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"Ubu roi est une pièce de théâtre écrite par Alfred Jarry en 1896. Cette œuvre est considérée comme l'un des chefs-d'œuvre du théâtre de l'absurde. Elle raconte l'histoire d'un personnage grotesque et tyrannique, le père Ubu, qui prend le pouvoir dans un pays imaginaire.
Le personnage d'Ubu est un personnage comique et grotesque, qui incarne la bêtise et la méchanceté. Il est obsédé par le pouvoir et la richesse, et n'hésite pas à éliminer tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. La pièce est une satire féroce de la société de l'époque, et de la politique en particulier.
Le style de la pièce est très particulier, mélangeant le langage familier et le langage soutenu, les jeux de mots et les néologismes. La pièce est également très visuelle, avec des décors et des costumes extravagants.
Ubu roi a été un scandale à sa création, en raison de son caractère subversif et de son langage cru. Mais elle est rapidement devenue une référence pour les mouvements artistiques de l'avant-garde, et a influencé de nombreux artistes, notamment les surréalistes.
Aujourd'hui, Ubu roi est considérée comme une œuvre majeure de la littérature française, et est régulièrement jouée sur les scènes du monde entier. Elle reste une pièce incontournable pour tous ceux qui s'intéressent au théâtre de l'absurde et à l'histoire de la littérature française.
Extrait : ""PERE UBU : Merdre ! MERE UBU : Oh ! voilà du joli, Père Ubu, vous estes un fort grand voyou. PERE UBU : Que ne vous assom-je, Mère Ubu ! MERE UBU : Ce n'est pas moi, Père Ubu, c'est un autre qu'il faudrait assassiner. PERE UBU : De par ma chandelle verte, je ne comprends pas."""
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Seitenzahl: 118
Veröffentlichungsjahr: 2015
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EAN : 9782335002881
©Ligaran 2014
5 ACTES
CE DRAME EST DÉDIÉ
À
MARCEL SCHWOB
Adonc le Père Ubu hoscha la poire, dont fut depuis nommé par les Anglois Shakespeare, et avez de lui sous ce nom maintes belles tragœdies par escript.
PÈRE UBU.
MÈRE UBU.
CAPITAINE BORDURE.
LE ROI VENCESLAS.
LA REINE ROSEMONDE.
BOLESLAS : leur fils.
LADISLAS : leur fils.
BOUGRELAS : leur fils.
LES OMBRES DES ANCÊTRES.
LE GÉNÉRAL LASCY.
STANISLAS LECZINSKI.
JEAN SOBIESKI.
NICOLAS RENSKY.
L’EMPEREUR ALEXIS.
GIRON : Palotin.
PILE : Palotin.
COTICE : Palotin.
CONJURÉS ET SOLDATS.
PEUPLE.
MICHEL FÉDÉROVITCH.
NOBLES.
MAGISTRATS.
CONSEILLERS.
FINANCIERS.
LARBINS DE PHYNANCES.
PAYSANS.
TOUTE L’ARMÉE RUSSE.
TOUTE L’ARMÉE POLONAISE.
LES GARDES DE LA MÈRE UBU.
UN CAPITAINE.
L’OURS.
LE CHEVAL À PHYNANCES.
LA MACHINE À DÉCERVELER.
L’EQUIPAGE.
LE COMMANDANT.
PÈRE UBU, MÈRE UBU
Merdre.
Oh ! voilà du joli, Père Ubu, vous estes un fort grand voyou.
Que ne vous assom’je, Mère Ubu !
Ce n’est pas moi, Père Ubu, c’est un autre qu’il faudrait assassiner.
De par ma chandelle verte, je ne comprends pas.
Comment, Père Ubu, vous estes content de votre sort ?
De par ma chandelle verte, merdre, madame, certes oui, je suis content. On le serait à moins : capitaine de dragons, officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l’ordre de l’Aigle Rouge de Pologne et ancien roi d’Aragon, que voulez-vous de mieux ?
