Loves, Friends & Secrets - Sonja Sage - E-Book

Loves, Friends & Secrets E-Book

Sonja Sage

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Beschreibung

Imaginez quatre amitiés, quatre filles que tout oppose et que pourtant la vie a réunies malgré les préjugés. 

Elena directrice d’une maison d’édition est la seule à ne pas vivre à Annecy, mais dans la capitale avec son petit ami Raphaël. Hind, célibataire et working girl, croque la vie à pleine dent. Laura est avocate, maman d’un petit Roméo et mariée à Matthieu. Lou est auteure, maman de deux chérubins prénommés Angelina et Mathis, mariée à Max son premier amour. Elena, Hind, Laura et Lou, amies depuis une décennie, semblent être pleinement heureuses. 

Malgré leurs vies bien remplies, elles se retrouvent régulièrement pour des soirées et week-ends entre filles. Sûres de la sincérité de leur amitié, elles n’ont jamais connu les disputes.
Rien ne semble pouvoir les séparer jusqu’à ce week-end en Bourgogne où un événement, les mensonges et les non-dits viendront perturber leurs liens indéfectibles.

Leur amitié sera-t-elle assez forte pour surmonter cette tempête ?

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SonjaSage

Loves, Friends & Secrets

Prologue

3 ans plustôt…

Hind

J’essuie mes larmes. Il n’a pas le droit, non il n’a pas le droit de revenir et de jouer encore avec moi ! Il a perdu ce droit au moment où il a préféré la compagnie de sa bouteille à celle de sa femme et sa fille.

Ce n’est pas la première fois qu’il essaie de me manipuler en entrant dans ma vie, la dernière fois j’ai tellement souffert que je me suis perdue et j’ai fait beaucoup de mal autour de moi. D’ailleurs, mon couple avec Bruno n’a pastenu.

Je renifle et Lou me tend un mouchoir.

–Allez ma jolie, tu es bien plus forte que ça ! Ne le laisse pas t’atteindre.

–Mais qu’est-ce qu’il croit ? Hein ?! Que je vais oublier tout le mal qu’il m’a fait subir et aller le voir en prison ? Il aurait dû avoir plus que quelquesmois.

Mon père est alcoolique, violent et ça depuis ma plus tendre enfance. Les soirs où cela criait trop à la maison, je partais me réfugier chez Lou, ma meilleure amie depuis toujours.

Chez les Leroy, je me sentais en sécurité. Lou me prenait dans ses bras et nous nous blottissions dans son lit en attendant que la crise passe.

Un jour ma mère a eu le courage, la force de le quitter et nous avons enfin vécu en paix. Jusqu’à il y a quelques années où il est revenu me demander pardon. Il me disait qu’il allait enfin devenir le père que j’espérais et moi, je l’aicru.

Ça a été une descente aux enfers. Heureusement, mes amis étaient là et m’ont aidée à ne pas sombrer. Il a continué à boire et jouait avec mes sentiments. Un jour, il était le père modèle, un jour il avait besoin d’argent alors je lui en donnais, un jour il était ivre et hurlait devant ma porte d’entrée afin que je lui ouvre… Cela n’a pas duré si longtemps mais assez pour me faire mal à nouveau . J’ai fait une longue dépression.

Je suis partie en maison de repos tellement j’ai été détruite et lorsque j’en suis sortie, je me suis promis de ne plus jamais le laisser m’approcher ni d’appartenir à un homme.

L’amour, ça faitmal !

Il a réussi par je ne sais quel miracle à avoir mon adresse postale et à m’écrire pour me dire qu’il était en prison et qu’évidemment ce n’était pas de sa faute, mais celle de l’alcool, qu’il n’avait pas eu l’intention de lever la main sur sa nouvelle compagne. Compagne dont j’ignorais l’existence, évidemment. Qu’il avait compris ses erreurs… je me suis revue, il y a neuf ans, lorsque j’étais à Paris et qu’il était revenu dans mavie.

Hors de question qu’il recommence son chantage émotionnel. J’ai grandi, je ne suis plus la jeune fille perdue d’autrefois.

Aujourd’hui, je travaille dans le marketing et je fais tout pour monter les échelons pour devenir directrice marketing et avoir une indépendance financière. Ne pas vivre aux crochets d’un homme, comme mamère.

Je ne juge pas ma mère, je sais qu’elle a fait ce qu’elle pouvait, mais je sais aussi que si elle avait eu cette indépendance, elle l’aurait quitté plus tôt et nous n’aurions pas eu à subir tout ça. Alors, je me promets de vivre ma vie indépendante et enchaîner les garçons ! D’ailleurs ça commence ce soir !

–Jette-moi cette lettre et n’y pense plus ! Je suis là et jamais je ne te lâcherai. Je ne lui permettrai plus de t’approcher, ni moi, ni Max, ni François d’ailleurs. Tu n’es pas seule !

–Exactement ! D’ailleurs, allons rejoindre Laura et Elena qui doivent nous attendre au bar . Et j’aimerais bien rentrer avec un garçon sous le bras. Histoire de décompresser totalement.

Lou lève les yeux au ciel, elle n’aime pas m’entendre parler comme ça. Elle s’inquiète. En même temps, elle a une vie derêve.

