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Un des premiers romans qui mêlent vampirisme et lesbianisme, bien avant le "Dracula carpathe".
À PROPOS DE L'AUTEUR
De souche normande, le dublinois
Joseph Sheridan Le Fanu naît en 1814 et meurt en 1873. Il est un des maîtres de la littérature fantastique anglo-saxonne. Un de ses meilleurs amis est le père d'Oscar Wilde. Son oeuvre annonce le Henry James du Tour d'écrou et de L'image dans le tapis.
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CARMILLA
Joseph Sheridan Le Fanu
Sur un feuillet joint au récit que l’on va lire, le docteur Hesselius a rédigé une note assez détaillée, accompagnée d’une référence à son essai sur l’étrange sujet que le manuscrit éclaire d’une vive lumière. Ce mystérieux sujet, il le traite, dans cet essai, avec son érudition et sa finesse coutumières, une netteté et une condensation de pensée vraiment remarquables. Ledit essai ne formera qu’un seul tome des œuvres complètes de cet homme extraordinaire. Comme, dans le présent volume, je publie le compte rendu de l’affaire dans le seul but d’intéresser les profanes, je ne veux prévenir en rien l’intelligente femme qui la raconte. C’est pourquoi, après mûre réflexion, j’ai décidé de m’abstenir de présenter au lecteur un précis de l’argumentation du savant docteur, ou un extrait de son exposé sur un sujet dont il affirme qu’il « touche, très vraisemblablement, aux plus secrets arcanes de la dualité de notre existence et de ses intermédiaires ». Après avoir trouvé cette note, j’éprouvai le vif désir de renouer la correspondance entamée, il y a bien des années, par le docteur Hesselius avec la personne qui lui a fourni ses renseignements, et qui semble avoir possédé une intelligence et une circonspection peu communes. Mais, à mon grand regret, je découvris qu’elle était morte entre-temps. Selon toute probabilité, elle n’aurait pu ajouter grand-chose au récit qu’elle nous communique dans les pages suivantes, avec dans la mesure où je puis en juger, tant de consciencieuse minutie.
En Styrie, bien que nous ne comptions nullement parmi les grands de ce monde, nous habitons un château ou schloss. Dans cette contrée, un revenu modeste permet de vivre largement : huit ou neuf cents livres par an font merveille. Le nôtre eût été bien maigre si nous avions dû vivre au milieu des familles riches de notre patrie (mon père est anglais, et je porte un nom anglais bien que je n’aie jamais vu l’Angleterre). Mais ici, dans ce pays solitaire et primitif, où tout est si étonnamment bon marché, je ne vois pas comment un revenu beaucoup plus important ajouterait quoi que ce soit à notre bien-être matériel, voire même à notre luxe. Mon père, officier dans l’armée autrichienne, prit sa retraite pour vivre d’une pension d’État et de son patrimoine. Il acheta alors, pour une bouchée de pain, cette demeure féodale ainsi que le petit domaine où elle est bâtie. Rien ne saurait être plus pittoresque et plus solitaire. Elle se trouve sur une légère éminence, au cœur d’une forêt. La route, très vieille et très étroite, passe devant son pont-levis (que j’ai toujours vu baissé) et ses douves abondamment pourvues de perches, où voguent de nombreux cygnes parmi de blanches flottilles de nénuphars. Au-dessus de tout ceci, le schloss dresse sa façade aux multiples fenêtres, ses tours, sa chapelle gothique. Devant l’entrée, la forêt s’ouvre pour former une clairière pittoresque, de forme irrégulière ; à droite, un pont gothique en pente raide permet à la route de franchir un cours d’eau dont les méandres s’enfoncent dans l’ombre dense des arbres. J’ai dit que ce lieu était très solitaire. Jugez un peu combien cela est vrai. Lorsqu’on regarde depuis la porte de la grand-salle en direction de la route, la forêt s’étend sur quinze milles à droite et sur douze milles à gauche. Le plus proche village habité se trouve à environ sept milles anglais vers la gauche. Le plus proche schloss habité auquel se rattachent des souvenirs historiques est celui du général Spielsdorf, à quelque vingt milles vers la droite. J’ai dit : « le plus proche village habité ». En effet, à moins de trois milles vers l’ouest, dans la direction du schloss du général Spieisdort, il y a un village abandonné. Sa charmante petite église, aujourd’hui à ciel ouvert, renferme dans ses bas-côtés les tombeaux croulants de l’altière