Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Roméo et Juliette (Romeo and Juliet) est une tragédie de William Shakespeare. Écrite vers le début de sa carrière, elle raconte l'histoire de deux jeunes gens, Roméo Montaigu et Juliette Capulet, qui s'aiment malgré la haine que se vouent leurs familles et connaissent un destin funeste.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 141
Veröffentlichungsjahr: 2019
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
William Shakespeare
Deux familles, égales en noblesse,
Dans la belle Vérone, où nous plaçons notre scène,
Sont entraînées par d’anciennes rancunes à des rixes nouvelles
Où le sang des citoyens souille les mains des citoyens.
Des entrailles prédestinées de ces deux ennemies
A pris naissance, sous des étoiles contraires, un couple d’amoureux
Dont la ruine néfaste et lamentable
Doit ensevelir dans leur tombe l’animosité de leurs parents.
Les terribles péripéties de leur fatal amour
Et les effets de la rage obstinée de ces familles,
Que peut seule apaiser la mort de leurs enfants,
Vont en deux heures être exposés sur notre scène.
Si vous daignez nous écouter patiemment,
Notre zèle s’efforcera de corriger notre insuffisance.
Vérone. Une place publique.
Entrent Samson et Grégoire, armés d’épées et de boucliers.
SAMSON
Grégoire, sur ma parole, nous ne supporterons pas leurs brocards.
GRÉGOIRE
Non, nous ne sommes pas gens à porter le brocart.
SAMSON
Je veux dire que, s’ils nous mettent en colère, nous allongeons le couteau.
GRÉGOIRE
Oui, mais prends garde qu’on ne t’allonge le cou tôt ou tard.
SAMSON
Je frappe vite quand on m’émeut.
GRÉGOIRE
Mais tu es lent à t’émouvoir.
SAMSON
Un chien de la maison de Montague m’émeut.
GRÉGOIRE
Qui est ému, remue ; qui est vaillant, tient ferme ; conséquemment, si tu es ému, tu lâches pied.
SAMSON
Quand un chien de cette maison-là m’émeut, je tiens ferme. Je suis décidé à prendre le haut du pavé sur tous les Montagues, hommes ou femmes.
GRÉGOIRE
Cela prouve que tu n’es qu’un faible drôle ; les faibles s’appuient toujours au mur.
SAMSON
C’est vrai ; et voilà pourquoi les femmes étant les vases les plus faibles, sont toujours adossées au mur ; aussi, quand j’aurai affaire aux Montagues, je repousserai les hommes du mur et j’y adosserai les femmes.
GRÉGOIRE
La querelle ne regarde que nos maîtres et nous, leurs hommes.
SAMSON
N’importe ! je veux agir en tyran. Quand je me serai battu avec les hommes, je serai cruel avec les femmes. Il n’y aura plus de vierges !
GRÉGOIRE
Tu feras donc sauter toutes leurs têtes ?
SAMSON
Ou tous leurs pucelages. Comprends la chose comme tu voudras.
GRÉGOIRE
Celles-là comprendront la chose, qui la sentiront.
SAMSON
Je la leur ferai sentir tant que je pourrai tenir ferme, et l’on sait que je suis un joli morceau de chair
GRÉGOIRE
Il est fort heureux que tu ne sois pas poisson ; tu aurais fait un pauvre merlan. Tire ton instrument ; en voici deux de la maison de Montague. (Ils dégainent.)
(Entrent Abraham et Balthazar.)
SAMSON
Voici mon épée nue ; cherche-leur querelle ; je serai derrière toi.
GRÉGOIRE
Oui, tu te tiendras derrière pour mieux déguerpir
SAMSON
Ne crains rien de moi.
GRÉGOIRE
De toi ? Non, morbleu.
SAMSON
Mettons la loi de notre côté et laissons-les commencer
GRÉGOIRE
Je vais froncer le sourcil en passant près d’eux, et qu’ils le prennent comme ils le voudront.
