Thérapies sans conversion E-Book

Collectif auteurs

• Herausgeber: Publishroom
• Kategorie: Gesellschafts- und Liebesromane
• Sprache: Französisch
• Veröffentlichungsjahr: 2022

Beschreibung

Histoires de femmes
Histoires de Elles
Histoires méconnues
Histoires niées
Histoires diverses
Histoires trop souvent tronquées.
Recueil de vies, Recueil de souffles.
Envolée lyrique, cri de cœur, plaidoyer pour une visibilité et une vraie égalité.
Ce recueil d’histoires vous transporte au cœur de réalités trop souvent biaisées et dénuées de toutes essences.
Tous les exorcismes ne chassent pas les démons et toutes les thérapies ne guérissent pas, surtout si on n’est pas malade mais tout simplement des êtres amoureux.
Bienvenue à vous de par le monde, dans notre univers parfois trop sombre pour être dépeint et décrit.
Bienvenue dans ces vies parsemées d’embûches et de larmes, de tragédies et pertes inestimables mais également de passion, d’amour si fort, si puissant.


À PROPOS DES AUTEURS


Collectif auteurs : Audrey Diane, Rachida Coulibaly, Marie Josiane Tra et El Daan.

Leseprobe

Collectif Projet Un Café, UnLivre

Thérapies sans conversions

Recueil de nouvelles

AVERTISSEMENT

Le projet Un Café, Un Livre est une initiative de femmes LBTQ1 de Côte d’Ivoire qui souhaitent montrer que leur communauté regorge de personnes qui, sans forcément assumer publiquement leur identité sexuelle ou de genre, du fait de harcèlements, blâmes ou persécutions, font rapport à l’art que ce soit le chant, la danse, la peinture, le dessin et surtout l’écriture, pour se raconter, soigner leurs maux, leur mal être ou encore s’exprimer.

Cette initiative a été portée par l’African Queer Youth Initiative (AQYI) qui est une organisation qui travaille à donner de la voix aux jeunes LGBT+ Africains, au travers du programme de bourses dénommé Mawulisa, conçu pour aider les jeunes femmes militantes LBTQ émergentes et en milieu de carrière à concevoir et à mettre en œuvre des projets axés sur la résolution des problèmes qui touchent les jeunes femmes LBTQ dans leurs pays respectifs et leur communauté et sur la défense de leurs droits

Ce recueil de nouvelles parle de vécu, de réalités commuées en fictions par égard pour les protagonistes et vise à dénoncer mais surtout lutter activement contre l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie, la transphobie ou toutes formes de rejets systémiques et de discriminations faites à la communauté LGBTQ+2 en Afrique, notamment dans une Côte d’Ivoire, supposément gay friendly3 mais où elle reste tout de même mise en marge ; ce pour porter leurs combats dans une autre sphère et participer cette fois à écrire et documenter leurs histoires.

Il n’est en rien destiné à faire une quelconque apologie d’une orientation sexuelle, quelle qu’ellesoit.

Les noms ont été changés pour le respect de l’anonymat et certaines situations réécrites.

Toute ressemblance avec un autre contexte ou fait de vie ne serait que pure coïncidence.

REMERCIEMENTS

Nos remerciements vont à l’endroitde :

African Queer Youth Initiative (AQYI) sans le soutien financier de qui, au travers du programme de bourse Mawulisa, ce projet n’aurait pu être concrétisé

Alternative Côte d’Ivoire pour son accompagnement

Toutes les participantes aux ateliers

Nos écrivains en herbe :

Jo, auteure de Mau, L’architecte, Ébène et l’Espoir de nosvies

Diane, auteure de Ma presque parfaite

Noelly, auteure de Mon choix, Mon Erreur et Un destin original qui ont accepté de partager leur talent, leurs émotions, leurs vécus.

Mention spéciale à Noelly alias EL DAAN pour son implication, son dynamisme, sa participation active à tous les ateliers et activités liés au projet, ses critiques et idées constructives.

Toute l’équipe qui a travaillé à la bonne marche de ce projet spécialement la consultante qui n’a pas regardé à toutes les difficultés et changements intervenus pour pleinement s’investir en donnant de son temps, de ses connaissances et mise en réseau pour la réussite du projet, ce au-delà de ses attributions initiales.

Mau

Maurelle est une jeune fille de 18 ans, élève en classe de terminale dans un lycée exclusivement féminin.

Si elle a du mal à socialiser parce qu’un peu renfermée, elle a un autre problème : elle ne se trouve pas normale.

Depuis quelques années, il se passe quelque chose en elle qu’elle n’arrive pas à expliquer : elle est attirée par des femmes de façon plus qu’amicale.

Déjà en classe de quatrième dans un collège catholique, elle avait été fortement attirée par sa voisine de chambre à l’internat où elle vivait durant l’année scolaire.

Chaque matin, elle traînait un peu pour la regarder sortir de la douche et s’habiller. Parfois elle l’aidait dans ses tâches car c’était le seul prétexte qu’elle avait pour passer du temps avec elle car, elles n’étaient pas vraiment des amies.

C’était très difficile pour elle d’avoir toutes ses émotions et de les garder pourelle.

N’en pouvant plus, elle s’était confiée au prêtre lors de la confession hebdomadaire. Il lui avait donné des prières afin de chasser ce « mauvais esprit » qui voulait l’induire en erreur tout en lui rappelant combien c’était mal et contre nature et la rassurant que Dieu dans son amour lui avait déjà pardonné si elle promettait de ne plus recommencer.

