Ex imo corde - Florence Burel - E-Book

Ex imo corde E-Book

Florence Burel

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Beschreibung

Ex imo corde est un recueil de poèmes intimistes qui s’apparente à un itinéraire spirituel. Si Florence Burel en a dédié la première partie à sa parentèle, la deuxième rend hommage à un ami, le Père Didier, qui l’a gardée en vie et en espérance en l’ancrant dans la foi. Quant à la troisième, elle exprime les émotions qu’elle a ressenties à l’occasion d’un pèlerinage sur la partie française du chemin de Saint-Jacques, en quête de transcendance.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Finistérienne, Florence Burel a toujours été fascinée par les mots, leur pertinence et leur musicalité dans l’écriture d’une belle histoire ou la composition d’un poème vibrant. C’est donc tout naturellement qu’elle s’oriente vers des études littéraires afin de devenir professeur de lettres classiques et de tenter de transmettre à son tour la passion que lui ont prodiguée ses anciens maîtres.

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Florence Burel

Ex imo corde

Recueil

© Lys Bleu Éditions – Florence Burel

ISBN : 979-10-377-6891-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mes parents, Denise et René ;

à nos enfants, Florian, Anaëlle, Guillaume ; à Yann ;

à tous ceux des miens par le sang ou le cœur ;

au Père Didier qui me maintient en amitié, en espérance,

aux proches d’hier et à ceux d’aujourd’hui,

je dédie ce livre.

I

Meis propinquisque

Absence

Comme la lumière aux épis

Le chant aux oiseaux qui pépient

Tu me manques

Comme l’aurore aux nuits profondes

L’enfance où commence le monde

Tu me manques

Comme le vent aux voiles vides

La peur au cœur trop impavide

Tu me manques

Comme la pluie aux fleurs offertes

Le sel où la terre est trop verte

Tu me manques

Et là où tant de vies se brisent

Ne demeurent que des ruines grises

Et l’absence

Au clair de vos sourires

Les souvenirs sont des rubans

Qui virevoltent dans le vent

Ils flottent et claquent en captivant

La lumière des soirs tombant

Les souvenirs sont des étoiles

Qui battent au creux de chaque nuit

Comme chantent les pierres au puits

Quand l’eau luisante les dévoile

Que je me retourne ou avance

Qu’importe puisqu’à l’horizon

Se projette en leurs frondaisons

La hampe de leur survivance

Et puisqu’au clair de vos sourires

Enfants de mes rêves et mon sang

Ce qu’ils furent s’en va renaissant

Rien ne pourra jamais mourir

Les souvenirs sont des flambeaux

Qui tracent leur propre sillage

Lumineux témoins d’un voyage

Ils brûlent à l’ombre des tombeaux

Chant des hommes

Le chant des hommes emplit les voûtes

Comme le vent gonfle les voiles

Au plafond d’azur des étoiles

Ses accents émeuvent et envoûtent

On y entend la vague ourlée

D’écume blanche qui festonne

Les galets ruisselant résonnent

Roulés par les flots déferlés

Gerbe d’embruns dans nos mémoires

L’écho venu du fond des âges

Ramène au jour des paysages

Enfouis sous des rubans de moire

Coure leur vieil or le long des blés

Sur la mer vive des épis

Les oiseaux s’accordent et pépient

Le temps d’un air désensablé

Le chant des hommes ouvre le ciel

Comme Jéricho la pensée

Et sous ce souffle cadencé

Sentons frémir toutes les vielles

Alors si leur roue nous entraîne

Chantons aussi pour que demain

Sans un caillou sur le chemin

L’aurore enfin nous rassérène

Chant d’espérance

Au fil des travaux et des jours

Le chant des hommes polit toujours

Comme autant de pierres qu’il arase

Les mots vibrants qui nous embrasent

Il s’éveille au doigt de l’aurore

Qui frappe le premier accord

Sur le clapotis de l’eau vive

Et les couleurs qu’elle ravive

Quelles que soient l’heure ou la saison

Il imprime sur l’horizon

L’harmonie des cuivres et des voix

Qu’il hisse sur le grand pavois

Hâtons-nous de prendre le vent

Qui nous rende un peu plus fervents

Et que cet élan nous emporte

Où l’espérance n’est pas morte

Chant du pays

Dans mon pays de sel, de lumière et de vent,

Quand le sable des dunes ondule sous l’écume,

Et fait frémir au ciel l’aurore qui s’allume,

C’est que le chant des hommes monte dans le levant.

C’est le chant de la vie qui exulte et célèbre,

Le chant pieux des enfants, dans la splendeur des lys,

Le parfum frais des roses et des amaryllis,

Le chant de chaque jour qui renaît des ténèbres.

C’est le chant de la pierre qui conjure et protège,

Le chant de nos défunts au secret des feuillets,

Les fragrances en bouquets de violettes et d’œillets,

Et le chant que l’amour éternise comme neige.