Comment ! après avoir été roi d’Aragon vous vous contentez de mener aux revues une cinquantaine d’estafiers armés de coupe-choux, quand vous pourriez faire succéder sur votre fiole la couronne de Pologne à celle d’Aragon ?
Ah ! Mère Ubu, je ne comprends rien de ce que tu dis.
Tu es si bête !
De par ma chandelle verte, le roi Venceslas est encore bien vivant ; et même en admettant qu’il meure, n’a-t-il pas des légions d’enfants ?
Qui t’empêche de massacrer toute la famille et de te mettre à leur place ?
Ah ! Mère Ubu, vous me faites injure et vous allez passer tout à l’heure par la casserole.
Eh ! pauvre malheureux, si je passais par la casserole, qui te raccommoderait tes fonds de culotte ?
Eh vraiment ! et puis après ? N’ai-je pas un cul comme les autres ?
À ta place, ce cul, je voudrais l’installer sur un trône. Tu pourrais augmenter indéfiniment tes richesses, manger fort souvent de l’andouille et rouler carrosse par les rues.
Si j’étais roi, je me ferais construire une grande capeline comme celle que j’avais en Aragon et que ces gredins d’Espagnols m’ont impudemment volée.
Tu pourrais aussi te procurer un parapluie et un grand caban qui te tomberait sur les talons.
Ah ! je cède à la tentation. Bougre de merdre, merdre de bougre, si jamais je le rencontre au coin d’un bois, il passera un mauvais quart d’heure.
Ah ! bien, Père Ubu, te voilà devenu un véritable homme.
Oh non ! moi, capitaine de dragons, massacrer le roi de Pologne ! plutôt mourir !
Oh ! merdre ! (Haut.) Ainsi tu vas rester gueux comme un rat, Père Ubu.
Ventrebleu, de par ma chandelle verte, j’aime mieux être gueux comme un maigre et brave rat que riche comme un méchant et gras chat.
Et la capeline ? et le parapluie ? et le grand caban ?
Eh bien, après, Mère Ubu ? (Il s’en va en claquant la porte.)
Vrout, merdre, il a été dur à la détente, mais vrout, merdre, je crois pourtant l’avoir ébranlé. Grâce à Dieu et à moi-même, peut-être dans huit jours serai-je reine de Pologne.
La scène représente une chambre de la maison du Père Ubu où une table Splendide est dressée.
PÈRE UBU, MÈRE UBU
Eh ! nos invités sont bien en retard.
Oui, de par ma chandelle verte. Je crève de faim Mère Ubu, tu es bien laide aujourd’hui. Est-ce parce que nous avons du monde ?
Merdre.
Tiens, j’ai faim. Je vais mordre dans cet oiseau. C’est un poulet, je crois. Il n’est pas mauvais.
Que fais-tu, malheureux ? Que mangeront nos invités ?
Ils en auront encore bien assez. Je ne toucherai plus à rien. Mère Ubu, va donc voir à la fenêtre si nos invités arrivent.
Je ne vois rien.
(Pendant ce temps le Père Ubu dérobe une rouelle de veau.)
Ah ! voilà le capitaine Bordure et ses partisans qui arrivent. Que manges-tu donc, Père Ubu ?
Rien, un peu de veau.
Ah ! le veau ! le veau ! veau ! Il a mangé le veau ! Au secours !
De par ma chandelle verte, je te vais arracher les yeux.
(La porte s’ouvre.)
PÈRE UBU, MÈRE UBU, CAPITAINE BORDURE et ses partisans.
Bonjour, messieurs, nous vous attendons avec impatience. Asseyez-vous.
Bonjour, madame. Mais où est donc le Père Ubu ?
Me voilà ! me voilà ! Sapristi, de par ma chandelle verte, je suis pourtant assez gros.
Bonjour, Père Ubu. Asseyez-vous, mes hommes. (Ils s’asseyent tous.)
Ouf, un peu plus, j’enfonçais ma chaise.
Eh ! Mère Ubu ! que nous donnez-vous de bon aujourd’hui ?
Voici le menu.
Oh ! ceci m’intéresse.