famille des Karnstein, aujourd’hui éteinte, jadis propriétaire du château, désert lui aussi, qui, au cœur de l’épaisse forêt, domine les ruines silencieuses de l’agglomération. Sur la cause de l’abandon de ce lieu impressionnant et mélancolique, une légende court que je vous narrerai une autre fois. Pour l’instant, je dois vous dire combien les habitants de notre logis sont peu nombreux, (Je passe sous silence les domestiques et les divers employés qui occupent des chambres dans les bâtiments rattachés au château). Écoutez bien, et émerveillez-vous ! Il y a d’abord mon père, le meilleur homme du monde, mais qui commence à se faire vieux, et moi-même qui n’ai que dix-neuf ans au moment de mon histoire (huit ans se sont écoulés depuis lors). Mon père et moi formions toute la famille. Ma mère, une Styrienne, était morte au cours de ma petite enfance ; mais j’avais une gouvernante au grand cœur, dont je peux dire qu’elle se trouvait auprès de moi depuis mon tout jeune âge. Je ne saurais évoquer une période de mon existence où son large visage bienveillant ne soit pas une image familière dans ma mémoire. C’était Mme Perrodon, originaire de Berne, dont les soins attentifs et l’infinie bonté réparèrent pour moi, dans une certaine mesure, la perte de ma mère que je ne me rappelle en aucune façon, tant j’étais jeune au moment de sa mort. Cette excellente femme était la troisième personne du petit groupe réuni autour de notre table à l’heure des repas. Il y en avait encore une quatrième : Mlle De Lafontaine, qui remplissait les fonctions de préceptrice. Elle parlait le français et l’allemand ; Mme Perrodon, le français et un mauvais anglais ; mon père et moi, l’anglais que nous employons tous les jours, en partie pour nous empêcher de l’oublier, en partie pour des motifs patriotiques. Il en résultait un langage digne de la tour de Babel, dont les personnes étrangères au château avaient coutume de rire et que je ne perdrai pas mon temps à essayer de reproduire dans ce récit. Enfin, deux ou trois jeunes filles de mes amies, à peu près de mon âge, venaient faire parfois des séjours plus ou moins longs chez nous, et je leur rendais leurs visites. Telles étaient nos ressources sociales habituelles ; mais, naturellement, il nous arrivait de recevoir la visite inopinée de quelque « voisin », résidant à cinq ou six lieues de distance seulement. Malgré tout, je puis vous l’affirmer, je menais une existence assez solitaire. Mes deux gouvernantes avaient sur moi la seule autorité dont pouvaient user deux personnes aussi sages à l’égard d’une enfant plutôt gâtée, orpheline de sa mère, et dont le père lui laissait faire à peu près tout ce qu’elle voulait en toute chose. Le premier incident de mon existence, qui produisit une terrible impression sur mon esprit et qui, en fait, ne s’est jamais effacé de ma mémoire, compte au nombre de mes souvenirs les plus lointains. (D’aucuns le jugeront trop insignifiant pour mériter de figurer dans ce récit ; mais vous verrez par la suite pourquoi j’en fais mention.) La chambre des enfants (comme on l’appelait, bien que j’en fusse la seule occupante) était une grande pièce au plafond de chêne en pente raide, située au dernier étage du château. Une nuit, alors que j’avais à peine six ans, je m’éveillai soudain, et, après avoir regardé autour de moi, je ne vis pas ma bonne dans la chambre. Comme ma nourrice ne s’y trouvait pas non plus, je me crus seule. Je n’eus pas peur le moins du monde, car j’étais un de ces enfants heureux que l’on s’applique à garder dans l’ignorance des histoires de fantômes, des contes de fées, et de toutes ces légendes traditionnelles qui nous font cacher notre tête sous les couvertures quand la porte craque brusquement ou quand la dernière clarté d’une chandelle expirante fait danser plus près de notre visage l’ombre d’une colonne de lit sur le mur. Contrariée et offensée de me retrouver négligée de la sorte (car tel était mon sentiment), je commençai à geindre, en attendant de me mettre à hurler de bon cœur ; mais, à ce moment précis, je fus tout étonnée de voir un très beau visage à l’expression solennelle en train de me regarder d’un côté du lit. C’était celui d’une jeune fille agenouillée, les mains sous mon couvre-pied. Je la contemplai avec un émerveillement ravi, et cessai de pleurnicher. Elle me caressa de ses mains, puis s’étendit à côté