Les Trophées - José-Maria de Heredia - E-Book

Les Trophées E-Book

José-Maria (de) Heredia

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Beschreibung

"Les Trophées de Heredia, écrit par José-Maria de Heredia, est un recueil de poèmes qui a marqué l'histoire de la poésie française. Publié en 1893, cet ouvrage est considéré comme l'un des plus grands chefs-d'œuvre de la poésie symboliste.
Les Trophées de Heredia sont composés de cinquante sonnets, chacun décrivant une scène de l'histoire ou de la mythologie antique. Les poèmes sont écrits dans un style élégant et raffiné, avec une attention particulière portée aux détails et aux images. Les sonnets sont également caractérisés par leur musicalité et leur rythme, qui ajoutent à leur beauté poétique.
Le recueil est divisé en trois parties : ""La Grèce avant la guerre de Troie"", ""La Guerre de Troie"" et ""Après la guerre de Troie"". Chaque partie est composée de sonnets qui racontent des histoires de héros et de dieux, de guerres et de trahisons, de passions et de désirs.
Les Trophées de Heredia ont été salués par la critique dès leur publication. Les poèmes ont été loués pour leur beauté et leur originalité, ainsi que pour leur capacité à capturer l'esprit de l'Antiquité. Le recueil a également influencé de nombreux poètes de l'époque, notamment Paul Valéry et Stéphane Mallarmé.
En somme, Les Trophées de Heredia est un recueil de poèmes incontournable pour tous les amateurs de poésie. Avec son style élégant et raffiné, ses images évocatrices et sa musicalité envoûtante, cet ouvrage est un véritable joyau de la poésie française.
Extrait : ""Soleil couchant Les ajoncs éclatants, parure du granit, Dorent l'âpre sommet que le couchant allume ; Au loin, brillante encor par sa barre d'écume, La mer sans fin commence où la terre finit. A mes pieds c'est la nuit, le silence. Le nid Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume ; Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume, A la vaste rumeur de l'Océan s'unit."""