SAMSON
C’est-à-dire comme ils l’oseront. Je vais mordre mon pouce en les regardant, et ce sera une disgrâce pour eux, s’ils le supportent.
ABRAHAM, à Samson
Est-ce à notre intention que vous mordez votre pouce, monsieur ?
SAMSON
Je mords mon pouce, monsieur.
ABRAHAM
Est-ce à notre intention que vous mordez votre pouce, monsieur ?
SAMSON, bas à Grégoire
La loi est-elle de notre côté, si je dis oui ?
GRÉGOIRE, bas à Samson
Non.
SAMSON, haut à Abraham
Non, monsieur ce n’est pas à votre intention que je mords mon pouce, monsieur ; mais je mords mon pouce, monsieur.
GRÉGOIRE, à Abraham
Cherchez-vous une querelle, monsieur ?
ABRAHAM
Une querelle, monsieur ? Non, monsieur !
SAMSON
Si vous en cherchez une, monsieur, je suis votre homme. Je sers un maître aussi bon que le vôtre.
ABRAHAM
Mais pas meilleur.
SAMSON
Soit, monsieur.
(Entre, au fond du théâtre, Benvolio ; puis, à distance, derrièrelui, Tybalt.)
GRÉGOIRE, à Samson.
Dis meilleur ! Voici un parent de notre maître.
SAMSON, à Abraham.
Si fait, monsieur, meilleur !
ABRAHAM
Vous en avez menti.
SAMSON
Dégainez, si vous êtes hommes ! (Tous se mettent en garde.) Grégoire, souviens-toi de ta maîtresse botte !
BENVOLIO, s’avançant la rapière au poing.
Séparez-vous, imbéciles ! rengainez vos épées ; vous ne savez pas ce que vous faites. (Il rabat les armes des valets.)
TYBALT, s’élançant, l’épée nue, derrière Benvolio.
Quoi ! l’épée à la main, parmi ces marauds sans cœur ! Tourne-toi, Benvolio, et fais face à ta mort.
BENVOLIO, à Tybalt
Je ne veux ici que maintenir la paix ; rengaine ton épée, ou emploie-la, comme moi, à séparer ces hommes.
TYBALT
Quoi, l’épée à la main, tu parles de paix ! Ce mot, je le hais, comme je hais l’enfer, tous les Montagues et toi. À toi, lâche ! (Tous se battent. D’autres partisans des deux maisons arrivent et se joignent à la mêlée. Alors arrivent des citoyens armés de bâtons.)
PREMIER CITOYEN
À l’œuvre les bâtons, les piques, les pertuisanes ! Frappez ! Écrasez-les ! À bas les Montagues ! À bas les Capulets ! (Entrent Capulet, en robe de chambre, et lady Capulet.)
CAPULET
Quel est ce bruit ?… Holà ! qu’on me donne ma grande épée.
LADY CAPULET
Non ! une béquille ! une béquille !… Pourquoi demander une épée ?
CAPULET
Mon épée, dis-je ! le vieux Montague arrive et brandit sa rapière en me narguant !
(Entrent Montague, l’épée à la main, et lady Montague.)
MONTAGUE
À toi, misérable Capulet !… Ne me retenez pas ! lâchez-moi.
LADY MONTAGUE, le retenant
Tu ne feras pas un seul pas vers ton ennemi.
(Entre le prince Escalus, avec sa suite.)
LE PRINCE
Sujets rebelles, ennemis de la paix ! profanateurs qui souillez cet acier par un fratricide !… Est-ce qu’on ne m’entend pas ?… Holà ! vous tous, hommes ou brutes, qui éteignez la flamme de votre rage pernicieuse dans les flots de pourpre échappés de vos veines, sous peine de torture, obéissez ! Que vos mains sanglantes jettent à terre ces épées trempées dans le crime, et écoutez la sentence de votre prince irrité ! (Tous les combattants s’arrêtent.) Trois querelles civiles, nées d’une parole en l’air, ont déjà troublé le repos de nos rues, par ta faute, vieux Capulet, et par la tienne, Montague ; trois fois les anciens de Vérone, dépouillant le vêtement grave qui leur sied, ont dû saisir de leurs vieilles mains leurs vieilles pertuisanes, gangrenées par la rouille, pour séparer vos haines gangrenées. Si jamais vous troublez encore nos rues, votre vie payera le dommage fait à la paix. Pour cette fois, que tous se retirent. Vous, Capulet, venez avec moi ; et vous, Montague, vous vous rendrez cette après-midi, pour connaître notre décision ultérieure sur cette affaire, au vieux château de Villafranca, siège ordinaire de notre justice. Encore une fois, sous peine de mort, que tous se séparent !
