Alain Fournier
Le Grand Meaulnes
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table des matières
Première Partie
Le Pensionnaire.
Après quatre heures.
« Je fréquentais la boutique d’un vannier ».
L’Évasion.
La voiture qui revient.
On frappe au carreau.
Le gilet de soie.
L’Aventure.
Une halte.
La Bergerie.
Le domaine mystérieux.
La chambre de Wellington.
La fête étrange.
La fête étrange (suite).
La rencontre.
Frantz de Galais.
La fête étrange (fin).
Deuxième Partie
Le Grand Jeu.
Nous tombons dans une embuscade.
Le Bohémien à l’école.
Où il est question du domaine mystérieux.
L’Homme aux espadrilles.
Une dispute dans la coulisse.
Le Bohémien enlève son bandeau.
Les gendarmes !
À la recherche du sentier perdu.
La lessive.
Je trahis…
Les trois lettres de Meaulnes.
Troisième Partie
La baignade.
Chez Florentin.
Une apparition.
La grande nouvelle.
La partie de plaisir.
La partie de plaisir (fin).
Le jour des noces.
L’appel de Frantz.
Les gens heureux.
La « Maison de Frantz ».
Conversation sous la pluie.
Le fardeau.
Le cahier de devoirs mensuels.
Le secret.
Le secret (suite).
Le secret (fin).
Épilogue.
Première Partie
Le Pensionnaire.
Il arriva chez nous un dimanche de
novembre 189…
Je continue à dire « chez
nous », bien que la maison ne nous appartienne plus. Nous avons
quitté le pays depuis bientôt quinze ans et nous n’y reviendrons
certainement jamais.
Nous habitions les bâtiments du Cour
Supérieur de Sainte-Agathe. Mon père, que j’appelais M. Seurel,
comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours supérieur,
où l’on préparait le brevet d’instituteur, et le Cours moyen.
Ma mère faisait la petite classe.
Une longue maison rouge, avec cinq
portes vitrées, sous des vignes vierges, à l’extrémité du
bourg ; une cour immense avec préaux et buanderie, qui ouvrait
en avant sur le village par un grand portail ; sur le côté
nord, la route où donnait une petite grille et qui menait vers La
Gare, à trois kilomètres ; au sud et par-derrière, des
champs, des jardins et des prés qui rejoignaient les faubourgs…
tel est le plan sommaire de cette demeure où s’écoulèrent les
jours les plus tourmentés et les plus chers de ma vie – demeure
d’où partirent et où revinrent se briser, comme des vagues sur un
rocher désert, nos aventures.
Le hasard des « changements »,
une décision d’inspecteur ou de préfet nous avaient conduits là.
Vers la fin des vacances, il y a bien longtemps, une voiture de
paysan, qui précédait notre ménage, nous avait déposés, ma mère
et moi, devant la petite grille rouillée. Des gamins qui volaient
des pêches dans le jardin s’étaient enfuis silencieusement par
les trous de la haie… Ma mère, que nous appelions Millie, et qui
était bien la ménagère la plus méthodique que j’aie jamais
connue, était entrée aussitôt dans les pièces remplies de paille
poussiéreuse, et tout de suite elle avait constaté avec désespoir,
comma à chaque « déplacement », que nos meubles ne
tiendraient jamais dans une maison si mal construite… Elle était
sortie pour me confier sa détresse. Tout en me parlant, elle avait
essuyé doucement avec son mouchoir ma figure d’enfant noircie par
le voyage. Puis elle était rentrée faire le compte de toutes les
ouvertures qu’il allait falloir condamner pour rendre le logement
habitable… Quant à moi, coiffé d’un grand chapeau de paille à
rubans, j’étais resté là, sur le gravier de cette cour
étrangère, à attendre, à fureter petitement autour du puits et
sous le hangar.