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Seitenzahl: 104

Veröffentlichungsjahr: 2015

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EAN : 9782335002508

©Ligaran 2014

La Grèce et la Sicile
L’oubli
Le temple est en ruine au haut du promontoire.
Et la Mort a mêlé, dans ce fauve terrain,
Les Déesses de marbre et les Héros d’airain
Dont l’herbe solitaire ensevelit la gloire.
Seul, parfois, un bouvier menant ses buffles boire,
De sa conque où soupire un antique refrain
Emplissant le ciel calme et l’horizon marin,
Sur l’azur infini dresse sa forme noire.
La Terre maternelle et douce aux anciens Dieux,
Fait à chaque printemps, vainement éloquente,
Au chapiteau brisé verdir une autre acanthe ;
Mais l’Homme indifférent au rêve des aïeux
Écoute sans frémir, du fond des nuits sereines,
La Mer qui se lamente en pleurant les Sirènes.
Hercule et les Centaures
Némée
Depuis que le Dompteur entra dans la forêt
En suivant sur le sol la formidable empreinte,
Seul, un rugissement a trahi leur étreinte.
Tout s’est tu. Le soleil s’abîme et disparaît.
À travers le hallier, la ronce et le guéret,
Le pâtre épouvanté qui s’enfuit vers Tirynthe
Se tourne, et voit d’un œil élargi par la crainte
Surgir au bord des bois le grand fauve en arrêt.
Il s’écrie. Il a vu la terreur de Némée
Qui sur le ciel sanglant ouvre sa gueule armée,
Et la crinière éparse et les sinistres crocs ;
Car l’ombre grandissante avec le crépuscule
Fait, sous l’horrible peau qui flotte autour d’Hercule,
Mêlant l’homme à la bête, un monstrueux héros.
Stymphale
Et partout devant lui, par milliers, les oiseaux,
De la berge fangeuse où le Héros dévale,
S’envolèrent, ainsi qu’une brusque rafale,
Sur le lugubre lac dont clapotaient les eaux.
D’autres, d’un vol plus bas croisant leurs noirs réseaux,
Frôlaient le front baisé par les lèvres d’Omphale,
Quand, ajustant au nerf la flèche triomphale,
L’Archer superbe fit un pas dans les roseaux.
Et dès lors, du nuage effarouché qu’il crible,
Avec des cris stridents, plut une pluie horrible
Que l’éclair meurtrier rayait de traits de feu.
Enfin, le Soleil vit, à travers ces nuées
Où son arc avait fait d’éclatantes trouées,
Hercule tout sanglant sourire au grand ciel bleu.
Nessus
Du temps que je vivais à mes frères pareil
Et comme eux ignorant d’un sort meilleur ou pire,
Les monts Thessaliens étaient mon vague empire
Et leurs torrents glacés lavaient mon poil vermeil.
Tel j’ai grandi, beau, libre, heureux, sous le soleil ;
Seule, éparse dans l’air que ma narine aspire,
La chaleureuse odeur des cavales d’Épire
inquiétait parfois ma course ou mon sommeil.
Mais depuis que j’ai vu l’Épouse triomphale
Sourire entre les bras de l’Archer de Stymphale,
Le désir me harcèle et hérisse mes crins ;
Car un Dieu, maudit soit le nom dont il se nomme !
A mêlé dans le sang enfiévré de mes reins
Au rut de l’étalon l’amour qui dompte l’homme.
La Centauresse
Jadis, à travers bois, rocs, torrents et vallons
Errait le fier troupeau des Centaures sans nombre ;
Sur leurs flancs le soleil se jouait avec l’ombre,
Ils mêlaient leurs crins noirs parmi nos cheveux blonds.
L’été fleurit en vain l’herbe. Nous la foulons
Seules. L’antre est désert que la broussaille encombre ;
Et parfois je me prends, dans la nuit chaude et sombre,
À frémir à l’appel lointain des étalons.
Car la race de jour en jour diminuée
Des fils prodigieux qu’engendra la Nuée,
Nous délaisse et poursuit la Femme éperdument.
C’est que leur amour même aux brutes nous ravale ;
Le cri qu’il nous arrache est un hennissement,
Et leur désir en nous n’étreint que la cavale.
Centaures et Lapithes
La foule nuptiale au festin s’est ruée,
Centaures et guerriers ivres, hardis et beaux ;
Et la chair héroïque, au reflet des flambeaux,
Se mêle au poil ardent des fils de la Nuée.
Rires, tumulte... Un cri !... L’Épouse polluée
Que presse un noir poitrail, sous la pourpre en lambeaux
Se débat, et l’airain sonne au choc des sabots
Et la table s’écroule à travers la huée.
Alors celui pour qui le plus grand est un nain,
Se lève. Sur son crâne, un mufle léonin
Se fronce, hérissé de crins d’or. C’est Hercule.
Et d’un bout de la salle immense à l’autre bout,
Dompté par l’œil terrible où la colère bout,
Le troupeau monstrueux en renâclant recule.
Fuite de Centaures
Ils fuient, ivres de meurtre et de rébellion,
Vers le mont escarpé qui garde leur retraite ;
La peur les précipite, ils sentent la mort prête
Et flairent dans la nuit une odeur de lion.
Ils franchissent, foulant l’hydre et le stellion,
Ravins, torrents, halliers, sans que rien les arrête ;
Et déjà, sur le ciel, se dresse au loin la crête
De l’Ossa, de l’Olympe ou du noir Pélion.
Parfois, l’un des fuyards de la farouche harde
Se cabre brusquement, se retourne, regarde,
Et rejoint d’un seul bond le fraternel bétail ;
Car il a vu la lune éblouissante et pleine
Allonger derrière eux, suprême épouvantail,
La gigantesque horreur de l’ombre Herculéenne.
La naissance d’Aphrodite
Avant tout, le Chaos enveloppait les mondes
Où roulaient sans mesure et l’Espace et le Temps ;
Puis Gaia, favorable à ses fils les Titans,
Leur prêta son grand sein aux mamelles fécondes.
Ils tombèrent. Le Styx les couvrit de ses ondes.
Et jamais, sous l’éther foudroyé, le Printemps
N’avait fait resplendir les soleils éclatants,
Ni l’Été généreux mûri les moissons blondes.
Farouches, ignorants des rires et des jeux,
Les Immortels siégeaient sur l’Olympe neigeux.
Mais le ciel fit pleuvoir la virile rosée ;
L’Océan s’entrouvrit, et dans sa nudité
Radieuse, émergeant de l’écume embrasée.
Dans le sang d’Ouranos fleurit Aphrodite.
Jason et Médée

