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"Scènes et poèmes bibliques – Le Souffle de Chagall" instaure un dialogue vivant entre livre saint, peinture et poésie. Il tire sa source des chefs-d’œuvre de
Marc Chagall au musée du Message biblique de Nice, qui illustrent la Torah et le Cantique des Cantiques. Cet ouvrage explore des thèmes comme la création de l’homme, la communication entre les patriarches et leur Dieu ainsi que le rôle éprouvant du prophète Moïse. L’essence mystérieuse du véritable amour n’est pas en reste, avec des poèmes et un essai sur la rencontre mythique de Jacob avec l’ange.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Fabienne Chevallier est historienne d’art, écrivaine et poétesse. Elle s’intéresse à la littérature spirituelle, aux traditions sacrées et aux archétypes, ainsi qu’à leur relecture moderne permise par leur décryptage symbolique. Elle a publié en 2022 "Récits, poèmes et prières de guérison" chez Le Lys Bleu Éditions.
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Seitenzahl: 51
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Fabienne Chevallier
Scènes et poèmes bibliques
Le Souffle de Chagall
© Lys Bleu Éditions – Fabienne Chevallier
ISBN : 979-10-422-2550-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Au début des années cinquante, Marc Chagall s’est lancé dans un cycle de peintures de très grand format sur des thèmes tirés de la Genèse et de l’Exode, dans la Torah (le livre de la Genèse, l’Exode, le Lévitique, le livre des Nombres et le Deutéronome, c’est-à-dire le Pentateuque pour les chrétiens, dans la Bible). Il les a offertes à l’État français en 1966 et elles sont exposées au musée du Message biblique, à Nice. Dans cette œuvre, l’artiste a renouvelé l’esthétique de la peinture religieuse, et en même temps, il a pris la mission d’un messager divin. La Parole divine transcrite dans la littérature biblique donne lieu depuis des siècles à de multiples strates d’interprétation écrite, dans l’espace du judaïsme comme dans celui du christianisme. Mais les œuvres visuelles qui représentent des scènes bibliques portent toujours, elles aussi, une vision qui, même si elle n’est pas écrite, est parfois plus puissante qu’un discours théologique. Chagall est de ce point de vue l’artiste par excellence de la vie spirituelle, celui qui a le plus laissé libre cours à sa liberté artistique et religieuse. Non seulement ses œuvres ont une profonde originalité artistique, mais il illustre la Torah en se démarquant de tout dogme religieux. Il met en scène un monde fantastique et panthéiste dans lequel se lit l’influence du hassidisme, un mouvement culturel du judaïsme fondé au XVIIe siècle, important à Vitebsk pendant la jeunesse de l’artiste. Ce courant consiste à penser que Dieu est présent dans chaque aspect, dans tout interstice de la vie. Celle-ci devient alors la Vie ! Elle est ennoblie et inspirée par la présence de Dieu qui l’habite. Le Divin est en tout. Le hassidisme s’écarte de la tradition intellectualiste du judaïsme, et se rend accessible à tout le monde. Il affirme que la joie est le sens suprême de l’existence, la qualité d’être espérée par Dieu pour ses créatures. Les expressions artistiques populaires, comme la musique, sont prisées par ce mouvement. Les conditions de vie très dures, les drames et les chagrins sont sublimés, car cette libération seule permet de conserver et de nourrir le contact avec Dieu. À la fin du XIXe siècle, ce mouvement est populaire chez les Juifs vivant dans les shetls – des bourgades pauvres où ils habitent en Europe centrale et en Russie, comme la famille de Chagall à Vitebsk.
Chagall a insufflé à ses tableaux la force de sa relation personnelle avec le Divin, en assumant ouvertement de le faire dans une époque historique marquée par la perte du sentiment spirituel.
L’artiste était rempli d’enthousiasme, au sens étymologique du terme (« enthousiasmos », en grec, signifie transport divin), ce qui revient à dire qu’il était plongé en permanence dans l’expérience de la Foi. Le projet de peindre des épisodes bibliques majeurs sur la création divine du monde, la vie des patriarches et celle des prophètes, était pour lui une véritable passion. Il y a adjoint des œuvres inspirées du Cantique des Cantiques, l’écrit biblique qui a soulevé le plus d’interprétations ésotériques, notamment dans la Kabbale. Cet enthousiasme, il le partage dans le texte qu’il écrit à propos de la donation des œuvres à l’État (texte du 18 juillet 1966) :
« Dans la Bible, j’ai vu un nouveau monde. mais quelque chose de si génial, de si extraordinaire1 – une création de l’homme sur notre terre.
Il me semble que je n’ai pas trouvé d’équivalent dans les autres domaines de l’Art et de la Culture.
J’ai vu dans ce Monde Biblique les sentiments et les prophéties pour la première et comme pour la dernière fois. J’en ai été bouleversé. »
J’ai été saisie par la beauté des œuvres de Chagall à la cathédrale de Reims, très jeune, en découvrant ses vitraux où il évoque l’histoire d’Abraham et les derniers instants de la vie du Christ. Mais à cette époque, je n’avais pas la Foi. Je ne l’avais pas encore quand j’ai visité pour la première fois le Musée du Message biblique. J’y suis allée souvent, comme pour faire un pèlerinage sans le savoir. L’attirance que j’avais pour Chagall retombait dans mon esprit, jusqu’à la visite suivante au musée. Tout se passait comme si mon inconscient organisait en moi un oubli régulier des œuvres de l’artiste.
Des années plus tard, quand j’ai reçu la Foi, la lecture de la Bible m’a bouleversée. Un jour, je me suis sentie invitée par Chagall à écrire l’interprétation poétique qu’éveillait en moi la lecture des textes bibliques. À mon tour, à la suite de cet artiste que j’aime, j’ai été saisie par un irrésistible enthousiasme. C’était comme si, depuis l’au-delà, il me montrait une porte intérieure ouvrant ma propre capacité à oser interpréter des textes sacrés. Le Souffle de Chagall m’a émancipée.