Tout Est Bien Qui Finit Bien (All's Well that Ends Well, in French) - William Shakespeare - E-Book

Tout Est Bien Qui Finit Bien (All's Well that Ends Well, in French) E-Book

William Shakespeare

0,0
0,91 €

-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Selon Wikipédia: "Tout est bien qui finit bien" est une pièce de William Shakespeare, qui aurait été écrite entre 1604 et 1605, et qui fut publiée à l'origine. dans le premier folio en 1623. "

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB

Seitenzahl: 143

Veröffentlichungsjahr: 2018

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN, COMEDIE PAR WILLIAM SHAKESPEARE, TRADUCTION DE M. GUIZOT 

published by Samizdat Express, Orange, CT, USA

established in 1974, offering over 14,000 books

Other Shakespeare comedies in French translation (by M. Guizot):

Comme Il Vous Plaira    

La Comédie Des Méprises    

Peines D'amour Perdues

Mesure Pour Mesure

Le Marchand De Venise

Les Joyeuses Bourgeoises De Windsor

Le Songe D'une Nuit D'Été

Beaucoup De Bruit Pour Rien

La Méchante Femme Mise À La Raison

Le Jour Des Rois Ou Ce Que Vous Voudrez

Les Deux Gentilshommes De Vérone

feedback welcome: [email protected]

visit us at samizdat.com

Ce document est tiré de: OEUVRES COMPLÈTES DE SHAKSPEARE

NOUVELLE ÉDITION ENTIÈREMENT REVUE AVEC UNE ÉTUDE SUR SHAKSPEARE DES NOTICES SUR CHAQUE PIÈCE ET DES NOTES

PARIS A LA LIBRAIRIE ACADÉMIQUE DIDIER ET Cie, LIBRAIRES-ÉDITEURS 35, QUAI DES AUGUSTINS 1864

NOTICE SUR TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN

PERSONNAGES

ACTE PREMIER

SCÈNE I,  On est en Roussillon. Appartement dans le palais de la comtesse.

SCÈNE II,  Paris. Appartement dans le palais du roi.

SCÈNE III,  La scène est en Roussillon. Appartement dans le palais de la comtesse.

ACTE DEUXIÈME

SCÈNE I,   A Paris.--Appartement dans le palais du roi.

SCÈNE II,   En Roussillon.--Appartement du palais de la comtesse.

SCÈNE III,   Paris.--Appartement du palais du roi.

SCÈNE IV,   Même lieu.--Un autre appartement.

SCÈNE V,   Un autre appartement dans le même lieu.

ACTE TROISIÈME

SCÈNE I,   A Florence.--Appartement dans le palais du duc.

SCÈNE II,   En Roussillon.--Appartement dans le palais de la comtesse.

SCÈNE III,   La scène est à Florence, devant le palais du duc.

SCÈNE IV,   Roussillon.--Appartement du palais de la comtesse.

SCÈNE V,   Hors des murs de Florence.

SCÈNE VI,   Le camp devant Florence.

SCÈNE VII,   Florence,--Une chambre dans la maison de la veuve.

ACTE QUATRIÈME

SCÈNE I,   Aux alentours du camp florentin.

SCÈNE II,   Florence.--Appartement de la maison de la veuve.

SCÈNE III,   Le camp florentin.

SCÈNE IV,   A Florence.--Une chambre dans la maison de la veuve.

SCÈNE V,   En Roussillon.--Appartement dans le palais de la comtesse.

ACTE CINQUIÈME

SCÈNE I,  Marseille.--Une rue.

SCÈNE II,   La scène est en Roussillon.--Une cour intérieure dans le palais de la comtesse.

SCÈNE III,   La scène est toujours en Roussillon.--Appartement dans le palais de la comtesse.

ÉPILOGUE

NOTICE SUR TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN

C'est à une des plus intéressantes nouvelles de Boccace que nous devons cette pièce. En voici les principaux événements que Shakspeare a transportés sur la scène en leur donnant une nouvelle vie, par ce charme de sensibilité et cette verve comique qui lui manquent si rarement.