de moi et m’attira contre elle en souriant. Aussitôt, j’éprouvai un calme délicieux et je me rendormis. Je fus réveillée par la sensation de deux aiguilles qui s’enfonçaient profondément dans ma gorge, et je poussai un cri perçant. La jeune fille s’écarta d’un mouvement brusque, les yeux fixés sur moi, puis se laissa glisser sur le parquet, et, à ce qu’il me sembla, se cacha sous le lit. Alors, ayant vraiment peur pour la première fois, je me mis à hurler de toutes mes forces. Nourrice, bonne et femme de charge entrèrent en courant. Après avoir entendu mon histoire, elle feignirent d’en faire peu de cas, tout en s’efforçant de me calmer par tous les moyens. Mais, malgré mon jeune âge, je discernai une expression d’anxiété inhabituelle sur leur visage blême, et je les vis regarder sous le lit, inspecter la chambre, jeter des coups d’œil sous les tables et ouvrir les armoires. Après quoi, la femme de charge murmura à l’oreille de la bonne : « Passez votre main dans ce creux sur le lit ; quelqu’un s’est bel et bien couché là, aussi vrai que vous avez omis de le faire : l’endroit est encore tiède. » Je me rappelle que la bonne me cajola tendrement ; après quoi, les trois femmes examinèrent ma gorge à l’endroit où j’affirmais avoir senti les piqûres ; et elles déclarèrent qu’il n’y avait pas le moindre signe visible que pareille chose me fût arrivée. Elles restèrent auprès de moi pendant toute la nuit ; et désormais, une servante me veilla dans la chambre jusqu’à ce que j’eusse atteint mes quatorze ans. À la suite de cet incident, je restai pendant longtemps très nerveuse. On fit venir un médecin, qui était un homme d’âge mûr. Avec quelle netteté je me rappelle son visage long et blême, à l’air sombre, légèrement marqué par la petite vérole, et sa perruque brune ! Pendant plusieurs semaines, il vint au château un jour sur deux et me fit prendre des remèdes, ce qui, naturellement, me parut détestable. Le matin qui suivit la nuit où je vis cette apparition, je fus en proie à une telle terreur que, bien qu’il fît grand jour, je ne pus supporter de rester seule un instant. Je me rappelle que mon père monta dans ma chambre, se posta à mon chevet et se mit à bavarder gaiement. Il posa plusieurs questions à la nourrice dont une des réponses le fit rire de bon cœur. Enfin, il me tapota l’épaule, m’embrassa, et me dit de ne plus avoir peur : tout cela n’était qu’un rêve dont il ne pouvait résulter aucun mal pour moi. Néanmoins, ses paroles ne m’apportèrent aucun réconfort, car je savais bien que la visite de cette femme inconnue n’était pas un rêve ; et j’avais terriblement peur. La bonne me consola un peu en m’assurant que c’était elle qui était venue me voir et s’était couchée dans le lit à côté de moi : j’avais dû rêver à moitié, puisque je n’avais pas reconnu son visage. Mais cette déclaration, pourtant confirmée par la nourrice, ne me satisfit pas entièrement. Je me rappelle encore, au cours de cette journée, qu’un vénérable vieillard en soutane noire entra dans ma chambre avec la bonne, la nourrice et la femme de charge. Il leur adressa quelques mots, puis me parla d’un ton bienveillant. Il avait un visage très bon, très doux, et il me dit qu’ils allaient prier tous les quatre. Ensuite, m’ayant fait joindre les mains, il me demanda de prononcer doucement, pendant leur oraison, la phrase suivante : « Seigneur, entends toutes les prières en notre faveur, pour l’amour de Jésus. » Je crois que ce sont bien les mots exacts, car je me les suis répétés souvent, et, pendant des années, ma nourrice me les a fait dire au cours de mes prières. Je garde un souvenir très net du doux visage pensif de ce vieillard aux cheveux blancs, en soutane noire, debout dans cette chambre spacieuse, de couleur marron, garnie de meubles grossiers datant de trois siècles, dont la sombre atmosphère était à peine éclairée par la faible lumière que laissait pénétrer la fenêtre treillissée. Il se mit à genoux, les trois femmes l’imitèrent ; puis il pria tout haut, d’une voix tremblante et pleine d’ardeur, pendant fort longtemps, à ce qu’il me sembla. J’ai oublié toute la partie de mon existence antérieure à cet événement, et la période qui le suivit immédiatement n’est pas moins obscure ; mais les scènes que je viens de décrire sont aussi nettes dans ma mémoire que les images isolées d’une fantasmagorie entourée de ténèbres.