C’est ainsi, du moins, que j’imagine
aujourd’hui notre arrivée. Car aussitôt que je veux retrouver le
lointain souvenir de cette première soirée d’attente dans notre
cour de Sainte-Agathe, déjà ce sont d’autres attentes que je me
rappelle ; déjà, les deux mains appuyées aux barreaux du
portail, je me vois épiant avec anxiété quelqu’un qui va
descendre la grand’rue. Et si j’essaie d’imaginer la première
nuit que je dus passer dans ma mansarde, au milieu des greniers du
premier étage, déjà ce sont d’autres nuits que je me rappelle ;
je ne suis plus seul dans cette chambre ; une grande ombre
inquiète et amie passe le long des murs et se promène. Tout ce
paysage paisible – l’école, le champ du père Martin, avec
ses trois noyers, le jardin dès quatre heures envahi chaque jour
par
des femmes en visite – est à jamais, dans ma mémoire, agité,
transformé par la présence de celui qui bouleversa toute notre
adolescence et dont la fuite même ne nous a pas laissé de repos.
Nous étions pourtant depuis dix ans dans ce pays lorsque Meaulnes
arriva.
J’avais quinze ans. C’était un
froid dimanche de novembre, le premier jour d’automne qui fît
songer à l’hiver. Toute la journée, Millie avait attendu une
voiture de La Gare qui devait lui apporter un chapeau pour la
mauvaise saison. Le matin, elle avait manqué la messe ; et
jusqu’au sermon, assis dans le choeur avec les autres enfants,
j’avais regardé anxieusement du côté des cloches, pour la voir
entrer avec son chapeau neuf.
Après midi, je dus partir seul à
vêpres.
« D’ailleurs, me dit-elle, pour
me consoler, en brossant de sa main mon costume d’enfant, même
s’il était arrivé, ce chapeau, il aurait bien fallu sans doute,
que je passe mon dimanche à le refaire ».
Souvent nos dimanches d’hiver se
passaient ainsi. Dès le matin, mon père s’en allait au loin, sur
le bord de quelque étang couvert de brume, pêcher le brochet dans
une barque ; et ma mère, retirée jusqu’à la nuit dans sa
chambre obscure, rafistolait d’humbles toilettes. Elle s’enfermait
ainsi de crainte qu’une dame de ses amies, aussi pauvre qu’elle
mais aussi fière, vînt la surprendre. Et moi, les vêpres finies,
j’attendais, en lisant dans la froide salle à manger, qu’elle
ouvrît la porte pour me montrer comment ça lui allait.
Ce dimanche-là, quelque animation
devant l’église me retint dehors après vêpres. Un baptême, sous
le porche, avait attroupé des gamins. Sur la place, plusieurs
hommes
du bourg avaient revêtu leurs vareuses de pompiers ; et, les
faisceaux formés, transis et battant la semelle, ils écoutaient
Boujardon, le brigadier, s’embrouiller dans la théorie…
Le carillon du baptême s’arrêta
soudain, comme une sonnerie de fête qui se serait trompée de jour
et d’endroit ; Boujardon et ses hommes, l’arme en
bandoulière emmenèrent la pompe au petit trot ; et je les vis
disparaître au premier tournant, suivis de quatre gamins
silencieux,
écrasant de leurs grosses semelles les brindilles de la route
givrée
où je n’osais pas les suivre.
Dans le bourg, il n’y eut plus alors
de vivant que le café Daniel, où j’entendais sourdement monter
puis s’apaiser les discussions des buveurs. Et, frôlant le mur bas
de la grande cour qui isolait notre maison du village, j’arrivai un
peu anxieux de mon retard, à la petite grille.
Elle était entr’ouverte et je vis
aussitôt qu’il se passait quelque chose d’insolite.
En effet, à la porte de la salle à
manger – la plus rapprochée des cinq portes vitrées qui
donnaient sur la cour – une femme aux cheveux gris, penchée,
cherchait à voir au travers des rideaux. Elle était petite, coiffée
d’une capote de velours noir à l’ancienne mode. Elle avait un
visage maigre et fin, mais ravagé par l’inquiétude ; et je
ne sais quelle appréhension, à sa vue, m’arrêta sur la première
marche, devant la grille.
