La Tempête - William Shakespeare - E-Book

La Tempête E-Book

William Shakespeare

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Beschreibung

"La Tempête, chef-d'œuvre de William Shakespeare, est une pièce de théâtre captivante qui transporte les spectateurs dans un monde fantastique et mystérieux. Cette histoire magique se déroule sur une île isolée, où le puissant sorcier Prospero règne en maître. Avec l'aide de son esprit aérien Ariel, Prospero utilise ses pouvoirs pour créer une tempête dévastatrice qui fait échouer un navire sur ses rivages. Parmi les naufragés se trouvent son frère traître, Antonio, ainsi que le roi Alonso et son fils Ferdinand. Alors que les personnages se débattent avec leurs propres démons et leurs désirs de vengeance, ils sont confrontés à des illusions, des enchantements et des rencontres inattendues. La Tempête est une pièce qui explore les thèmes de la rédemption, du pardon et de la magie, tout en offrant une réflexion profonde sur la nature humaine. Avec ses dialogues poétiques, ses personnages complexes et son intrigue captivante, La Tempête est une œuvre intemporelle qui continue de fasciner les lecteurs et les spectateurs du monde entier.


Extrait : ""LE BOSSEMAN : Me voici, maître. Où en sommes-nous ? LE MAÎTRE : Bon, parlez aux matelots. – Manœuvrez rondement, ou nous courons à terre. De l'entrain ! de l'entrain ! LE BOSSEMAN : Allons, mes enfants ! courage, courage, mes enfants ! vivement, vivement, vivement ! Ferlez le hunier. – Attention au sifflet du maître. – Souffle, tempête, jusqu'à en crever si tu peux."""

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Seitenzahl: 107

Veröffentlichungsjahr: 2015

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Personnages

ALONZO, roi de Naples.

SÉBASTIEN, frère d’Alonzo.

PROSPERO, duc légitime de Milan.

ANTONIO, son frère, usurpateur du duché de Milan.

FERDINAND, fils du roi de Naples.

GONZALO, vieux et fidèle conseiller du roi de Naples.

ADRIAN, FRANCISCO, seigneurs napolitains.

CALIBAN, sauvage abject et difforme.

TRINCULO, bouffon.

STEPHANO, sommelier ivre.

Le maître du vaisseau, le bosseman et des matelots.

MIRANDA, fille de Prospero.

ARIEL, génie aérien.

IRIS, CÉRÈS, JUNON, nymphes, moissonneurs, génies employés dans le ballet.

Autres génies soumis à Prospero.

La scène représente d’abord la mer et un vaisseau, puis une île inhabitée.

Acte premier
Scène I

Sur un vaisseau en mer. Une tempête mêlée de tonnerre et d’éclairs.

Entrent le maître et le bosseman.

LE MAÎTRE

Bosseman ?

LE BOSSEMAN

Me voici, maître. Où en sommes-nous ?

LE MAÎTRE

Bon, parlez aux matelots. – Manœuvrez rondement, ou nous courons à terre. De l’entrain ! de l’entrain !

LE BOSSEMAN

Allons, mes enfants ! courage, courage, mes enfants ! vivement, vivement, vivement ! Ferlez le hunier. – Attention au sifflet du maître. – Souffle, tempête, jusqu’à en crever si tu peux.

(Entrent Alonzo, Sébastien, Antonio, Ferdinand, Gonzalo et plusieurs autres.)

ALONZO

Cher bosseman, je vous en prie, ne négligez rien. Où est le maître ? Montrez-vous des hommes.

LE BOSSEMAN

Restez en bas, je vous prie.

ANTONIO

Bosseman, où est le maître ?

LE BOSSEMAN

Ne l’entendez-vous pas ? Vous troublez la manœuvre. Restez dans vos cabines, vous aidez la tempête.

GONZALO

Voyons, mon cher, un peu de patience.

LE BOSSEMAN

Quand la mer en aura. Hors d’ici ! – Les vagues se soucient bien de la qualité de roi. En bas ! Silence ! laissez-nous tranquilles.

GONZALO

Fort bien ! cependant n’oublie pas qui tu as à bord.