Je vais maintenant vous narrer une chose si étrange qu’il vous faudra faire appel à toute votre confiance en ma véracité pour ajouter foi à mon histoire. Cependant, non seulement elle est vraie, mais encore elle relate des faits dont je fus le témoin oculaire. Par une douce soirée d’été, mon père m’invita, comme il le faisait parfois, à me promener avec lui dans cette superbe clairière qui, je l’ai déjà dit, s’étendait devant le château. – Le général Spielsdorf ne peut pas venir aussi tôt qu’il l’avait espéré, me déclara-t-il pendant que nous poursuivions notre marche. Le général s’était proposé de passer quelques semaines chez nous, et nous avions attendu son arrivée pour le lendemain. Il devait emmener avec lui une jeune fille, sa pupille et nièce, Mlle Rheinfeldt. Je n’avais jamais vu cette dernière, mais j’avais souvent entendu dire qu’elle était absolument charmante, et je m’étais promis de passer en sa compagnie bien des jours heureux. Par suite, je fus beaucoup plus déçue que ne saurait l’imaginer une jeune fille résidant à la ville ou dans un lieu très animé. Cette visite et la nouvelle relation qu’elle devait me procurer avaient nourri mes rêveries pendant plusieurs semaines. – Quand donc viendra-t-il ? demandai-je. – Pas avant l’automne. Sûrement pas avant deux mois. Et je suis maintenant très heureux, ma chérie, que tu n’aies jamais connu Mlle Rheinfeldt. – Pourquoi cela ? dis-je, à la fois curieuse et mortifiée. – Parce que la pauvre enfant est morte. J’avais complètement oublié que je ne t’en avais pas informée ; mais tu n’étais pas dans la salle, ce soir, quand j’ai reçu la lettre du général. Cette nouvelle me bouleversa. Le général Spielsdorf avait mentionné dans sa première missive, six ou sept semaines auparavant, que sa nièce n’était pas en aussi bonne santé qu’il l’eût souhaité, mais rien ne suggérait le moindre soupçon de danger. – Voici la lettre du général, poursuivit mon père en me tendant un feuillet de papier. Je crains qu’il ne soit en proie à une profonde affliction. Il me semble qu’il a tracé ces lignes dans un accès de quasi-démence. Nous nous assîmes sur un banc grossier, sous un bouquet de tilleuls magnifiques. Le soleil, dans toute sa mélancolique splendeur, déclinait à l’horizon sylvestre ; la rivière qui coule à côté de notre château et passe sous le vieux pont dont j’ai parlé sinuait entre plusieurs groupes de nobles arbres, presque à nos pieds, reflétant sur ses eaux la pourpre évanescente du ciel. La lettre du général Spielsdorf était si extraordinaire, si véhémente, et, par endroits, si pleine de contradictions, que, l’ayant lue deux fois (et la deuxième à voix haute), je fus contrainte de supposer, pour en expliquer le contenu, que le désespoir avait troublé la raison de son auteur. En voici la teneur : « J’ai perdu ma fille chérie, car, en vérité, je l’aimais comme ma propre fille. Pendant les derniers jours de la maladie de Bertha, j’ai été incapable de vous écrire. Jusqu’alors je n’avais pas la moindre idée qu’elle fût en danger. Je l’ai perdue ; et voilà maintenant que j’apprends tout – trop tard. « Elle est morte dans la paix de l’innocence, dans l’éblouissant espoir d’une bienheureuse vie future. Sa mort est l’œuvre du démon qui a trahi notre folle hospitalité. Je croyais recevoir, dans ma maison, l’innocence et la gaieté en la personne d’une charmante compagne pour ma Bertha disparue. Ciel ! quel imbécile j’ai été ! « Je remercie Dieu que cette enfant soit morte sans soupçonner la cause de ses souffrances. Elle a passé sans même conjecturer la nature de son mal et la passion maudite de l’auteur de toute cette misère. Je consacrerai le reste de mes jours à retrouver puis à exterminer un monstre. On m’a dit que je pouvais espérer accomplir mon équitable et miséricordieux dessein. Pour l’instant, je n’ai qu’une très faible lueur pour me guider. Je maudis ma vaniteuse incrédulité, ma méprisable affectation de supériorité, mon aveuglement, mon obstination ; mais tout cela – trop tard. Je ne puis écrire ou parler de sang-froid à l’heure actuelle. Dès que j’aurai un peu retrouvé mes esprits, j’ai l’intention de me consacrer pendant un certain temps à une enquête qui me conduira peut-être jusqu’à Vienne. Au cours de l’automne, dans deux mois d’ici, ou même plus tôt, si Dieu me prête vie, j’irai vous voir – du moins si vous le voulez bien. À ce moment, je vous dirai tout ce que je n’ose guère coucher sur le papier aujourd’hui. Adieu. Priez pour moi, mon cher ami. » C’est ainsi que cette étrange missive prenait fin. Quoique je n’eusse jamais vu Bertha Rheinfeldt, mes yeux s’emplirent de larmes. J’étais tout effrayée, en même temps que profondément déçue. Le soleil venait de se coucher ; lorsque je rendis la lettre du général à mon père, le crépuscule envahissait déjà le ciel. La soirée était douce et claire. Nous continuâmes à flâner, en formant mainte hypothèse sur la signification possible des phrases violentes et incohérentes que je venais de lire. Nous avions presque un mille à parcourir avant d’atteindre la route qui passe devant le château : lorsque nous y arrivâmes, l’astre des nuits brillait dans tout son éclat. Au pont-levis, nous rencontrâmes Mme Perrodon et Mlle De Lafontaine, qui venaient de sortir, nu-tête, pour jouir du merveilleux clair de lune.