« Où est-il passé ? mon
Dieu ! disait-elle à mi-voix. Il était avec moi tout à
l’heure. Il a déjà fait le tour de la maison. Il s’est
peut-être sauvé… »
Et, entre chaque phrase, elle
frappait
au carreau trois petits coups à peine perceptibles.
Personne ne venait ouvrir à la
visiteuse inconnue. Millie, sans doute, avait reçu le chapeau de La
Gare, et sans rien entendre, au fond de la chambre rouge, devant un
lit semé de vieux rubans et de plumes défrisées, elle cousait,
décousait, rebâtissait sa médiocre coiffure…
En effet, lorsque j’eus pénétré
dans la salle à manger, immédiatement suivi de la visiteuse, ma
mère apparut tenant à deux mains sur la tête des fils de laiton,
des rubans et des plumes, qui n’étaient pas encore parfaitement
équilibrés… Elle me sourit, de ses yeux bleus fatigués d’avoir
travaillé à la chute du jour, et s’écria :
« Regarde ! Je t’attendais
pour te montrer… »
Mais, apercevant cette femme assise
dans le grand fauteuil, au fond de la salle, elle s’arrêta,
déconcertée. Bien vite, elle enleva sa coiffure, et, durant toute
la scène qui suivit, elle la tint contre sa poitrine, renversée
comme un nid dans son bras droit replié.
La femme à la capote, qui gardait,
entre ses genoux, un parapluie et un sac de cuir, avait commencé de
s’expliquer, en balançant légèrement la tête et en faisant
claquer sa langue comme une femme en visite. Elle avait repris tout
son aplomb. Elle eut même, dès qu’elle parla de son fils, un air
supérieur et mystérieux qui nous intrigua.
Ils étaient venus tous les deux, en
voiture, de La Ferté-d’Angillon, à quatorze kilomètres de
Sainte-Agathe. Veuve-et fort riche, à ce qu’elle nous fit
comprendre-elle avait perdu le cadet de ses deux enfants, Antoine,
qui était mort un soir au retour de l’école, pour s’être
baigné avec son frère dans un étang malsain. Elle avait décidé
de mettre l’aîné, Augustin, en pension chez nous pour qu’il pût
suivre le Cours Supérieur.
Et aussitôt elle fit l’éloge de ce
pensionnaire qu’elle nous amenait. Je ne reconnaissais plus la
femme aux cheveux gris, que j’avais vue courbée devant la porte,
une minute auparavant, avec cet air suppliant et hagard de poule
qui
aurait perdu l’oiseau sauvage de sa couvée.
Ce qu’elle contait de son fils avec
admiration était fort surprenant : il aimait à lui faire
plaisir, et parfois il suivait le bord de la rivière, jambes nues,
pendant des kilomètres, pour lui rapporter des œufs de poules
d’eau, de canards sauvages, perdus dans les ajoncs… Il tendait
aussi des nasses… L’autre nuit, il avait découvert dans le bois
une faisane prise au collet…
Moi qui n’osais plus rentrer à la
maison quand j’avais un accroc à ma blouse, je regardais Millie
avec étonnement.
Mais ma mère n’écoutait plus. Elle
fit même signe à la dame de se taire ; et, déposant avec
précaution son « nid » sur la table, elle se leva
silencieusement comme pour aller surprendre quelqu’un…
Au-dessus de nous, en effet, dans un
réduit où s’entassaient les pièces d’artifice noircies du
dernier quatorze juillet, un pas inconnu, assuré, allait et venait,
ébranlant le plafond, traversait les immenses greniers ténébreux
du premier étage, et se perdait enfin vers les chambres d’adjoints
abandonnées où l’on mettait sécher le tilleul et mûrir les
pommes.
« Déjà, tout à l’heure,
j’avais entendu ce bruit dans les chambres du bas, dit Millie à
mi-voix, et je croyais que c’était toi, François, qui étais
rentré… »
Personne ne répondit. Nous étions
debout tous les trois, le cœur battant, lorsque la porte des
greniers qui donnait sur l’escalier de la cuisine s’ouvrit ;
quelqu’un descendit les marches, traversa la cuisine, et se
présenta dans l’entrée obscure de la salle à manger.