(Tous sortent, excepté Montague, lady Montague et Benvolio.)
MONTAGUE
Qui donc a réveillé cette ancienne querelle ? Parlez, neveu, étiez-vous là quand les choses ont commencé ?
BENVOLIO
Les gens de votre adversaire et les vôtres se battaient ici à outrance quand je suis arrivé ; j’ai dégainé pour les séparer ; à l’instant même est survenu le fougueux Tybalt, l’épée haute, vociférant ses défis à mon oreille, en même temps qu’il agitait sa lame autour de sa tête et pourfendait l’air qui narguait son impuissance par un sifflement. Tandis que nous échangions les coups et les estocades, sont arrivés des deux côtés de nouveaux partisans qui ont combattu jusqu’à ce que le prince soit venu les séparer.
LADY MONTAGUE
Oh ! où est donc Roméo ? l’avez-vous vu aujourd’hui ? Je suis bien aise qu’il n’ait pas été dans cette bagarre.
BENVOLIO
Madame, une heure avant que le soleil sacré perçât la vitre d’or de l’Orient, mon esprit agité m’a entraîné à sortir ; tout en marchant dans le bois de sycomores qui s’étend à l’ouest de la ville, j’ai vu votre fils qui s’y promenait déjà ; je me suis dirigé vers lui, mais, à mon aspect, il s’est dérobé dans les profondeurs du bois. Pour moi, jugeant de ses émotions par les miennes, qui ne sont jamais aussi absorbantes que quand elles sont solitaires, j’ai suivi ma fantaisie sans poursuivre la sienne, et j’ai évité volontiers qui me fuyait si volontiers.
MONTAGUE
Voilà bien des matinées qu’on l’a vu là augmenter de ses larmes la fraîche rosée du matin et à force de soupirs ajouter des nuages aux nuages. Mais, aussitôt que le vivifiant soleil commence, dans le plus lointain Orient, à tirer les rideaux ombreux du lit de l’Aurore, vite mon fils accablé fuit la lumière ; il rentre, s’emprisonne dans sa chambre, ferme ses fenêtres, tire le verrou sur le beau jour et se fait une nuit artificielle. Ah ! cette humeur sombre lui sera fatale, si de bons conseils n’en dissipent la cause.
BENVOLIO
Cette cause, la connaissez-vous, mon noble oncle ?
MONTAGUE
Je ne la connais pas et je n’ai pu l’apprendre de lui.
BENVOLIO
Avez-vous insisté près de lui suffisamment ?
MONTAGUE
J’ai insisté moi-même, ainsi que beaucoup de mes amis ; mais il est le seul conseiller de ses passions ; il est l’unique confident de lui-même, confident peu sage peut-être, mais aussi secret, aussi impénétrable, aussi fermé à la recherche et à l’examen que le bouton qui est rongé par un ver jaloux avant de pouvoir épanouir à l’air ses pétales embaumés et offrir sa beauté au soleil ! Si seulement nous pouvions savoir d’où lui viennent ces douleurs, nous serions aussi empressés pour les guérir que pour les connaître.
(Roméo paraît à distance.)
BENVOLIO
Tenez, le voici qui vient. Éloignez-vous, je vous prie ; ou je connaîtrai ses peines, ou je serai bien des fois refusé.
MONTAGUE
Puisses-tu, en restant, être assez heureux pour entendre une confession complète !… Allons, madame, partons ! (Sortent Montague et lady Montague.)
