La lettre à Elise - Valérie Michel - E-Book

La lettre à Elise E-Book

Valérie Michel

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Beschreibung

Marie, jeune institutrice de l’école des filles, se retrouve enceinte, hors mariage. Son père, soucieux de préserver sa réputation, l’exile chez sa tante, Jeanne, qui s’occupe d’elle et de la naissance de sa petite Elise avec une immense bienveillance. Jeanne va tout organiser pour que sa protégée puisse voir grandir sa fille. Les poèmes que Marie écrira et partagera avec Elise, alors dans sa classe, lui permettront, à l’âge adulte, de la mettre en garde contre un terrible danger.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Ex-professeure des écoles et titulaire d’une maîtrise en Sciences de l’éducation, Valérie Michel a également enseigné l’anglais. Après s’être consacrée à l’épanouissement et à la réussite de sa famille nombreuse, l’écriture s’est imposée à elle comme un exutoire à sa peine face au décès brutal de sa mère. Dès lors, elle écrit des poèmes et leur donne un rôle clé dans la trame de son premier roman, Comme une évidence, une histoire pleine d’émotion dans laquelle les sentiments, l’amour en particulier, jouent un rôle majeur.
Romantique et sensible, l’auteure aime la poésie sous toutes ses formes, celle de la beauté des mots mais aussi celle des cœurs et des paysages.

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Valérie Michel

La lettre à Élise

Roman

© Lys Bleu Éditions – Valérie Michel

ISBN : 979-10-377-0392-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Dédicace

À mon père,

qui m’a souvent parlé de l’école d’autrefois…

À tous les enseignants,

d’hier, d’aujourd’hui et de demain,

qui ont un métier passionnant mais complexe…

Première partie

Chapitre 1

Marie a trouvé Pierre un peu grognon ce matin lorsqu’il est arrivé à l’école. Il semblait ronchonner seul dans la cour des garçons où il attendait ses élèves. Les pauvres, ils allaient sûrement passer une journée difficile : l’humeur de Pierre annonçait un mauvais présage. Il avait certainement peu dormi après avoir préparé ses leçons du jour trop tardivement. Il avait ses airs des mauvais jours, ceux où il passe son temps à punir pour un rien. Ses élèves, tous des garçons, le savaient fort bien. Aucun ne s’en réjouissait évidemment. Ils se mirent donc en rang, ce matin-là, tous dans leur blouse grise, dans un silence un peu glaçant, évitant d’attirer d’une quelconque façon l’attention de leur maître. Ils venaient pour la plupart de parcourir une longue distance à pied en traversant la campagne pour rejoindre l’école du village. Certains partaient chaque matin aux aurores afin d’être à l’heure car les fermes isolées et dispersées dans la plaine se trouvaient parfois loin. Ils tenaient chacun sur leur épaule une sorte de besace contenant le repas frugal du midi qu’ils partageaient ensemble et une gourde d’eau. Le peu de fournitures scolaires qu’ils avaient, cahier, porte-plume, encrier, règle, ardoise, chiffon et craie, restait dans les cases des pupitres doubles en bois. Chacun emportait ses affaires scolaires avec lui lors des changements de place. Pierre n’imposait des changements de place que rarement, uniquement dans les cas de force majeure, comme une persistante indiscipline ou une réelle incompatibilité de caractères. Il cherchait surtout à éviter les querelles et à éloigner les potentiels rebelles car s’il régnait avec une respectable autorité sur sa classe, il refusait d’en venir à des sévices corporels comme l’imposaient monstrueusement certains de ses confrères. Il stoppait les interventions ou actions néfastes au bon déroulement des leçons en recherchant la vexation par l’humiliation : exclusion du groupe, maintien au fond de la classe debout face au mur, mise à la porte. Il optait sinon pour les réprimandes qu’il jugeait utiles : copies de lignes pour les plus jeunes afin de les faire écrire, écritures des tables de multiplication pour les moyens, enfin écriture de conjugaisons de verbes à tous les temps pour les plus grands ou écriture de tous les départements de France en lettres et en nombres. Les devoirs supplémentaires représentaient une façon d’ancrer plus sûrement les connaissances en cours d’acquisition et une réprimande rébarbative suffisante pour éviter les débordements : une punition rédhibitoire qui maintenait en classe un ordre et un respect quasi parfait, laissant régner Pierre en maître souverain. Pierre, enfant, avait très mal vécu les punitions corporelles qu’il s’était vu infliger, injustement de surcroît, par un méchant maître qu’il avait subi plusieurs années : cet homme vicieux prenait un vil plaisir à donner des coups de règle sur le bout des doigts, à tirer les cheveux au-dessus des oreilles, là où la sentence était la plus douloureuse, à imposer le maintien à genoux sur une règle étroite pendant longtemps. Il eût été inconcevable, pour lui, d’utiliser de tels supplices qui l’avaient marqué et qui n’incitaient qu’à la haine et à la vengeance. Il préférait de loyaux châtiments édifiants, lesquels lui offraient la réputation d’un maître juste et bienveillant.

