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Toussaint, dans sa vareuse, crache par-dessus bord Estampille son rêve de celui que tous font : Prendre le large, se tirer de ce monde caduc, Cette société des hommes qui matraque et qui vend tour à tour Les femmes et les enfants d’abord
À PROPOS DE L'AUTEUR
Après une enfance marquée par l’école – buissonnière – et les premiers émois amoureux,
Johan Géma atteint l’âge adulte, découvrant les vicissitudes de la vie, les surprises, les rencontres fortuites et celles qui perdurent. Ces dernières ainsi que son mariage ont ravivé sa confiance en lui, l’amenant à se consacrer à l’écriture, en vers et contre tout.
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Seitenzahl: 49
Johan Géma
Celui qui rêve
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Johan Géma
ISBN : 979-10-422-3444-7
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Illustrateur
James Moncur Forestier Bernard
Mais dans mes rêves de lune, personne, non, personne ne pourra plus m’ôter ce qu’est être un homme libre, conscient aussi de ma bêtise ; et ton sourire de reine, calanque aux eaux bleutées cachant mille souvenirs, que les vagues caressent sans cesser de t’aimer.
Ce matin j’ai appris que j’étais vivant.
Vivant dans le miroir que me tend l’enfant du bourg.
Vivant ne signifie peut-être rien pour vous mais pour moi qui n’ai connu ni la chair des femmes ni le miel des abeilles, je suis sourd-muet et puisque je naquis sans bouche ni oreilles pour entendre le doux chant des oiseaux, on me garde enfermé dans une grotte à Noiseau. Au bois de mon cœur, pas même juste un regard qui ne se pose, gentiment, rien que des quolibets et de méchantes sornettes que me raconte en gestes ce gamin du faubourg. C’est un enfant de roi celui-là, sans détours. Les gens de vos villages vaquent aux occupations, à traire le lait des vaches du fermier Hippolyte, couper le bois ici pour l’hiver arrivant, cuisiner la bouillie pour les chiards de la p’tite ou simplement bavarder pour y passer le temps ; tandis que vos vallons parsemés de vergers, de pommes et prunes bien mûres me sont tous interdits.
« Quel est donc ce monstre que la nature a fait ? »
Il faudra l’enfermer pour l’ignorer au monde, nous ne saurions montrer aux yeux de nos villages ce que Dieu put raté », disaient les médecins se penchant sur ma couche. Cela dit, ce blasphème heurte ma pauvre mère qui s’est donc suicidée le jour de ma naissance par une corde au cou qui craque comme un sarment.
Ce matin je me suis avoué que j’étais bien vivant.
Bien loin qui mal y pense on m’affuble d’un drap blanc, on me vêtit à la hâte et l’on me cache séant dans une grotte humide et sale. Je suis sous terre et, depuis vingt ans, me noie de vos démences moi qui n’ai rien demandé. Moi qui ne suis rien d’autre qu’un damné de la terre. Vos regards sur ma pauvreté sont secs comme du pain dur et vous ne m’avez rien caché de ma laideur et de mes vices de forme. Il me faudrait à présent expier pour toutes vos fautes et écrire du fond de mon tombeau ce petit mot sans prémices ?
Je vous hais, certes, mais je vous aime tout en même temps.
Je ronge mon envie sur la Bohême de vos destins fringants et frais. Je vaux bien vos parjures et je rêve à vos enfants châtiés. Vous, vous me haïssez déjà que si frais, je vous hais mes bons manants et mes dents en quinconces croquent un peu vos mouflets quand vous m’en donnez l’occasion.
Je suis l’ogre du bois, je suis l’endimanché, je suis celui qu’on cache même à l’évêché.
Vous cachez la laideur mais vous, êtes-vous beau ?
Avant que de jeter mon corps par-delà l’abîme afin de m’écraser au sol comme un vieux fût, je crie ce texte en prose pour vous dire que je fus. J’écris en l’équinoxe de ce vingtième printemps que vous ne serez jamais que des gens sans couleurs, fi d’intelligence, et de douce compassion. Vous ne m’aimiez point trop alors voilà la rime, je n’vous aime pas trop puisque je suis « centime ».
J’errais au sein de mes idées sur le monde carnivore,
De mes pas sur le sol de la portée des vies terrestres
Il y avait un ciel bleu pur comme les anges,
L’azur d’autres gens qui marchaient çà et là,
Il y avait les sons, les odeurs, d’anciennes civilisations
Mais rien qui ne puisse ôter ma douleur,
Tu avais tout perdu, moi aussi,
La vie, devenue ombre, n’avait plus ce goût de l’enquête,
De ce même jardin d’enfants, aujourd’hui désert
J’y fais mes premiers pas, pour rien, comme ça,
J’y attendrai que la mort rôde (rires)
Qu’elle supprime ces maux,
Jusqu’à ce qu’un autre pousse le portillon
Et entre dans le parc,
Une pensée… je lui souris,
Elle s’assied près de moi, laconique,
Se produit alors un phénomène étrange
Elle me parle de toi en catimini,
Me prenant par l’épaule ;
Se lève ici une brise qui exhale une odeur,
Je la reconnais sans peine :
C’est celle de la ganja, l’herbe de mes souvenirs,
Quelle heure est-il à ton paradis, Alexandre ?
Au parapet de cette ville lumière qu’est Paris,
De celui qui surplombe le parapet des « toi »
Il y a ton sourire rempli de peine et d’eau
Il y a la tension de tes muscles tendus,
Tu avais, sous tes lunettes rondes,