LE BOSSEMAN

Personne qui me soit plus cher que moi-même. Vous êtes un conseiller : si vous pouvez imposer silence à ces éléments, et rétablir le calme à l’instant, nous ne remuerons plus un seul cordage ; usez de votre autorité. Si vous ne le pouvez, rendez grâces d’avoir vécu si longtemps, et allez dans votre cabine vous préparer aux mauvaises chances du moment, s’il faut en passer par là. – Courage, mes enfants ! – Hors de mon chemin, vous dis-je.

GONZALO

Ce drôle me rassure singulièrement. Il n’a rien d’un homme destiné à se noyer ; tout son air est celui d’un gibier de potence. Bon Destin, tiens ferme pour la potence, et que la corde qui lui est réservée nous serve de câble, car le nôtre ne nous est pas bon à grand-chose. S’il n’est pas né pour être pendu, notre sort est pitoyable.

(Ils sortent.)

(Rentre le bosseman.)

LE BOSSEMAN

Amenez le mât de hune. Allons, plus bas, plus bas. Mettez à la cape sous la grande voile risée. (Un cri se fait entendre dans le corps du vaisseau.) Maudits soient leurs hurlements ! Leur voix domine la tempête et la manœuvre. (Entrent Sébastien, Antonio et Gonzalo.) – Encore ! que faites-vous ici ? Faut-il tout laisser là et se noyer ? Avez-vous envie de couler bas ?

SÉBASTIEN

La peste soit de tes poumons, braillard, blasphémateur, mauvais chien !

LE BOSSEMAN

Manœuvrez donc vous-même.

ANTONIO

Puisses-tu être pendu, maudit roquet ! Puisses-tu être pendu, vilain drôle, insolent criard ! Nous avons moins peur d’être noyés que toi.

GONZALO

Je garantis qu’il ne sera pas noyé, le vaisseau fût-il mince comme une coquille de noix, et ouvert comme la porte d’une dévergondée.

LE BOSSEMAN

Serrez le vent ! serrez le vent ! Prenons deux basses voiles et élevons-nous en mer. Au large !

(Entrent des matelots mouillés.)

LES MATELOTS

Tout est perdu. – En prières ! en prières ! Tout est perdu.

(Ils sortent.)

LE BOSSEMAN

Quoi ! faut-il que nos bouches soient glacées par la mort ?

GONZALO

Le roi et le prince en prières ! Imitons-les, car leur sort est le nôtre.

SÉBASTIEN

Ma patience est à bout.

ANTONIO

Nous périssons par la trahison de ces ivrognes. Ce bandit au gosier énorme, je voudrais le voir noyé et roulé par dix marées.

GONZALO

Il n’en sera pas moins pendu, quoique chaque goutte d’eau jure le contraire et bâille de toute sa largeur pour l’avaler.

(Bruit confus au-dedans du navire.)

DES VOIX

Miséricorde ! nous sombrons, nous sombrons… Adieu, ma femme et mes enfants. Mon frère, adieu. Nous sombrons, nous sombrons, nous sombrons.

ANTONIO

Allons tous périr avec le roi.

(Il sort.)

SÉBASTIEN

Allons prendre congé de lui.

(Il sort.)

GONZALO

Que je donnerais de bon cœur en ce moment mille lieues de mer pour un acre de terre aride, ajoncs ou bruyère, n’importe. – Les décrets d’en haut soient accomplis ! Mais, au vrai, j’aurais mieux aimé mourir à sec.

(Il sort.)

Scène II

La partie de l’île qui est devant la grotte de Prospero.

Prospero et Miranda entrent.

MIRANDA

Si c’est vous, mon bien-aimé père, qui par votre art faites mugir ainsi les eaux en tumulte, apaisez-les. Il semble que le ciel serait prêt à verser de la poix enflammée, si la mer, s’élançant à la face du firmament, n’allait en éteindre les feux. Oh ! j’ai souffert avec ceux que je voyais souffrir ! Un brave vaisseau, qui sans doute renfermait de nobles créatures, brisé tout en pièces ! Oh ! leur cri a frappé mon cœur. Pauvres gens ! ils ont péri. Si j’avais été quelque puissant dieu, j’aurais voulu précipiter la mer dans les gouffres de la terre, avant qu’elle eût ainsi englouti ce beau vaisseau et tous ceux qui le montaient.