Chapitre 2

Marie, un peu plus jeune que Pierre, veillait, pour sa part, dans la même école, sur la classe des filles. La mixité n’étant alors pas envisageable, la classe des filles et celle des garçons se trouvaient dans deux bâtiments différents, chacun d’eux possédant sa propre cour de récréation. Les interactions filles garçons s’en trouvaient, de fait, impossibles. Il n’était de toute évidence pas convenable que les uns et les autres échangent, communiquent ou se rencontrent. On ne mélange pas les torchons et les serviettes, disait-on. La bienséance ne le tolérait pas. Ah, les convenances…

Marie était une institutrice aimée de toutes ses élèves. Gentille et douce, elle faisait en sorte de faire progresser de son mieux les trois groupes qu’elle devait gérer au quotidien : les petites, les moyennes et les grandes. Sa pédagogie, basée sur une grande autonomie de chacun, permettait aux plus grandes d’apporter, fièrement et utilement, une aide considérable aux plus petites. Celles-ci semblaient profiter des leçons dispensées aux plus âgées car leur progression s’avérait remarquable et rapide. La contribution et le soutien des grandes portaient des fruits inespérés. En un mot, Marie gérait admirablement sa classe unique multi-âges. Les filles faisaient preuve de plus de sagesse et de patience que les garçons de la classe de Pierre, assez remuants et moins attentifs. Elles semblaient, à tout âge, plus mûres aussi. Tous deux très rigoureux, Marie et Pierre aimaient leur métier, ravis de pouvoir mener leurs élèves au certificat d’études, certains s’engageant vers le primaire supérieur, d’autres vers les cours complémentaires, lorsqu’ils n’abandonnaient pas pour aider leurs parents aux durs travaux des champs. Tous, cependant, quittaient l’école en sachant lire, écrire et compter, avec des repères historiques, une connaissance certaine de la géographie et de bonnes notions de sciences. Marie, qui aimait la nature, se plaisait à enseigner les sciences naturelles, dispensant conjointement des leçons de biologie et de botanique, menant même parfois ses élèves hors de l’école pour des observations et des travaux pratiques. Sa classe lui semblait studieuse, ses élèves plutôt tranquilles, dociles et consciencieuses. En un mot, elle était heureuse d’enseigner.

Ce matin-là, après avoir croisé Pierre qui affichait un visage tendu et un air renfrogné, Marie fit entrer ses élèves en classe :

— Veuillez vous asseoir, je vous prie.

Anna et Viviane, pouvez-vous distribuer, s’il vous plaît, les cahiers avec les modèles d’écriture que j’ai préparés pour le groupe des plus jeunes ? Utilisez bien le buvard que je vous ai remis hier pour ne pas tacher d’encre le bas de votre page. Appliquez-vous bien pour les pleins et les déliés avec votre plume. Lorsque vous aurez terminé toutes vos lignes, vous verrez le modèle de trois nouvelles majuscules dont je vais tout de suite vous montrer le sens d’écriture. Suivez toutes avec votre doigt le mouvement du sens d’écriture de la lettre que je vous montre au tableau. Sur votre cahier, vous partirez du point rouge indiqué. Cécilia, Louise, Adèle, Clémence et Augustine, vous le leur montrerez à nouveau, individuellement, lorsque vous aurez terminé votre rédaction dont le sujet est : « Mon animal préféré, racontez ». Faites au moins deux pages s’il vous plaît et vérifiez votre orthographe. N’oubliez pas de faire une introduction, des paragraphes et une conclusion.

Quant aux autres, nous allons faire un peu de calcul pour comprendre l’intérêt, le fonctionnement et les propriétés de la multiplication, après manipulation de bûchettes en bois que nous allons additionner. Faites plusieurs petits tas de 3 bûchettes avec vos 24 bûchettes. Combien de tas trouvez-vous ?

Marquez le résultat sur votre ardoise avec votre craie. Je passe vérifier.

Parfait, Élodie. Très bien, Amandine. Attention Céline, recompte tes tas…

Marie vérifia ainsi chacune des ardoises, puis remonta sur l’estrade pour écrire au tableau :

3 +3 +3 +3 +3 +3 +3 +3=24

Soit 8X3=24.

— Faites maintenant avec vos 24 bûchettes des tas de 8 bûchettes. Combien trouvez-vous de tas ? Marquez le résultat sur votre ardoise.

Marie vérifie à nouveau que chacune a trouvé le bon résultat et écrit au tableau :

8 +8 +8=24

Soit 3X8=24.