Mariée à Max, son premier amour, un sex-symbol soit dit en passant, deux enfants. Tout roule pour elle. Alors, m’imaginer batifoler chaque soir avec un nouveau mec, ça la dépasse.

–Promis, je te donnerai sa plaque d’immatriculation avant de grimper dans sa voiture. Comme ça, si j’ai affaire à un serial fucker, tu sauras le retrouver.

Je ris de ma blague qui ne fait rire que moi d’ailleurs.

–T’es sérieuse ? Serial Fucker ? Hind ! Tu pourrais vraiment tomber sur un serial killer, oui !!! Tu devrais penser à baisser tes barrières et à laisser entrer un homme dans tavie.

–Et pour quoi faire ? Je m’amuse bien comme ça. Et arrête de faire ta rabat-joie, ce soir, j’ai besoin de décompresser.

–Ok… dit-elle d’un ton las en haussant les épaules, mais penses-y, promis ?

–Oui, oui, maman, promis. Allez, sors de mon appartement, il est l’heure.

Elle lève les yeux au ciel, mais s’exécute et nous partons bras dessus, bras dessous rejoindre nos amies pour une soirée mémorable !

Arrivées au Savior, le bar de Max, nous retrouvons nos amies assises tranquillement à une table. Chacune la même boisson, notre boisson ! Le mojito ! Je tape des mains, heureuse de les retrouver et chasse ainsi toutes mes pensées négatives dues à monpère.

–Salut, les filles, dis-je en les embrassant chacune sur lajoue.

Lou fait de même et nous nous installons.

–Vous êtes en retard, râle Laura. Vous savez que c’est compliqué pour moi, je ne vais pas pouvoir rester trop longtemps, demain j’ai une audience et je dois revoir ma plaidoirie en rentrant.

Laura est avocate, elle commence à se faire un nom dans le milieu, mais elle travaille beaucoup trop ! À ce rythme-là, elle ne tiendrapas.

Lou fronce les sourcils, notre « maman poule » comme nous aimons l’appeler, ne va pas tarder à la sermonner.

Trois, elle relève le menton.

Deux, elle pointe son index en l’air.

Un, elle ouvre la bouche.

–Tu travailles beaucoup trop Laura. Il faut que tu lèves le pied. Je n’aimerais pas qu’il t’arrive quelque chose à cause du stress.

–Rhoo, arrête ! On dirait Matthieu ! C’est bon, je gère, no stress les filles !

–C’est vrai que tu travailles énormément, ton mari a raison de te faire la morale et Roméo te prend aussi beaucoup de ton temps. Fais attention à toi quand même, dit Elena en lui passant délicatement la main sur sajoue.

–Oui, oui, j’y penserai.

Nous sommes interrompues par Max, qui vient nous saluer et embrasser sa femme.

–Vous êtes trop mignons tous les deux, dit tendrement Elena.

–Merci, Max pose ses yeux amoureux sur sa femme puis se retourne vers nous, alors deux autres mojitos je suppose ?

–Oui, dis-je un peu trop enthousiaste.

–OK, toi, tu veux faire la fête ce soir, je me trompe ? me demande malicieusementMax.

–Oh oui, si tu vois ce que je veux dire ? je réponds avec un clin d’œil.

Il se bouche les oreilles.

–Ah non, je ne veux rien savoir ! Bon, je vous fais apporter vos boissons.

Il quitte la table non sans un dernier baiser à sa dulcinée, ce qui fait encore une fois papillonner Elena.

–Mais qu’est-ce que tu as ?! Tu es amoureuse ou quoi ? dis-je.

Elle rougit et boit une gorgée pour éviter de me répondre.

–Ah non, non, non jeune fille ! Vous allez tout nous raconter ! Vas-y ! Dis-nous, il s’appelle comment ? Grand, brun ? Blond ? Allez, supplie Laura.

–Et le plus important, est-ce qu’il assure au pieu ?

Les filles rigolent alors que je fais mine de ne pas comprendre.

Quoi ? C’est important, ça ?Non ?

–Tu ne changeras jamais, Hind, répond Elena.

–Ah ça c’est certain. Il n’est pas né le mec qui me fera changer ! Allez, raconte !

–Il s’appelle Raphaël. Il est photographe, blond et quand il sourit, il a une petite fossette qui se forme juste là, elle montre du doigt le coin de sa joue, que j’ai envie d’embrasser à chaque fois. Et franchement les filles, il A.S.S.U.R.E !

–Aaah ! Voilà ce que je voulais entendre ! dis-je.

–Et tu es amoureuse ? demande Laura.

–Ce n’est que le début, mais je crois que je commence à tomber amoureuse de lui. J’ai l’impression que c’est le bon ! Vous allez me dire que je m’avance trop, mais je m’imagine bien dans quelques années à dans ses bras avec un ou deux enfants. Je veux tellement en avoir. Maintenant qu’il me semble avoir trouvé le bon, je me permets de rêver unpeu.

–Mouais, t’es amoureuse quoi, dis-je.

Lou tourne son joli visage vers moi d’un air malicieux et je sais exactement ce qu’elle va medire.

–Il ne manque plus que toi et nous serons toutes casées !

