Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Le Horla est une histoire, écrite sous la forme d'un journal intime, qui raconte les symptômes et les peurs du personnage principal lorsqu'il commence à sentir la présence d'un être invisible, appelé le Horla, qui l'entoure et le contrôle. Chaque nuit, pendant qu'il dort, cette présence l'envahit et boit sa vie. En raison de ces événements inexplicables, le narrateur commence à s'interroger sur sa propre santé mentale. Notre personnage sombre peu à peu dans la folie en essayant de trouver un moyen de se débarrasser de la créature et en prenant des mesures de plus en plus drastiques pour y parvenir ; il décide même qu'il ne peut pas continuer à vivre tant que la créature est là. Outre cette histoire bien connue, l'édition comprend d'autres contes d'horreur de l'auteur: Une vendetta, Le trou, La main et Le diable.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 87
Veröffentlichungsjahr: 2024
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Cette collection recèle les œuvres les plus importantes de la littérature universelle, chacune dans sa langue d’origine.
Dans la série Lettres françaises, se distinguent Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry; Boule de suif et autres histoires, Guy de Maupassant; Une saison en enfer, Arthur Rimbaud Madame Bovary, Gustave Flaubert; Le diable au corps, de Radiguet Raymond; Tartuffe, Molière; Les Misérables, de Victor Hugo; Rouge et Noir, de Stendhal; Les Fleurs du mal, de Charles Baudelaire; Voyage au centre de la Terre, Jules Verne; Le chef-d’œuvre, Emile Zola...
Guy de Maupassant
LE HORLA
ET AUTRES CONTES
D’HORREUR
© Ed. Perelló, SL, 2024
Calle de la Milagrosa Nº 26, Valence
46009 - Espagne
Tlf. (+34) 644 79 79 83
http://edperello.es
I.S.B.N.: 978-84-19365-45-3
Photocopier ce livre ou le mettre en ligne librement sans l’autorisation des éditeurs
est puni par la loi.
Tous droits réservés. Toute forme de reproduction, distribution,
la communication publique ou la transformation de cette œuvre ne peut se faire que
avec l’autorisation de leurs propriétaires, sauf dans les cas prévus par la loi.
Aller à CEDRO (Centre espagnol pour les droits de reproduction, www.cedro.org)
si vous avez besoin de photocopier ou de numériser une partie de ce travail.
Sommaire
Le horla
Une vendetta
Le trou
La main
Le diable
Le horla
8 mai
Quelle journée admirable! J’ai passé toute la matinée étendu sur l’herbe, devant ma maison, sous l’énorme platane qui la couvre, l’abrite et l’ombrage tout entière. J’aime ce pays, et j’aime y vivre parce que j’y ai mes racines, ces profondes et délicates racines, qui attachent un homme à la terre où sont nés et morts ses aïeux, qui l’attachent à ce qu’on pense et à ce qu’on mange, aux usages comme aux nourritures, aux locutions locales, aux intonations des paysans, aux odeurs du sol, des villages et de l’air lui-même.
J’aime ma maison où j’ai grandi. De mes fenêtres, je vois la Seine qui coule, le long de mon jardin, derrière la route, presque chez moi, la grande et large Seine, qui va de Rouen au Havre, couverte de bateaux qui passent.
A gauche, là-bas, Rouen, la vaste ville aux toits bleus, sous le peuple pointu des clochers gothiques. Ils sont innombrables, frêles ou larges, dominés par la flèche de fonte de la cathédrale, et pleins de cloches qui sonnent dans l’air bleu des belles matinées, jetant jusqu’à moi leur doux et lointain bourdonnement de fer, leur chant d’airain que la brise m’apporte, tantôt plus fort et tantôt plus affaibli, suivant qu’elle s’éveille ou s’assoupit.
Comme il faisait bon ce matin!
Vers onze heures, un long convoi de navires, traînés par un remorqueur, gros comme une mouche, et qui râlait de peine en vomissant une fumée épaisse, défila devant ma grille.