Un grand médecin, appelé Gérard de Narbonne, avait laissé une fille qui, élevée dans le palais du comte de Roussillon, avait conçu l'amour le plus tendre pour son fils unique, le jeune Bertrand. Celui-ci fut mandé à la cour après la mort de son père, et la pauvre Gillette, c'était le nom de la fille de Gérard, resta en Roussillon bien résolue de n'avoir jamais d'autre époux que Bertrand.

Bientôt elle apprit que le roi souffrait beaucoup d'une fistule déclarée incurable; son père lui avait légué plusieurs secrets de son art, et Gillette conçut l'espoir de guérir le monarque. Elle se rendit à Paris. Le roi lui promit que, si son remède réussissait, il la marierait avec l'homme le plus noble et le plus riche du royaume, qu'elle choisirait elle-même. Il fut guéri et Gillette demanda le comte Bertrand.

Celui-ci se crut déshonoré par une alliance au-dessous de son rang; mais le roi commanda en maître, il fallut obéir. Aussitôt après la célébration du mariage, le comte Bertrand partit pour la Toscane et prit du service parmi les Florentins alors en guerre avec les Siennois. Gillette s'en retourna en Roussillon d'où elle envoya dire au comte que, si sa présence était la cause de son exil volontaire, elle s'éloignerait pour toujours. Bertrand lui fit répondre qu'il était fermement résolu de ne point vivre avec elle jusqu'au jour où elle serait en possession de son anneau, et aurait un fils de lui. Il croyait exiger l'impossible; mais Gillette déguisée en pèlerine, partit pour Florence où elle logea chez une veuve, qui, sans la connaître, lui apprit que le comte de Roussillon était amoureux d'une de ses voisines, jeune, belle et vertueuse quoique pauvre. Gillette fut trouver la mère de sa rivale, se découvrit à elle et lui promit une forte récompense si elle voulait favoriser ses projets. On fit dire au comte que la jeune fille céderait à ses voeux, mais qu'elle demandait son anneau pour gage de sa foi. Bertrand envoya son anneau et s'empressa d'aller à une heure fixée au rendez-vous qui lui fut donné. Ce fut Gillette qui le reçut dans ses bras et qui répéta plusieurs fois cette innocente supercherie, jusqu'à ce que des signes évidents de grossesse vinssent accomplir tous ses souhaits. Enfin le comte, instruit de l'absence de sa femme et cédant aux instances de ses vassaux, revint dans sa patrie. Cependant Gillette mit au monde deux enfants jumeaux qui ressemblaient beaucoup à leur père; elle se rendit elle-même en Roussillon après ses couches, et y arriva le jour où son époux donnait un grand festin. La pèlerine se présenta au milieu de l'assemblée portant ses deux enfants sur ses bras. Elle se jeta aux genoux du comte, lui donna l'anneau et lui avoua tout. Bertrand touché reçut Gillette pour son épouse.

Tout ce que Shakspeare a ajouté à ce fond, déjà si intéressant, n'est pas également heureux et probable. L'obstination et la pétulance de Bertrand sont bien peintes; mais son caractère nous semble odieux; c'est un gentilhomme sans générosité, lâche, ingrat et menteur éhonté. Le poëte devait aux vertus d'Hélène et à la morale de le punir; mais il avait peut-être malgré lui de l'indulgence pour le fils de cette comtesse si bonne et si aimable, et que sa sagesse et sa tendresse pour Hélène élèvent au-dessus de tous les préjugés ridicules de la naissance. Shakspeare n'a peut-être pas osé être trop sévère pour celui qu'aimait cette même Hélène, si douce et si modeste malgré la position critique où l'a placée le sot orgueil de Bertrand; on devine ce sentiment du poëte dans la conduite du roi, dont la reconnaissance ingénieuse eût craint d'humilier sa bienfaitrice dans son époux.

Le personnage comique de la pièce est un peu usé sur le théâtre depuis que nous y avons tant de fanfarons de la même famille; mais Parolles et ses aventures ont passé en proverbe en Angleterre. La scène du tambour est digne de Molière, et nous apprécierions encore davantage Parolles, si nous ne connaissions pas Falstaff.