–Pfff, dis-je en balayant l’air, jamais ! D’ailleurs, je vous laisse un instant, car j’ai vu un beau mec au bar et il me paraît parfaitement à mon goût pour ce soir. Je vous abandonne comme vous le faites avec moi. Je pointe du doigt chacune d’entre elles, toi Laura avant tu chassais avec moi, mais maintenant que tu es mariée et overbookée, nos soirées n’existentplus.

–Euh, Hind, c’est un peu normal, je suis mariée et maman ! répond-elle.

–Oui, oui, ce n’est qu’un détail. Tu pourrais être solidaire, dis-je sur le ton de l’humour. Et toi Elena, franchement l’amoureuse de l’amour. Grrr ! Tu me désoles. Elle va pour répliquer, mais je ne lui laisse pas le temps et me tourne vers Lou. Et toi, toi Lou, eh bien… je n’ai rien à te dire, car tu as toujours été avec Max. Mais sérieux les filles, nos soirées ne sont plus les mêmes. On dirait que jesuis…

–Différente, lâche Elena.

–Ouais, différente, bizarre ou plutôt non, c’est vous les filles qui êtes bizarres à vous mettre en couple. Décidément je ne vous comprendrai jamais. Sur ce, je crois qu’on m’attend.

Je me lève sur les rires de mes amies. Je les laisse discuter de ce Raphaël et me dirige vers le beau brun qui me sourit.

1ère PARTIE

1

Laura

Comme chaque matin depuis huit ans, le réveil de Matt sonne le début de la journée. Et comme depuis six mois, Matt me réveille une fois par semaine à sa façon. Collant son érection sur mes fesses, il me retourne délicatement sans oublier de parsemer mon épaule de baisers

–Bonjour Laura.

Et comme depuis six mois, je n’ai plus le droit au petit surnom, mais à mon prénom tout simplement.

–Bonjour mon amour.

Il se place au-dessus de moi et sans préliminaire me pénètre, je pousse un léger cri, il s’arrête pour que je m’habitue à sa présence puis il recommence ses va-et-vient dans mon intimité.

Je lâche quelques gémissements pour l’encourager et pour être honnête, en finir au plusvite.

Quoi ?! Ne me jugez pas. Je ne dois pas être la seule femme à simuler un orgasme à son mari,si ?!

En fait, je sais bien au plus profond de moi que cela n’est pas normal, mais tout a changé il y a sixmois.

Rapidement, un râle se fait entendre, mon mari dépose un baiser sur ma tempe et se retire, comme depuis sixmois.

Et depuis, mon cœur saigne et le réclame, mais Matt n’est déjà plus là. Je l’entends me rappeler de la douche qu’il ne faut pas que j’oublie de prendre ma pilule contraceptive et d’aller réveiller Roméo, notre fils de sixans.

Matt et moi, nous nous sommes rencontrés il y a huit ans lors d’une soirée entre filles avec mes irremplaçables meilleures amies, Lou, Hind et Elena.

Hind était déjà en chasse pour savoir quel homme elle allait bien pouvoir ramener ce soir-là dans son lit. Alors que pour une fois, moi, je voulais passer cette nuit seule.

La mauvaise expérience avec le blondinet du week-end précédent m’avait refroidie. Et pourtant, il était prometteur, blond, yeux bleus, athlétique. Ok ! La parfaite caricature de Ken, le mec de Barbie, mais pour un soir, ça allait bien me suffire. C’était un grand sportif, il s’adonnait à la course àpied.

Ah ça pour être rapide, il l’était !...

Alors ce soir-là, je voulais profiter de mes amies, mais c’était sans compter sur le groupe de mecs attablés juste à côté denous.

Nous avions choisi un bar où l’on danse la salsa. Un bar pour boire des mojitos tout en dansant. Je l’avais bien remarqué, beau gosse sans prétention, cheveux bruns mi-longs qui lui tombent sur le front. Et ses lunettes de vue lui donnaient un air d’intello. À chacun de ses regards, il passait sa langue sur sa lèvre inférieure comme un prédateur. Mon bas-ventre me trahissait ainsi que le frottement de mes cuisses l’une contre l’autre.

Un regard et j’étais allumée.

Lou se mit à rire en me voyant et avait déjà compris que j’allais les abandonner lâchement commeHind.

Je me suis levée pour danser seule, espérant qu’il prenne ça pour une invitation. Ce qu’il fit… Pas longtemps après nous nous sommes retrouvés dans les toilettes.

Pas glamour je sais, mais l’envie était telle que j’en ai perdu la raison.

Et puis, il m’a offert un verre, tout aussi remué que moi par ce tête-à-tête dans un lieu public. Nous avons longuement parlé jusqu’à la fermeture du bar, il m’a ramenée chez moi, nous avons refait l’amour dans sa voiture ou plutôt sur le capot de sa voiture et puis il est monté dans mon appartement et depuis, il ne l’a plus quitté.

Un an après, nous nous sommes mariés et deux ans après notre rencontre, Roméo est apparu, rendant notre bonheur encore plus fort.

Mais tout a changé il y a sixmois…

–Oh non, Laura ! Tu es encore au lit ! Ça va être la galère avec Roméo, jamais je n’arriverai à l’heure au travail. En plus, tu pars ce soir en week-end avec tes copines, je dois me coltiner Roméo à amener chez tes parents … Merci du cadeau !