Elle expliqua ensuite que l’on pouvait en déduire l’égalité : 8X3=3X8=24.

— Prenez maintenant 21 bûchettes, faites des tas de 3 bûchettes, combien trouvez-vous de tas ? Que pouvez-vous écrire ensuite comme égalités, en additionnant ou en multipliant vos tas comme dans l’exemple précédent ?

Après vérification des résultats, Marie demanda à ses élèves de faire des tas de 7 bûchettes avec leurs 21 bûchettes et écrivit les formules mathématiques au tableau.

Marie poursuivit ainsi les exemples jusqu’à la récréation, ce moment tant attendu pour pouvoir jouer et cesser de se concentrer. Les filles, comme toujours, joueraient à la marelle, avec des osselets ou des cordes à sauter, des jeux plus calmes que ceux de la cour d’à côté où les garçons couraient énormément, jouant à chat ou à saute-mouton.

Après la récréation, Marie fit travailler le présent de l’indicatif aux moyennes pendant que les grandes faisaient lire les plus petites. Ces dernières dessineraient l’après-midi pendant la dictée faite aux grandes, en même temps que les moyennes copieraient une nouvelle récitation à apprendre.

Lorsque l’heure de sortie arriva, Marie indiqua les devoirs à chacun des groupes et pria les jeunes filles de sortir en leur disant au revoir.

Étonnamment, ce soir-là, Charles, un peu plus âgé que Marie, jeune notaire de renom, attendait, derrière la grille, la sortie des élèves. Il souhaitait s’entretenir avec Marie qui rougit malgré elle en l’apercevant venir à elle. Marie l’avait rencontré en son étude un jour qu’elle était venue aider un ami de son père, un cultivateur, pour des papiers concernant la vente de ses terres. Malheureusement peu lettré, cet agriculteur avait eu recours à sa précieuse aide et l’avait donc conviée pour lui prêter secours. Marie avait trouvé le notaire charmant, plutôt bel homme, et éperdument séduisant. Elle avait eu, à cette occasion, du mal à cacher son trouble. Le notaire, pour sa part, l’avait regardée avec insistance, la gênant pour la circonstance. Il faut dire que Marie était une fort jolie jeune femme, avec un sourire ravissant, une belle chevelure blonde et des yeux d’un bleu lumineux.

L’arrivée impromptue du notaire la mit mal à l’aise : elle n’était ni coiffée ni bien habillée, bien qu’ayant quitté sa blouse. Elle s’avança pour l’accueillir, le cœur en ébullition, la panique au ventre. Les notables de la ville voisine n’avaient pas coutume de venir ainsi l’aborder. Elle cacha pourtant bien son émoi et s’adressa à lui avec assurance :

— Bonsoir Maître. Que me vaut l’honneur de votre visite ? Un agriculteur aurait-il à nouveau besoin de mon soutien ?

— Bonsoir, Marie. Je suis navré de venir vous déranger après votre épuisante journée mais en l’occurrence, j’ai moi-même besoin de votre aide.

— Expliquez-moi, dans ce cas, ce qui vous amène. Mais entrons dans ma classe, la fraîcheur tombe déjà.

Charles la suivit, ravi de se mettre à l’abri du vent qui se levait fortement.

Marie reprit :

— Je suis tout ouïe.

— Eh bien voilà. Mes parents viennent de se voir confier une petite cousine, Camille, qui après une longue maladie en ville doit venir s’oxygéner à la campagne le temps de sa convalescence. Elle a manqué les cours plusieurs mois et doit rattraper un retard conséquent. Auriez-vous l’amabilité de l’accepter en cours d’année dans votre classe ?

— Bien évidemment.

— Pourriez-vous également, en fonction de son niveau, lui servir de précepteur au besoin, en lui octroyant quelques cours individuels, moyennant finances bien sûr ?

— Elle rattrapera peut-être son retard avec aisance et rapidité. Je ne pourrai juger qu’après l’avoir fait travailler en classe pendant quelque temps. Présentez-la-moi quand vous le pourrez, je la mettrai en confiance et préparerai sa venue auprès de ses futures camarades de classe.

— Je vous remercie par avance pour votre précieuse collaboration.

— Avec plaisir. Néanmoins, il me semble qu’il ne me reste à disposition que très peu de fournitures, vu l’avancement de l’année scolaire. Je vous prie de m’excuser quelques instants. Je me dois d’aller vérifier afin de vous indiquer ce qui pourrait venir à lui manquer d’emblée et que vous pourriez lui fournir.

Marie pensait que Charles allait en profiter pour observer un peu sa classe, les différents affichages, le matériel à disposition. Elle n’en avait que pour quelques minutes. Or, Charles, à nouveau, la suivit, ce qui la surprit. Elle ne s’y attendait pas.