Selon Malone, cette pièce aurait été composée en 1598.

PERSONNAGES

LE ROI DE FRANCE.

LE DUC DE FLORENCE.

BERTRAND, comte de Roussillon.

LAFEU, vieux courtisan.

PAROLLES[1], parasite à la suite de Bertrand.

PLUSIEURS JEUNES SEIGNEURS FRANÇAIS, qui servent avec Bertrand dans la

 guerre de Florence.

UN INTENDANT,      }

UN PAYSAN BOUFFON, } au service de la comtesse de Roussillon.

LA COMTESSE DE ROUSSILLON, mère de Bertrand.

HÉLÈNE, protégée de la comtesse.

UNE VIEILLE VEUVE de Florence.

DIANE, fille de cette veuve.

VIOLENTA,   }

MARIANA[2], } voisines et amies de la veuve.

SEIGNEURS DE LA COUR DU ROI, UN PAGE, OFFICIERS, SOLDATS FRANÇAIS ET

 FLORENTINS.

La scène est tantôt en France, tantôt en Toscane.

[Note 1: Parolles, mauvaise orthographe de notre mot parole.]

[Note 2: Personnage muet qui ne paraît qu'une fois.]

 ACTE PREMIER

SCÈNE I,  On est en Roussillon. Appartement dans le palais de la comtesse.

Entrent BERTRAND, LA COMTESSE DE ROUSSILLON HÉLÈNE ET LAFEU, tous en deuil.

LA COMTESSE.--En laissant mon fils se séparer de moi, j'enterre un second époux.

BERTRAND.--Et moi, en m'éloignant, madame, je pleure de nouveau la mort de mon père: mais il me faut obéir aux ordres de Sa Majesté. Devenu son pupille[3], je suis plus que jamais dans sa dépendance.

[Note 3: Les enfants mineurs des grands seigneurs féodaux étaient les pupilles du monarque.]

LAFEU.--Vous, madame, vous retrouverez un époux dans la bonté du roi. (A Bertrand.) Et vous, seigneur, un père. Un roi, qui dans tous les temps est si universellement bon, doit nécessairement conserver sa bienveillance pour vous, dont le mérite la ferait naître là où elle manquerait bien loin de ne la pas trouver là où elle abonde.

LA COMTESSE.--Que peut-on espérer de la guérison du roi?

LAFEU.--Madame, il a congédié tous ses médecins. Sous leur direction, il a fatigué le temps de ses espérances, sans trouver d'autre avantage dans leurs remèdes que de perdre l'espérance avec le temps.

LA COMTESSE.--Cette jeune personne avait un père (oh! avait! que ce mot réveille un triste souvenir!) dont la science égalait presque la probité. Si elle eût été aussi loin, il aurait rendu la nature immortelle, et la mort aurait pu jouer faute d'ouvrage. Plût à Dieu que pour le bonheur du roi il fût encore vivant! je crois qu'il aurait été la mort de sa maladie.

LAFEU.--Comment l'appeliez-vous, madame, cet homme dont vous parlez?

LA COMTESSE.--Il était fameux, monsieur, dans son art, et il avait bien mérité de l'être;--Gérard de Narbonne.

LAFEU.--C'était vraiment un habile homme, madame. Le roi parla de lui dernièrement avec beaucoup d'éloges et de regrets. Il avait assez de science pour vivre encore, si la science pouvait être un préservatif du trépas.

BERTRAND.--Quel est le mal, mon bon seigneur, qui mine les jours du roi?

LAFEU.--Une fistule, seigneur.

BERTRAND.--Je n'avais jamais entendu parler de ce mal.

LAFEU.--Je voudrais bien qu'il fût encore inconnu.--Cette jeune personne est donc la fille de Gérard de Narbonne?

LA COMTESSE.--Sa seule enfant, seigneur, et léguée à mes soins. J'ai d'elle toutes les bonnes espérances que promet son éducation. Elle hérite de ces heureuses dispositions qui embellissent encore les beaux dons de la nature; car, lorsqu'un naturel pervers est doué d'aimables qualités, ces éloges sont mêlés de pitié, puisque ces qualités sont à la fois des vertus et des traîtres: chez Hélène, elles sont relevées encore par sa simplicité; elle a reçu la vertu de la nature, et elle a su se rendre parfaite.