Soupe polonaise, côtes de rastron, veau, poulet, pâté de chien, croupions de dinde, charlotte russe…
Eh ! en voilà assez, je suppose. Y en a-t-il encore ?
Bombe, salade, fruits, dessert, bouilli, topinambours, choux-fleurs à la merdre.
Eh ! me crois-tu empereur d’Orient pour faire de telles dépenses ?
Ne l’écoutez pas, il est imbécile.
Ah ! je vais aiguiser mes dents contre vos mollets.
Dîne plutôt, Père Ubu. Voilà de la polonaise.
Bougre, que c’est mauvais.
Ce n’est pas bon, en effet.
Tas d’Arabes, que vous faut-il ?
Oh ! j’ai une idée. Je vais revenir tout à l’heure. (Il s’en va.)
Messieurs, nous allons goûter du veau.
Il est très bon, j’ai fini.
Aux croupions, maintenant.
Exquis, exquis ! Vive la Mère Ubu.
Vive la mère Ubu.
Et vous allez bientôt crier vive le Père Ubu.
(Il tient un balai innommable à la main et le lance sur le festin.)
Misérable, que fais-tu ?
Goûtez un peu.
(Plusieurs goûtent et tombent empoisonnés.)
Mère Ubu, passe-moi les côtelettes de rastron, que je serve.
Les voici.
À la porte tout le monde ! Capitaine Bordure, j’ai à vous parler.
Eh ! nous n’avons pas dîné.
Comment, vous n’avez pas dîné ! À la porte tout le monde ! Restez, Bordure.
(Personne ne bouge.)
Vous n’êtes pas partis ? De par ma chandelle verte, je vais vous assommer de côtes de rastron. (Il commence à en jeter.)
Oh ! Aïe ! Au secours ! Défendons-nous ! malheur ! je suis mort !
Merdre, merdre, merdre. À la porte ! je fais mon effet.
Sauve qui peut ! Misérable Père Ubu ! traître et gueux voyou !
Ah ! les voilà partis. Je respire, mais j’ai fort mal dîné. Venez, Bordure.
(Ils sortent avec la Mère Ubu.)
PÈRE UBU, MÈRE UBU, CAPITAINE BORDURE
Eh bien, capitaine, avez-vous bien dîné ?
Fort bien, monsieur, sauf la merdre.
Eh ! la merdre n’était pas mauvaise.
Chacun son goût.
Capitaine Bordure, je suis décidé à vous faire duc de Lituanie.
Comment, je vous croyais fort gueux, Père Ubu.
Dans quelques jours, si vous voulez, je règne en Pologne.
Vous allez tuer Venceslas ?
Il n’est pas bête, ce bougre, il a deviné.
S’il s’agit de tuer Venceslas, j’en suis. Je suis son mortel ennemi et je réponds de mes hommes.
Oh ! Oh ! je vous aime beaucoup, Bordure.
Eh ! vous empestez, Père Ubu. Vous ne vous lavez donc jamais ?
Rarement.
Jamais !
Je vais te marcher sur les pieds.
Grosse merdre !
Allez, Bordure, j’en ai fini avec vous. Mais par ma chandelle verte, je jure sur la Mère Ubu de vous faire duc de Lituanie.
Mais…
Tais-toi, ma douce enfant.
(Ils sortent.)
PÈRE UBU, MÈRE UBU, UN MESSAGER
Monsieur, que voulez-vous ? fichez le camp, vous me fatiguez.
Monsieur, vous êtes appelé de par le roi.
(Il sort.)
Oh ! merdre, jarnicotonbleu, de par ma chandelle verte, je suis découvert, je vais être décapité ! hélas ! hélas ! !
Quel homme mou et le temps presse.
Oh ! j’ai une idée : je dirai que c’est la Mère Ubu et Bordure.
Ah ! gros P.U., si tu fais ça…
Eh ! j’y vais de ce pas.
(Il sort.)
Oh ! Père Ubu, Père Ubu, je te donnerai de l’andouille.
(Elle sort.)
Oh ! merdre ! tu en es une fière, d’andouille.
Le palais du roi.
