Les livres ont une âme - Gérard Serrie - E-Book

Les livres ont une âme E-Book

Gérard Serrie

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Beschreibung

Abandonné volontairement dans un lieu public, ce livre passe de main en main pour vivre une aventure tel un parcours initiatique. Sans être moraliste, l’auteur nous fait vivre une épopée improbable et pourtant convaincante. Ramassé sur un banc par une fillette, puis volé par une femme de ménage, l’objet poursuit son chemin, témoin muet de la fatuité humaine.
Que lui réserve ses prochaines rencontres ? Un bouquin peut-il tomber amoureux ? Et même devenir arme du crime dans une enquête judiciaire ? De la tendresse à l’homicide, en passant par un attentat terroriste, ce livre est l’acteur principal du roman. Entraîné dans ses secrets et ses états d’âme, le lecteur, complice, devient peu à peu son confident.
Un roman comme vous n’en avez jamais lu !


À PROPOS DE L'AUTEUR


Né à Aulnay sous bois en 1954, Gérard Serrie, ingénieur de formation, est un romancier français.
Il est l'auteur de plusieurs romans, parmi lesquels Le secret de la valise perdue en 2018 aux éditions terres de l'Ouest.

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Les livres ont une âme

 

 

 

 

Du même auteur

 

Rue du Grand Faubourg, Édition privée, Tarbes 2011Le Voyage des Blanchisseuses, L’Harmattan, Paris 2012J’ai une âme, L’Harmattan, Paris 2014Celui qui sauva le pape François, L’Harmattan, Paris 2016Au bord du Gouf, L’Harmattan, Paris 2017Le secret de la valise perdue, Terres de l’Ouest, 2019Dans les abîmes du Gouf, Terres de l’Ouest, 2020

Des nouvelles de l’Amitié, collectif, Terres de l’Ouest, 2021

 

 

Tous droits réservés

©Editions Terres de l’Ouesthttp://www.terresdelouest-editions.fremail : [email protected]

ISBN papier : 979-10-97150-88-4

ISBN numérique : 979-10-97150-94-5

 

 

Crédits photos couverture, Adobe Stock : Vintage book layouts and design - covers and pages, classical rich frames, dividers, corners, borders, luxury ornaments and decorations, beautiful pages templates for creative design © Zein Republic Studio et Book with magic powers © JohanSwanepoel

 

 

 

 

 

Les livres ont une âme

 

 

 

 

 

Gérard SERRIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un livre n’est rien qu’un petit tas de feuilles sèches, ou alors, une grande forme en mouvement : la lecture.

Jean-Paul Sartre

 

 

 

 

 

 

 

 

Avant-propos

Un livre n’est qu’un objet. Pourtant lorsque vous aurez terminé la lecture de celui-ci, vous ne les regarderez plus jamais de la même manière. Car oui, à partir de là, vous saurez que les livres ont une âme !

Un livre est constitué de matière noble. Et rien ni personne ne lui ressemble. Carton, papier, colle, cuir, encre, sont autant d’éléments le composant. Sa façon est étonnante : marouflée, pressée, estampée, la beauté de sa couverture parfois nous impressionne. Qu’il soit de poche ou de collection, miroir de l’âme, son contenu demeure toujours fascinant. Ses intrigues nous font rêver, et génèrent en nous bien des fantasmes. Objet d’attention, les histoires, les querelles et les amours qu’il colporte nous entraînent dans un monde souvent très éloigné du nôtre. C’est aussi pour cela qu’il nous séduit. Le lecteur boulimique s’empare sans retenue de ces nouvelles, romans et récits.

Un livre n’a pas d’équivalent pour créer l’émotion. Les moyens de communication modernes dont nous disposons : projections en trois dimensions, son multidirectionnel, salles dynamiques, procurent un réalisme spectaculaire, mais ne remplaceront jamais le plaisir de la lecture qui excite notre imaginaire, suggère des situations, déclenche des émotions et fabrique dans nos têtes, des images qui nous sont propres.