À Gustave Moreau

En un calme enchanté, sous l’ample frondaison
De la forêt, berceau des antiques alarmes,
Une aube merveilleuse avivait de ses larmes,
Autour d’eux, une étrange et riche floraison.
Par l’air magique où flotte un parfum de poison,
Sa parole semait la puissance des charmes ;
Le Héros la suivait et sur ses belles armes
Secouait les éclairs de l’illustre Toison.
Illuminant les bois d’un vol de pierreries,
De grands oiseaux passaient sous les voûtes fleuries,
Et dans les lacs d’argent pleuvait l’azur des cieux.
L’Amour leur souriait, mais la fatale Épouse
Emportait avec elle et sa fureur jalouse
Et les philtres d’Asie et son père et les Dieux.
Artémis et les Nymphes
Artémis
L’âcre senteur des bois montant de toutes parts,
Chasseresse, a gonflé ta narine élargie,
Et dans ta virginale et virile énergie,
Rejetant tes cheveux en arrière, tu pars !
Et du rugissement des rauques léopards
Jusqu’à la nuit tu fais retentir Ortygie,
Et bondis à travers la haletante orgie
Des grands chiens éventrés sur l’herbe rouge épars.
Et, bien plus, il te plaît, Déesse, que la ronce
Te morde et que la dent ou la griffe s’enfonce
Dans tes bras glorieux que le fer a vengés ;
Car ton cœur veut goûter cette douceur cruelle
De mêler, en tes jeux, une pourpre immortelle
Au sang horrible et noir des monstres égorgés.
La chasse
Le quadrige, au galop de ses étalons blancs,
Monte au faîte du ciel, et les chaudes haleines
Ont fait onduler l’or bariolé des plaines.
La Terre sent la flamme immense ardre ses flancs.
La forêt masse en vain ses feuillages plus lents ;
Le Soleil, à travers les cimes incertaines
Et l’ombre où rit le timbre argentin des fontaines,
Se glisse, darde et luit en jeux étincelants.
C’est l’heure flamboyante où, par la ronce et l’herbe,
Bondissant au milieu des molosses, superbe,
Dans les clameurs de mort, le sang et les abois,
Faisant voler les traits de la corde tendue,
Les cheveux dénoués, haletante, éperdue ;
Invincible, Artémis épouvante les bois.
Nymphée
Le quadrige céleste à l’horizon descend,
Et, voyant fuir sous lui l’occidentale arène,
Le Dieu retient en vain de la quadruple rêne
Ses étalons cabrés dans l’or incandescent.
Le char plonge. La mer, de son soupir puissant,
Emplit le ciel sonore où la pourpre se traîne,
Tandis qu’à l’Est d’où vient la grande Nuit sereine
Silencieusement s’argente le Croissant.
Voici l’heure où la Nymphe, au bord des sources fraîches,
Jette l’arc détendu près du carquois sans flèches.
Tout se tait. Seul, un cerf brame au loin vers les eaux.
La lune tiède luit sur la nocturne danse,
Et Pan, ralentissant ou pressant la cadence,
Rit de voir son haleine animer les roseaux.
Pan
À travers les halliers, par les chemins secrets
Qui se perdent au fond des vertes avenues,
Le Chèvre-pied, divin chasseur de Nymphes nues,
Se glisse, l’œil ardent, sous les hautes forêts.
Il est doux d’écouter les soupirs, les bruits frais
Qui montent à midi des sources inconnues
Quand le Soleil, vainqueur étincelant des nues,
Dans la mouvante nuit darde l’or de ses traits.
Une Nymphe s’égare et s’arrête. Elle écoute
Les larmes du matin qui pleuvent goutte à goutte
Sur la mousse. L’ivresse emplit son jeune cœur.
Mais, d’un seul bond, le Dieu du noir taillis s’élance,
La saisit, frappe l’air de son rire moqueur,
Disparaît... Et les bois retombent au silence.
Le bain des Nymphes
C’est un vallon sauvage abrité de l’Euxin ;