Un acte de contrition plus tard, il l’envoyait réciter deux dizaines de chapelets à la grotte près de la chapelle située dans l’arrière-cour de l’internat.

Elle devrait également faire preuve de frugalité durant une semaine.

Issue d’une famille très religieuse et conservatrice, elle sait que c’est mal, très mal de ressentir toutes ses choses alors elle suit scrupuleusement toutes ses indications avec la certitude qu’elle ira mieux ensuite.

Pourquoi cela lui arrive-t-il à elle qui pourtant est une bonne personne ? 

Elle prie tous les jours dès le réveil et ne s’endort jamais le soir sans avoir terminé la récitation entière du rosaire.

Pieuse et croyante, Maurelle ne ratait jamais la messe du matin qui se disait aux aurores et jeûnait trois jours par semaine en dehors du temps de Carême. Catholique très pratiquante, elle ne dérogeait à aucune règle de l’Église. Alors pourquoi ? Pourquoi elle ?

Question risible n’est-cepas ?

Toutes ses années, les choses n’avaient pas vraiment changées.

Serait-elle comme ses femmes qu’on traite de lesbiennes ? 

Non ça c’est impossible elle ne leur ressemble en rien car même si elle n’est pas très féminine, elle n’en est pas plus masculine. En plus elle vient d’une bonne famille et a reçu une excellente éducation surtout chrétienne.

Impossible qu’elle soit comme elles. D’ailleurs on disait que c’était une malédiction et il n’y avait aucune raison qu’elle en ait subie une, ses parents étant des gens saints.

Il y a cette fille avec qui elle a discuté sur internet qui l’a invitée pour la semaine après les résultats du bac et à qui elle n’arrête pas de penser.

Devrait-elle en parler ?

Non il ne fautpas. 

D’ailleurs hier à la télévision, ils ont montré deux femmes qui s’embrassaient pour célébrer le mariage pour tous dans un pays d’Europe et son père était furieux. Il n’arrêtait pas de grommeler à quel point c’était sale et abject qu’on fasse passer de telles images à une heure de grande écoute et surtout sur une télévision nationale africaine.

« Mon enfant dans ces saletés !? Je le tue direct. Il est mieux qu’il soit mort que déréglé » qu’il adit.

Et il y a sa mère. Cette femme douce et aimante mais également très rigide et inflexible pour tout ce qui concerne le respect des principes, des normes et des règles.

Elle l’enverrait voir directement le prêtre pour un recadrage comme il y a peu quand elle a commencé à ne plus participer aux activités de la paroisse.

Alors Maurelle est tentée d’accepter les avances de Jules, ce jeune homme qui lui tourne autour depuis maintenant troisans.

Certainement qu’à ses côtés, elle redeviendra « normale ».

Mais voilà, elle n’arrive pas à arrêter de penser à Denise, la fille d’internet.

Elle se décide à la rencontrer et est automatiquement sous le charme.

Premier rapport sexuel, elle vient de perdre sa virginité et avec une femme.

Elle ne sait pas trop quoi en penser et en rentrant chez elle, elle se sent sale, honteuse et comme traître à tout ce qu’elle a connu. Elle n’a pas vraiment aimé ce qui vient d’arriver même si elle était vraiment attirée parelle.

Alors, elle décide de ne plus la revoir et se jette à corps perdu dans une vie de prières et de consécration. 

Maurelle débute peu de temps après des études de communication et se tient éloigner de tout ce qui pourrait la ramener à ce jour avec cette femme, sans pour autant réussir à s’intéresser véritablement à un homme. 

Régis, un jeune homme du groupe de Travaux dirigés ne la laisse pas en paix et la harcèle limite de ses avances. 

Elle lui balance alors, un soir où il lui envoyait encore des messages pour lui dire combien il l’aimait qu’elle n’aimait pas les hommes mais plutôt les femmes. 

Il lui demande si elle est lesbienne mais elle ne répond rien. 

D’ailleurs le sait-elle ? Est-elle lesbienne ? Qui est-elle vraiment ?

Il ne lui fait cependant plus d’avance et ne lui adresse plus la parole. 

Elle pense en être débarrassée jusqu’à ce qu’il recommence à insister pour qu’elle réponde à une invitation.

Il lui assure qu’elle n’a rien à craindre et que ce serait plus simple qu’il se retrouve dans la chambre qu’il loue dans la commune de Koumassi4.

Elle avait été tellement naïve mais au fond, que savait-elle du monde ? Elle vivait littéralement recluse, comme une nonne.

Ce jour-là, elle est violée pour « devenir normale ». Il lui dit que c’est parce qu’elle est une « mal baisée » qu’elle se dit lesbienne mais que lui se chargerait de régler la question. 

Après l’avoir molestée et tenue en respect à l’aide d’un couteau, il abuse d’elle.

Concombre, goulot de bouteille, tout y passe. Il voulait la salir, la détruire.

Il la menace en sus de révéler son secret à toute l’université si elle raconte ce qui est arrivé. 

Maurelle garde le silence et bientôt se retrouve enceinte. 

Comment avouer que c’est parce qu’on l’a violée pour la convertir qu’elle est enceinte ? Comment expliquer que ce sont les femmes qui lui font de l’effet et que c’est pour ça qu’elle a subi cette humiliation ? à qui pouvait-elle se confier ?

Elle décide à nouveau de se taire et de peur des conséquences se fait avorter. 

Elle est complètement perdue et à contre-courant de toutes ses convictions.