Plus qu’un simple support, le livre s’impose à nous de manière physique. À lui seul, il occupe nos deux mains. Notre regard reste rivé sur ses feuillets, notre attention est mobilisée, notre esprit est captivé. Nous voici momentanément isolés, physiquement dépendants. Le lecteur, assis dans son fauteuil, semble propulsé dans un autre univers. Essayez de lui parler, vous n’aurez en retour que le bruit du froissement de la page tournée.

Plus encore, cette aliénation est transmissible. Comment résister à l’envie de lire l’ouvrage que notre voisin a englouti d’un seul trait ? Le livre a donc un réel pouvoir de séduction.

Les habitudes ont changé. Les compagnons en blouse grise maîtrisant les lettres de plomb inversées, les rotatives lancées pour la journée, la guillotine des massicots découpant les piles impressionnantes de papier, les stocks de livres chez les libraires, tout ceci appartient presque au passé. L’univers du livre est en pleine mutation. Les outils se sont modernisés, les métiers ont évolué. Comment donner satisfaction aux désirs insatiables des lecteurs que nous sommes ? Smartphone dans la main, la simple communication orale ne nous suffit plus. Nous voulons rester en contact avec les nôtres : échanger sur les réseaux sociaux, écouter de la musique, regarder des vidéos, envoyer instantanément un message pour matérialiser notre humeur. Et grâce au GPS, il nous est possible de trouver tous les lieux que nous souhaitons, quasiment instantanément. Notre portable devient une extension de nous-mêmes. Chaque fois que nous en changeons, nous découvrons de nouvelles applications. La surprise, l’émerveillement compensent les difficultés que chacun d’entre nous rencontre pour s’adapter à ces technologies innovantes. C’est une chance que de pouvoir se connecter, naviguer, parcourir un internet sans limites. Aucune civilisation, avant la nôtre, n’avait de tels outils à sa disposition. Pas même les Babyloniens, les Égyptiens, les Chinois, les Indiens ou les Grecs. Il nous suffit d’interroger google et aussitôt ces algorithmes nous renvoient vers les informations censées être les plus plausibles, vers les sources a priori les mieux renseignées.

Le livre numérique correspond à de nouveaux usages que nous avons inventés. Mais papier et numérique ne sont pas en compétition, ils demeurent complémentaires.

Comment prendre l’avion avec une centaine de livres s’ils ne sont pas numérisés ? Il est vrai que le bouquineur ne lira jamais tout pendant son voyage, mais il aura cet avantage de pouvoir choisir. C’est un luxe énorme !

Cependant, le plaisir de feuilleter, confortablement installé dans un fauteuil, un ouvrage en papier récemment acheté, reste incomparable.

L’un ne remplace pas l’autre, à l’instar de la télévision qui n’a jamais supplanté le cinéma.

Les puristes du papier ne supportent pas la numérisation, ils ont tort. On ne vend pas son âme au diable en numérisant les alexandrins. La prose des octets n’ampute pas le pied des vers.

Le pouvoir du papier est cependant limité par quelques faiblesses. Ce support est sensible à l’eau, à la flamme, au choc, à la déchirure et même parfois à la bêtise humaine. Il est clair que la matière qui le compose ne lui donne pas l’avantage. On oublie facilement sa fragilité, comme s’il était indestructible. Pourtant, il a parfois subi les pires sévices, les pires outrages. Certains l’ont abandonné par dépit, lacéré ou déchiré par colère, d’autres même l’ont brûlé par fanatisme. Mais il ne laisse personne indifférent. Jamais ! Même ceux qui ne savent pas lire le respectent. Il porte en son sein l’histoire, la foi, les idées de la Révolution, la philosophie, la science, l’art et l’amour. La liste est exhaustive. Il est arrivé qu’on le brandisse à bout de bras pour faire entendre raison, que la force de son texte, le poids de ses phrases soient plus efficaces que les armes.