BENVOLIO
Bonne matinée, cousin !
ROMÉO
Le jour est-il si jeune encore ?
BENVOLIO
Neuf heures viennent de sonner.
ROMÉO
Oh ! que les heures tristes semblent longues ! N’est-ce pas mon père qui vient de partir si vite ?
BENVOLIO
C’est lui-même. Quelle est donc la tristesse qui allonge les heures de Roméo ?
ROMÉO
La tristesse de ne pas avoir ce qui les abrégerait.
BENVOLIO
Amoureux ?
ROMÉO
Éperdu…
BENVOLIO
D’amour ?
ROMÉO
Des dédains de celle que j’aime.
BENVOLIO
Hélas ! faut-il que l’amour si doux en apparence, soit si tyrannique et si cruel à l’épreuve !
ROMÉO
Hélas ! faut-il que l’amour malgré le bandeau qui l’aveugle, trouve toujours, sans y voir, un chemin vers son but !… Où dînerons-nous ?… Ô mon Dieu !… Quel était ce tapage ?… Mais non, ne me le dis pas, car je sais tout ! Ici on a beaucoup à faire avec la haine, mais plus encore avec l’amour… Amour ! ô tumultueux amour ! Ô amoureuse haine ! Ô tout, créé de rien ! Ô lourde légèreté ! vanité sérieuse ! Informe chaos de ravissantes visions ! Plume de plomb, lumineuse fumée, feu glacé, santé maladive ! Sommeil toujours éveillé qui n’est pas ce qu’il est ! Voilà l’amour que je sens et je n’y sens pas d’amour… Tu ris, n’est-ce pas ?
BENVOLIO
Non, cousin : je pleurerais plutôt.
ROMÉO
Bonne âme !… et de quoi ?
BENVOLIO
De voir ta bonne âme si accablée.
ROMÉO
Oui, tel est l’effet de la sympathie. La douleur ne pesait qu’à mon cœur, et tu veux l’étendre sous la pression de la tienne : cette affection que tu me montres ajoute une peine de plus à l’excès de mes peines. L’amour est une fumée de soupirs ; dégagé, c’est une flamme qui étincelle aux yeux des amants ; comprimé, c’est une mer qu’alimentent leurs larmes. Qu’est-ce encore ? La folle la plus raisonnable, une suffocante amertume, une vivifiante douceur !… Au revoir, mon cousin. (Il va pour sortir)
BENVOLIO
Doucement, je vais vous accompagner : vous me faites injure en me quittant ainsi.
ROMÉO
Bah ! je me suis perdu moi-même ; je ne suis plus ici ; ce n’est pas Roméo que tu vois, il est ailleurs.
BENVOLIO
Dites-moi sérieusement qui vous aimez.
ROMÉO
Sérieusement ? Roméo ne peut le dire qu’avec des sanglots.
BENVOLIO
Avec des sanglots ? Non ! dites-le-moi sérieusement.
ROMÉO
Dis donc à un malade de faire sérieusement son testament ! Ah ! ta demande s’adresse mal à qui est si mal ! Sérieusement, cousin, j’aime une femme.
BENVOLIO
En le devinant, j’avais touché juste.
ROMÉO
Excellent tireur !… j’ajoute qu’elle est d’une éclatante beauté.
BENVOLIO
Plus le but est éclatant, beau cousin, plus il est facile à atteindre.
ROMÉO
Ce trait-là frappe à côté ; car elle est hors d’atteinte des flèches de Cupidon : elle a le caractère de Diane ; armée d’une chasteté à toute épreuve, elle vit à l’abri de l’arc enfantin de l’Amour ; elle ne se laisse pas assiéger en termes amoureux, elle se dérobe au choc des regards provocants et ferme son giron à l’or qui séduirait une sainte. Oh ! elle est riche en beauté, misérable seulement en ce que ses beaux trésors doivent mourir avec elle !
BENVOLIO
Elle a donc juré de vivre toujours chaste ?