« C’est toi, Augustin ? »
dit la dame.
C’était un grand garçon de dix-sept
ans environ. Je ne vis d’abord de lui, dans la nuit tombante, que
son chapeau de feutre paysan coiffé en arrière et sa blouse noire
sanglée d’une ceinture comme en portent les écoliers. Je pus
distinguer aussi qu’il souriait…
Il m’aperçut, et, avant que personne
eût pu lui demander aucune explication :
« Viens-tu dans la cour ? »
dit-il.
J’hésitai une seconde. Puis, comme
Millie ne me retenait pas, je pris ma casquette et j’allai vers
lui. Nous sortîmes par la porte de la cuisine et nous allâmes au
préau, que l’obscurité envahissait déjà. À la lueur de la fin
du jour, je regardais, en marchant, sa face anguleuse au nez droit,
à
la lèvre duvetée.
« Tiens, dit-il, j’ai trouvé
ça dans ton grenier. Tu n’y avais donc jamais regardé ? »
Il tenait à la main une petite roue
en
bois noirci ; un cordon de fusées déchiquetées courait tout
autour ; ç’avait dû être le soleil ou la lune au feu
d’artifice du Quatorze Juillet.
« Il y en a deux qui ne sont pas
parties : nous allons toujours les allumer », dit-il d’un
ton tranquille et de l’air de quelqu’un qui espère bien trouver
mieux par la suite.
Il jeta son chapeau par terre et je
vis
qu’il avait les cheveux complètement ras comme un paysan. Il me
montra les deux fusées avec leurs bouts de mèche en papier que la
flamme avait coupés, noircis, puis abandonnés. Il planta dans le
sable le moyeu de la roue, tira de sa poche – à mon grand
étonnement, car cela nous était formellement interdit – une
boîte d’allumettes. Se baissant avec précaution, il mit le feu à
la mèche. Puis, me prenant par la main, il m’entraîna vivement en
arrière.
Un instant après, ma mère qui sortait
sur le pas de la porte, avec la mère de Meaulnes, après avoir
débattu et fixé le prix de pension, vit jaillir sous le préau,
avec un bruit de soufflet, deux gerbes d’étoiles rouges et
blanches ; et elle put m’apercevoir, l’espace d’une
seconde, dressé dans la lueur magique, tenant par la main le grand
gars nouveau venu et ne bronchant pas…
Cette fois encore, elle n’osa rien
dire.
Et le soir, au dîner, il y eut, à la
table de famille, un compagnon silencieux, qui mangeait, la tête
basse, sans se soucier de nos trois regards fixés sur lui.
Après quatre heures.
Je
n’avais guère été, jusqu’alors,
courir dans les rues avec les gamins du bourg. Une coxalgie, dont
j’ai souffert jusque vers cette année 189… m’avait rendu
craintif et malheureux. Je me vois encore poursuivant les écoliers
alertes dans les ruelles qui entouraient la maison, en sautillant
misérablement sur une jambe…
Aussi ne me laissait-on guère sortir.
Et je me rappelle que Millie, qui était très fière de moi, me
ramena plus d’une fois à la maison, avec force taloches, pour
m’avoir ainsi rencontré, sautant à cloche-pied, avec les
garnements du village.
L’arrivée d’Augustin Meaulnes, qui
coïncida avec ma guérison, fut le commencement d’une vie
nouvelle.
Avant sa venue, lorsque le cours
était
fini, à quatre heures, une longue soirée de solitude commençait
pour moi. Mon père transportait le feu du poêle de la classe dans
la cheminée de notre salle à manger ; et peu à peu les
derniers gamins attardés abandonnaient l’école refroidie où
roulaient des tourbillons de fumée. Il y avait encore quelques
jeux,
des galopades dans la cour ; puis la nuit venait ; les deux
élèves qui avaient balayé la classe cherchaient sous le hangar
leurs capuchons et leurs pèlerines, et ils partaient bien vite,
leur
panier au bras, en laissant le grand portail ouvert…
Alors, tant qu’il y avait une lueur
de jour, je restais au fond de la mairie, enfermé dans le cabinet
des archives plein de mouches mortes, d’affiches battant au vent,
et je lisais assis sur une vieille bascule, auprès d’une fenêtre
qui donnait sur le jardin.
