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En proie à des chagrins inexplicables, J’ai voulu être l’oiseau Phoenix. Il brûle, mais il renaît de ses cendres.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Fabienne Chevallier est énarque et historienne d’art. Elle a publié son premier essai spirituel, "L’Ennemi, c’était moi", en 2018. Passionnée par la littérature mystique émanant de toutes les sagesses et religions du monde, elle crée des prières et des poèmes.
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Fabienne Chevallier
Récits, poèmes et prières
de guérison
Essai
© Lys Bleu Éditions – Fabienne Chevallier
ISBN : 979-10-422-0098-5
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Introduction
J’ai vécu le confinement et les restrictions sanitaires décidés pendant la pandémie de coronavirus de manière très intense. Alors même que l’actualité apportait sans cesse de nouvelles turbulences, j’ai placé mon attention sur mon intériorité, parce que des fragilités anciennes sont venues m’interpeller. J’ai été ramenée aux tendances à la dépression de ma jeunesse, en ramenant à ma mémoire l’influence qu’avait eue sur moi mon frère schizophrène, Yves, qui avait laissé en moi beaucoup d’émotions dont je portais toujours inconsciemment les empreintes. Mon frère est mort depuis longtemps, et ces dernières années je pensais rarement à lui. Ma vitalité était atteinte, et je me sentais très faible. Pourtant, j’ai pris mon courage à deux mains pour aller au fond de moi-même regarder en face la place que tenait la dépression dans mon histoire. J’ai pris conscience qu’elle devait beaucoup à des fardeaux transgénérationnels, mais que c’était à moi de prendre mon destin en main, avec des comportements nouveaux par rapport au passé, où j’avais utilisé le déni, la volonté et aussi la résilience. J’étais tombée vraiment bas, et je n’osais pas soupçonner que je pourrais transformer mes ombres en une nouvelle force de vie : cette traversée, d’abord pour me défendre contre le retour de la dépression avec des armes instinctives, puis pour mettre des mots sur ce qui m’arrivait et opérer un retournement, a été mon combat intérieur. Dans les moments de détresse, chacun appelle la Source en lui donnant le nom de sa religion ou de sa sensibilité. Pour ma part, j’ai invoqué de manière incessante le Christ, Lumière du Monde, chemin vers Dieu, pour affronter ce moment d’épreuve. Il a rappelé à mon esprit accablé que la dépression peut être un appel de l’âme cherchant à dissiper nos entraves pour les transformer dans le flux divin.
Pendant un temps, j’ai vécu un peu comme le psalmiste qui demande incessamment à Dieu son secours, la main désespérément tendue pour ne pas tomber dans l’abîme. Cette prière poétique, si particulière parce qu’elle frôle la tragédie d’une manière à la fois intense et pudique, me ramène toujours au judaïsme où plongent profondément mes racines. Ma voix intérieure m’a aussi soufflé de m’ouvrir sans hésiter aux enseignements spirituels du monde. Je me suis laissée inspirer par la musique méditative des soufis, une musique de l’âme qui s’entrelace avec la prière et la poésie. La sagesse de ce courant spirituel est pour moi incommensurable. Par elle, je sais que si je suis capable de me relier à la Lumière de Dieu, ce qui est possible pour tout être humain, aucune situation n’est insurmontable. Si je le fais, mon mental cesse son activité incessante, il cède la place à l’inspiration qui provient du Ciel et passe par le cœur. Tout s’apaise et les tracas se dissolvent. Cela requiert d’ouvrir mon esprit à un plan de conscience beaucoup plus vaste que celui de mon quotidien. Depuis longtemps, je prête attention à la psychologie bouddhiste, parce qu’elle incite à être vigilant sur l’état de nos pensées. En effet, nous sommes nos pensées, et l’état d’esprit qui nous anime au réveil a une forte influence sur nos journées. J’ai approfondi cette compréhension, et les outils inestimables forgés par ce courant spirituel sur les souffrances liées au monde, qui passent par le discernement sur les illusions, une auto-analyse rigoureuse et l’art de méditer. Les anciens Toltèques m’ont renforcée dans l’idée que l’apprentissage le plus important de la condition humaine consiste à ressentir à quel point nous nous laissons entraîner dans des combats extérieurs à nous-mêmes, alors que le combat ontologique primordial se livre d’abord en nous-mêmes. Je devais donc être mon guerrier, mon Indien intérieur. Cette belle sagesse m’a inspiré beaucoup de puissance. Plus récemment, la conscience Ho'oponopono m’a éblouie, car elle m’éclairait sur mon désir intuitif de remercier mon expérience de burn-out ! Dans mes prières chrétiennes, j’ai incorporé la méditation et ma créativité spirituelle et poétique qui doit beaucoup aux psaumes, et parfois aussi à la littérature mystique des soufis. Ma tradition ainsi élargie m’a invitée à faire grandir mon humanité dans la voie de l’Amour divin.