–Je me lève ! Pardon, je rêvassais c’esttout…

Ma voix s’est cassée en disant ces mots, vite remarquée parMatt.

–Excuse-moi Laura, je suis stressé en ce moment avec le boulot. Je vais gérer Roméo et toi tu vas finir ta valise et penser à ce super week-end qui t’attend, car tu en as besoin.

Il me fait un léger sourire, me passe la main sur la joue. Je fonds littéralement devant ce geste de tendresse. Il va pour m’embrasser, enfin c’est ce que je crois, mais non, il embrasse mes cheveux.

J’ai le droit au baiser uniquement lorsqu’il sort de la maison, comme depuis sixmois.

Il se détourne, enfile un caleçon et moi je reste bêtement en admiration devant le corps de monmari.

J’ai une envie folle de lui mordre les fesses et de le faire revenir dans le lit, mais je ne le fais pas, comme depuis six mois. Alors, je me lève et me dirige à mon tour dans la salle debain.

Je ne suis jamais bien longue à me préparer, mes cheveux bruns au carré sèchent rapidement et sont très disciplinés, pas besoin de brushing.

Un coup de blush sur mes joues pour effacer un peu la blancheur de ma peau, du mascara, un léger gloss et me voilà prête pour attaquer une nouvelle journée au cabinet.

Je suis avocate spécialisée en droit social et droit du travail, je travaille avec d’autres avocats dans un même cabinet. Nous avons uni nos forces pour répondre au maximum de besoins, chacun d’entre nous a une spécialité.

Je sors de la salle de bains et m’habille en parfaite businesswoman, pantalon noir, chemise blanche accompagnée d’une veste de tailleur noire également.

Lorsque je sors de la chambre, je découvre mon mari assis sur la chaise devant la table de la cuisine, en train de lire le journal pour lequel il travaille. Matt, enfin Matthieu pour être juste, est journaliste sportif pour un grand quotidien de la ville.

À ses côtés, Roméo, déjà habillé, engloutit sa tartine de chocolat.

–Bonchour maman ! me dit-il la bouche pleine.

Je lui souris tendrement et passe ma main sur ses cheveux.

–Arrête maman ! Je n’aime pasça !

–Ok, ok, mon bonhomme, je ne le ferai plus. Promis.

–Mouais, tu dis ça à chaque fois, dit-il d’un air bougon.

–Le café est prêt si tu veux Laura, m’annonce mon mari sans lever les yeux versmoi.

Je m’attarde un peu trop à le regarder, mon mari me plaît et je l’aime toujours autant. C’est vrai, je l’avoue, nous ne faisons plus réellement l’amour, mais il y a toujours ce truc entre nous. Vous savez, ce truc qui s’appelle l’amour.

Mais alors de quoi je me plains au juste ? J’ai un mari, un petit garçon plein de vie, un bon boulot…

Alors pourquoi ai-je l’impressiond’être vide à l’intérieur ?

–Merci Matthieu ! dis-je provocante espérant une réaction de sapart.

Matt relève à peine les yeux vers moi et continue sa lecture.

–De rien Laura. Tu es prête pour ton week-end ?

Je soupire en essayant d’être discrète, déçue qu’il ne réagissepas.

Nous sommes mariés depuis sept ans et j’ai l’impression que nous sommes devenus des étrangers malgré tout l’amour qu’il y a entrenous.

À moins que le temps ait laissé place à la monotonie et à l’amitié, ou tout simplement je me voile la face depuis sixmois.

Je me sers une tasse, en bois à peine une gorgée et la repose dans l’évier.

–Je dois y aller. Désolée, un rendez-vous important, prétexté-je.

Je me baisse pour embrasser monfils.

–Sois sage chez mamie et papi. Je reviens vite mon petit bonhomme. Et n’oublie pas que je t’aime !

–Moi aussi maman.

Je me relève et attrape mon sac posé sur la chaise. J’hésite à embrasser mon mari, le nez toujours plongé dans son journal. Je ne devrais pas avoir à hésiter.

Mais punaise ! Pourquoi j’hésite alors ?!

Je tourne le dos et m’apprête à partir lorsque mon poignet est saisi par Matthieu.

–Et moi alors ?

Il m’attire vers lui et plante un petit baiser sur… majoue.

–Profite de ce week-end pour te reposer.

–Oui, oui, promis.

Je m’écarte de mon mari et ferme la porte de l’appartement en grognant dans ma barbe.

Je n’ai pas besoin de repos ! Mince c’était il y a six mois et le médecin m’a permis de reprendre mon travail, c’est que je vais bien ! Merde Matt, il est temps de le comprendre. JE VAIS BIEN !

***

Il me faut moins de trente minutes pour arriver devant l’immeuble où se situe mon cabinet mais également celui d’un cabinet de kinésithérapie.

LE CABINET ! Celui où travaille ce joli brun qui me sourit à chaque fois que l’on se rencontre dans l’entrée, celui-là même qui est en face de moi. Surprise, ou plutôt déstabilisée de le voir, je trébuche lorsque je monte les trois petits escaliers qui me séparent de la porte de mon cabinet à l’entrée de l’immeuble.

–Mince Laura ! Çava ?

–Oh oui Jérôme, je suis juste maladroite.

Il m’attrape et je me tiens à sonbras.