Lorsqu’il faisait noir, que les
chiens de la ferme voisine commençaient à hurler et que le carreau
de notre petite cuisine s’illuminait, je rentrais enfin. Ma mère
avait commencé de préparer le repas. Je montais trois marches de
l’escalier du grenier ; je m’asseyais sans rien dire et, la
tête appuyée aux barreaux froids de la rampe, je la regardais
allumer son feu dans l’étroite cuisine où vacillait la flamme
d’une bougie.
Mais quelqu’un est venu qui m’a
enlevé à tous ces plaisirs d’enfant paisible. Quelqu’un a
soufflé la bougie qui éclairait pour moi le doux visage maternel
penché sur le repas du soir. Quelqu’un a éteint la lampe autour
de laquelle nous étions une famille heureuse, à la nuit, lorsque
mon père avait accroché les volets de bois aux portes vitrées. Et
celui-là, ce fut Augustin Meaulnes, que les autres élèves
appelèrent bientôt le grand Meaulnes.
Dès qu’il fut pensionnaire chez
nous, c’est-à-dire dès les premiers jours de décembre, l’école
cessa d’être désertée le soir, après quatre heures. Malgré le
froid de la porte battante, les cris des balayeurs et leurs seaux
d’eau, il y avait toujours, après le cours, dans la classe, une
vingtaine de grands élèves, tant de la campagne que du bourg,
serrés autour de Meaulnes. Et c’étaient de longues discussions,
des disputes interminables, au milieu desquelles je me glissais
avec
inquiétude et plaisir.
Meaulnes ne disait rien ; mais
c’était pour lui qu’à chaque instant l’un des plus bavards
s’avançait au milieu du groupe, et, prenant à témoin tour à
tour chacun de ses compagnons, qui l’approuvaient bruyamment,
racontait quelque longue histoire de maraude, que tous les autres
suivaient, le bec ouvert, en riant silencieusement.
Assis sur un pupitre, en balançant
les
jambes, Meaulnes réfléchissait. Aux bons moments, il riait aussi,
mais doucement, comme s’il eût réservé ses éclats de rire pour
quelque meilleure histoire, connue de lui seul. Puis, à la nuit
tombante, lorsque la lueur des carreaux de la classe n’éclairait
plus le groupe confus de jeunes gens, Meaulnes se levait soudain
et,
traversant le cercle pressé :
« Allons, en route ! »
criait-il.
Alors tous le suivaient et l’on
entendait leurs cris jusqu’à la nuit noire, dans le haut du
bourg…
Il m’arrivait maintenant de les
accompagner. Avec Meaulnes, j’allais à la porte des écuries des
faubourgs, à l’heure où l’on trait les vaches… Nous entrions
dans les boutiques, et, du fond de l’obscurité, entre deux
craquements de son métier, le tisserand disait :
« Voilà les étudiants ! »
Généralement, à l’heur du dîner,
nous nous trouvions tout près du Cours, chez Desnoues, le charron,
qui était aussi maréchal. Sa boutique était une ancienne auberge,
avec de grandes portes à deux battants qu’on laissait ouvertes. De
la rue on entendait grincer le soufflet de la forge et l’on
apercevait à la lueur du brasier, dans ce lieu obscur et tintant,
parfois des gens de campagne qui avaient arrêté leur voiture pour
causer un instant, parfois un écolier comme nous, adossé à une
porte, qui regardait sans rien dire.
Et c’est là que tout commença,
environ huit jours avant Noël.
« Je fréquentais la boutique d’un vannier ».
La
pluie était tombée tout le jour,
pour ne cesser qu’au soir. La journée avait été mortellement
ennuyeuse. Aux récréations, personne ne sortait. Et l’on
entendait mon père, M. Seurel, crier à chaque minute, dans la
classe :
« Ne sabotez donc pas comme ça,
les gamins ! »
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