LE ROI VENCESLAS, entouré de ses officiers ; BORDURE ; les fils du roi, BOLESLAS, LADISLAS et BOUGRELAS. Puis LE PÈRE UBU.
Oh ! vous savez, ce n’est pas moi, c’est la Mère Ubu et Bordure.
Qu’as-tu, Père Ubu ?
Il a trop bu.
Comme moi ce matin.
Oui, je suis saoul, c’est parce que j’ai bu trop de vin de France.
Père Ubu, je tiens à récompenser tes nombreux services comme capitaine de dragons, et je te fais aujourd’hui comte de Sandomir.
Ô monsieur Venceslas, je ne sais comment vous remercier.
Ne me remercie pas, Père Ubu, et trouve-toi demain matin à la grande revue.
J’y serai, mais acceptez, de grâce, ce petit mirliton.
(Il présente au roi un mirliton.)
Que veux-tu à mon âge que je fasse d’un mirliton ? Je le donnerai à Bougrelas.
Est-il bête, ce Père Ubu.
Et maintenant, je vais foutre le camp. (Il tombe en se retournant.) Oh ! aïe ! au secours ! De par ma chandelle verte, je me suis rompu l’intestin et crevé la bouzine !
Père Ubu, vous estes-vous fait mal ?
Oui certes, et je vais sûrement crever. Que deviendra la Mère Ubu ?
Nous pourvoirons à son entretien.
Vous avez bien de la bonté de reste. (Il sort.)Oui, mais, roi Venceslas, tu n’en seras pas moins massacré.
La maison du Père Ubu.
GIRON, PILE, COTICE, PÈRE UBU, MÈRE UBU, Conjurés et Soldats, CAPITAINE BORDURE.
Eh ! mes bons amis, il est grand temps d’arrêter le plan de la conspiration. Que chacun donne son avis. Je vais d’abord donner le mien, si vous le permettez.
Parlez, Père Ubu.
Eh bien, mes amis, je suis d’avis d’empoisonner simplement le roi en lui fourrant de l’arsenic dans son déjeuner. Quand il voudra le brouter il tombera mort, et ainsi je serai roi.
Fi, le sagouin !
Eh quoi, cela ne vous plaît pas ? Alors que Bordure donne son avis.
Moi, je suis d’avis de lui ficher un grand coup d’épée qui le fendra de la tête à la ceinture.
Oui ! voilà qui est noble et vaillant.
Et s’il vous donne des coups de pied ? Je me rappelle maintenant qu’il a pour les revues des souliers de fer qui font très mal. Si je savais, je filerais vous dénoncer pour me tirer cette sale affaire, et je pense qu’il me donnerait de la monnaie.
Oh ! le traître, le lâche, le vilain plat ladre.
Conspuez le Père Ubu !
Eh, messieurs, tenez-vous tranquilles si vous ne voulez visiter mes poches. Enfin je consens à m’exposer pour vous. De la sorte, Bordure, tu te charges de pourfendre le roi.
Ne vaudrait-il pas mieux nous jeter tous à la fois sur lui en braillant et gueulant ? Nous aurions chance ainsi d’entraîner les troupes.
Alors, voilà. Je tâcherai de lui marcher sur les pieds, il regimbera, alors je lui dirai MERDRE, et à ce signal vous vous jetterez sur lui.
Oui, et dès qu’il sera mort tu prendras son sceptre et sa couronne.
Et je courrai avec mes hommes à la poursuite de la famille royale.
Oui, et je te recommande spécialement le jeune Bougrelas.
(Ils sortent.)
Messieurs, nous avons oublié une cérémonie indispensable, il faut jurer de nous escrimer Vaillamment.
Et comment faire ? Nous n’avons pas de prêtre.
La Mère Ubu va en tenir lieu.
Eh bien, soit.
Ainsi vous jurez de bien tuer le roi ?
Oui, nous le jurons. Vive le Père Ubu !
Le palais du roi.
VENCESLAS, LA REINE ROSE MON DE, BOLESLAS, LADISLAS et BOUGRELAS.