Punaise ces muscles ! Ça existe ça ? Reprends-toi Laura, reprends-toi !

Je me retrouve dans ses bras, proche, beaucoup trop proche pour une femme mariée ! Si proche que je sens son souffle sur mon visage et c’est agréablement troublant.

–Assieds-toi, je vais regarder ta cheville.

Sa voix rauque a le don de transformer mes neurones en purée et sans réfléchir, je m’assois. Il retire délicatement ma chaussure et caresse ma cheville droite.

Non, Laura, il ne te caresse pas, il examine ta cheville. C’est un kiné ! Mais qu’est-ce qui t’arrive ?

Jérôme relève ses yeux bleus vers moi et je me sens rougir. J’espère juste qu’il ne le remarque pas. Ni le fait que ma poitrine se relève beaucoup trop vite au contact de sa main sur mapeau.

Pour être honnête, Jérôme m’a toujours donné l’impression que je lui plaisais mais il n’a jamais rien essayé.

Mais depuis ces derniers mois, depuis mon retour au travail il y a trois mois, je me laisse courtiser par cet homme qui me donne l’impression d’être vivante. D’être belle. Avec lui je ris, il m’écoute, il est attentif.

Je suis seulement une femme terriblement en manque de sonmari.

Terriblement en manque d’amour.

Je sais, je joue avec lefeu…

Je veux seulement être prise dans les bras et qu’on me chuchote des mots d’amour. Je ne lui ai jamais vraiment donné l’occasion ni donné un signe qu’il aurait pu interpréter comme un accord de ma part. Il n’a jamais vraiment rien tenté.

Non, jamais !

Jusqu’à ce moment…

–Malheureusement, tu n’asrien.

Il baisse son regard, attrape ma chaussure et me rechausse.

–Malheureusement ? dis-je en attrapant la main qu’il me tend pour m’aider à me relever, je ne comprendspas ?

–Laura, souffla-t-il, si j’étais plus malin, je t’aurais dit que tu avais la cheville tordue et je t’aurais emmenée dans mon cabinet.

Il caresse du bout de ses doigts ma main restée dans la sienne et continue son monologue.

–Si j’étais plus malin, j’aurais fait durer ce moment…

Mon cœur cesse de battre à cet instant.

–Si j’étais plus malin, je placerais ma main sur ta nuque, il mime la scène, et si j’étais plus malin, je t’aurais embrassée.

–Jérôme, dis-je dans un souffle, les yeux plissés et tristes.

–Non, Laura, ne me regarde pas comme ça. Je sais, tu appartiens à un autre.

Il expire fortement, me relâche la main et s’éloigne de moi pour rejoindre son cabinet.

–Bonne journée Laura.

Je me remets à respirer. Je n’avais même pas remarqué que j’avais cessé de le faire jusqu’à ce qu’il parte.

C’est le cœur tout chamboulé et la tête bourdonnante que je rentre dans mon cabinet. Mon assistante Alisson, toujours aussi pleine de vie, me saute dessus avec une tasse de café à la main qu’elle metend.

–Tiens pour toi ! Sans sucre et avec un nuage delait.

–Alisson ! Tu es adorable, mais arrête de me faire mon café, ça me met mal à l’aise. Tu es mon assistante, tu es là pour m’assister et non me faire lecafé.

–Je sais, mais c’est plus fort quemoi.

–Ok, j’abandonne ! Alors ce matin ?

–Tu as un rendez-vous à dix heures avec la société ALSTRUM et ensuite à quatorze heures avec Madame Dubois. J’ai fait en sorte que tu puisses terminer tôt si tu as besoin de boucler ta valise ou je ne sais quoi avant ton fameux week-end.

Alisson est une petite blonde un peu extravagante, elle parle fort, rit fort, mais elle est la meilleure assistante que je n’ai jamais eue, toujours disponible et prévenante comme aujourd’hui.

–Merci Alisson, j’apprécie. Rien d’autre ?

–Non…

Elle reste là figée comme une plante.

–Alisson ?

–Oui ?

–Tu as quelque chose d’autre à me dire ?

–Euh… En fait, je sais… c’est un peu… enfait…

–Alisson ! dis-je excédée par sa timidité. Depuis le temps qu’elle travaille pour moi, elle devrait savoir qu’elle peut tout me demander.

–Euh, répète-t-elle. Mike, mon petit Américain sera là ce week-end et je me demandais si je pouvais avoir mon lundi pour passer un peu plus de temps avec lui avant qu’il reparte.

–Évidemment, Alisson ! Je te l’offre même ! Allez ouste maintenant !

–Merci Laura.

Elle ferme enfin la porte de mon bureau et je m’affale sur mon siège.

J’attrape ma tête entre mes mains et je me mets à me maudire, « putain de Jérôme, putain de Matt ! »

La fin de la matinée arrive enfin et je suis heureuse de l’avoir passée à ne pas penser à l’épisode de ce matin. Mais je sais qu’il me faudra l’affronter et mettre les choses au clair avec Jérôme.

Oui, mais en ai-je vraiment envie ?

Alisson frappe à ma porte et se faufile dans mon bureau avec mon déjeuner.

–Une salade césar aujourd’hui ! Mange un peu, tu me fais peur, tu es toute pâle depuis ce matin.