Il contient le Code civil. On jure de dire la vérité et rien que la vérité, la main posée sur sa couverture. Il détient la Déclaration des droits de l’homme. Il porte la Torah, la Bible, le Coran. Il est sacré et force le respect.

C’est un fait, le livre a une âme.

Même quand il n’est pas porteur de textes essentiels, sa personnalité exerce un pouvoir indéniable sur les individus. Et nous ne sommes plus tout à fait les mêmes lorsque nous tournons la dernière page. Le plus petit roman ou récit historique, la plus insignifiante des histoires d’amour, nous transforme irrémédiablement, comme un nouveau-né qui découvre la vie. De façon lente et imperceptible, l’intégration de nouvelles expériences, fussent-elles mineures, contribue à élaborer le terreau dans lequel nos racines se fixent.

Le livre a une âme. Circulant de mains en mains, il est le témoin d’événements, assiste à des discussions, des disputes. Il est parfois même acteur.

1 - Le jardin Massey

Peu de visiteurs fréquentaient le parc en ce début de soirée de septembre. Quelques oiseaux s’ébattaient en haut du magnolia. Les enfants qui envahissaient habituellement l’espace de leurs cris joyeux étaient déjà rentrés chez eux. L’allée principale du jardin menait jusqu’à l’orangerie, une serre ouvragée surmontée d’un dôme lui donnant une allure de monument historique. Toutes sortes de plantes grasses occupaient les lieux. La pièce d’eau, située au centre du jardin, accueillait différentes variétés d’herbes aquatiques. Elle était bordée de sassafras, de lirodendrons tulipiferas et de séquoias qui mettaient en valeur les statues dispersées dans le parc. Les rares promeneurs prenaient leur temps. Ils observaient, écoutaient, s’imprégnaient de cette douce ambiance parfumée. Le lieu se prêtait particulièrement bien aux rencontres. Les amitiés, parfois les amours, naissaient en plein centre-ville dans ces quelques hectares de nature artificielle reconstituée. Le jardin Massey offrait calme et ambiance bienfaisante. L’automne n’avait pas encore vraiment débuté. La température clémente à cette heure du jour le confirmait.

J’étais là sur un banc, à proximité du kiosque à musique, profitant de cet instant doux et agréable. Une jeune femme brune, cheveux courts, vêtue d’un tailleur clair, promenait un tout petit chien. La laisse qui retenait l’animal ne servait à rien, car il ne s’écartait pas d’une semelle de sa maîtresse. Par mimétisme sans doute, la jeune femme et le toutou affichaient la même démarche, la même allure. Un petit nœud ridicule, fait du même tissu que le foulard de la dame, ornait fièrement le haut du crâne du quadrupède. J’avais déjà remarqué que très souvent les animaux de compagnie ressemblaient étrangement à leur propriétaire. Le caniche devançait un petit monsieur frisé, le boxer accompagnait un homme bodybuildé aux courtes manches de maillot roulées jusque sous les bras pour montrer ses tatouages, le cocker anglais suivait le joueur de golf et le bichon maltais sa compagne.

La dame brune regarda dans ma direction en passant. Puis, après avoir effectué quelques pas, elle s’arrêta en même temps que le quadrupède, et se retourna. Je sentis une légère incertitude dans son expression. Pourtant elle poursuivit son chemin, décidée à ne pas se laisser détourner de sa promenade. Le petit trot assuré du chien semblait confirmer ce choix, comme s’ils s’étaient concertés. Plus tard, ce fut le tour d’une vieille dame voûtée, s’appuyant sur une canne qui lui était indispensable. Elle se dirigea vers mon banc, s’avança, se pencha même sur moi, m’observa d’un drôle d’air avant de reprendre son chemin sans un mot. Décidément, je n’intéressais personne. J’aurais pourtant espéré avoir plus de succès. Je savais que mon charme n’était pas irrésistible, mais un peu plus d’attention ne m’aurait pas offusqué.