Ils se retrouvèrent ensemble dans l’étroit cagibi dans lequel Marie entreposait ce dont elle avait besoin pour enseigner : livres, cartes d’histoire et de géographie, affiches, matériel de manipulation et quelques fournitures pour subvenir par avance aux besoins des plus modestes dans l’impossibilité temporaire de fournir notamment les cahiers nécessaires. Cet instant d’intimité les perturba, surtout face à face, dans ce lieu si étroit, à quelques centimètres l’un de l’autre. Charles s’approcha d’elle pour l’embrasser et elle n’eut pas la franche volonté de se dégager. Elle succomba à la douceur de ce tendre baiser. L’attirance les submergea, l’envie les étourdit, les sens les transportèrent, la volupté les envahit. Marie tenta bien un instant de le repousser en disant « non » mais un baiser convaincant la dissuada de résister. Le plaisir l’emporta sur la raison. Un besoin irrationnel de s’entrelacer les emmena dans un acte insensé de pure folie, un moment sans maîtrise, intense, irraisonné, inconscient, inimaginable, inconcevable, juste inexplicable…

Charles avait juste fermé la porte derrière lui.

Chapitre 3

Marie rentra chez elle, tous les soirs suivants, honteuse et si malheureuse. Elle se reprochait sa docile acceptation, ce plaisir futile et passager qu’elle s’était si stupidement octroyé, sans avoir été capable d’aucune ferme résistance. Elle se dégoûtait, se haïssait, s’en voulait tellement.

Tout s’était passé si vite. Elle regrettait et ne parvenait plus à se regarder devant une glace. Elle avait perdu tout ensemble : sa virginité, sa fierté, sa respectabilité. En seulement quelques minutes, le monde autour d’elle s’était écroulé. Elle avait tellement pleuré : des larmes de honte, des larmes de désespoir, des larmes de regret, des larmes qui ne servaient à rien, puisque le mal était fait. Pourtant, elle avait éprouvé le besoin de les laisser couler, longuement, peut-être pour faire sortir le mal ou pour se laver l’âme et se purifier.

Ses parents, chez lesquels elle vivait forcément encore, puisque non majeure et célibataire, voyaient avec peine et incompréhension ses yeux d’ordinaire si bleus, rougis et gonflés. Marie les inquiétait énormément : elle semblait fatiguée, mangeait peu, s’enfermait dans sa chambre, refusait de parler.

Ils comprirent un mois plus tard lorsque Marie se mit à avoir des nausées et à vomir. S’ils l’avaient d’abord crue malade, ils avaient ensuite fait l’inévitable rapprochement avec les pleurs inexpliqués et incessants des semaines précédentes : leur fille était enceinte. Ses parents se voyaient outragés : Marie avait commis un délit révoltant, elle avait honteusement franchi les limites de la bienséance, elle avait bafoué les convenances, déshonoré ses parents, humilié sa famille, injurié sa descendance.

Son père, Émile, voulait la répudier. Dès lors qu’il avait compris la problématique, il était entré dans une colère noire que rien ne parvenait à calmer. Pour lui, Marie avait commis l’irréparable, il ne pouvait l’accepter. Marie n’était plus digne d’être sa fille. Il la bannit, la chassa durement avec quelques mots acides : « Pars et reviens sans enfant, que personne ne le sache ici ». Sa mère, Agathe, très affectée, tenta en vain d’apaiser le courroux de son mari qui châtiait crûment. Son mari possédait l’autorité et l’argent : elle ne pouvait rien contre sa décision. Elle s’efforça pourtant au mieux d’arranger la situation. Elle contacta sa sœur Jeanne qui vivait aisément en ville depuis son mariage avec Fernand, un riche notable. Agathe expliqua le drame familial et demanda à Jeanne si elle accepterait de prendre Marie sous sa protection le temps de mettre son enfant au monde. Jeanne, qui n’avait pas encore d’enfant et s’ennuyait de l’oisiveté qui remplissait sa vie, accueillit la nouvelle avec une immense joie.

Marie se trouva dans l’obligation de partir vite : il ne fallait pas que sa grossesse puisse se deviner.

Ses parents prétextèrent, pour la rumeur concernant ce départ précipité, que leur fille avait décidé volontairement de venir en aide à sa tante Jeanne, tombée brutalement malade. Les grandes vacances approchant, l’école aurait tout l’été pour lui trouver une remplaçante en attendant son retour.

Marie, très émue et bien triste, annonça à Pierre et à ses élèves, la nécessité de sa cessation d’activité temporaire puisque sa tante, gravement malade, avait besoin d’elle à son chevet. Tous la quittèrent avec émotion et regret.

Elle précisa, pour calmer les esprits, qu’elle reviendrait dès que possible et reprendrait son poste d’enseignante avec la même joie.

Chapitre 4