–Merci pour ta franchise Alisson ! C’est toujours agréable, dis-je ironiquement.

–Oh, ne m’en veux pas ! C’est la faute de Jérôme.

Je me redresse de mon siège en entendant son prénom.

–Jérôme ?

–Oui, Jérôme lekiné.

–Oui, Alisson, je sais. Enfin, je veux dire je m’en doute ! Et quoi, Jérôme ?!

Détends-toi Laura, elle ne peut pas savoir !

–Ben, voilà, je suis sortie boire mon café dehors pour prendre un peu l’air et je l’ai vu. Il fumait une cigarette. Je ne savais pas qu’il fumait, tu le savaistoi ?

–Oui, uniquement lorsqu’il est en stress… Et donc ? Abrège Alisson, je n’ai pas toute ma journée.

–Oui, oui pardon. Il m’a dit que tu étais tombée dans les escaliers alors il me demandait de tes nouvelles. Tu ne m’as rien dire à ce sujet, c’est bizarre ?

–C’est parce qu’il n’y a rien à dire, Alisson ! Je suis juste tombée en loupant une marche, rien de grave !

–Tu es certaine ? Pas de malaise ?

Alisson est comme mon mari, ils pensent que je suis en sucre et depuis que j’ai fait un AVC il y a six mois, ils ne peuvent pas s’empêcher de craindre lepire.

Ok, j’ai eu peur, mais aujourd’hui il ne me reste plus beaucoup de séquelles. Je peux reprendre mon activité professionnelle malgré mon handicap.

À la suite de cet accident vasculaire cérébral, je suis devenu hémiparésique du côté gauche. En bref, mon bras gauche ne m’obéit plus totalement. Mises à part quelques douleurs à la tête de temps à autres et de la fatigue, je trouve que je m’en sors bien. J’arrive à conduire, ok uniquement une voiture automatique et de courtes distances, mais c’est bien je trouve. Je continue à m’occuper de Roméo… ma vie n’a presque pas changé, presque…

Et j’aimerais que l’on arrête de me considérer comme une personne faible. Oui, je suis handicapée et je ne pense pas pouvoir un jour retrouver l’usage total de mon bras, je me suis résignée, mais je vais bien ! Bordel, je vais bien !

–Oui, Alisson, je suis certaine !

Je suis certaine, car je suis tombée à cause de Jérôme justement. Parce qu’à chaque fois que je le vois, mon cerveau ne fonctionne plus correctement. Mais ça, je ne peux pas te l’avouer !

–Alors… Tu vas m’en vouloir…

–Quoi ? Jérôme t’a dit autre chose ? m’affolais-je.

–Non, rien d’autre. J’ai appelé Matt pour le prévenir.

–Alisson ! Non ! Tu dois apprendre à rester à ta place ! Mince !

–Excusez-moi Maître Laura Teissier, c’est vrai, je ne suis qu’une assistante.

Je me lève et me dirige vers elle pour lui prendre la main. Alisson ne m’appelle jamais ainsi, je l’ai blessée et je le sais, je me suis emportée et je m’enveux.

–Tu sais que tu es plus qu’une assistante Alisson ! Excuse-moi, je ne voulais pas dire ça. C’est juste que j’aimerais que vous arrêtiez de me prendre pour une petite chose fragile.

–Je sais… Excuse-moi, je ne le feraiplus.

–Oublions ! Alors qu’a-t-ildit ?

–Qui ?

–Matthieu ! Évidemment !

–Ah oui, euh… rien. Il était occupé, mais il en a pris bonne note. Voilà ses mots, Laura.

Bonne note… Pas le temps… Matthieu, Matthieu, Matthieu ! Mais que nous arrive-t-il ?

–Tu sais quoi Alisson, je vais manger cette salade avec toi et les autres dans notre salle de pause. Une belle pause-déjeuner va me faire le plus grand bien !

–Attends !

Alisson tripote ses mains, signe qu’elle est vraiment nerveuse.

–J’ai encore un truc à te dire, mais ne me vire pas, je te jure, je ne me mêlerai plus jamais de tavie !

–Tu m’inquiètes Alisson ! Qu’est-ce que tu as fait ?

–Jérôme avait l’air vraiment inquiet et comme vous êtes un peu potes, je lui ai donné ton numéro de téléphone pour qu’il prenne directement de tes nouvelles. Rassure-toi, je lui ai donné lepro.

–Ah ! Mais c’est tout ? J’essaie de paraître la plus décontractée possible alors que je bous de l’intérieur. Jérôme a mon numéro de téléphone portable, merde ! Ne t’inquiète pas, c’est un pote comme tu dis, il n’y a rien de grave mais oui, évite de le faire sans mon accord la prochaine fois,ok ?!

–Ok ! Promis, cela ne se reproduiraplus.

Grâce à l’organisation de mon planning par Alisson, je réussis à terminer tôt. Je saute dans ma voiture automatique, mais avant de démarrer je reçois un message sur mon portable professionnel. Comme cela peut être important, je le regarde.