Ce mot « Amour » rassemble des états d’être que notre cœur connaît intuitivement, mais que nous sommes invités à travailler sur une forge intérieure pendant cette existence. En effet, aimer n’est pas si simple que l’on voudrait parfois nous le faire accroire. Par exemple, faut-il apporter du secours à quelqu’un qui n’en fait rien pour se tirer d’affaire ? Faut-il toujours agir pour aider l’autre, tout particulièrement quand on est soi-même épuisé ? Est-il possible de se préserver lorsqu’on accompagne quelqu’un qui est dans une profonde souffrance ? Comment se séparer dans l’amour de quelqu’un qui nous fait du mal sans en avoir conscience ? Voilà des questions de vie pratique. L’Amour est une sagesse. Parmi ses fondements, il requiert la capacité à apprécier pleinement la vie sans tomber pour autant dans l’avidité et le désir de possession, et à s’adapter aux changements sans crainte, ce qui est vraiment très difficile. La confiance est la pierre d’angle de l’Amour. Dans une sagesse orientale, il est dit que nous avons deux ailes invisibles qui nous aident à retourner à Dieu : l’une est l’Amour, l’autre la Confiance.
Or, opérer un déni sur nos ombres ou sur nos blessures altère notre confiance, notre capacité à aimer la vie, à nous aimer nous-mêmes et à aimer les autres de manière juste, c’est-à-dire d’une manière qui ne soit pas faussée par nos blessures personnelles. Accepter d’aller rencontrer nos ombres pour les intégrer et les guérir est notre travail le plus indispensable, en tant qu’être humain. Cela requiert d’entrer dans un contact profond avec notre intériorité, puisqu’elle recèle le Divin et sa puissance de guérison. C’est cette traversée personnelle que je raconte ici, sans pourtant entrer dans des anecdotes intimes de ma vie qui seraient de l’ordre d’un bavardage inutile. J’ai fait renaître au plus profond de moi les souvenirs de mes abîmes, les stigmates de la dépression qui n’avaient pas disparu, malgré mon caractère volontaire et en dépit du fait que j’ai reçu une grâce qui m’a mise en contact avec l’Amour divin, il y a dix ans. J’ai raconté cette expérience dans un livre précédemment publié, L’Ennemi, c’était moi. Fort heureusement, je n’ai jamais pensé une seule seconde que recevoir une grâce allait m’exempter des épreuves, ou que j’avais reçu une sorte de passeport pour traverser cette existence dans le confort psychique et spirituel. Après avoir reçu cette grâce, je savais que mon chemin spirituel n’était pas du tout scellé une fois pour toutes et qu’il continuerait jusqu’à ma mort, ce que le Christ a enseigné, et je n’ai pas cessé de travailler depuis pour comprendre comment me transformer, comment écouter le Divin qui est en moi et me mettre de plus en plus en accord avec lui. Il n’y a aucune situation acquise dans le chemin vers Dieu. C’est pourquoi j’ai pu accueillir le séisme d’un retour de la dépression sans que mon expérience de la Foi soit ébranlée, à aucun moment. La qualité d’Amour époustouflante et sans limite de Dieu est chez moi solidement ancrée. Du coup, très naturellement, au lieu de rester terrée dans le chagrin et de me couper du Ciel, j’ai immédiatement demandé le secours du Christ et de Marie, et je n’ai pas cessé de le faire, sans jamais avoir peur de les déranger. Je ne suis pas restée passive. Au contraire, j’ai recherché des ressources pour guérir.