Après deux goélettes anglaises, dont le pavillon rouge ondoyait sur le ciel, venait un superbe trois-mats brésilien, tout blanc, admirablement propre et luisant. Je le saluai, je ne sais pourquoi, tant ce navire me fit plaisir à voir.
12 mai
J’ai un peu de fièvre depuis quelques jours; je me sens souffrant, ou plutôt je me sens triste.
D’où viennent ces influences mystérieuses qui changent en découragement notre bonheur et notre confiance en détresse. On dirait que l’air, l’air invisible est plein d’inconnaissables Puissances, dont nous subissons les voisinages mystérieux. Je m’éveille plein de gaîté, avec des envies de chanter dans la gorge. —Pourquoi?—. Je descends le long de l’eau; et soudain, après une courte promenade, je rentre désolé, comme si quelque malheur m’attendait chez moi. —Pourquoi?—. Est-ce un frisson de froid qui, frôlant ma peau, a ébranlé mes nerfs et assombri mon âme? Est-ce la forme des nuages, ou la couleur du jour, la couleur des choses, si variable, qui, passant par mes yeux, a troublé ma pensée? Sait-on? Tout ce qui nous entoure, tout ce que nous voyons sans le regarder, tout ce que nous frôlons sans le connaître, tout ce que nous touchons sans le palper, tout ce que nous rencontrons sans le distinguer, a sur nous, sur nos organes et, par eux, sur nos idées, sur notre cœur lui-même, des effets rapides, surprenants et inexplicables?
Comme il est profond, ce mystère de l’Invisible! Nous ne le pouvons sonder avec nos sens misérables, avec nos yeux qui ne savent apercevoir ni le trop petit, ni le trop grand, ni le trop près, ni le trop loin, ni les habitants d’une étoile, ni les habitants d’une goutte d’eau... avec nos oreilles qui nous trompent, car elles nous transmettent les vibrations de l’air en notes sonores. Elles sont des fées qui font ce miracle de changer en bruit ce mouvement et par cette métamorphose donnent naissance à la musique, qui rend chantante l’agitation muette de la nature... avec notre odorat, plus faible que celui du chien... avec notre goût, qui peut à peine discerner l’âge d’un vin!
Ah! Si nous avions d’autres organes qui accompliraient en notre faveur d’autres miracles, que de choses nous pourrions découvrir encore autour de nous!
16 mai
Je suis malade, décidément! Je me portais si bien le mois dernier! J’ai la fièvre, une fièvre atroce, ou plutôt un énervement fiévreux, qui rend mon âme aussi souffrante que mon corps. J’ai sans cesse cette sensation affreuse d’un danger menaçant, cette appréhension d’un malheur qui vient ou de la mort qui approche, ce pressentiment qui est sans doute l’atteinte d’un mal encore inconnu, germant dans le sang et dans la chair.
18 mai
Je viens d’aller consulter mon médecin, car je ne pouvais plus dormir. Il m’a trouvé le pouls rapide, l’œil dilaté, les nerfs vibrants, mais sans aucun symptôme alarmant. Je dois me soumettre aux douches et boire du bromure de potassium.
25 mai
Aucun changement! Mon état, vraiment, est bizarre. A mesure qu’approche le soir, une inquiétude incompréhensible m’envahit, comme si la nuit cachait pour moi une menace terrible. Je dîne vite, puis j’essaye de lire; mais je ne comprends pas les mots; je distingue à peine les lettres. Je marche alors dans mon salon de long en large, sous l’oppression d’une crainte confuse et irrésistible, la crainte du sommeil et la crainte du lit.