Je cesse de respirer lorsque je remarque que le message provient de Jérôme. « Excuse-moi pour ce matin, j’ai dépassé les limites »

Je soupire et range le téléphone dans mon sac, mais une nouvelle sonnerie m’annonce un autre message « En fait, non, je ne m’excuse pas, je ne regrette rien à part le fait de n’avoir pas osé t’embrasser. Passe un bon week-end et éclate-toi avec tes amies. Laura : Vis ! Amuse-toi pendant ce week-end ! »

Je relis le message encore une fois, caresse ces mots que j’aimerais tellement entendre de la bouche de mon mari. Oui, je suis en vie ! Et Jérôme le voit… Je souris et démarre ma voiture en direction de mon appartement pour récupérer ma valise.

J’allume le Bluetooth et écoute le message de Hind laissé sur mon répondeur « Changement de programme, je ne viens plus te chercher. On se retrouve chez Lou. Je t’expliquerai… Enfin, tu as déjà compris. Oh Laura, le mec d’hier soir était, putain il est… Bon je vous raconterai. À tout à l’heure ! »

J’éclate de rire en écoutant mon amie, libre et heureuse. Il fut un temps où j’étais comme elle. Seule, sans contrainte et ma libido s’en portait mieux ! Quelquefois, je l’envie. Hind fait partie de ces filles indépendantes, belles, sûres d’elle et dotées d’un putain de sex-appeal ! Elle vit sa vie à fond et elle semble si heureuse ! Pas d’enfant, pas de mari, juste du sexe, aucune promesse. Elle vit la vie au jour le jour et ça lui va bien, elle est rayonnante !

Je me gare enfin sur le parking privé de mon immeuble et découvre que la voiture de Matt y est aussi.

Je pensais que je serais seule…

Lorsque je pénètre dans l’appartement, j’entends de l’eau couler, je me dirige vers la chambre. Matt est en train de prendre une douche, j’ouvre la salle de bain et je m’annonce afin qu’il ne prenne paspeur.

–Chéri, je suis là. Je récupère juste quelques accessoires et je boucle ma valise.

Il sort la tête pour me répondre.

–Ah ? c’est toi Laura. Je finis.

–Je vais mettre au sale tes vêtements qui traînent par terre.

Il ne fait déjà plus attention à moi. Alors, je prends mon parfum et ma brosse à dents que je fourre dans mon vanity puis dans ma valise. Elle ferme ! Ma valise ferme ! Youhou ! Quel exploit ! D’habitude je dois m’asseoir dessus pour y arriver, j’ai bien géré cettefois.

Je récupère la chemise de mon mec, la jette dans le bac à linge sale, puis vide les poches du jean, c’est fou tout ce qu’un mec trimbale dans un jean. Des pièces, un billet de vingt euros et un post-it. J’ouvre le post-it plié en deux pour voir si c’est important ou si je dois le jeter. « Appelle-moi ce week-end ». Ok je vais laisser Matt voir ce qu’il veut en faire.

–Laura, je croyais que tu avais déjà récupéré ta valise ?

–Déçu ? dis-je d’un ton un peu trop cinglant.

–Non ! Évidemment !

Matt se passe la main sur la nuque, il est nerveux…

–J’ai mis ton jean au sale et sur le lit, ce qu’il y avait dans les poches.

–Merci tu es une perle !

–Oh ! Avant que je parte, tiens, il y avait un post-it.

Il grimace en le chiffonnant dans samain

–J’en étais sûre !

–Quoi ? Mais de quoi tu parles ?

–Ne fais pas comme si j’étais une idiote Matt ! Ta cheffe va te faire bosser ce week-end, c’estça ?!

–Euh… oui c’est ça, avoue-t-il honteux.

–Matt ! On avait dit pas le week-end ! Tu bosses déjà assez ! En plus, tu n’as pas Roméo, profite de ton moment pour aller voir tes potes, boire un coup avec eux… Tu ne sors plus depuis sixmois…

Je m’avance avec prudence, jamais nous ne parlons de mon accident. Il était parti en bringue avec ses amis et Roméo était chez mes parents, lorsqu’il est rentré, il m’a trouvée à terre quasi inerte. Le choc !

–Arrête ça immédiatement Laura ! Il recule et met ses mains en face comme pour m’interdire de l’approcher, je m’arrête. Ne t’inquiète pas, je lui ai déjà dit que je ne travaillerai pas et je compte bien en profiter pour aller voir Philippe.

–Oh, et bien c’est parfait alors. Au fait, tu es bien rentré tôt ? Je croyais que tu déposais Roméo et que tu retournais au travail ?

–Oh, j’ai bien avancé alors j’ai préféré rentrer, dit-il en sortant. Tu as le temps de boire un café avec ton mari avant de partir ?

Surprise par l’intérêt qu’il me porte, j’accepte.

–J’arrive, je vérifie juste que je n’ai rien oublié.

Un petit tour d’horizon… Tout est bon, je peux y aller. Le bip du téléphone de Matt se fait entendre annonçant un message. Je le prends en main pour lui apporter.

–Matt, ton téléphone ! Tu l’as oub… Je ne finis pas ma phrase, trop absorbée par le message que j’ai en face demoi.

–Quoi ? me répond-il depuis la cuisine.

–Non, non, rien !

« Ne me laisse pas comme ça, appelle-moi. En plus ta femme n’est pas là ce week-end… » signéCindy.

Puis un deuxième quelques secondes d’après.

« Je t’ai laissé un post-it sur ton ordinateur, tu l’as vu ? »

Ma main tremble et pour la première fois je fais quelque chose d’irrationnel, je réponds à la place de monmari.