LAFEU.--Vos louanges, madame, font couler ses larmes.

LA COMTESSE.--C'est la meilleure manière dont une jeune fille puisse assaisonner l'éloge qu'elle entend d'elle. Le souvenir de son père n'approche jamais de son coeur que la violence de son chagrin ne prive ses joues de tout signe de vie. N'y pensez plus, Hélène: allons, plus de larmes; on pourrait croire que vous affectez plus de tristesse que vous n'en ressentez.

HÉLÈNE.--J'ai l'air triste, en effet; mais je le suis réellement.

LAFEU.--Des regrets modérés sont un tribut que l'on doit aux morts: le chagrin excessif est l'ennemi des vivants.

HÉLÈNE.--Si les vivants sont ennemis du chagrin, il se détruit bientôt par son excès même.

BERTRAND.--Madame, je demande votre bénédiction.

LAFEU.--Comment entendons-nous cela?

LA COMTESSE.--Reçois ma bénédiction, Bertrand. Ressemble à ton père par tes actions comme par tes traits. Que la noblesse de ton sang et ta vertu rivalisent en toi, et que ton mérite partage avec ta naissance. Aime tous les hommes; fie-toi à quelques-uns; ne fais tort à aucun. Fais craindre plutôt que sentir ta puissance à ton ennemi. Garde ton ami sous la clef de ta propre vie. Qu'on te reproche ton silence, et jamais d'avoir parlé. Que toutes les grâces que le ciel voudra t'accorder encore et que mes prières importunes pourront lui arracher, pleuvent sur ta tête! Adieu, seigneur.--Ce jeune homme est un courtisan bien novice. Mon cher seigneur, conseillez-le.

LAFEU.--Il ne peut manquer de recevoir les meilleurs conseils, si son amitié veut les écouter.

LA COMTESSE.--Que le ciel te bénisse! Adieu, Bertrand.

(Elle sort.)

BERTRAND, à Hélène.--Que tous les voeux qui peuvent se former dans votre coeur soient vos serviteurs! Soyez la consolation de ma mère, votre maîtresse, et qu'elle vous soit chère.

LAFEU.--Adieu, ma belle enfant. Vous devez soutenir la réputation de votre père.

(Bertrand et Lafeu sortent.)

HÉLÈNE.--Oh! si c'était tout!--Je ne pense plus à mon père; et ces grosses larmes honorent plus sa mémoire que celles que j'ai répandues pour lui.--A qui ressemblait-il donc? Je l'ai oublié. Mon imagination ne conserve aucune image que celle de Bertrand. Je suis perdue; il n'y a plus de vie, plus de vie pour moi, si Bertrand s'éloigne de ces lieux. Autant vaudrait que je fusse éprise de quelque étoile brillante, et que je songeasse à l'épouser; tant il est au-dessus de moi! Il faut que je me contente de recevoir les obliques rayons de sa lumière éloignée. Je ne puis arriver jusqu'à sa sphère: ainsi l'ambition de mon amour est son propre tourment. La biche qui voudrait s'unir avec le lion doit mourir d'amour. Il m'était doux, quoique ce fût une souffrance, de le voir à toute heure, de m'asseoir devant lui, et de pouvoir graver le bel arc de ses sourcils, son oeil fier et ses cheveux bouclés, sur la table de mon coeur,... mon coeur trop prompt à retracer tous les traits et les particularités de son visage chéri. Mais à présent le voilà parti, et mon amour idolâtre va sanctifier ses reliques.--Qui vient ici?--(Entre Parolles.) Un homme de sa suite, que j'aime à cause de Bertrand; et cependant je le connais pour un menteur avéré. Je le regarde comme aux trois quarts sot, et comme un lâche parfait. Cependant toutes ces mauvaises qualités lui vont si bien qu'elles trouvent un asile, tandis que la vertu, d'une trempe d'acier, se morfond exposée aux injures de l'air. Aussi voyons-nous très-souvent la Sagesse glacée au service de la Folie pompeusement parée.

