1,49 €
Un autre Maupassant que celui des contes normands et de La Maison Tellier. Un Maupassant qui, à travers l'histoire du peintre Olivier Bertin, projette son obsession du déclin, tente de se libérer de l'angoisse qui saisit tout créateur lorsque s'approche l'heure du bilan. Histoire d'un homme qui cherche à retrouver dans la fille de sa maîtresse sa jeunesse perdue, Fort comme la mort est aussi un grand roman social qui analyse les mécanismes et les rites de ce monde du faux-semblant, de l'ennui, de la stérilité du cœur que l'on appelle le grand monde. On a dit : Paul Bourget, mais la lucidité, déjà, est celle de Proust. "Bertin, de Fort comme la mort, c'est un moulage d'âme de Maupassant, tel qu'aucune des œuvres courtes ne nous le livre" Paul Morand
Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:
Veröffentlichungsjahr: 2018
Henri René Albert Guy de Maupassant (5 August 1850 – 6 July 1893) was a popular 19th-century French writer. He is one of the fathers of the modern short story. A protege of Flaubert, Maupassant's short stories are characterized by their economy of style and their efficient effortless dénouement. He also wrote six short novels. A number of his stories often denote the futility of war and the innocent civilians who get crushed in it - many are set during the Franco-Prussian War of the 1870s.
Le jour tombait dans le vaste atelier par la baie ouverte du plafond. C’était un grand carré de lumière éclatante et bleue, un trou clair sur un infini lointain d’azur, où passaient, rapides, des vols d’oiseaux.
Mais à peine entrée dans la haute pièce sévère et drapée, la clarté joyeuse du ciel s’atténuait, devenait douce, s’endormait sur les étoffes, allait mourir dans les portières, éclairait à peine les coins sombres où, seuls, les cadres d’or s’allumaient comme des feux. La paix et le sommeil semblaient emprisonnés là-dedans, la paix des maisons d’artistes où l’âme humaine a travaillé. En ces murs que la pensée habite, où la pensée s’agite, s’épuise en des efforts violents, il semble que tout soit las, accablé, dès qu’elle s’apaise. Tout semble mort après ces crises de vie ; et tout repose, les meubles, les étoffes, les grands personnages inachevés sur les toiles, comme si le logis entier avait souffert de la fatigue du maître, avait peiné avec lui, prenant part, tous les jours, à sa lutte recommencée. Une vague odeur engourdissante de peinture, de térébenthine et de tabac flottait, captée par les tapis et les sièges ; et aucun autre bruit ne troublait le lourd silence que les cris vifs et courts des hirondelles qui passaient sur le châssis ouvert, et la longue rumeur confuse de Paris à peine entendue pardessus les toits. Rien ne remuait que la montée intermittente d’un petit nuage de fumée bleue s’élevant vers le plafond à chaque bouffée de cigarette qu’Olivier Bertin, allongé sur son divan, soufflait lentement entre ses lèvres.
Le regard perdu dans le ciel lointain, il cherchait le sujet d’un nouveau tableau. Qu’allait-il faire ? Il n’en savait rien encore. Ce n’était point d’ailleurs un artiste résolu et sûr de lui, mais un inquiet dont l’inspiration indécise hésitait sans cesse entre toutes les manifestations de l’art. Riche, illustre, ayant conquis tous les honneurs, il demeurait, vers la fin de sa vie, l’homme qui ne sait pas encore au juste vers quel idéal il a marché. Il avait été prix de Rome, défenseur des traditions, évocateur, après tant d’autres, des grandes scènes de l’histoire ; puis, modernisant ses tendances, il avait peint des hommes vivants avec des souvenirs classiques. Intelligent, enthousiaste, travailleur tenace au rêve changeant, épris de son art qu’il connaissait à merveille, il avait acquis, grâce à la finesse de son esprit, des qualités d’exécution remarquables et une grande souplesse de talent née en partie de ses hésitations et de ses tentatives dans tous les genres. Peut-être aussi l’engouement brusque du monde pour ses œuvres élégantes, distinguées et correctes, avait-il influencé sa nature en l’empêchant d’être ce qu’il serait normalement devenu. Depuis le triomphe du début, le désir de plaire toujours le troublait sans qu’il s’en rendît compte, modifiait secrètement sa voie, atténuait ses convictions. Ce désir de plaire, d’ailleurs, apparaissait chez lui sous toutes les formes et avait contribué beaucoup à sa gloire.
L’aménité de ses manières, toutes les habitudes de sa vie, le soin qu’il prenait de sa personne, son ancienne réputation de force et d’adresse, d’homme d’épée et de cheval, avaient fait un cortège de petites notoriétés à sa célébrité croissante. Après Cléopâtre, la première toile qui l’illustra jadis, Paris brusquement s’était épris de lui, l’avait adopté, fêté, et il était devenu soudain un de ces brillants artistes mondains qu’on rencontre au bois, que les salons se disputent, que l’Institut accueille dès leur jeunesse. Il y était entré en conquérant avec l’approbation de la ville entière.
Lesen Sie weiter in der vollst?ndigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollst?ndigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollst?ndigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollst?ndigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollst?ndigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollst?ndigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollst?ndigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollst?ndigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollst?ndigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollst?ndigen Ausgabe!