ROMÉO
Elle l’a juré, et cette réserve produit une perte immense. En affamant une telle beauté par ses rigueurs, elle en déshérite toute la postérité. Elle est trop belle, trop sage, trop sagement belle, car elle mérite le ciel en faisant mon désespoir. Elle a juré de n’aimer jamais, et ce serment me tue en me laissant vivre, puisque c’est un vivant qui te parle.
BENVOLIO
Suis mon conseil : cesse de penser à elle.
ROMÉO
Oh ! apprends-moi comment je puis cesser de penser.
BENVOLIO
En rendant la liberté à tes yeux : examine d’autres beautés.
ROMÉO
Ce serait le moyen de rehausser encore ses grâces exquises. Les bienheureux masques qui baisent le front des belles ne servent, par leur noirceur, qu’à nous rappeler la blancheur qu’ils cachent. L’homme frappé de cécité ne saurait oublier le précieux trésor qu’il a perdu avec la vue. Montre-moi la plus charmante maîtresse : que sera pour moi sa beauté, sinon une page où je pourrai lire le nom d’une beauté plus charmante encore ? Adieu : tu ne saurais m’apprendre à oublier.
BENVOLIO
J’achèterai ce secret-là, dussé-je mourir insolvable ! (Ils sortent.)
Devant la maison de Capulet.
Entrent Capulet, Paris et un valet
CAPULET
Montague est lié comme moi, et sous une égale caution. Il n’est pas bien difficile, je pense, à des vieillards comme nous de garder la paix.
PARIS
Vous avez tous deux la plus honorable réputation ; et c’est pitié que vous ayez vécu si longtemps en querelle… Mais maintenant, monseigneur, que répondez-vous à ma requête ?
CAPULET
Je ne puis que redire ce que j’ai déjà dit. Mon enfant est encore étrangère au monde ; elle n’a pas encore vu la fin de ses quatorze ans ; laissons deux étés encore se flétrir dans leur orgueil, avant de la juger mûre pour le mariage.
PARIS
De plus jeunes qu’elles sont déjà d’heureuses mères.
CAPULET
Trop vite étiolées sont ces mères trop précoces… La terre a englouti toutes mes espérances ; Juliette seule, Juliette est la reine espérée de ma terre. Courtisez-la, gentil Paris, obtenez son cœur ; mon bon vouloir n’est que la conséquence de son assentiment ; si vous lui agréez, c’est de son choix que dépendent mon approbation et mon plein consentement… Je donne ce soir une fête, consacrée par un vieil usage, à laquelle j’invite ceux que j’aime ; vous serez le très bienvenu, si vous voulez être du nombre. Ce soir, dans ma pauvre demeure, attendez-vous à contempler des étoiles qui, tout en foulant la terre, éclipseront la clarté des cieux. Les délicieux transports qu’éprouvent les jeunes galants alors qu’avril tout pimpant arrive sur les talons de l’imposant hiver, vous les ressentirez ce soir chez moi, au milieu de ces fraîches beautés en bouton. Écoutez-les toutes, voyez-les toutes, et donnez la préférence à celle qui la méritera. Ma fille sera une de celles que vous verrez, et, si elle ne se fait pas compter elle peut du moins faire nombre. Allons, venez avec moi… (Au valet.) Holà, maraud ! tu vas te démener à travers notre belle Vérone ; tu iras trouver les personnes dont les noms sont écrits ici, et tu leur diras que ma maison et mon hospitalité sont mises à leur disposition. (Il remet un papier au valet et sort avec Paris.)
LE VALET, seul, les yeux fixés sur le papier
Trouver les gens dont les noms sont écrits ici ? Il est écrit… que le cordonnier doit se servir de son aune, le tailleur de son alêne, le pêcheur de ses pinceaux et le peintre de ses filets ; mais moi, on veut que j’aille trouver les personnes dont les noms sont écrits ici, quand je ne peux même pas trouver quels noms a écrits ici l’écrivain ! Il faut que je m’adresse aux savants… Heureuse rencontre !
Entrent Benvolio et Roméo.
BENVOLIO