Puis, quand descend le soir étrange et pénétrant,

Voici le chant de grâce dont se grisent les lampes,

Chant d’espoir du roseau au plus fier de sa hampe,

Chant des nuits dans l’écho des astres fulgurants.

Chant d’été

Je te dédie l’été

Qui flambe sur nos rives

Et les eaux du Léthé

Pour pallier tes dérives

Je te dédie la flamme

Qui égaie tant nos veilles

Et les bleus de mon âme

Pour fleurir tes corbeilles

Je te dédie l’écume

Dont les ourlets festonnent

Et le fil de ma plume

Pour tisser tes couronnes

Je te dédie les dunes

Où bruissent les galets

Et les pierres de lune

Pour bâtir tes palais

Je te dédie la plage

Que caresse la brise

Et les fleurs des villages

Pour que tes yeux s’irisent

Je te dédie les îles

Qui scintillent au levant

Et la paix d’un asile

Pour tes rêves de vent

Je te dédie l’espoir

Dont rayonnait la vie

Et l’or blond de ses moires

Pour tout l’inassouvi

Chant du souvenir

Elle eût aimé l’éclat de ces rires d’enfants

Qui frémissent et crépitent comme l’eau des cascades

Et qui fusent en semant du soleil par saccades

Pour que germe le grain des matins triomphants

Elle eût aimé l’accent de ces heures estivales

Qui rehaussent et colorent les îlots de nos vies

Afin que nos regrets s’en repaissent à l’envi

Dans la nuit d’un exil aux errances navales

Elle eût aimé la joie prévue des retrouvailles

Au jardin des corymbes aux teintes roses et bleues

Et la mémoire heureuse d’un passé fabuleux

Grâce auquel l’avenir en dit encore qui vaille

Alors pour qu’elle sache que les siens la prolongent

Que ces mots soient pour elle tout autant d’immortelles

De violettes et de roses sur la terre qu’elles constellent

Que bruissent les lucioles dans le soir qui s’allonge

Chants des miens

Du Cap au Pays bigouden

Résonnent les échos des miens

Tandis que la chanson revient

Qui berçait l’enfance au jardin

Mamm-gozh fredonnait des refrains

Qui fleuraient l’oseille et le thym

Tad-kozh humait dans le matin

Les parfums frais des airs marins

Bientôt Marie notre voisine

M’enseignerait le catéchisme

La foi que révèle un charisme

Demeure un don qui me fascine

À l’école je lisais l’histoire

De Charlemagne et de Roland

Je m’étonnais que des victoires

Revinssent à des traîtres insolents

Si nos draps qui claquaient au vent

Gonflaient un monde sans fausse note

Les fileuses aux doigts qui clignotent

Les avaient ravaudés souvent

Mon père sifflait l’hymne à sa terre

À la droiture et à l’honneur

Tout en veillant sur son bonheur

En gardien qui aime à se taire

Alors les lèvres de ma mère

Murmuraient la chanson d’amour

Qui de l’aube à la fin du jour

Guidait nos cœurs comme un amer

Chants du Finistère

Le jour se lève et je ressens

L’appel de la terre et du sang

Qui m’entraîne où finit le monde

Où toute pensée vagabonde

Le jour se lève et je m’en vais

Sur les chemins dont je rêvais

Le sel qui manquait à la vie

Blanchit l’horizon à l’envi

Déjà ne restent de la nuit

Que les haillons d’or de l’ennui

Déjà dans l’aube solitaire

Bruissent les chants du Finistère

Et face aux vents de l’Océan

Où se perdent les maux béants

Voilà que renaît à la grâce

L’être neuf que le ciel embrasse

De l’aube au crépuscule

La nuit quand tous les vents ébranlent ma demeure

Quand la grêle et la pluie crépitent sur son toit

J’entends au loin les flots dont s’enfle la clameur

Et qui jettent aux brisants l’écume qui chatoie

Le dévidoir des ans débrouille un écheveau

Où se tendent les fils qui faisaient les colliers

Leurs perles éclatées brillent-elles à nouveau

Sous les yeux dégrisés et las du gondolier

De l’aube au crépuscule les souvenirs s’emmêlent

Et la poupe et la proue de la barque immortelle

Indécises et perplexes hésitent comme jumelles

Le temps d’un battement aux teintes de pastel

Alors c’est mon enfance qui redéploie ses ailes

Sous les ardoises bleues des maisons de la grève

Le vent les fait voler jusqu’au ciel qu’il cisèle

Au gré de ses nuages dans le jour qui se lève

Et sur le clair rivage d’un Éden regagné

La blanche mousseline susurre des chansons

Qui claquent dans les airs salubres et printaniers

Comme autant de grands-voiles au mât de l’unisson

Derniers regards

Tu nous as quittés un dimanche

Sous les galons blancs de tes manches

Tes yeux clairs ont fui ma tendresse

Les miens n’ont pas vu ta détresse

Tu n’as pas embrassé ton père

Le quai eût dû être désert

Le train à ses bras t’a ravi

Tu n’es pas revenu en vie