hey girafe, veux-tu venir avec moi dans la neige.

sacre bleu, je file comme le vent.

dans une heure, on mettra la tente.

le vent soufflera dedans. sur. contre.

dormir dans le blanc du ciel. et le bleu de ses songes.

tiens, je mangerais bien une omelette.

un peu de soupe et au lit.

tous deux dans un même sac de couchage.

nos pieds chahutent.

je sens le vent qui vient.

il chatouille les oreilles.

c’est sympa une bataille.

je virevole.

je virevolte.

je virevoltige.

le pôle, on ira ensemble.

pas vrai.

une baleine me dit oui.

j’ai cueilli une fleur pour toi.

je l’ai posée sur mon cœur.

elle t’attend.

tu luges, toi.

on part. point d’interrogation.

tu viens.

ce soir, le pôle m’envahira.

j’aurais ses chaussettes.

hey. toi.

j’ai un mot dans ma poche.

avoir vingt secondes et faire.

changer le cours de sa vie en quelques mots de joie.

lui tendre le mot et partir.

avoir cet élan-là.

c’est trop important.

je ne sais pas si vous cela vous arrive.

je vois des autres des fois que je voudrais pour amis au premier regard.

ils m’inspirent.

puis ils partent sans que je leur aie dit.

on ne se reverra pas sans doute.