Vers dix heures, je monte dans ma chambre. A peine entré, je donne deux tours de clef, et je pousse les verrous; j’ai peur... de quoi?... Je ne redoutais rien jusqu’ici... j’ouvre mes armoires, je regarde sous mon lit; j’écoute... j’écoute... quoi?... Est-ce étrange qu’un simple malaise, un trouble de la circulation peut-être, l’irritation d’un filet nerveux, un peu de congestion, une toute petite perturbation dans le fonctionnement si imparfait et si délicat de notre machine vivante, puisse faire un mélancolique du plus joyeux des hommes, et un poltron du plus brave? Puis, je me couche, et j’attends le sommeil comme on attendrait le bourreau. Je l’attends avec l’épouvante de sa venue; et mon cœur bat, et mes jambes frémissent; et tout mon corps tressaille dans la chaleur des draps, jusqu’au moment où je tombe tout à coup dans le repos, comme on tomberait pour s’y noyer, dans un gouffre d’eau stagnante. Je ne le sens pas venir, comme autrefois, ce sommeil perfide, caché près de moi, qui me guette, qui va me saisir par la tête, me fermer les yeux, m’anéantir.
Je dors —longtemps— deux ou trois heures; puis un rêve —non— un cauchemar m’étreint. Je sens bien que je suis couché et que je dors,... je le sens et je le sais... et je sens aussi que quelqu’un s’approche de moi, me regarde, me palpe, monte sur mon lit, s’agenouille sur ma poitrine, me prend le cou entre ses mains et serre... serre... de toute sa force pour m’étrangler.
Moi, je me débats, lié par cette impuissance atroce, qui nous paralyse dans les songes; je veux crier —je ne peux pas—; je veux remuer —je ne peux pas—; j’essaye, avec des efforts affreux, en haletant, de me tourner, de rejeter cet être qui m’écrase et qui m’étouffe —je ne peux pas!
Et soudain, je m’éveille, affolé, couvert de sueur. J’allume une bougie. Je suis seul.
Après cette crise, qui se renouvelle toutes les nuits, je dors enfin, avec calme, jusqu’à l’aurore.
2 juin
Mon état s’est encore aggravé. Qu’ai-je donc? Le bromure n’y fait rien; les douches n’y font rien. Tantôt, pour fatiguer mon corps, si las pourtant, j’allai faire un tour dans la forêt de Roumare. Je crus d’abord que l’air frais, léger et doux, plein d’odeur d’herbes et de feuilles, me versait aux veines un sang nouveau, au cœur une énergie nouvelle. Je pris une grande avenue de chasse, puis je tournai vers La Bouille, par une allée étroite, entre deux armées d’arbres démesurément hauts qui mettaient un toit vert, épais, presque noir, entre le ciel et moi.
Un frisson me saisit soudain, non pas un frisson de froid, mais un étrange frisson d’angoisse.
Je hâtai le pas, inquiet d’être seul dans ce bois, apeuré sans raison, stupidement, par la profonde solitude. Tout à coup, il me sembla que j’étais suivi, qu’on marchait sur mes talons, tout près, tout près, à me toucher.
Je me retournai brusquement. J’étais seul. Je ne vis derrière moi que la droite et large allée, vide, haute, redoutablement vide; et de l’autre côté elle s’étendait aussi à perte de vue, toute pareille, effrayante.
Je fermai les yeux. Pourquoi? Et je me mis à tourner sur un talon, très vite, comme une toupie. Je faillis tomber; je rouvris les yeux; les arbres dansaient; la terre flottait; je dus m’asseoir. Puis, ah! je ne savais plus par où j’étais venu! Bizarre idée! Bizarre! Bizarre idée! Je ne savais plus du tout. Je partis par le côté qui se trouvait à ma droite, et je revins dans l’avenue qui m’avait amené au milieu de la forêt.
3 juin
La nuit a été horrible. Je vais m’absenter pendant quelques semaines. Un petit voyage, sans doute, me remettra.
2 juillet
Je rentre. Je suis guéri. J’ai fait d’ailleurs une excursion charmante. J’ai visité le mont Saint-Michel que je ne connaissais pas.