PROSPERO

Recueillez vos sens, calmez votre effroi ; dites à votre cœur compatissant qu’il n’est arrivé aucun mal.

MIRANDA

Ô jour de malheur !

PROSPERO

Il n’y a point eu de mal. Je n’ai rien fait que pour toi (toi que je chéris, toi ma fille) qui ne sais pas encore qui tu es, et ignores d’où je suis issu, et si je suis quelque chose de plus que Prospero, le maître de la plus pauvre caverne, ton père et rien de plus.

MIRANDA

Jamais l’envie d’en savoir davantage n’entra dans mes pensées.

PROSPERO

Il est temps que je t’apprenne quelque chose de plus. Viens m’aider ; ôte-moi mon manteau magique. – Bon. (Il quitte son manteau.) Couche là, mon art. – Toi, essuie tes yeux, console-toi. Ce naufrage, dont l’affreux spectacle a remué en toi toutes les vertus de la compassion, a été, par la prévoyance de mon art, disposé avec tant de précaution qu’il n’y a pas une âme de perdue, que pas un seul cheveu n’est tombé de la tête d’aucune créature sur ce vaisseau dont tu as entendu le cri, et que tu as vu sombrer. Assieds-toi, car il faut maintenant que tu en saches davantage.

MIRANDA

Vous avez souvent commencé à m’apprendre qui je suis ; mais vous vous êtes toujours arrêté me laissant à des conjectures sans terme, et finissant par ces mots : « Restons-en là, pas encore ».

PROSPERO

L’heure est venue maintenant ; voici l’instant précis où tu dois ouvrir ton oreille : obéis et sois attentive. Peux-tu te souvenir d’une époque de ta vie où nous n’étions pas encore venus dans cette caverne ? Je ne crois pas que tu le puisses, car tu n’avais pas alors plus de trois ans.

MIRANDA

Certainement, seigneur, je peux m’en souvenir.

PROSPERO

De quoi te souviens-tu ? D’une autre demeure ou de quelque autre personne ? Dis-moi quelle est l’image qui est restée gravée dans ton souvenir ?

MIRANDA

Tout cela est bien loin, et plutôt comme un songe que comme une certitude que ma mémoire puisse me garantir. N’avais-je pas jadis quatre ou cinq femmes qui prenaient soin de moi ?

PROSPERO

Tu les avais, Miranda ; tu en avais même davantage. Mais comment se peut-il que ce souvenir vive encore dans ta mémoire ? Que vois-tu encore dans cet obscur passé, dans cet abîme du temps ? Si tu te rappelles quelque chose de ce qui a précédé ton arrivée dans cette île, tu dois aussi te rappeler comment tu y es venue.

MIRANDA

Cependant je ne m’en souviens pas.

PROSPERO

Il y a douze ans, ma fille, il y a douze ans, ton père était duc de Milan et un puissant prince.

MIRANDA

Seigneur, n’êtes-vous pas mon père ?

PROSPERO

Ta mère était un modèle de vertu, et elle m’a dit que tu étais ma fille. Ton père était duc de Milan, et son unique héritière était une princesse, pas moins que je ne te le dis.

MIRANDA

Ô ciel ! faut-il avoir joué de malheur pour être venus ici ! Ou bien, est-ce pour nous un bonheur qu’il en soit arrivé ainsi ?

PROSPERO

L’un et l’autre, mon enfant, l’un et l’autre. On m’a cruellement joué, comme tu le dis, et c’est ainsi que nous avons été chassés de là ; mais c’est par un grand bonheur que nous sommes arrivés ici.

MIRANDA

Oh ! le cœur me saigne en songeant aux peines dont je renouvelle en vous l’idée, et qui sont sorties de ma mémoire. Je vous en prie, continuez.