« Oui, je l’aivu… »

Aussitôt envoyé, cette Cindy me répond, enfin répond plutôt à Matt, comme si elle avait son nez collé à son portable dans l’attente de sa réponse.

« Ne me laisse pas comme ça. Pas après ce baiser… Appelle… »

Je clique sur sa photo pour voir à quoi elle ressemble, une blonde cheveux ondulés.

Bof, rien d’exceptionnel. Tu me déçois Matt ! Ok, c’est la jalousie qui parle.

J’ai envie de lui écrire « pétasse », mais je n’en faisrien.

J’ai envie de balancer le portable contre le mur, mais je ne le faispas.

Non, je contiens toute ma colère, respire et me dirige, valise à la main vers la cuisine.

–Ah ! ma princesse, tiens toncafé.

–Princesse ? dis-je surprise, ça fait longtemps que tu ne m’as pas donné ce petit nom. Ça fait exactement six mois Matt… Tu as quelque chose à te faire pardonner ?

–Non, mais c’est vrai et ça me manquait ce petit nom. Pas àtoi ?

Je ne réponds rien, la colère me monte. À l’évidence, monsieur a une maitresse et la culpabilité lui fait dire n’importequoi.

–Au fait comment s’appelle ta supérieure déjà ? Désolée, j’oublie toujours son prénom, en même temps tu y travailles depuis moins d’un an, ce n’est pas comme si cette personne était déjà importante pour toi ! Je ne la connais mêmepas !

–Euh… il se masse la nuque, oh ! Tu sais, ce n’est qu’une cheffe comme une autre. Cindy Lavorel. Elle s’appelle Cindy. Pourquoi ?

–Je me demandais juste pourquoi TA cheffe te laisse un post-it au lieu de t’envoyer un mail. Je trouve ça un peu plus pro, que « appelle-moi » sur un bout de papier.

Silence…

–Au fait tiens, tu avais oublié ton portable sur lelit.

Il se précipite dessus.

–Et tu as reçu un message de TA cheffe d’ailleurs.

Je prends un malin plaisir à voir mon mari se décomposer devant moi. Il est livide. Par automatisme, il regarde ses messages et surpris relève la tête versmoi.

–Il n’y en a pas en attente, de quoi tu parles Laura ? Je n’ai pas eu de message !

–Ah oui, j’ai oublié de te dire que j’y ai répondu. Je prends ma valise en main et je continue, tu as exactement deux jours pour faire tes valises et dégager de ma vie. C’est compris ?

–Laura, ce n’est pas ce que tu crois, dit-il en sautant de sa chaise.

–La parfaite réplique du connard qui rend sa femme cocue ! Alors c’est pour ça que tu ne me touches plus, que tu ne veux pas de deuxième enfant, que tu ne me chuchotes plus des mots d’amour… Le peu de fois où tu me baises car oui, nous ne faisons plus l’amour, sache que tu es seul à ce moment-là à baiser, je ne participe pas, tu ne me fais plus monter aux rideaux depuis bien longtemps.

Matt arrondit ses yeux, complétement choqué par mes propos.

–Arrête, ce n’est pas comme si tu n’avais pas remarqué que je simule depuis six mois ! Six mois bordel Matt ! Six mois où je croyais que tu avais juste peur de me perdre, qu’il te fallait du temps. Mais Matt, dis-moi, pourquoi continues-tu à me baiser si tu as une maîtresse ? Hein ? Connard !

–Arrête Laura, assieds-toi et je te raconte tout. Tu astort.

–Oh oui, parce que tu ne l’as pas embrassée peut-être ?!

Silence, regard baissé.

–Tu sais quoi Matt, je sais que tout a changé il y a six mois, mais je ne pensais pas que mon âme sœur me trompe un jour. Je pensais que nous arriverions à traverser cette tempête ensemble ! Maisnon !

–OUI, c’est au tour de Matt d’hurler, OUI, tout a changé depuis six mois. Tout, car j’ai eu la peur de ma vie, peur que tu meures…

Je ne le laisse pas terminer.

–Oui, mais je suis en vie ! Et tu sais quoi, si toi tu ne le vois pas, d’autres le voient.

J’ouvre la porte d’entrée.

–Ça veut dire quoi ça Laura ? Tu as un amant ?

–Pff, c’est tout ce que tu retiens, c’est tout ce qui t’intéresse dans tout ce que je t’ai dit. Tu me déçois tellement Matt, tellement !

Je claque la porte et sors aussi vite que je le peux de cet immeuble, loin de cet enfer.

Je ne me permets pas de pleurer, je ne veux pas que les filles me voient triste. Elles ne doivent rien savoir, pas maintenant ou peut-être jamais. J’ai trop honte pour l’instant.

Elles ne savent rien sur ma laborieuse vie maritale, je fais comme si rien ne s’était passé il y a sixmois.

Comme si je n’avais pas frôlé la mort, comme si je n’avais aucune séquelle.

Comme si ma vie amoureuse et familiale était parfaite.

2

Hind

Je passe mon pouce sur ma lèvre inférieure encore meurtrie par les baisers affamés de Liam.

Mon dieu, Liam ! Mais qu’ai-je fait ?!