PAROLLES.--Dieu vous garde, belle reine!

HÉLÈNE.--Et vous aussi, monarque!

PAROLLES.--Monarque? non.

HÉLÈNE.--Ni reine non plus.

PAROLLES.--Étiez-vous là occupée à méditer sur la virginité?

HÉLÈNE.--Oui. Vous avez quelque chose de l'air d'un guerrier. Il faut que je vous fasse une question: l'homme est l'ennemi de la virginité; par quel moyen pouvons-nous la défendre contre ses attaques?

PAROLLES.--Tenez-le à distance.

HÉLÈNE.--Mais il nous assiège; et notre virginité, quoique vaillante à la défense, est faible pourtant. Enseignez-nous donc quelque expédient guerrier pour la résistance.

PAROLLES.--Il n'y en a pas. L'homme qui met le siége devant vous vous minera et vous fera sauter en l'air.

HÉLÈNE.--Que le ciel préserve notre pauvre virginité des mineurs et des bombardiers! N'y a-t-il pas aussi un art militaire par lequel les vierges puissent contre-miner les hommes?

PAROLLES.--La virginité une fois à terre, l'homme en sautera plus vite en l'air. Diantre! en mettant de nouveau l'homme à terre, vous perdez votre ville par la brèche que vous avez faite vous-même. Dans la république de la nature, la politique n'est pas de conserver la virginité; sa perte augmente le nombre des sujets. Jamais vierge ne serait née s'il n'y avait eu auparavant une virginité de perdue. L'étoffe dont vous avez été formée est celle dont on fait les vierges. Pour une virginité perdue on en peut trouver dix: la garder toujours, c'est la perdre pour jamais. Allons, c'est une compagne trop froide; il faut s'en défaire.

HÉLÈNE.--Je la défendrai encore un peu de temps, quand je devrais m'exposer à mourir vierge.

PAROLLES.--Il y a peu de chose à dire en sa faveur: c'est contre l'ordre de la nature. Parler pour défendre la virginité, c'est accuser sa mère: ce qui est une désobéissance notoire. Celui qui se pend fait comme la vierge; car la virginité se tue elle-même: et l'on devrait l'enterrer hors de la terre bénite, dans les grands chemins, comme une coupable signalée contre la nature. La virginité engendre des mites comme le fromage; elle se consume elle-même jusqu'à la croûte, et meurt en dévorant sa propre substance. De plus, la virginité est hargneuse, arrogante, vaine, gonflée d'amour-propre; ce qui est le péché le plus expressément défendu par les canons. Ne la gardez pas: vous ne pouvez que perdre avec elle. Défaites vous-en, et dans dix ans vous l'aurez doublée, ce qui fait un intérêt très-honnête; et encore le principal lui-même n'en vaudra guère moins. Allons, ne gardez pas cela.

HÉLÈNE.--Mais que faut-il faire, monsieur, pour la perdre à son gré?

PAROLLES.--Attendez: voyons.--Que faire, dites-vous? Ma foi, mal faire: aimer celui qui ne l'aime pas. La virginité est un meuble qui perd son lustre dans le repos[4]; plus on la garde, moins elle vaut: défaites-vous-en, tandis qu'elle est encore de vente: profitez du temps où on la recherche. La virginité ressemble à un vieux courtisan qui porte un habit à l'antique, riche, mais qui n'est plus de mode, comme ces parures et ces cure-dents qu'on ne porte plus aujourd'hui. Votre datte[5] vaut mieux dans un pâté ou un potage que sur vos joues; et votre virginité, votre antique virginité ressemble à une de nos poires passées de France, elle a mauvais air, elle est sèche, enfin c'est une poire passée: elle valait mieux jadis; oui, mais ce n'est plus qu'une poire passée; qu'en voulez-vous faire?

[Note 4: With lying, le repos du lit, jeu de mot.]

[Note 5: Jeu de mot sur date, époque et datte fruit.]