PROSPERO

Mon frère, – ton oncle, appelé Antonio – et, je t’en prie, remarque bien ceci : qu’un frère ait pu être si perfide ; – lui que dans le monde entier je chérissais le plus après toi, lui à qui j’avais confié le gouvernement de mon État ! et alors, de toutes les principautés, mon État était le premier, Prospero était le premier parmi les ducs, le premier en dignité, et, dans les arts libéraux, sans égal. Ces arts faisant toute mon étude, je me déchargeai du gouvernement sur mon frère, et, transporté, ravi dans mes secrètes occupations, je devins étranger à mon État. Ton perfide oncle… M’écoutes-tu ?

MIRANDA

Avec la plus grande attention, seigneur.

PROSPERO

Dès qu’il se fut perfectionné dans l’art d’accorder les grâces ou de les refuser, de connaître ceux qu’il faut avancer et ceux qu’il faut abattre pour s’être trop élevés, il créa de nouveau mes créatures ; – je veux dire qu’il les changea ou qu’il les transforma. Alors, ayant la clef des emplois et des employés, il monta tous les cœurs au ton qui plaisait à son oreille ; et bientôt il fut le lierre qui enveloppa mon arbre princier et épuisa le suc de ma verdure. – Tu ne me suis pas. – Je t’en prie, écoute-moi.

MIRANDA

Mon cher seigneur, j’écoute.

PROSPERO

Ainsi, négligeant tous les intérêts de ce monde, dévoué tout entier à la retraite et au soin d’enrichir mon esprit de biens qui, s’ils n’étaient pas si secrets, seraient mis au-dessus de tout ce qu’estime le vulgaire, j’éveillai dans mon perfide frère un mauvais naturel : ma confiance, comme un bon père, engendra en lui une perfidie égale non moins que contraire à ma confiance, et en vérité elle n’avait point de limites ; c’était une confiance sans réserve. Ainsi, devenu maître non seulement de ce que me rendaient mes revenus, mais encore de ce que mon pouvoir était en état d’exiger, comme un homme qui, à force de se répéter, a rendu sa mémoire si coupable envers la vérité qu’il finit par croire à son propre mensonge, il crut qu’il était en effet le duc, parce qu’il se voyait substitué à mon pouvoir, parce qu’il exécutait les actes extérieurs de la souveraineté, et qu’il jouissait de ses prérogatives. De là son ambition croissante… M’écoutes-tu ?

MIRANDA

Seigneur, votre récit guérirait la surdité.

PROSPERO

Pour supprimer toute distance entre ce rôle qu’il joue et celui dont il joue le rôle, il faut qu’il devienne réellement duc de Milan. Pour moi, pauvre homme, ma bibliothèque était un assez grand-duché. Il me juge désormais inhabile à toute royauté temporelle : il se ligue avec le roi de Naples, et (tant il était altéré du pouvoir !) il consent à lui payer un tribut annuel, à lui faire hommage, à soumettre sa couronne ducale à la couronne royale ; et mon duché (hélas ! pauvre Milan), qui jusque-là n’avait jamais courbé la tête, il le condamne au plus honteux abaissement.

MIRANDA

Ô ciel !

PROSPERO

Remarque bien les conditions du traité et l’évènement qui suivit, et dis-moi s’il est possible que ce soit là un frère.

MIRANDA

Ce serait pour moi un péché de former sur ma grand-mère quelque pensée déshonorante : un sein vertueux a plus d’une fois produit de mauvais fils.

PROSPERO

Voici les conditions de leur pacte. Ce roi de Naples, mon ennemi invétéré, écoute la requête de mon frère, c’est-à-dire qu’en retour des offres que je t’ai dites d’un hommage et d’un tribut dont j’ignore la valeur, il devait m’exclure à l’instant, moi et les miens, de mon duché, et faire passer à mon frère mon beau Milan avec tous ses honneurs. En conséquence, ils levèrent une armée de traîtres, et, un soir, à l’heure de minuit marquée pour l’exécution de leur projet, Antonio ouvrit les portes de Milan. Au plus profond de l’obscurité, des hommes apostés me chassèrent de la ville, moi et toi qui pleurais.

MIRANDA

Hélas ! quelle pitié ! moi qui ne me souviens plus comment je pleurai alors, je suis prête à pleurer : je sens des larmes prêtes à couler de mes yeux.

PROSPERO