La nuit allait tomber lorsqu’une fillette haute comme trois pommes s’approcha de moi en sautillant sur une jambe. Ses cheveux courts virevoltaient à chacun de ses mouvements. Le tablier à carreaux et le grand sac en bandoulière qu’elle portait laissaient à penser qu’elle revenait de l’école. Un monsieur avec un chapeau l’accompagnait, loin derrière. L’homme n’était absolument pas préoccupé par l’initiative de la petite fille qui se rapprochait, il souriait même. Elle se tenait devant moi et me regardait fixement. Je me demandais quelle allait être sa décision.

— Tu viens Anaïs, nous devons rentrer, dit l’homme, en lui tendant la main.

Elle m’attrapa brusquement, et m’enfouit au fond de son cartable. Je fus surpris et en même temps rassuré. Je ne passerais pas la nuit dehors.

Je n’appréciais que modérément de me retrouver dans les profondeurs d’un sac. Le contact avec toutes sortes d’objets risquait d’endommager ma couverture. Sans elle, je n’existerais pas ! C’est sur la quatrième1 que les gens me découvrent, que je les attire et parfois qu’ils m’adoptent. Règles, crayons, cahiers étaient entassés là, à côté d’une paire de gants, d’une pomme et d’un trousseau de clés. Le balancement régulier provoqué par ce mode de transport ne contribuait pas à calmer mon inquiétude. Je sentais déjà mon coin droit se recourber.

C’était ma hantise, à quoi allais-je ressembler si j’étais écorné ? Anaïs n’avait pas conscience que je souffrais en silence.

Nous quittâmes le parc par une allée secondaire qui contournait le kiosque à musique pour rejoindre la rue André Fourcade. J’entendais distinctement les paroles de la petite fille, mais il m’était impossible de deviner le nom de l’homme qui l’accompagnait, car elle l’appelait grand-père.

Mon existence est très variée avec de longs moments sans intérêt. L’endroit que je déteste le plus est la bibliothèque. Placé sur une étagère, perdu au milieu de mes semblables, je suis là à attendre que quelqu’un veuille bien s’intéresser à moi. Je n’ai pas choisi l’histoire que je colporte. On me l’a imposée à ma conception. Bien que je l’adore, il est parfois difficile de rivaliser avec un titre alléchant, un grand classique. Je me sens petit au milieu de tous ces ouvrages, mais je n’ai pas à rougir. Dieu merci, je ne suis peut-être pas un chef-d’œuvre, mais je sais avec quelle passion mon auteur m’a composé. On ne choisit pas ses gènes à sa naissance, vous autres, les êtres humains, non plus.

C’est notre point commun.

Il est un peu décevant de ne pas pouvoir changer d’histoire. Je véhicule toujours la même. Par chance, elle me convient, mais j’aurais aimé être un support numérique, une « liseuse ». Pouvoir porter un roman historique, une aventure amoureuse ou un traité philosophique me plairait. Enregistrer plusieurs écrits sur le même support ne date pas d’aujourd’hui. Il y a dans notre passé une antériorité. Lorsque les Égyptiens utilisèrent le papyrus inventé par les Chinois, ils n’acceptèrent pas immédiatement de l’exporter craignant la fuite de leurs connaissances. L’Europe manquait de support. Seuls les ouvrages constitués de peaux d’animaux permettaient de donner vie aux textes. L’idée surgit de les effacer pour en écrire d’autres. L’époque n’était pas à la grande édition. Peu de gens savaient lire et la diffusion était très limitée. Le livre devenait rapidement inutile, car connu de tout ceux qui y avaient accès. Le concept de conserver les peaux reliées et d’effacer leur contenu pour qu’elles puissent porter de nouvelles histoires séduisait. Ainsi naquit le palimpseste. Le travail n’était pas si simple. Il fallait gratter les peaux avec un abrasif pour faire disparaître les lettres avant d’écrire un autre texte. Il était parfois difficile de gommer complètement la version précédente. Pour éviter de confondre le nouveau avec l’ancien encore partiellement visible, les scriptes tournaient la page de 90 degrés avant de procéder à la nouvelle transcription. Les palimpsestes pouvaient ainsi porter quatre ou cinq versions distinctes. À la différence de nos liseuses, il était impossible de zapper de l’une à l’autre. Je sais que si j’avais été une de ses merveilleuses petites machines je n’aurais pas connu le charme du papier, des encres, des colles, de la couverture, de la reliure, de ces matières différentes dont la façon forme un tout tellement cohérent. Je n’aurais pas connu le plaisir d’être examiné, retourné, feuilleté, admiré, caressé et même parfois reniflé.