Ce livre n’est pas du tout une autobiographie, mais un ensemble de récits où je raconte, tout à la fois, des situations passées et des états d’être, la signification profonde que je donne à ces événements aujourd’hui et la manière avec laquelle j’ai sollicité un soutien divin pour dépasser ces expériences et me renouveler. Une autobiographie veut restituer fidèlement des souvenirs. Or, la mémoire des événements est profondément différente de leur matrice passée, parce qu’elle intègre le plan de compréhension qui a pu être atteint, strate par strate, après ces situations pénibles. Le travail que j’ai pu faire sur moi m’a donné la possibilité, tout à la fois, de donner des noms aux états passés et de les décrire avec apaisement. Il existe trois stades par lesquels on passe lorsqu’on décide de s’atteler à ses blessures intérieures. D’abord, c’est l’aversion, on déteste ce par quoi il a fallu passer et que l’on continue à endurer, en constatant sans pouvoir rien y faire que les situations négatives se répètent. Ensuite, survient la longue période où l’on commence à nommer les blessures, à pouvoir faire face et à les soigner. Et enfin, arrive un moment où on intègre ces blessures comme faisant partie de notre histoire, tout en n’y étant plus attaché, car elles ne conditionnent plus notre vie. Une nouvelle page a pu être ouverte. Et pourtant, à ce moment-là, nous nous surprenons à les aimer, parce qu’elles ont quelque chose de plus grand que notre personne à exprimer sur l’humanité divine profonde qui est en nous. Dans tout ce chemin, où les relations entre le féminin et le masculin sont très présentes, l’impact des mémoires familiales sur ma vie s’est imposé à moi, dans la profondeur de mon être. En effet, comme beaucoup de personnes, je porte en moi une empreinte de l’histoire de mes ancêtres et de leurs blessures. Oui, ces mémoires continuent à vivre dans les générations suivantes. Si on ne fait pas l’effort de les identifier, en découvrant alors que certains problèmes ont des causes allant bien au-delà de notre personne, ces strates restent dans l’inconscient et on ne peut pas les alléger. « Nous sommes nos ancêtres et nos descendants », a écrit Thich Nhat Hanh dans Prendre soin de l’enfant intérieur. En effet, nos descendants sont les héritiers de ces mémoires et bénéficient du travail fait pour les alléger.
Les textes que je publie ici n’ont pas seulement trait aux mémoires fragmentées de plusieurs passés. J’ai voulu exposer aussi mes armes spirituelles, celles qui émergent justement dans le combat intérieur, une sorte de pugilat avec la Lumière divine qui évoque pour moi, intuitivement, le combat de Jacob avec l’Ange. Là résident mes vraies armes. J’ai du respect et de l’estime pour le courage qui entreprend de couper court à la dépression, ou de la soigner, pour les inestimables thérapeutes et pour les accompagnants. Mon expérience me montre aussi que c’est en demandant de manière directe le secours divin que l’on guérit vraiment. La volonté de m’en sortir, le travail sur moi et l’aide du Ciel sont puissamment entremêlés, dans ma vie. C’est pourquoi les poèmes, les prières, les hymnes de louange composés à partir du cœur après les guérisons ont accompagné ma traversée intérieure. Plus que jamais, j’ai fait l’expérience de cheminer dans cette existence comme un être priant, entre Ciel et Terre, qui tire ses ressources de guérison du monde divin en les incrustant délicatement dans l’incarnation. L’âme de mon frère Yves m’a accompagnée pendant l’écriture de ce livre, me soufflant à l’oreille que lui-même a vécu plus encore que des guérisons, d’extraordinaires transformations heureuses depuis son décès.
La dépression, c’est d’abord une terrifiante sensation de solitude, l’impression d’être complètement coupé de l’univers, et de tout ce qui nous entoure. On n’est jamais sûr de rien, et on éprouve beaucoup de difficultés à trouver des repères dans la vie. Si on essaie d’aller en soi-même en fermant les yeux, c’est pire encore : mon regard intérieur m’a d’abord montré que ma vie était désespérante, mortifère. La dépression est une rude compagne de route, car avec elle, on craint toujours un danger dont les contours peuvent être précis, mais le plus souvent très confus et même indéfinissables. En clair, on a peur de quelque chose, mais si on essaie de savoir de quoi, on tombe sur un écheveau de filaments qui collent à la peau, dont on ne parvient pas à se dépêtrer. La nature du danger reste le plus souvent ténébreuse. La dépression est une maladie de la confiance. On n’habite pas vraiment son corps. C’est un faible mot de dire que la dépression fatigue. Elle dévore l’énergie de la personne, elle épuise.
Dans mon expérience de la dépression, ma proximité avec mon frère a beaucoup compté. Quand un destin bascule, il entraîne avec lui d’autres membres de sa famille. Peut-être la schizophrénie qui a frappé mon frère, et la dépression qui était ma maladie secrète, pathologies voisines que nous avons traversées chacun à notre manière, venaient-elles tout simplement apporter une information précieuse pour notre famille, dans laquelle nos ancêtres avaient porté beaucoup de fardeaux. Tout simplement, ces fardeaux accumulés étaient devenus trop lourds, et il devenait vital de les alléger. La blessure de la maladie est venue signaler cette information au grand jour.