Au-dessus de la source un noir laurier se penche,
Et la Nymphe, riant, suspendue à la branche,
Frôle d’un pied craintif l’eau froide du bassin.
Ses compagnes, d’un bond, à l’appel du buccin,
Dans l’onde jaillissante où s’ébat leur chair blanche,
Plongent, et de l’écume émergent une hanche,
De clairs cheveux, un torse ou la rose d’un sein.
Une gaîté divine emplit le grand bois sombre.
Mais deux yeux, brusquement, ont illuminé l’ombre.
Le Satyre !... Son rire épouvante leurs jeux ;
Elles s’élancent. Tel, lorsqu’un corbeau sinistre
Croasse, sur le fleuve éperdument neigeux,
S’effarouche le vol des cygnes du Caÿstre.
Le vase
L’ivoire est ciselé d’une main fine et telle
Que l’on voit les forêts de Colchide et Jason
Et Médée aux grands yeux magiques. La Toison
Repose, étincelante, au sommet d’une stèle.
Auprès d’eux est couché le Nil, source immortelle
Des fleuves, et, plus loin, ivres du doux poison,
Les Bacchantes, d’un pampre à l’ample frondaison
Enguirlandent le joug des taureaux qu’on dételle.
Au-dessous, c’est un choc hurlant de cavaliers ;
Puis les héros rentrant morts sur leurs boucliers
Et les vieillards plaintifs et les larmes des mères.
Enfin, en forme d’anse arrondissant leurs flancs,
Et posant aux deux bords leurs seins fermes et blancs,
Dans le vase sans fond s’abreuvent des Chimères.
Ariane
Au choc clair et vibrant des cymbales d’airain,
Nue, allongée au dos d’un grand tigre, la Reine
Regarde, avec l’Orgie immense qu’il entraîne,
Iacchos s’avancer sur le sable marin.
Et le monstre royal, ployant son large rein,
Sous le poids adoré foule la blonde arène,
Et, frôlé par la main d’où pend l’errante rêne,
En rugissant d’amour mord les fleurs de son frein.
Laissant sa chevelure à son flanc qui se cambre
Parmi les noirs raisins rouler ses grappes d’ambre,
L’Épouse n’entend pas le sourd rugissement ;
Et sa bouche éperdue, ivre enfin d’ambroisie,
Oubliant ses longs cris vers l’infidèle amant,
Rit au baiser prochain du Dompteur de l’Asie.
Bacchanale
Une brusque clameur épouvante le Gange.
Les tigres ont rompu leurs jougs et, miaulants,
Ils bondissent, et sous leurs bonds et leurs élans
Les Bacchantes en fuite écrasent la vendange.
Et le pampre que l’ongle ou la morsure effrange
Rougit d’un noir raisin les gorges et les flancs
Où près des reins rayés luisent des ventres blancs
De léopards roulés dans la pourpre et la fange.
Sur les corps convulsifs les fauves éblouis,
Avec des grondements que prolonge un long râle,
Flairent un sang plus rouge à travers l’or du hâle ;
Mais le Dieu, s’enivrant à ces jeux inouïs,
Par le thyrse et les cris les exaspère et mêle
Au mâle rugissant la hurlante femelle.
Le Réveil d’un Dieu
La chevelure éparse et la gorge meurtrie,
Irritant par les pleurs l’ivresse de leurs sens,
Les femmes de Byblos, en lugubres accents,
Mènent la funéraire et lente théorie.
Car sur le lit jonché d’anémone fleurie
Où la Mort avait clos ses longs yeux languissants,
Repose, parfumé d’aromate et d’encens,
Le jeune homme adoré des vierges de Syrie.
Jusqu’à l’aurore ainsi le chœur s’est lamenté.
Mais voici qu’il s’éveille à l’appel d’Astarté,
L’Époux mystérieux que le cinname arrose.
Il est ressuscité, l’antique adolescent !
Et le ciel tout en fleur semble une immense rose
Qu’un Adonis céleste a teinte de son sang.
La Magicienne
En tous lieux, même au pied des autels que j’embrasse,