Le livre a un pouvoir fascinant. Il séduit avant la lecture par ce qu’il promet, et après par ce qu’il laisse en souvenir. Il grave dans vos mémoires les bases de nouvelles réflexions quelquefois inconscientes.

Il faut un an pour écrire un bon livre, parfois seulement un jour pour le lire, une heure pour le résumer, une seconde pour le détruire et une éternité pour l’oublier.

On me lit facilement. C’est une de mes satisfactions. On me prête, je passe de mains en mains et rencontre souvent de nouvelles têtes. C’est la partie que je connais le mieux des individus. Le face-à-face dure assez longtemps. La lecture offre ce privilège, on doit prendre son temps. Les expressions du visage, les mimiques, parfois les larmes à certains endroits précis de l’histoire, me permettent lentement de comprendre mon lecteur, de le connaître, parfois de l’aimer. Cela m’est arrivé.

2 - Julia

C’était pendant l’été 2010. Mon propriétaire venait de faire mon acquisition sur fnac.com. C’était pour moi une terrible première expérience, car je ne connaissais pas Simon. Il n’y avait pas eu de face-à-face comme dans une librairie. Il ne m’avait pas pris dans ses mains, feuilleté, soupesé. Il avait simplement lu un petit résumé sur le Web, identifié l’auteur puis passé commande en ligne. Le seul lien entre lui et moi était sa carte de crédit. Me voilà donc emballé avec un autre livre et trois DVD. Je fus tout de suite rassuré ; l’autre ne faisait pas le poids : écrivain inconnu, titre peu alléchant – vacances en solitaire. Comment pouvait-on acheter une chose pareille ? Que pouvait-on espérer y trouver ? J’étais presque sûr d’être lu en premier. Je connaissais l’adresse de Simon puisque l’employé avait imprimé une étiquette à son nom avant de faire le colis et qu’il l’avait lue à haute voix. Je savais donc parfaitement que j’allais à Granville. J’allais enfin voir la mer. Une première pour moi !

La petite maison de granit, perchée sur une colline, faisait face à l’étendue bleue. Une lande épaisse séparait l’habitation de la plage. Le chemin, uniquement praticable à pied, permettait l’accès direct au front de mer. La barrière blanche en bois, partiellement engloutie par des hortensias très envahissants, délimitait la propriété. La couleur mauve des fleurs tranchait vivement avec le vert du feuillage. La luxuriante végétation normande offrait un décor très naturel. Il s’agissait d’une maison familiale. Simon s’y était installé définitivement lorsqu’il avait pris sa retraite. Veuf depuis plusieurs années, l’océan lui tenait compagnie.

Dès notre première rencontre, j’ai compris qu’il me respecterait. Après avoir ouvert le colis avec mille précautions, il me saisit en premier. J’étais l’objet de toute son attention. Il me compulsa soigneusement puis me posa délicatement sur le coin d’une table. C’était un avantage pour moi. Être placé immédiatement en haut d’une bibliothèque et oublié à jamais était un risque majeur pour le texte que je porte. Fort heureusement, ce n’était pas l’intention de Simon. Je souriais en mon for intérieur quand je vis vacances en solitaire rejoindre une étagère poussiéreuse. Les DVD furent rangés sous l’écran plat. J’avais donc la priorité.